Préséa ouvrit doucement la porte qui grinça lentement sur ses gonds et pénétra dans la pièce, suivie de prés par Raine. Celle-ci se dirigea sans hésiter vers le petit lit contre le mur. La masse de couvertures s’élevait et s’abaissait régulièrement, en silence, indiquant là que quelqu’un occupait le lit et qu’il y dormait encore. Le Professeur se figea soudain en apercevant une masse de cheveux roux, étroitement mêlée à une masse de cheveux d’ébène, dépasser des nombreuses couvertures, en s’étalant impunément sur l’oreiller.
« -Zélos ? appela doucement la jeune fille à la hache.
Elle s’était placée entre le Professeur et le lit, craignant une réaction violente de la part de cette dernière.
La masse de couvertures bougea un peu et une tête passablement endormie émergea de dessous les couvertures.
-Mmmmh ? Qu’est ce qu’il y a ?... ah ! C’est toi Préséa, fit Zélos d’une voix pâteuse. …P…Professeur ??!!
-Elle-même ! On peut savoir ce que tu fais là toi ??? demanda Raine en croisant les bras sur sa poitrine et en toisant l’Elu d’un regard assassin.
Zélos baissa les yeux, comme un gosse pris en faute et s’extirpa avec précaution du petit lit, prenant soin de ne pas trop bouger Sheena. Celle-ci se roula automatiquement en boule et frissonna, privée de sa seule source de chaleur.
Raine cru qu’elle allait explosait en voyant la tenue de l’Elu : torse nu et vêtu en tout et pour tout de ses sous-vêtements, et en sueur.
-C’est quoi cette tenue !!! explosa-t-elle, rouge de fureur. Que faisais-tu dans ce lit avec Sheena ??? Réponds !!! Les autres ont bien raison, tu n’es qu’un pervers !!! J’attends vos explications monsieur l’Elu !
Raine se retenait visiblement à grand peine de lui balancer son poing dans la figure. Décidemment, Zélos ne pensais qu’à ça…
-Ce… ça n’est pas du tout ce que tu crois Raine, je te le jure, tenta de se défendre Zélos.
Il jeta un regard suppliant en direction de Préséa.
-Ne t’emportes pas Raine, dit Préséa en se portant au secours du jeune homme. Il a raison, ça n’est pas ce que tu crois.
-Ah non ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Je sais bien ce que je vois quand même ! Zélos est à moitié nu dans le même lit que cette pauvre Sheena. Il essaye d’en profiter pour abuser d’elle et toi tu le soutien ?! Tu es bien trop gentille avec lui. Je ne sais pas quel mensonge il a bien pu te faire gober pour que tu le défendes, mais sache que ça ne marche pas avec moi !
Et avant que Zélos ait pu dire quoique ce soit pour sa défense, la demie elfe le frappa d’un grand coup de pied au niveau de l’abdomen, qui l’envoya valser à l’autre bout de la petite pièce.
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Génis observait pensivement l’horizon, assis sur le petit muret en pierre à l’entrée de la maison du nain Altessa. Il balançait paresseusement ses jambes dans le vide, perdu dans de sombres pensées. Bien qu’il ne veuille pas trop le montrer, il s’inquiétait beaucoup pour sa sœur. Certes, c’était une magicienne hors paire, mais elle excellait plus dans l’art de la guérison plutôt que dans l’art du combat. Qu’adviendrait-il si elle venait à tomber sur l’ennemi ? Serait-elle en mesure de se défendre ?
Il aurait dû insister d’avantage pour l’accompagner, d’autant que cela l’aurait rapproché de Préséa.
Préséa…
Dés qu’il l’avait vu dans la cathédrale de Meltokio, petite fille à l’apparence si frêle et si fragile, son cœur s’était mis brusquement à s’emballer sans raison apparente. Sa tête où fourmillaient habituellement toutes sortes de pensées, s’était retrouvée étrangement vide, et lui d’ordinaire à la répartie si cinglante s’était mis à bafouiller en sa présence. Allant même jusqu’à tenir parfois des propos incohérents.
