« Notre pari touche bientôt à sa fin, serais-tu capable de le gagner Subaru ? »

Ces paroles lui revinrent une fois de plus à l’esprit. Combien de fois avaient-elles résonné de nouveau à ses oreilles depuis que Seishiro les avait prononcées ? Il ne savait pas ; bien trop souvent à son goût. Il ne parvenait pas à ôter ses mots de ses pensées. Etait-il parvenu à ses fins ? Il n’avait même pas eu l’occasion de voir l’expression de son visage à cet instant et il le regrettait semblait-il plus qu’il ne l’aurait dû. Depuis ce soir là, l’assassin avait imperceptiblement changer son comportement tant et si bien que Subaru ne parvenait plus le moins du monde, alors que celà était déjà peu évident auparavant, à distinguer mensonges de vérités. Pourtant, il fallait bien qu’il y parvienne s’il voulait voir se réaliser la fin qu’il souhaitait à son jeu.

L’adolescent d’apparence se retourna encore dans son lit.

Jusqu’à présent il semblait malgré tout contrôler la situation. Il continuait à filer Seishiro sans que celui-ci ne semble percevoir sa présence et il jouait toujours le rôle de Subaru Sumeragi avec autant de précision. Mais ce soir, il avait eu la désagréable impression que l’assassin commençait à reprendre le dessus.

Flash-back

Subaru Sakurazuka venait une fois de plus de faire son apparition devant son prédecesseur en violant ces rêves.

« Vous semblez décidé à me rendre visite régulièrement » laissa échapper le vétérinaire apparemment serein.

Subaru sourit lui permettant par la même occasion de découvrir un peu plus son visage que lors de leurs rencontres précédentes.

« Seriez-vous donc tombé sous mon charme ? »

Un frisson le parcourut avant qu’il ne puisse le réprimer. Il ne perdit cependant pas contenance et entra dans le jeu de Seishiro.

« Je reconnais bien là ton audace mais je crains bien que cela ne soit pas le cas. Tous ne sont pas aussi naïf que ta proie. » répondit-il d’une voix douce mais étrangement chargée d’émotion .

Le vétérinaire sembla un instant étonné avant qu’un sourire des plus étrange ne se peigne sur ses traits. Le fixant de son regard si particulier, Seishiro paraissait satisfait.

«’Je sais’ , ce sont bien les premiers mots que vous m’avez adressé n’est-ce pas ? C’est ainsi que vous êtes entré en contact avec moi et avez tenté de me surprendre. Me répondriez-vous si je vous demandais comment vous me connaissez ? » lui demanda-t-il toujours aussi charmeur. « Je présume que vous n’en direz rien » continua-t-il devant le silence de son vis-à-vis. « Suis-je néanmoins près de la vérité lorsque je suppose que vous êtes plus proche de moi que je ne le pense ? » demanda-t-il en doutant apparemment peu de la réponse.

« Peut-être... » lui répondit-il mystérieux.

Il ne parvenait pas à l’ébranler et l’esprit vif de Seishiro analysait apparemment la situation avec une facilité et un détachement étonnants. Et ce sourire. Il ne comprenait pas pourquoi mais il le destabilisait. Il comprit soudain que pour la première fois depuis le début de son jeu il perdait l’avantage.

« Je dois t’abandonner mais... » amorça-t-il tandis qu’il se concentrait pour transformer son illusion.

Le jeune Suméragi apparut à ses côtés.

« Votre pari se termine... » Subaru caressa délicatement la joue de son homonyme. « ... et il ne t’appartiendra pas. »

Le regard de l’assassin sembla se durcir mais son étrange sourire resta présent sur son visage même à l’instant où l’exorciste quitta son songe.

Fin du Flash-Back

Il ferma les yeux. Etait-ce de la colère qu’il ressentait ? Apparemment, il devait le reconnaître. Il s’en voulait à lui-même de son manque d’habilité et de sang froid ! Il se laissait... troubler ? Il ne parvenait donc pas à le voir comme tous les autres ? Si, bien sûr que si. Il était le Sakurazukamori, il ne pouvait donc encore le considérer comme « spécial ». Subaru tentait du moins de s’en persuader. Mais pourtant, ces étranges réactions, si diffuses étaient-elles, étaient réelles...
- Bonjour Subaru !

Il venait de sortir de sa chambre et Hokuto lui préparait déjà le déjeuner.

- Bonjour Hokuto, lui répondit-il un peu plus froidement qu’il ne l’aurait du.

Sa soeur remarqua, évidemment, son ton étrange.

- Subaru ! C’est comme ça que l’on répond à sa soeur au réveille ?

Il vacilla un instant. C’était mauvais signe. Un vertige, puis une douleur lancinante lui enserra le crâne. Il s’appuya contre le mur pour se maintenir sur ses jambes.

- Subaru ! s’exclama sa soeur en se précipitant vers lui.

C’est trop tôt, se dit-il.

La jeune femme lui porta la main au front.

- Mais tu es brûlant de fièvre !

