Il s’éveillait lentement.

Ce furent d’abord les odeurs si particulières de l’hôpital qui l’atteignirent. Puis la sensation qu’on lui tenait la main, fermement mais tendrement. Ensuite une voix grave lui parvint, une voix qui lui parut infiniment rassurante.

- … te protéger… Subaru…

C’est en entendant prononcer son nom qu’il s’éveilla totalement gardant, néanmoins, les yeux clos mais ne pouvant empêcher un tremblement de parcourir son corps lorsque la douleur reprit ses droits. Un instant seulement.

- Subaru?

Il souleva lentement ses paupières et son regard se posa sur le visage de Seishiro. Ce dernier le fixa intensément durant quelques secondes.

- Bonjour Seishiro, dit-il en souriant.

Le vétérinaire retrouva son expression bienveillante et lui rendit son sourire.

- Tu vas bien? Et Yuya et sa mère? lui demanda l’adolescent feignant soudain l’inquiétude.

- Tout le monde s’en est sorti indemne, ne t’inquiète pas. Mais ce serait plutôt à moi de te poser la question, tu ne crois pas? dit-il en posant sa seconde main sur celle de l’exorciste et en la rapprochant de son visage. Ta sœur et moi étions morts d’inquiétude.

- Je suis désolé..., s’excusa Subaru Mais ne vous inquiétez pas, je vais bien.

Il se redressa et grimaça lorsqu’il posa son dos sur l’oreiller. La blessure traversant son torse semblait aussi profonde qu’il le pensait; ce n’était pas grave, il cicatriserait vite. Pour le moment la dangereuse douleur s’était calmée mais il ne restait que peu de temps. Il n’y avait plus d’hésitation à avoir, il devait mener son jeu jusqu’à son terme, au moins pour savoir…

Subaru Sakurazuka s’aperçut soudain que le regard que posait le vétérinaire sur lui avait changé. Il avait sans doute dû lui paraître étrange à l’instant. Il devenait bien imprudent.

- Tu es certain que tout va bien Seishiro?

Il parut devenir plus sérieux avant de poser les lèvres sur la main qu’il n’avait pas lâchée

- Tu ne m’as pas laissé te protéger Subaru, mais je sais que tu aurais fait la même chose avec n’importe qui. Tu es vraiment gentil.

Encore ce regard indéchiffrable qui le troublait tant.

- Peut-être… C’est peut-être vrai mais… je… je sais que je n’aurais pas supporter l’idée de te voir blessé… , avoua-t-il, en se demandant s’il mentait vraiment cette fois mais repoussant immédiatement cette pensée, parce que…

- SUBARU!

Ce dernier s’interrompit à l’apparition de sa sœur. Désappointé sur l’instant, il concéda rapidement que son arrivée était finalement des plus propices. Car déjà, il était parvenu à percevoir la légère surprise qui s’affichait un instant plus tôt sur les traits de Seishiro et la lueur inhabituelle qui avait habité ses yeux.

A présent, son expression était redevenue telle qu’elle l’était toujours face à Hokuto.

“Ce n’est que partie remise” songea-t-il alors que la jeune femme se précipitait vers le lit, déposant au passage les cafés qu’elle était allée chercher sur une table.

- Subaru, tu es enfin réveillé! J’étais si inquiète… J’ai eu si peur de te perdre…

Elle posa sa main tendrement sur sa joue.

- Tu es vraiment inconscient! s’énerva-t-elle presque les larmes aux yeux. Oh Subaru, tu es toujours si généreux avec ceux qui t’entourent! continua-t-elle la voix chargée d’émotions. Mais n’oublie pas que toi aussi tu dois vivre.

Elle sembla se rendre compte que Seishiro lui tenait toujours la main mais, étonnament, elle ne fit aucune remarque.

- Et puis nous sommes là nous aussi, continua Hokuto en souriant à nouveau.

Son amour, c’était la première fois depuis qu’il avait retrouvé cette époque qu’il le ressentait si intensément.

- Je suis désolé, dit le jeune homme une fois encore plus sincèrement qu’il ne l’aurait cru.

“Hokuto...”

Un écho lointain. Cette fois, il en était certain. Il perdait lentement le contrôle de son hôte bien que ce dernier restait plongé dans un demi-sommeil. Le temps était réellement compté.

- De plus, je compte bien te voir assister à mon mariage Subaru! ajouta-t-elle avant de laisser échapper un éclat de rire.

- Mariage? s’étonna l’exorciste.

Elle se leva pour apporter à Seishiro un des cafés qu’elle était allée chercher.

Durant ce court interval, il crut comprendre au regard du vétérinaire qu’il brûlait d’envie de lui poser une question:

“Qu’avais-tu l’intention de me dire Subaru?”

- Tu as...? commença-t-il en ramenant son attention sur sa soeur volontairement.

- Pas encore mais ça ne saurait tarder! Douterais-tu du charme de ta soeur? lui répondit-elle feignant le mécontentement.

- Une belle jeune femme comme toi, Hokuto, sera rapidement submergé de prétendant! la complimenta Seishiro.