"Pourtant elle reste toujours si distante avec moi pensa le petit magicien. J’aimerais tant qu’elle s’ouvre un peu plus à moi. Jamais elle ne parle de se qu’elle ressent. Ses blessures, ses faiblesses, je les devine mais je ne les connais pas…Je voudrais pouvoir l’épauler, qu’elle puisse se reposer sur moi…mais …mais je ne suis qu’un enfant…simplement qu’un enfant…Que puis-je faire ?. Alors qu’elle…elle…elle fait déjà tellement adulte…Rahhh, tu n’est qu’un imbécile Génis ! Arrête de rêver !" pensa-il.
« -Et bien Génis, que t’arrives-t-il ? Tu me sembles bien songeur. Cela ne te ressemble pas…
-Lloyd ! Désolé, j’étais perdu dans mes pensées, fit Génis en sursautant et en rougissant un peu.
-Ce n’est pas grave, lui répondit son ami. Tu t’inquiètes pour le Professeur ?
Génis hocha la tête en signe d’assentiment.
-Ne t’en fait pas, le rassura Lloyd, elle n’est pas du genre à se faire avoir facilement.
-Je le sais bien, protesta le jeune garçon, mais…
Lloyd étreignit Génis par les épaules.
-Et puis notre valeureux Noishe est avec elle ! fit Lloyd sur un ton enjoué
-Et ça devrait me rassurer ? ironisa le demi elfe. Je te rappelle que dés qu’il y a un monstre, il prend ses pattes à son cou celui là… Rappelle toi sa fuite dans la forêt d’Isélia…
-C’est vrai, dû reconnaître piteusement Lloyd.
Puis les deux amis partirent d’un grand éclat de rire à l’évocation de ce souvenir du début de leur périple. Bien qu’à l’époque, ils n’avaient pas tellement ri lorsque Noishe, à l’allure si imposante, avait tourné les talons dés leur entrée dans la forêt…Ils n’avaient pas fait les fiers, loin de là…
-Comment va Colette ? demanda Génis pour changer de sujet.
Le regard du jeune épéiste s’assombrit à l’évocation de leur amie souffrante.
-Elle souffre…beaucoup plus qu’elle ne veuille en dire, c’est certain. Altessa a parlé d’un remède mais…
-Quel genre de remède ? l’interrogea Génis, curieux.
-Et bien…je n’ai pas suivi toutes les informations techniques…
-Bin voyons, ça m’aurait étonné, marmonna le magicien.
-Mais je sais qu’il a parlé d’une histoire de transfert de mana ou quelque chose dans ce goût là, continua Lloyd comme si il n’avait pas entendu la remarque peu flatteuse que son ami avait faite à son sujet.
Soudain le petit magicien releva la tête, alerte, scrutant l’horizon en direction des ruines d’Ozette. Il sauta doucement à bas du muret de pierre et avança de quelques pas, tendant l’oreille. Lloyd regardait son ami, perplexe.
« -Qu’est qu’il t’arrive Génis ? demanda-t-il.
-Chut !...Tu entends ?
-Quoi ? Entendre quoi ? Je n’entend rien… répliqua Lloyd.
-Justement ! fit Génis, alarmé. Il n’y a plus aucun bruit dans la plaine ! Tout les oiseaux se sont tus…On n’entend plus que le vent…que le vent et…Non ! Ce n’est pas possible ! Non ! Pas maintenant !
Lloyd tendit l’oreille lui aussi. En effet, le jeune garçon avait raison. C’était beaucoup trop calme. Se portant à la hauteur de son ami dont il surprit le regard inquiet, il cru percevoir comme un grondement. Un grondement sourd, puissant. Un grondement qui se rapprochait. Pourtant l’après-midi était au beau fixe. Aucun nuage en vue dans le ciel.
Se pouvait-il que…
Se jetant un regard entendu, Génis fit prestement volte face et rentra en courant à l’intérieur de la maison d’Altessa. Il en ressorti quelques instants plus tard en compagnie de ce dernier, suivi de prés par Tabatha et Régal.
-Je crois que nous allons avoir de la visite, annonça gravement Lloyd.
Il ne croyait pas si bien dire. Les minutes s’écoulaient lentement et à mesure qu’elles s’égrainaient, le bruit sourd perçut par nos deux amis quelques instants auparavant grossissait, s’enflait et s’amplifiait, répercuté par la falaise au pied de laquelle était installée la demeure du nain. Sur une bonne moitié de la largeur de la plaine, un épais panache de fumée s’élevait.
