-Vous êtes en avance, Professeur !
Olivier passa la porte de chez Juliette et ôta son imperméable qui avait eu le temps de sécher. Juliette le lui prit des mains et l'accrocha au porte-manteau.
-J'ai fait vite, voyez-vous. Cela prend plus de temps de vérifier le sang négatif que du positif. Lorsqu'il est négatif, il faut vérifier encore et encore qu'on ne s'est pas trompé. Lorsqu'il est positif, cela se voit au premier coup d'oeil.
-Je suis donc bien toujours porteuse.
-Oui, mais dès demain, je prépare un andidote... ou du moins, j'essaye.
-Avez-vous pensé à prévenir Jeremy ? demanda Juliette pour changer de sujet.
-Oui, et il était fou de joie.
-J'imagine, murmura Juliette avec tristesse.
-Ne vous en faites pas. J'y passerai le temps qu'il faudra mais je vous trouverai un antidote.
Juliette alla dans la cuisine vérifier la cuisson de ses cuisses de poulet et après s'être assurée qu'Olivier l'ait suivie, elle demanda :
-Pourquoi m'aideriez-vous ? Je veux dire... qui vous a demandé de vous occuper de cette affaire ?
-Personne. J'admirais beaucoup votre père qui était, pour moi, le plus grand scientifique que la terre ait jamais porté. J'ai voulu découvrir qui l'avait tué car mon instinct de scientifique m'a dit qu'il y avait quelque chose de louche là-dessous.
-Vous admirez mon père...
-Oh non, plus maintenant. Il n'était pas un si grand scientifique que cela.
-Comment osez-vous ?
-Pardonnez-moi mais votre père a commis beaucoup d'erreurs, de trop grosses erreurs pour être un bon scientifique.
-Quelles erreurs ?
-On ne fait pas d'expériences sur des humains avant de savoir réellement à quoi s'en tenir. S'il avait été plus prudent, votre mère serait encore en vie. Imaginez : votre père vous avait déjà injecté les sérums et il ignorait tout d'eux mise à part leur constitution. Il ignorait qu'ils étaient sexuellement transmissibles, et il n'avait qu'une pauvre idée approximative de la date à laquelle vous vous transformeriez. Au début, il a pensé que cela arriverait dès votre réveil ou lorsque vous vous mettriez en colère. En réalité, le monstre n'apparaît que dans un corps adulte. C'est pourquoi votre mère s'est transformée dès son réveil et vous seulement dès le jour de vos vingt ans.
Juliette regarda Oivier et dit d'une petite voix :
-Et maintenant, vous continuez cette enquête même si vous n'admirez plus mon père car c'est le moyen de vous faire admettre dans le rang des plus grands scientifiques, d'être mondialement connus et millionnaire.
-Je ne vois pas l'intérêt de vous détromper puisque vous avez votre opinion. Selon vous, seul l'argent et la célébrité m'intéressent. Il est inutile de s'étendre sur le sujet ! Allons, vous aviez quelque chose à me dire ?
-Pourquoi cette question ?
-Tout à l'heure, vous m'avez dit que passer cette journée ensemble avait pour but que je vous aprenne ce que vous ignoriez et vous me parleriez de vos... habitudes.
-Avez-vous vu le monstre les deux dernières nuits ?
-Non, il est photosensible et en ce moment, la pleine lune l'effraie. Aussi, il reste caché.
-C'est donc ça...
-Vous avez un souvenir quelconque ?
-Avez-vous pris le monstre en photo ?
-Oui, mais le flash ne lui a pas plus et il a bouffé mon appareil-photo.
-Alors je vous confirme que je suis bien le monstre.
-Pardon ?
-Le lendemain matin de la mort de mon père, je me suis réveillée nue sur le sol de mon appartement sans aucun souvenir. J'ai d'abord pensé que j'avais trop bien arrosé mes vingt ans et qu'en rentrant, je n'avais pas eu la force de me coucher. Mais mes clés de voiture étaient bien dans leur tiroir.
Juliette déglutit péniblement et continua :
-Le surlendemain matin, je me suis à nouveau réveillée nue, mais sur mon lit. J'ai eu une vision.
-Quel genre de vision ?
-Vous... vous me preniez en photo. Ensuite, lorsque je me suis brossé les dents, j'ai découvert des particules de métal sur la brosse.
Juliette d'assit, se sentant soudainement faible. Elle pensait être le monstre depuis la veille, mais elle gardait espoir de ne pas l'être. A présent, elle était sûre et cela, elle l'avait redouté.
-Ce qui est étrange, dit Olivier, c'est que vous avez... enfin, le monstre a bouffé votre père alors qu'à moi, il s'est contenté d'engloutir mon appareil-photo. Peut-être inconsciemment, en voulez-vous à votre père ?
-Ce n'est pas inconsciemment. Je lui en veux réellement d'avoir tué ma mère et de m'avoir négligée au profit de son travail. Je lui en voulais réellement mais cela ne m'a jamais empêché de l'aimer.
-Il vous aimait, lui aussi.
-Comment le savez-vous ?
-Lorsqu'il parle de vous, dans son journal, on peut sentir son amour pour vous. Et lorsqu'il s'est rendu compte que vous ne vous transformiez pas enn monstre, il a dit qu'il vérifierait si vous conteniez toujours les sérums et si ce n'était pas le cas, il ne savait pas s'il vous les réinjecterait car il avait peur de vous perdre comme il a perdu votre mère.
Juliette passa une main dans ses longs cheveux noirs.
-C'est dur de se dire qu'on est un monstre et qu'on a tué son propre père.
-Mais ce n'est pas votre faute. Votre père est seul responsable de ce qui lui est arrivé. Et puis... je suis là. Quelles que soient mes motivations, je vous aiderai.
-Merci.
Ils passèrent à table, puis prirent le café dans le salon tout en discutant à bâtons rompus. Juliette racontait à Olivier son enfance, avec une père dont elle ne se souvenait que très peu et avec un père qu'elle ne voyait que rarement. Puis tout à coup, elle se tourna vers Olivier comme il ne lui répondait pas, et elle le trouva endormi. Ce n'était pas plus mal : il avait besoin de sommeil.
Voilà la suite, j'espère que ça vous plaira !!! Bisous à tous ceux qui me lisent. |