- Ah! Voilà la voix de la vérité! Merci Sei! Mais peut-être assisterai-je à un autre mariage avant! affirma-t-elle sur le ton de la fausse confidence.

- Hokuto...

- Peut-être, peut-être, répondit le vétérinaire en laissant planer un vague mystère.

- PARDON!

Hokuto regarda alors son frère d’un air suspicieux.

Seichiro se mit à rire en voyant les yeux de la jeune Sumeragi briller de curiosité.

- Qu’est-ce que cela...

- Excusez-moi. Les heures de visites sont terminées, les interrompit une infirmière.

- Déjà!

Hokuto ramassa ses affaires à contre coeur.

- Subaru, je reviendrais demain matin, lui dit-elle après avoir posé un baiser léger sur son front.

Puis elle s’éloigna.

- Je passerai dès que j’aurais terminé à la clinique, lui promit à son tour le vétérinaire avant de se lever.

Le jeune exorciste lui retint alors gentiment la main pour qu’il se penche à peu près jusqu’à sa hauteur. Il l’observa attentivement.

- Je t’aime.

Seishiro écarquilla légèrement les yeux et le fixa, immobile. Soudain, il sourit mais pas tel qu’il aurait “dû” le faire. Seishiro dévoilait à cet instant le sourire charmeur et moqueur du Sakurazukamori.

De surprise, Subaru relâcha sa main.

- A demain subaru.

La porte de la chambre se referma.

“Pourquoi?” se demanda-t-il enfin.

“Tout semblait se passer comme il devait en être. Alors pourquoi? N’y avait-il donc rien d’autre que cela à espérer de sa part? Je me suis fourvoyé. Je l’ai cru différent.”

Il ferma les yeux. La douleur refaisait surface, cette douleur profonde et lancinante. Mais elle n’était plus seule, un étrange malaise avait atteint son âme.

- Demain, murmura-t-il, tout se terminera demain.

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“- Monsieur Sumeragi?

- Oui.”

La voix apathique et le regard triste, il s’intéressait à peine au notaire.

“- Voilà, dit-il en lui présentant un document, Monsieur Sakurazuka vous a légué tout son patrimoine.”

Il regarda vaguement la feuille. Quelques possessions ayant plus ou moins de valeur, des comptes en banque et ... une maison.

Le notaire ne tarda pas à le quitter assez mal à l’aise face à lui, qui avait sans doute dû lui paraître plus mort que vif.

Ainsi donc, c’était chez lui. Un vaste logement, un jardin, des fleurs, des pétales de cerisier. Le jeune homme borgne restait immobile, le regard perdu dans sa contemplation.

Un homme arriva. C’était “Kamui”. Ce n’était personne.

Qu’était-ce? “ Son” oeil? Son dernier cadeau.

De la douleur, un peu plus encore. Un choix. Une destinée.

Du sang. Une chose si banale, sans intérêt, sans importance. Le corps s’écroule. Ce n’est qu’un objet brisé. Pourtant, il pleure.

Mais cela ne compte pas.

La douleur disparaît. Hokuto. Seishiro. Il ne sont plus. Il ne veut plus ressentir.

Il est seul. Tout le monde est seul.

L’être humain n’est rien. Il n’est rien.

Le temps passe. Les jours, les semaines, les mois se succèdent.

Il tue. Il se contente d’accomplir son travail. Il s’ennuie.

Cela finit par arriver. Son clan. Ils sont si faibles.

Il est fort, il évolue mais reste tel qu’il est devenu.

Ils lui apportent un peu de distraction, pas vraiment en fait.

Il est indifférent, il est seul, il s’ennuie, il n’a pas de but.

Il le sait, il sera le dernier Sakurazukamori.

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Il ouvrit les yeux. Un rêve? Pas vraiment. Ses souvenirs simplement.

- Bonjour Subaru!

Il accueillit la jeune femme avec un sourire.

- Bonjour grande soeur.

Elle s’assit à ses côtés et lui présenta des croissants pour son déjeuner.

- Merci.

Un silence inhabituel s’installa dans la chambre.

- Subaru? Est-ce que tout va bien?

Hokuto paraissait soudain terriblement inquiète. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi. Semblait-il si étrange ce matin?

- Bien sûr Hokuto.

Il sentit tout de suite que son ton avait cruellement manqué de conviction.

- Subaru...

Elle lui prit la main et le regarda dans les yeux. Son expression était si bienvaillante, si douce, si réconfortante! A l’instant, il se surprit à avoir l’idée absurde de tout lui confier.

Ses yeux semblaient sonder sa conscience, perçant chaque secret qu’il essayait de lui dissimuler.

- Tu as l’air si triste Subaru, si mélancolique. J’ai d’abord cru que j’avais tort mais aujourd’hui je suis certaine de ne pas me tromper. Tu souffres, je le vois parfaitement. Pourquoi essaies-tu de me le cacher?

Il trembla un instant.

Il n’y avait aucune tristesse en lui; elle n’y comprenait rien. Il aurait pu la tuer à cette seconde et il n’aurait rien ressenti!

Rien? Vraiment? Non, il n’en aurait pas été capable.

