Les ailes du courage
15 janvier 1887
Un soleil brûlant s’abattait dans les rues d’un village du Grand Erg Occidental en Algérie. Le hameau avait été déserté par la population à cause de la sécheresse, il ressemblait à tous les villages des environs. Mais pourtant aujourd’hui il y avait beaucoup de monde sur la place du marché et la rue principale.
La fumée se dissipait lentement, révélant un spectacle macabre. Dans toutes les positions gisaient ça et là des cadavres d’hommes. Ils avaient tous un uniforme militaire identique, un képi blanc, un pantalon et une vareuse imitant la couleur du sable, chaussures cloutées, et un fusil. C’était les hommes de la 3ème division de la Légion Etrangère.
Au milieu des morts, circulaient les vainqueurs, des arabes, portant tous le même vêtement de différentes couleurs, lançant le plus haut possible leurs cris de victoire. On en voyait quelques uns détroussant les cadavres. C’était la tribu des Mestafis, coureurs du désert et pillards de caravanes.
Au milieu des soldats morts, un jeune homme leva la tête. Sur son visage couvert de poussière se lisaient la peur et la rage. Avec ses grands yeux bleus il cherchait une échappatoire à la mort certaine qui l’attendait. Il avait encore son képi sur la tête et le fusil à la main.
Le soldat se nommait Jean Correllan et portait le grade de lieutenant dans la Légion Etrangère. Depuis le début de sa vie le jeune homme s’était toujours battu. Sa mère mourut en le mettant au monde et son père connut le même sort, les armes à la main, au service de son pays à l’étranger, peu avant sa naissance. Il fut placé dans un orphelinat où le jeune homme vécut toute son enfance. Une période difficile pour le garçon, il survécut seulement dans le rêve d’un père héroïque.
Dés qu’il eut l’âge, Jean s’engagea dans l’armée et se porta volontaire dans l’armée coloniale. Peu après il découvrit la Légion Etrangère et s’engagea dans ce corps d’armée. En peu de temps, il obtint le grade de lieutenant pour ses fait d’armes.
Et maintenant, Jean était là, au milieu de ses camarades mort. Il avait encore en tête les paroles du colonel Lorelieu « Ne vous inquiétez pas ce n’est qu’une bande de pillards indisciplinés, nous serons rentrés dans moins d’une semaine ». Le gradé avait été le premier à mourir. Les bandits s’étaient postés dans un village, bien avant leur zone habituelle d’action. Ils avaient patiemment attendus les soldats et étaient tombés sur les légionnaires sans crier gare. Quelques uns s’étaient défendus, mais trop peu, un horrible massacre.
Jean revint vite à la réalité quand un des arabes s’approcha de lui, tout en fouillant les cadavres. Les autres ne le regardaient pas. Le lieutenant saisit sa chance et bondit sur le bandit couteau à la main et l’égorgea tout en plongeant à terre pour cacher les soubresauts. Le soldat pria pour que personne ne l’ait entendu. Le ciel l’écouta car aucuns des camarades de l’arabe ne sembler bouger.
Après avoir attendu un petit moment pour être sûr, Jean finit par ramper en direction de l’abris des maisons toutes proches, écartant les cadavres trop gênant sur son passage. A chaque bruit suspect, il suspendait sa progression une main crispée sur son fusil, l’autre prête à dégainer son pistolet. Mais rien ne se passait, et Jean réussit à atteindre une maison où il se jeta à l’intérieur arme braquée devant lui. Le lieutenant se trouva face à quatre légionnaires armés.
Les quatre hommes étaient alignés le long du mur du fond, le fusil prêt à tirer, les visages fermés. C’était les soldats qui formaient l’arrière garde et dés les premier coup de feu, ils s’étaient cachés dans cette maison en attendant la fin.
Le premier soldat était le caporal Amed Mouhad, un algérien, homme d’un certain age, c’était un vétéran dans l’armée. Engagé de force, il n’avait jamais aimé la légion, mais il était resté pour l’argent.
Ensuite venait Youssef Lamadi, un soldat marocain, type patibulaire, c’était un truand né. Enfant des rues, il était devenu rapidement un voleur connu et redouté, mais hélas, le jour où un riche marchand était mort sous son couteau, il n’avait eu d’autre choix que de s’enfuir. Poursuivit par justice, il n’avait trouvé le salut qu’en entrant dans la légion. Son ami, Ndoulou Houarabi, un malien, également brigand et pillard, l’avait suivi dans la fuite.