Bientôt, le martèlement pesant des sabots des chevaux de guerre lourdement harnachés et piétinant tout sur leur passage parvint jusqu’à Lloyd, Génis, Régal, Altessa et son androïde. Ceux-ci se jetèrent des regards d’appréhension. Comment allaient-ils pouvoir affronter l’armée du Pontife avec leurs forces diminuées de moitié par l’absence de Préséa, Sheena, et Zélos, sans oublier Colette…
Mais qu’importe ! Ils défendraient chèrement leurs vies et ne laisserais pas « leur » Colette tomber entre leurs mains. Déterminés, Lloyd et ses compagnons d’armes s’apprêtaient à faire face lorsque à leur grande surprise, le nuage de poussière bifurqua vers leur gauche.
« -C’est pas vrai ! s’exclama Lloyd en serrant les poings. Ils se dirigent tout droit vers…Mizuho !
Comment diable en connaissaient-ils la localisation ? En effet, le petit village ninja ne figurait sur aucune carte officielle, garantissant ainsi sa sécurité et sa tranquillité.
Après un instant de flottement, l’adolescent s’élança dans la direction prise par l’armée pontificale quelques instants auparavant, talonné de prés par Génis et Régal.
« -On peut savoir ce que tu comptes faire Lloyd ? interrogea ce dernier. Je te rappelle, à titre d’information que nous ne sommes que trois. Nous ne pourrons rien faire pour ces gens. Est- ce que ça ne serait pas tout simplement se jeter dans la gueule du loup ?
-J’en suis bien conscient Régal. Notre priorité c’est de protéger Colette, mais je refuse l’idée de laisser ces soldats massacrer le village sans tenter quelque chose. C’est à cause de nous et de nos actions si ils sont la cible du courroux du Pontife. De plus, c’est le village de Sheena. Son grand-père est là bas, toujours dans le coma.
-Et que crois-tu que notre présence va changer ? reprit l’ancien aristocrate. Ils sont à cheval, lourdement armés, nous sommes à pieds.
-Dans ce cas, pourquoi viens-tu avec moi Régal ? l’apostropha Lloyd.
-Hors de question de te laisser t’en mêler tout seul. Mon devoir est de t’aider, dans la mesure du possible, à éviter que des innocents fassent les frais de ces caprices injustes du destin. C’est la croix que je dois porter pour me faire pardonner.
Lloyd sourit. Sous ses airs renfrognés et parlant peu, Régal avec un sens aiguisé du devoir et de la justice, était quelqu’un sur qui on pouvait compter. L’épéiste reporta son attention sur sa course. Quoiqu’il entreprenne, il pouvait compter sur l’aide et le soutien de ses amis, et cette pensée lui fit chaud au cœur.
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« -Je te présente mes excuses Zélos, dit Raine d’une voix piteuse. Je me suis laissée emportée un tantinet…
Préséa venait d’expliquer à la demie-elfe aux cheveux argent la raison de la présence de Zélos dans le même lit que Sheena.
-Ce n’est pas grave Raine, lui assura l’Elu de Tésséha’lla en se massant l’abdomen. Je peux aisément comprendre ta réaction. Ma réputation me joue parfois de vilains tours…
Raine lui jeta un regard où il pu déceler une pointe d’ironie.
-Quoiqu’il en soit, je t’assure que jamais je ne m’abaisserais à une chose pareille, reprit-il. J’ai trop de respect pour elle… même si je ne suis pas toujours sympa avec elle, je dois le reconnaître,… surtout ces temps-ci.
-Oui c’est sur, confirma Préséa. Odieux, serait le terme plus exact.
-C’est bon Préséa ! Je sais, je sais ! N’en rajoutes pas veux-tu, s’écria Zélos. Je ne suis pas fier de moi.
-Et bien tu lui présentera donc tes plus plates excuses à son réveil, fit Raine.
-Ah non ! ça…ça je ne peux pas , dit Zélos d’une petite voix blessée.
-Et pourquoi donc ? demanda Raine, perplexe. Tu viens de dire à l’instant que tu la respecte… ce n’est pas très logique comme raisonnement…
-Je…je, fit-il en baissant la tête, de longues mèches de cheveux dissimulant son visage.
Préséa et le Professeur fixèrent le jeune homme sans comprendre. Pourquoi diable refusait-il de s’excuser ? Ce n’était quand même pas la mer à boire… Avait-il peur de la réaction de Sheena ? … De toute façon il l’aurait mérité ! Et puis Sheena, sous ses airs de furie, n’était pas si rancunière, loin de là. Elle lui pardonnerait, ce n’était pas son genre de snober ses amis bien longtemps. Elle était trop gentille pour ça. Beaucoup trop même selon l’avis de Raine… Alors, quel était donc le problème de Zélos… ?