- Je t’assure Hokuto, tout va bien, dit-il aussi calmement qu’il le put.

Elle ne le quittait pas des yeux.

- Je sais bien que tu es Subaru, que c’est mon petit frère qui se tient en face de moi... mais ton regard à tellement changé ses dernières semaines... j’aimerais tellement que tu me dises ce que je pourrais faire pour toi, dit-elle enfin dans un sanglot. Ta souffrance me brise le coeur...

Elle versait à présent de chaudes larmes en implorant le jeune homme du regard.

Il ne put cette fois plus soutenir ce regard. Il baissa les yeux et sentant une vague, de sentiments, refluer en lui il releva la tête.

- Hokuto, ne t’inquiète pas... Demain tout sera terminé...

- Demain?

Elle ne comprenait pas. Comment aurait-elle pu?

- Est-ce la faute de Seishiro? Si tu sembles si différent aujourd’hui, est-ce sa faute? demanda-t-elle soudain.

Comme il aurait voulu lui répondre alors! Mais il se contenta de secouer la tête en signe de négation. Cela ne parut pas la convaincre.

- Subaru je t’aime tellement, je t’en prie “ne pars pas loin de moi”.(1)

Cette simple phrase lui fit perdre le peu de sang froid qu’il avait encore. Tel un éclair le souvenir de sa soeur, la dernière fois où il avait réellement posé les yeux sur elle avant qu’elle ne disparaisse, lui revint en mémoire. Il ne put alors s’empêcher de la prendre délicatement dans ses bras et de la serrer doucement tel le plus précieux des trésors.

- Ne t’inquiète pas Hokuto, tout ira bien.

Lentement, elle se calma puis lui offrit un doux sourire.

- Demain, je t’expliquerai tout, lui promit Subaru Sakurazuka dans un souffle.

- ... Très bien, je te fais confiance... N’oublie pas que je t’aime Subaru, ajouta-t-elle en le quittant.

Son dernier regard lui étreignit le coeur, elle semblait se douter que cette promesse n’avait que peu de chance d’être tenue.

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“Faible. Je suis le plus puissant mais je reste faible. Si je ne l’avais pas perdue... je serais sans doute resté le 13ème chef du clan Sumeragi. Hokuto... Ton amour m’a tant fait défaut durant toutes ces années... Je le retrouve mais il ne m’est pas vraiment destiné...”

Il grimaça tant la douleur s’était amplifiée. S’arrêtant un instant, il continua à enfiler son long manteau noir que lui avait apporté Hokuto.

“Je n’ai décidement plus rien d’un Sakurazukamori. Me reste-t-il encore la capacité de considérer un homme comme un simple objet? Je l’espère. Mais j’en doute. Tout se décidera aujourd’hui.”

Il observa une dernière fois cette chambre, celle que Seishiro aurait dû occuper à sa place.

“Quoi qu’il en soit je ne me sens pas coupable pour mes crimes passés, pas plus que je ne regrette de t’avoir protéger Seishiro. S’il n’y a qu’une chose que je doive déplorer c’est d’être arrivé à la fin de notre jeu.”

Il sourit en songeant à toute cette comédie. S’il n’était pas parvenu à éveiller le moindre sentiment chez son prédécesseur, il s’était permis d’y croire un temps. Il restait toujours naïf malgré les années.

- Je reste le plus puissant Seishiro. Que ce soit par mon indifférence, par ma colère ou par ma haine, je l’avoue, j’en ressens peut-être à nouveau, je mettrai un terme à ce jeu, murmura-t-il dans le silence de la chambre.

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- Bonjour Sub...?

La chambre était vide.

L’homme sourit.

- Seishiro!

Il se retourna et aperçut Hokuto qui se précipitait vers lui.

- Tu ne sais pas où se trouve Subaru?

Elle attendit un instant une réponse qu’elle savait déjà négative.

- Non, je vais le chercher.

Il s’apprêtait à s’en aller lorsque la jeune femme ajouta plus sérieuse que jamais:

- Je t’en prie Sei, n’emmène pas Subaru loin de moi.

Il la regarda restant de marbre un instant.

- Je vais le retrouver, ne t’inquiète pas, dit-il en la quittant.

Elle le regarda s’éloigner.

- Je m’inquiète Seishiro car tu n’es pas celui que tu prétends être et que Subaru n’est plus le même, laissa échapper Hokuto dans un murmure.

Il disparut en tournant au bout du couloir.

- Subaru...

A suivre...


Kokoro:... ? Y a quelqu’un?

Silence.

Kokoro: J’y suis peut-être allez un peu fort avec eux... he ho!

Nouveau silence.

Kokoro: Y sont tous partis... : (

Hisaki: Bien fait!

Kokoro (se jette sur lui): T’es resté! Merciii!

Hisaki: Eh! Me colle pas comme ça! Lâche-moi!

Kokoro( toujours accrochée ): Ah! Nion! Toi, tu restes avec moi!

(1) J’aime vraiment cette phrase, je n’ai pas pu m’empêcher de la mettre : )


Et merci pour les comm ^___^