Juliette fixa son ami avec stupeur.
-Jeremy, que se passe-t-il ?
-Pauvre, pauvre Juliette. Je suis sincèrement navrée pour ce virus dont tu es victime.
-Oh, Jeremy, ne t'en fais pas, j'ai appris à vivre avec.
-Tu ne vas pas... mourir ?
-Non, je ne crois pas, répondit Juliette en déverrouillant la porte de chez elle. Ce n'est pas un virus mortel, il a simplement quelques effets indésirables et se transmet sexuellement, avec ou sans protections.
-C'est vrai que je ne pensais pas te trouver en aussi bonne forme. Tu sembles un peu fatiguée mais absolument pas mourante.
-Si tu venais me trouver pour que je te mette dans mon testament, c'est loupé, plaisanta Juliette. Et maintenant, Jeremy, si tu veux bien m'excuser, je suis pressée. Le Professeur Rochard m'attend. Il préfère que je ne reste pas trop hors de sa surveillance.
-Tu es devenue son cobaye ?
-Si c'est la seule solution pour me débarrasser de ce virus...
-Pourquoi est-ce lui qui s'en occupe et non pas ton médecin ?
-Il est beaucoup plus qualifié.
-Quels sont les symptômes de ce virus ? Et comment l'as-tu eu ?
-Je regrette mais je ne peux pas te répondre. Merci d'être venu me voir et à bientôt, Jeremy.
Juliette rentra chez elle, alla chercher les CD sur lesquels étaient enregistrées les informations contenues dans l'ordinateur de son père, et elle repartit.
Olivier leva les yeux de son microscope et jeta un oeil à sa montre : 14h30. Cela signifiait que Juliette avait quitté la maison depuis plus de quatre heures. Où était-elle passée ?
Il jura et sortit de son laboratoire en furie, et trouva Juliette assise sur un fauteuil usé jusqu'à la corde, au salon, devant la télévision.
-Vous êtes là ? demanda-t-il surpris.
-Oui, je suis rentrée environ une demi-heure après être partie.
-Pourquoi n'êtes-vous pas venue me prévenir de votre retour ?
-Etant la fille d'un scientifique, j'ai appris dès mon plus jeune âge à ne pas déranger un chercheur pendant son travail.
-Je m'inquiétais pour vous, je pensais que... je ne sais pas...
-Excusez-moi. Mon père ne s'est jamais inquiété pour moi, mais c'est vrai que maintenant, j'ai un intérêt scientifique, ce n'est plus la même chose, dit Juliette avec amertume.
-Avec vous, je suis jugé et condamné, s'écria Olivier. Je ne suis qu'un scientifique qui ne s'intéresse qu'à faire des expériences et dont le seul but n'est surtout pas de vous aider, mais d'être admis dans la cour des grands et devenir millionnaire. Je n'ai pas de coeur et je ne peux surtout pas m'inquiéter pour quelqu'un si cette personne n'a aucun intérêt scientifique. Soit, comme je vous l'ai dit hier, je ne vois pas l'intérêt de vous détromper si vous avez votre opinion bâtie. Vous généralisez tout ce que vous voyez même si c'est le seul spécimen dans ce genre que vous voyez ! Hé bien restez dans votre monde de rancune et d'amertume, je ne viendrai pas vous y déranger !
Olivier prit la pile de CD posée à côté des clés de sa voiture, sur la table.
-Vous dîtes cela mais ça ne vous dérange pas d'avoir un cobaye consentant sous la main.
-La seule chose que j'essaie de faire est de vous débarrasser de ces maudits sérums. Mais puisque vous le prenez ainsi, partez de chez moi. Je ne veux plus voir l'ingrâte que vous êtes. Rentrez chez vous, transformez-vous en monstre et faites-vous capturer par des scientifiques nourris de plus mauvaises intentions que les miennes. Vous verrez alors ce que c'est qu'être un cobaye.
-Je ne vais pas me gêner pour vous !
Juliette récupéra sa valise et son sac à main, et elle rentra chez elle à pieds, hors d'elle. |