« -Bien, admettons, fit Raine, brisant le silence qui s’était installé depuis quelques minutes. On verra ça plus tard. Il y a plus urgent.
Elle s’approcha du lit où reposait Sheena et tira vivement les couvertures qui masquaient la jeune femme aux regards des autres. Le professeur ne pu retenir une exclamation de surprise devant ce corps si pâle entièrement veiné de bleu, tremblant avec force. Exposés ainsi à la température de la pièce, pourtant élevée, les convulsions des membres de l’invocatrice devinrent plus intenses, et Sheena, roulée en boule, respirait avec beaucoup de difficulté, au bord de l’épuisement.
« -Par la déesse… elle… elle est…. Ce … ce n’est pas possible… elle n’a plus de Mana…. Comment as-t-elle fait pour survivre aussi longtemps ? Depuis combien de temps est-elle comme ça ? souffla Raine dans un faible murmure et en secouant tristement la tête devant l’état de son amie.
-Depuis presque trois jours, répondit Préséa d’une voix morne alors que Zélos continuait de se murer dans son silence.
Le Professeur était sidérée par ce qu’elle voyait et espérait, non sans une certaine appréhension, que son pouvoir de guérison serait suffisant. Elle essayait de ne pas trop le montrer, mais à cet instant, elle doutait sérieusement de ses capacités. Seulement voilà, tout le monde comptait sur elle pour réaliser des miracles. Elle n’avait pas le droit de les décevoir. Elle était l’esprit cartésien du groupe, le pilier qui rassurait les autres lorsqu’ils doutaient d’eux même, et elle avait réponse à tout, en toute circonstance, quelque soit la situation. Si elle flanchait, que deviendraient-ils ?
Raine releva la tête, le regard déterminé. Il fallait qu’elle réussisse, qu’elle se surpasse même si il le fallait.
Tendant les deux bras, elle positionna son bâton de magicien devant elle, juste au dessus de Sheena. La demie-elfe ferma lentement les yeux, en proie à une extrême concentration. Presque aussitôt, une douce aura de lumière blanche vint l’envelopper alors qu’un cercle magique de guérison se dessinait sous ses pieds. L’orbe magnifique qui ornait l’extrémité de son bâton se mit à irradier doucement, et Raine l’abaissa sur le front de la jeune femme à bout de forces. Un flux d’énergie sembla se déverser du joyau vers Sheena sous les regards attentifs de Préséa et Zélos.
Une bonne minute s’écoula ainsi. Raine commençait à montrer des signes de fatigue et ses jambes tremblaient sous l’effort. Son sort n’avait pas d’effet, elle le sentait, tandis qu’elle faiblissait sous le contrecoup d’une trop grande utilisation de Mana. Ses deux compagnons avaient eux aussi compris que quelque chose n’allait pas devant le temps que prenait son sort. D’habitude, l’effet était quasi instantané.
Les épaules de la demie-elfe s’affaissèrent. Les forces lui manquaient.
Depuis l’entrebâillement de la porte de la petite chambre, deux yeux perçant suivaient la scène avec attention, sourcils froncés et mine soucieuse, lorsque la magicienne mit soudain un genou à terre.
« -Raine ! l’interpella Zélos, sortant de son mutisme. Courage ! Tu peux la sauver ! Tu… tu es la meilleure guérisseuse que je connaisse. Ton pouvoir n’a pas de limites, alors ait confiance en toi. Nous, nous te faisons confiance alors, s’il te plait, …je t’en prie, … ne baisse pas les bras ! Ne me dis pas que c’est fini, tu entends !
-Zélos à raison, ajouta Préséa. Nous croyons en toi. Ne doute pas. Nous sommes avec toi…
Raine leur jeta un regard reconnaissant. Ils avaient raison.
N’avait-elle pas progresser, au cours de leur périple, à un point qu’elle n’aurait seulement pu qu’imaginer quelques mois plus tôt ? Forte de son courage et de sa confiance en elle retrouvée, elle ancra solidement ses pieds dans le sol et redressa fièrement la tête.