Le dernier homme un peu en retrait était un allemand, il s’appelait Ernest Von Fritzen. Peureux, il tremblait encore depuis l’apparition l’irruption du lieutenant. Il s’était engagé dans la légion à cause de cette peur. Sa famille comptait des colonels, des capitaines, et des généraux, tous ses frères étaient dans l’armée. Alors il s’était enrôlé très vite à son tour pour suivre la tradition familiale, mais son manque de courage fut bien vite découvert. Pour ne pas déshonorer sa famille, il était parti à l’étranger et avait trouvé la légion étrangère.
C’était face à ces quatre hommes que Jean se tenait l’arme baissée. Il était révolté face à ces soldats qui sans bouger avaient assisté au massacre de leurs camarades.
- Bande de scélérats, lança avec haine Jean de la voix la plus forte qu’il pouvait, comment avez-vous pu rester ici sans rien faire ?
Les soldats ne répondirent pas.
- Et répondez moi quand je vous parle, je suis votre supérieur.
- Qu’aurions nous fait de plus mon lieutenant ? Finit par dire le caporal Mouhad. Le combat était déjà engagé et ils étaient plus nombreux que nous.
- On aurait fait seulement quatre cadavres de plus, renchérit Lamadi.
- Et vos camarades bon dieu ! Gronda le lieutenant ;
- C’est triste pour eux, mais que pouvions nous faire de plus ? Lança Houarabi de sa voix traînante.
Jean franchit d’un bond la distance le séparant des soldats et empoigna le malien par le col, pourtant plus grand que lui, en le menaçant de son revolver.
- Infâme crapule, vous alliez fuir pour sauver votre peau.
- Essayez de comprendre mon lieutenant, c’est humain il y en avait une centaine, peut être plus, plaida le caporal.
- Tous ce que je vois maintenant c’est une dizaine de pillards.
Les quatre hommes gardèrent le silence.
- Nous devons récupérer les papiers militaires de chaque soldat pour les envoyer à leur famille, et pas les voir partir aux mains de ces assassins, dit Jean.
Après un instant de silence, Ernest bredouilla.
- Qu’est ce que vous voulez faire mon lieutenant ?
Un sourire apparut au coin de la bouche du jeune homme.
- Houarabi, vous étiez un peu comme eux avant, leur organisation d’après vous.
Le malien réfléchit quelques instants sans faire de commentaires sur ce qu’avait dit son supérieur.
- Un guetteur dans les hauteurs, et les autres fouille.
- Très bien, lança Jean, Houarabi montez sur le toit en emportant deux fusils chargés et des munitions, vous êtes de loin notre meilleur tireur. Repérez le guetteur et abattez le à mon signal, après vous nous couvrirez de votre position.
Le malien inclina seulement la tête.
- Caporal Mouhad, avec Lamadi vous prenez par la gauche, moi et Fritzen par la droite.
- Attendez un peu, clama le marocain.
L’homme avança sur Jean avec détermination.
- Moi je n’ai pas signé pour crever pour des cadavres.
L’allemand hocha de la tête en assentiment et le caporal se rapprocha pour écouter. Houarabi ne parla pas et ne bougea pas plus.
- C’est vrai quoi, si on meurt personne ne pourra dire ce qui s’est passé ici, pourquoi devrions nous crever pour un colonel que nous traitait de moins que rien ?
Le lieutenant baissa les yeux et jeta sur le soldat. Surpris, celui-ci encaissa le coup sans pouvoir l’esquiver. Il lui fallut quelques instants pour se relever.
- Ecoutez bien soldat, et vous autre aussi, ce que vous venez de dire conduit directement au conseil de guerre et à une mort certaine.
Le silence se fit dans les rangs
- Vous êtes classé parmi les mauvais soldats, il ne tient qu’à vous d’en sortir. Après ce coup là, vous aurez les honneurs du régiment, vois même une médaille et une prime.
Un nouveau silence suivit la tirade de l’officier. Enfin le malien prit un deuxième fusil.
- Je vous ferais signe quand j’aurais repéré le guetteur.