L’inquiétude d’Hokuto le destabilisa un instant. Pourquoi ? Il s’en doutait. Il ne voulait pas l’admettre.

- Ca va aller Hokuto, je vais aller voir le médecin, je suis certain que ce n’est pas grand chose.

Mais il n’y a pas que ça, pensa-t-il amèrement.
(1) Il attendait patiemment le retour d’Hokuto qui était allée prendre ses médicaments. Il avait beau être le Sakurazukamori, il n’occupait que le corps d’un adolescent et il n’échappait pas aux évènements qu’il avait déjà connu. C’était une simple grippe. Enfin, il y avait ça mais aussi...

Un enfant venait de s’asseoir à ses côtés. Il échangea quelques paroles avec lui, les mêmes qu’autrefois.

- Allez Yuya, c’est l’heure...

- Oui, répondit ce dernier. Au revoir, à après demain ! ajouta-t-il en s’adressant à lui et en suivant l’infirmière.

Subaru observa l’enfant dont la mère attendait un peu plus loin et se rappela qu’il n’avait jamais connu son sort après ces quelques jours qui avait décidé de sa vie dans sa jeunesse. Avait-il survécu ? Il ne comprenait même pas pourquoi il se posait la question.

- Et voilà Subaru, j’ai tous tes médicaments ! Et en plus j’ai une surprise... Je t’ai trouvé un chauffeur pour te ramener à la maison !

Tandis qu’Hokuto riait de bon coeur, Subaru feignit la surprise.

- Seishiro !

- Bonjour Subaru, comment vas-tu ?

Le vétérinaire lui souriait et se permit de poser la main sur son épaule. Ces différences se faisait plus fréquentes depuis ce soir où il avait « révélé son amour » à Seishiro, il semblait plus tendre avec lui et ses regards étaient devenus indéchiffrables. Pourtant, Subaru avait, bien entendu, fait semblant d’ignorer ses « révélations », le lendemain agissant comme si elles n’avaient pas existées et répondant même par la négative lorsque le vétérinaire lui avait demandé : « Tu te souviens de ce qui s’est produit après le départ d’Hokuto ? »

Seishiro n’avait pas paru étonné par sa réponse et l’avait observé de cette manière si particulière qu’il avait adopté depuis ce jour. Subaru Sakurazuka, pour ne pas perdre de vue son rôle, avait tenté d’un air mal assuré de le faire parler mais n’était parvenu qu’à de vagues réponses bien éloignées de la vérité.

Il ne voyait toujours pas le moindre sentiment dans ses yeux et la fin était proche. Pourquoi cherchait-il une telle chose ? Pour se distraire... Subaru en était de plus en plus incertain.

La discussion évoluait comme elle l’aurait due, l’adolescent expliquant le cas de Yuya.

- Je pense que cet enfant vient à l’hôpital pour y être dialysé... , affirma Seishiro d’un ton grave.

- Pour... quoi ? dit Subaru feignant l’incompréhension.

S’en suivit l’inévitable explication de Seishiro.
Subaru était allongé dans son lit. Seishiro et Hokuto discutaient sans doute dans la pièce attenante mais il n’essayait pas de percevoir leur voix. Il perdait pied. La colère le gagnait encore. Ces sentiments, l’inquiétude, le doute... Pourquoi les ressentait-il à nouveau ? N’étaient-ils que des reminescences de ses souvenirs passés ou bien... ? Il avait bien une idée sur la cause de leur retour. Hokuto..., Seishiro... Leur présence le rendait-il donc aussi fragile qu’à son adolescence ? Mais ils n’étaient qu’impressions, n’est-ce pas ? Il n’y avait aucune emotion si puissante que la haine ou... l’amour, qui ressurgissaient en lui ?

Et cette douleur qui se faisait plus distincte. Il savait que bientôt il ne pourrait plus la supporter.

Cette âme qui dormait au fond de ce corps la ressentait-il ? Non, le jeune Sumeragi ne pouvait avoir aucune conscience de la situation, son pouvoir de Sakurazukamori était bien trop puissant pour qu’il puisse sortir de sa léthargie.

Involontairement, ses pensées se dirigèrent vers Yuya, cet enfant dont les reins ne fonctionnaient pas correctement et dont la vie se déroulait presque en permanence à l’hôpital. Il y avait une ébauche de tristesse qui naissait en lui, il ne pouvait la réfréner. Il sourit de sa propre faiblesse. Il ne faisait vraiment pas un « bon » Sakurazukamori !

Il ferma les yeux et l’image des personnes qui avaient le plus compté pour lui apparut devant lui. Aurait-il était capable de les tuer ? Il ne parvenait pas à répondre à sa propre question. Il était pourtant un assassin, il ne comptait plus le nombre de victime qu’il avait fait en quelques années à peines. De simples « objets » brisés.

La douleur disparut ; il ne réagit pas durant quelques instants.

Je terminerai ce jeu que j’ai entrepris. Seishiro, si je ne peux avoir l’occasion de te voir exprimer sincèrement un sentiment alors j’aurais une fois de plus perdu face à toi.