Elle sentit qu’un nouveau flux de Mana parcourait à présent son corps. Surprise, elle se tourna vers ses amis pour voir Zélos entouré une fine aura blanche, identique à la sienne. Tendant le bras vers Raine, paume ouverte en signe d’offrande, il lui donnait ainsi la force nécessaire à l’achèvement de son sortilège de guérison.
Investie de cette énergie nouvelle, la demie-elfe en augmenta l’intensité et un deuxième cercle magique apparut sous elle, puis fusionna avec le premier, projetant alors une lumière aveuglante.
« -Revitalisation ! » s’écria Raine en déversant l’énergie réparatrice de son sort en Sheena.
L’homme derrière la porte poussa un imperceptible soupir de soulagement et s’enfonça dans la pénombre du couloir.
Sentant comme une présence dans son dos, la fillette aux couettes roses, se retourna, mais son regard ne rencontra que le vide.
Au bout de quelques instants, l’éblouissante lumière mourut, replongeant la pièce dans une obscurité partielle. Raine s’affaissa doucement à terre, complètement vidée, imitée quelques secondes plus tard par Zélos.
Sur le lit, l’invocatrice avait retrouvé un rythme de respiration normale et malgré la pâleur persistante de ses traits, elle affichait un visage serein, détendu, un léger sourire ourlant ses lèvres. Toute trace de poison avait disparu de son corps comme en témoignait l’absence de marbrures bleutée et le Professeur soupira. Elle avait réussi !
« -Merci Zélos, fit Raine en souriant doucement à l’Elu du Mana. Sans ton aide je crois bien que je n’y serais pas arrivée…
-Allons, allons… ne dis pas de bêtises lui répondit Zélos en replaçant une épaisse mèche rousse derrière son oreille et en rougissant un peu, flatté malgré tout de recevoir les rares compliments que distribuait le Professeur Sage. Si tu as réussi, c’est uniquement grâce à ta force intérieur, à ton courage et à ta détermination.
Raine ouvrit de grand yeux, complètement abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Zélos restait humble et ne se mettait pas en avant. Il leurs épargnait ses fanfaronnades et ses vantardises habituelles… Elle ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche, incapable de prononcer le moindre mot
Préséa, elle aussi surprise, fixait le jeune homme avec intérêt et incompréhension à la fois.
« -Qu’est ce qu’il vous arrive à toutes les deux ? demanda Zélos le plus naturellement du monde. On dirait que vous avez vu un fantôme… J’ai quelque chose sur le visage, c’est ça ?
-Qui êtes vous et qu’avait vous fait de Zélos ? interrogea Raine, suspicieuse à l’égard de ce dernier.
-Mais qu’est ce que tu racontes enfin Raine ? Qu’est ce que j’ai dis ?
Un petit sourire en coin se forma alors sur le visage de la demie-elfe.
-Rien…rien d’important… Tu as changé Zélos… en bien, fit-elle en voyant la mine perplexe du jeune homme. Viens Préséa, montres moi un endroit où je pourrais me reposer s’il te plait…
Préséa acquiesça et aida la jeune femme à se relever et tout en la soutenant quitta la pièce.
-Prend soin d’elle Zélos, je te la confie. Elle n’est peut être pas tout à fait remise. Notre sort combiné a eu l’effet escompté, mais pas de risques inutiles. Si il y a le moindre problème n’hésite surtout pas à me prévenir, rajouta Raine avant de franchir la porte.
Son regard se posa alternativement sur Zélos, qui visiblement n’avait rien compris et sur Sheena. Elle était prête à parier que la jeune invocatrice n’était pas étrangère au nouveau comportement de leur ami et espérait sincèrement que cette influence continuerait. L’Elu de Tésséha’lla était bien plus appréciable ainsi.
Zélos ouvrait de grands yeux ronds. Pourquoi y aurait-il quelque chose de changé ? Il se sentait toujours le même pourtant.
(dialogue entre Zélos et sa conscience. Entre " ", sa conscience, entre // //,Zélos)
« -"Allons, arrêtes de te mentir, résonna une petite voix dans sa tête. Nous savons toi et moi ce qui a changé justement…accepte donc que tu l’ai…"
//-Toi, ma conscience, la ferme !//
"-Très bien, très bien, mais c’est sans issue pour toi si tu continue comme ça. Ne crois-tu pas que tu vas la blesser et te détruire par la même occasion?"