- Très bien, nous suivons mon plan et tout se passera bien, allez.
Chacun de leur coté, les soldats allèrent au devant de leur destin.
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Les maisons de terre s’alignaient le long des rues du village. Des toits en terrasse chauffés par le soleil, la plupart des autres maisons étaient visibles. Ndoulou Houarabi posa ses deux fusils à porté de main puis scruta les alentours. Malgré ses recherches, il ne voyait toujours pas le guetteur.
Pendant ce temps les deux groupes, l’un à gauche l’autre à droit, se rapprochaient inlassablement. Le caporal et son coéquipier avait pris place derrière un éboulis de façon à avoir le meilleur angle possible, et viser sans risque. Le lieutenant et l’allemand étaient toujours en mouvement et leur approche devenait trop dangereuse, les pillards pouvaient les voir et surtout le guetteur restait introuvable.
Enfin, prenant tous les risques, le malien sortit complètement la tête et aperçu enfin celui qu’il recherchait. Par la fenêtre d’un grand bâtiment en retrait, un homme en turban scrutait les alentours, un fusil était visible prés de lui. Houarabi sortit un petit miroir et visa le lieutenant en le dirigeant son visage.
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La sueur lui coulait dans le cou, le rafraîchissant presque dans cette fournaise, Jean voulait s’approcher encore un peu. Avec d’infinies précautions, il se frayait un chemin à travers les cadavres. Derrière lui il entendait l’allemand murmurer des mots dans sa langue qui était sûrement proche des insultes.
Soudain le jeune homme fut éblouit, craignant d’avoir été repéré par des jumelles, il s’arrêta net et tourna doucement la tête.Il vit son tireur posté sur le toit de la maison mettre un pouce en l’air et montrer devant lui. Le lieutenant fit un signe d’acquiescement puis il attendit que le soldat derrière lui arrive à sa hauteur.
- Fritzen, murmura Jean, Houarabi a repéré le guetteur, maintenant nous allons aller à coté de la maison sur la gauche et nous tirons sur les pillards.
L’allemand hocha la tête sans rien dire. Ils poursuivirent leur progression silencieuse.
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- Mais qu’est ce qu’il fout, y bouge encore il est malade ce blanc, cracha Lamadi.
- Non, il veut juste les prendre à revers, de toute façon maintenant que le guetteur est repéré, on craint plus rien d’en haut, répondit Mouhad.
- Moi je dis que c’est de la folie, on aurait du filer dés les premiers coups de feu.
- On est là, on y reste, tonna le caporal, moi je trouve qu’il a du cran le gamin.
- Complètement dingue oui.
- D’accord un peu fou mais courageux, et je respecte ça.
Il se turent et observèrent le lieutenant et l’allemand se poster tout contre un bâtiment à juste une dizaine de mètres des arabes.
- Prépares toi, fit Mahoud dans un souffle.
Le soldat marocain arma son fusil avec un juron, soudain il remarqua que son compagnon murmurait une prière. Lui qui avait depuis longtemps laissé tomber la religion commença à regretter de ne pas savoir une prière.
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- C’est bon, murmura Jean.
- Pas si fort, fit la voix étouffée du soldat allemand.
Le lieutenant se retourna, jetant un regard noir à son subordonné, puis il fit un tour d’horizon de leur ennemi. Il y avait une demi douzaine d’assaillants en vue, les autres devaient se trouver dans les passages latéraux. Avec le soldat Houarabi dans les hauteurs, ils pouvaient y arriver.
Le jeune homme se tourna Fritzen.
- Ecoutez bien, nous n’aurons pas deux fois la même chance. Tout d’abord nous tirons sur les pillards visibles en visant du mieux que nous pouvons, puis nous chargeons dans la rue principale. Des questions ?
Le soldat avala difficilement sa salive et secoua la tête en signe de négation. L’allemand n’en menait pas large, il avait les yeux vitreux, la peau moite et ils sentaient ses mains trembler. Il avait toujours fait attention de se mettre hors des combats mais là il ne pouvait plus reculer. Sa peur n’avait jamais était aussi grande mais il devait être fort.
Ernest repensa soudain à son père, un homme inflexible et intransigeant, il n’avait jamais peur et il s’était toujours porté volontaire pour être en première ligne dans les batailles. Si celui-ci avait pu le voir à ce moment là, peut être aurait il arraché un regard de fierté au vieux soldat, plutôt que celui plein de mépris qu’il avait habituellement connu.