Et c’est l’esprit encore confus qu’il s’enfonça dans le sommeil.
« Le temps passe. Il se montre de plus en plus protecteur et attentionné avec moi. Mais son regard est si étrange. Ai-je parfois des réactions sincères lorsqu’il m’approche ? Peut-être... Je n’en sais rien. Je ne ressens rien pour lui. Il ne fait que mentir. Pourtant... Si je suis ici aujourd’hui... Mais il est bien trop tard. J’ai changé, je n’y peux rien. Tes paroles et tes actes me laissent indifférent... Ou bien moi aussi suis-je un menteur ? Peu importe, la fin est proche. »

La douleur réapparut un instant puis se calma. Il venait de célébrer l’esprit de la terre devant le temple shinto qui se trouvait sur le toit de l’hôpital. Seishiro n’allait pas tarder.

- As-tu terminé ton travail ?

Pile à l’heure.

Une conversation banale. Puis une remarque qu’il n’était pas censé avoir entendue mais qui cette fois lui était parvenue dans son intégralité. Sans importance.

Ensuite une visite chez le petit garçon. Un drame. De la tristesse qui parvenait presque à l’atteindre. Presque. Et enfin sa présence à ses côtés, le réconfort dont il n’avait pas besoin, les gestes plus tendres que dans son souvenir. Ses bras autour de ses épaules, sa chaleur, son odeur qu’il avait oubliés durant toutes ses années et qui n’avaient jamais été si présentes.

Il s’éloigne, lui dit quelques mots, le quitte...
Subaru Sakurazuka savait qu’aujourd’hui le destin serait radicalement modifié. Il y veillerait.

Il entra calmement dans l’hôpital. Les cris lui confirmèrent que cela se passerait tel que dans sa mémoire. Il se précipita. La mère de Yuya était paniquée.

- Yuya !

S’inquiétait-il lui aussi pour l’enfant ? Un peu, il se l’avouait maintenant.

La femme était en pleures.

- Je suis désolée...

- Madame...

- Yuya... Maya... Tout est de ma faute... Il n’y a pas de rein... Personne n’a voulu en donner. Yuya...

- Madame...

- Un rein... un rein... Pour Yuya

Elle se laissait guider par son désespoir, un couteau à la main.

- Madame... ?

- Mais toi... Tu pourrais donner un rein à Yuya... Je t’en supplie...

- Madame...

Un premier coup. Du sang se répandant sur son long manteau blanc.

- Il faut faire vite... Sinon il va mourir...

- Madame, écoutez-moi ! Je suis d’accord pour lui donner mon rein...

Tenter de la raisonner. Pour la forme, uniquement.

- YUYA !

Il reste immobile et garde les yeux ouvert tandis que la femme se précipite vers lui prêt à le tuer. Il arrivera bientôt, il le sait.

Il est là.

Toute se passe rapidement.

« Seishiro ! »

Une voix. Ce n’est pas la sienne. Elle semble lui parvenir de l’intérieur. Mais ce n’est sans doute qu’une illusion. Il n’y pense déjà plu.

Subaru agit comme il en a décidé.

Le couteau pénétrant la chair, le sourire qu’il ne peut s’empêcher d’esquisser.

- SUBARU !

Deux voix. Il a repoussé Seishiro qui voulait le protéger. Il a mal, plus qu’il ne l’aurait cru et cette autre douleur refait surface, il aurait dû le prévoir.

Il sourit à Seishiro.

- Tu n’as rien ? demande le jeune homme blessé, son inquiétude lui paraissant étrangement sincère.

Hokuto est en larmes. Seishiro paraît réellement surpris, peut-être inquiet même mais il ne pourrait en jurer.

Son corps entier se rebelle, Subaru Sakurazuka ne veut pas perdre conscience mais cette fois il n’est pas maître de ce corps. La douleur est trop intense. La voix de Seishiro lui parvient comme dans un songe. Serait-il véritablement inquiet pour sa proie ? S’il en avait encore eu la force, il aurait sans doute souri satisfait à cette idée.

Il perdit pied et s’évanouit.

A suivre...


Subaru Sak : Dit, t’en a pas assez de t’amuser à mes dépends ?

Kokoro ( a très peur du regard qu’il lui lance) : Mais, euh, c’est pour ma fic tu vois... et si je n’étais pas là tu n’aurais pas cette personnalité et...

Seishiro : Et j’aurais encore perdu mon oeil !

Kokoro (rassurée) : Ah ! merci de me soutenir Sei !

Seishiro et Hokuto (qui sort de nulle part ?) : Mais Subaru ne serait pas blessé.

Subaru Sak et Sei : Cette fois tu ne nous échapperas pas !

Hokuto : Courage les garçons ! Je suis avec vous !

Kokoro (qui a atteint sa cachette secrète) : Vous allez voir ce qui vous attends tous les trois, ah ah ah (rire de sadique)...


(1)Je me réfère durant cette partie au dernier chapitre du volume 5 de Tokyo Babylon, j’espère que ceux qui ne l’ont jamais lu ne seront pas trop perdus --‘