//-Il vaut mieux que ça soit maintenant plutôt que à CE moment là. Je ne peux pas m’engager sur cette voie là. Je ne peux plus reculer à présent… SA punition serait…Non ! Je ne veux même pas y penser…IL pourrait se retourner contre elle.//
Etrangement, il ressenti un douloureux pincement au cœur à cette simple pensée.
//-Non, je dois plus penser à elle…Les dés sont jetés de toue manière et notre destin à tous est déjà en marche.//
Un gémissement de Sheena le tira de son conflit intérieur et il s’approcha du lit où elle reposait. Elle paraissait si fragile encore.
La jeune femme s’était de nouveau roulée en boule et frissonnait. Zélos resta à la contempler, tiraillé entre ce qu’il devait faire et ce qu’il avait envie de faire. Sa raison luttait contre le doux sentiment pour la belle ninja qu’il sentait naître en lui.
Il remonta délicatement les couvertures sur son corps et s’allongea à son tour sur le lit. Personne ne serait là pour le juger. Raine ne repasserait que plus tard. Ils étaient donc seuls.
« "-Et tes bonnes résolutions de toute à l’heure ?"
//-…Envolées…//
Zélos caressa du bout du doigt le pâle visage de son amie, écartant distraitement de fines mèches de cheveux de son front. Il savait qu’il faisait peut être là une erreur, cependant l’attraction quasi animale que la jeune femme exerçait sur lui était bien plus forte que sa raison, il s’en rendait compte à présent. Il voulait la sentir contre lui comme cela, sentir son cœur battre contre le sien, sentir son souffle se mêler au sien. Pour toujours.
Il embrassa délicatement le front glacé de Sheena, qui s’était à présent inconsciemment lovée contre son torse, et l’enserra de ses bras de façon possessive. Il approcha ensuite sa bouche de son oreille et ses lèvres murmurèrent simplement ce mot.
-Pardon…
Une petite larme perla au coin de l’œil de Sheena et son visage se fendit d’un sourire de gratitude que Zélos ne vit malheureusement pas.
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Lorsqu’ils arrivèrent en vue du pont, ils stoppèrent net à la vue de l’étrange spectacle qui s’offrait à eux. La terre était dévastée, complètement retournée par le passage des centaines de chevaux. Pas un brin d’herbe de subsistait.
Régal examina attentivement le sol.
« -Combien ? demanda Lloyd.
-Une petite centaine … peut être moins.
-Quelle désolation, se lamenta Génis en faisant rouler entre ses doigts une petite fleur.
Unique vestige de la prairie luxuriante qui se dressait là quelques heures plus tôt, elle se levait fièrement au milieu des ornières boueuses, agitant ses délicates feuilles au gré du vent et défiant par sa présence la folie dévastatrice des hommes.
Les trois compagnons redressèrent la tête de concert et leur regard porta en direction de Mizuho. Un épais panache de fumée s’élevait dans le ciel bleu, implacable, au dessus du village ninja non loin de là.
Funeste présage.
Lloyd sentit que son sang se glaçait dans ses veines, et livide, contempla les volutes noirs sans pour autant faire un seul geste.
-Quelle folie…cela ne s’arrêtera donc jamais… murmura-t-il pour lui-même.
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Le talent caché de Raine :
Génis observait pensivement l’horizon, assis sur le petit muret en pierre à l’entrée de la maison du nain Altessa.
Lloyd : Et bien à quoi tu penses ?
Génis : …
L : Au Professeur n’est-ce pas ?
G : Oui…
L : T’inquiètes ! Elle va s’en sortir ! Elle est coriace !
G : Oui, ça c’est sur…
L : Et puis dans le pire des cas elle pourra leur sortir son arme secrète.
G : Son « faisceau » de lumière ?
L, avec un grand sourire : Nan, sa cuisine !!!
Raine avec un porte voix géant : LLLLLLLLLOOOOOYD !!!J’ai entendu ! Je ne suis pas sourde !
L : Mais comment as-t-elle fait pour entendre d’aussi loin ?!
G : Aucune idée. Mais je pense que dans le cas présent, une seule solution s‘impose.
L : Laquelle ?
G : La fuite !!!
Un nuage de poussière apparut alors sur la ligne d’horizon. R ne permettait pas qu’on mette en doute ses talents (ô combien douteux d’ailleurs) de cuisinière. ^^
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