Jean Correllan regarda une dernière fois les arabes puis le ciel, là haut son père l’observait, le jeune homme devait être grand et fort, comme lui avant dans le combat. Enfin il inspira à fond et leva le bras, scellant le destin de ses hommes et le sien par la même occasion.
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Un coup de feu solitaire dans le village désert, claquement sec dans l’air, comme un coup de tonnerre dans la nuit. Les pillards encore présents lèvent vivement la tête, se demandant bien d’où pouvait provenir ce coup de feu. Ils virent alors le guetteur tomber de son perchoir et s’écrouler sur le sol, la poitrine ensanglantée.
Houarabi ne perdit pas de temps et empoigna immédiatement son deuxième fusil chargé et visa avec soin, de son habileté dépendait bien la vie de ses camarades.
Au coup de feu, Jean et Fritzen surgirent de leur cachette en tirant droit devant eux, vers les pillards pris par surprise. Deux d’entre eux tombèrent immédiatement foudroyés par les balles.
Le jeune homme regardait droit devant lui, sans prendre soin de savoir si le soldat le suivait. La seule chose qui habitait son esprit était de charger, de prendre l’ennemi de cour et d’honorer la mémoire de son père sui le regardait et qui admirait son courage.
Ernest chargeait lui aussi, porté par sa peur et par un étrange sentiment de rage. Il ressentait une peur informe lui vriller les entrailles mais pourtant il courrait tout en tirant sur les formes flous devant lui. Il voulait montrer à tous qu’il était courageux, il voulait enlever le regard de mépris de son père à tout jamais de sa mémoire.
Le caporal et le soldat tiraient rapidement, couvrant la charge de leurs camarades. Ils se préparaient à leur tour à charger les pillards. Le vieux Mahoud observait le jeune français, son regard devint même admiratif en voyant la fougue du jeune homme, lui qui ne croyait plus en ces chiens de blancs, voilà qu’il avait devant les yeux le courage d’un gamin.
Le marocain était dans un état d’esprit bien différent lui aussi, il avait pensé s’enfuir dés le premier coup de feu, pour sauver sa peau et laisser les autres crever là. Mais voilà il ne bougeait pas, et en plus il tirait de concert avec ses camarades. Il ne comprenait pas lui-même pourquoi il faisait ça, pour la bravoure ? Il ne le savait vraiment pas.
- Tout le monde, à la charge, cria Jean en levant haut son fusil.
Les deux soldats sortirent de leurs abris, et suivirent le lieutenant dans la rue principale. Le malien, sur le toit, prit un fusil chargé et sauta sur une terrasse plus basse pour prendre le plus rapidement possible un nouveau poste de tire.
Le jeune lieutenant courrait sans ressentir de fatigue, comme si des ailes avaient poussé dans son dos. Rien ne semblait pouvoir l’atteindre, il était comme dans un rêve, au milieu de la poudre et de l’odeur de sang.
Ils avaient pu abattre plus d’une demi douzaine d’assaillant en plus du guetteur, il ne devait pas rester beaucoup de pillard, il suffisait de les débusquer et d’en finir avec eux, une bonne fois pour toute.
Soudain, surgissant d’une impasse, quatre bédouins apparaissent les armes pointées vers eux. Jean en tête comprit avec horreur qu’il ne pourrait rien faire pour se protéger, il pouvait voir le blanc des yeux de l’assaillant de tête, il voyait sa colère, sa surprise, une petite veine plus rouge que les autres dans ce blanc immaculé.
La scène se passa comme au ralenti, les pillards tirèrent sur les soldats, le caporal et le marocain sautèrent en arrière tout en déchargeant leur arme. Jean tenta de se tourner vers les bédouins pour en abattre au moins un, pour en emporter au moins un dans la mort.
Ernest était comme figé sur place, il était juste derrière le français, et il pouvait très bien sauter en arrière et sauver sa peau. Mais voilà, au fond de lui un nouveau sentiment brûle dans son cœur, il sentait au fond de lui un changement, et une foyer de chaleur. Et là il comprit, il compris au fond de lui ce qu’il lui arrivait. Ce qu’il ressentait au fond de lui s’était le courage, un courage qui lui donnait des ailes. Toute peur s’était évanouie en lui, et il ne restait que la chaleur et le courage.
Le soldat allemand poussa le jeune lieutenant le mettant hors de porté des balles et tira plusieurs coups de feu rapidement. Une balle, deux balles, trois balles, il poussait un cri de rage à chacun de ses tires. Trois assaillants étaient tombés sur le sol, foudroyés sur place. Ernest chargea, baïonnette au canon, le dernier des pillards qu’il percuta dans le ventre et poussa un hurlement de dément en soulevant presque son ennemi.
Tout s’était passé en quelques instants, et seulement quelques coups de fusil avaient été échangés. Ernest était debout devant les quatre cadavres, alors que Mahoud et Lamadi se relevaient, et Jean était assis sur le sol, grimaçant, une balle l’avait atteint à l’épaule mais sans gravité, grâce à l’intervention du soldat allemand.
Ernest se retourna vers son supérieur et ses camarades en souriant, mais un coup de feu retentit et l’homme fit une grimace de douleur et s’écroula en crachant du sang. Le dernier pillard s’apprêtait à tirer sur les autres soldats à terre, mais le malien tira à son tour du toit et l’abattit d’un seul tire.
Les soldats accoururent vers Ernest au sol, Jean se releva aussi, oubliant sa propre blessure. Ils essayèrent d’arrêter l’hémorragie, mais rien n’y faisait, le blessé crachait du sang, mais ne se plaignait pas.
- Les poumons sont touchés, murmura le caporal algérien, il n’en a plus pour longtemps.
Les visages devinrent graves.
- Lieutenant, arriva à articuler Ernest.
- Oui Fritzen, que voulez vous ?
La voix de Jean était plus douce qu’il n’aurait du pour un officier, mais cette homme était mort en leur sauvant la vies.
- J’ai … compris, je sais ce qu’est le courage, j’ai vu les ailes.
Le blessé cracha soudain du sang et toussa sans pouvoir s’arrêter. Quand la crise passa il prit la main du jeune homme.
- Vous direz à mon père que je les ai vu, c’était si beau, c’était …
Sa voix devint un murmure presque inaudible, enfin il tourna un visage apaisé vers Jean.
- Le courage …
Sa main retomba inerte sur le sol, un étrange sourire sur les lèvres. Le jeune homme ne comprenait pas trop, mais il se promit de prévenir sa famille et ce père dont il ne connaissait rien. Il fouilla dans ses poches et pris ses papiers militaires et personnels qu’il trouva.
- Mon lieutenant, intervint le caporal algérien, il nous faut partir avant que les autres ne reviennent.
- Je sais Mahoud, reprenez sur les cadavres des pillards le papiers qu’ils ont déjà pris, et cherchez ceux qui les ont encore sur eux, ceux à l’arrière de la colonne je pense, dépêchez vous.
Le caporal fit signe aux deux autres soldats et ils commencèrent à fouiller les corps à leur tour.
- Pourquoi vous ne les aidez pas ? Demanda Jean au caporal qui ne bougeait pas.
- Votre blessure, laissez moi la soigner, nous irons pas loin si vous vous vider de votre sang.
- Tu as raison.
Le jeune homme se laissa soigner, la balle avait traversé son épaule et il n’y avait pas à l’enlever.
Une fois les papiers militaires de chaque homme récupéré, ils se préparèrent à partir. Chacun avait un fusil et des munitions en grande quantité, même Jean malgré son bras en écharpe.
Le petit groupe se mit en marche, mais le jeune lieutenant se retourna une dernière fois vers le village, il voyait encore les cadavres qu’ils ne pouvaient pas enterrer car le reste des pillards allaient bientôt revenir.
Les hommes en habit de sable et au képi blanc, tous étendu sur le sol, et parmi eux le soldat Ernest Von Fritzen, celui qui était mort avec le sourire, porté par les ailes du courage.
Jean fit un dernier salut militaire vers les soldats étendus dans le sable et s’en retourna à son tour, disparaissant dans les bourrasques de sable soulevées par le vent du désert.
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Voilà ma dernière nouvelle, c'est un projet auquel j'avais pensé depuis longtemps et j'ai fini par le concrétiser.
Je vous souhaite une bonne lecture ^^
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