Le réveil fut douloureux. La blessure à l’épaule est en voie de guérison mais elle me fera encore souffrir pendant 2-3 heures. Mes compagnons sont déjà prêts lorsque j’arrive au bar.
-Tout est prêt Clariel ?
-Oui on a tout le matériel nécessaire
-Ca va pas être facile de trimballer un aveugle, fait remarqué Bob. Ce dernier semble avoir cessé de planer. Seul ses yeux rouges témoignent de son état passé.
-Ne t’inquiète pas pour moi je suis capable de me débrouiller. Je peux surmonter cet handicap.
-Bon ne traînons pas. Surtout que…
-Que ?
-Heldiel est en ville.
-Quoi ? Nous n’avons plus de temps à perdre . Partons tout de suite.
Nous marchons en file indienne depuis 2 heure dans la jungle. Bob mène la marche, suivi de Félipé, Clariel est derrière moi. Félipé, qui a plutôt bien tenu jusqu'à présent, se déplacent avec une aisance déconcertante semble un peu marquer le coup. Je propose une halte le temps qu’il puisse récupérer et manger un peu.
-Franciel c’est qui cette Justine dont tu a tant parlé en dormant ? me demande Clariel.
-Moi j’ai parlé en dormant ?
-Et pas qu’un peu mon neveu… Tu as l’air de beaucoup tenir à elle. Pourquoi es tu là au lieu d’être à ses côtés ?
-Je t’en pose des questions moi. Je doit accomplir ma mission et après je la retrouverai.
-S’il est pas trop tard
-Et toi pourquoi es tu là ?
-Pour contrarier les plans d’Urielle. Bon la pause a assez duré.
-Tu as raison on est encore loin.
La nuit commence à tomber lorsque que Félipé s’écrie : « Je sens que l’on est pas loin ! » Enfin après une journée galère dans la jungle, nous touchons au but. Celle ci devient un peu moins dense et nous finissons par aboutir dans une clairière aménagée par l’homme. Au centre de cette clairière il y a une petite cabane. « c’est ici qu’aura lieu la cérémonie »
-Je vais aller jeter un œil pour voir s’il y a déjà du monde.
-Soit prudent Clariel.
-T’inquiète ça va bien se passer.
Lentement et baissé, il avance vers la maison. Il n’y a l’air d’avoir aucune activité à l’intérieur. Clariel observe par la fenêtre, puis nous fait signe de venir.
-Il n’y a rien la dedans. Tu te serais pas trompé Félipé ?
-Non c’est bien ici mais il est peut être trop tôt. Apres tout il reste encore 6h30 avant la cérémonie.
-Alors planquons nous et attendons.
Tapis dans les fourrés nous guettons le moindre mouvement. Mais à une demi heure de l’heure fatidique toujours aucun signe de vie.
-Mais qu’est ce qu’ils foutent ? Avec les temps de préparation ils auraient déjà du être là…
-Ouais man. On va pas rester toute la nuit ici
-Tant pis je fonce dans le cabane il doit avoir quelque chose qui nous à échappé
-Non Franciel reviens !
Mais je suis déjà en route, j’ouvre la porte de la cabane à la volée d’un bon gros coup de pied.
Bien sur il y a personne. J’examine la pièce. Une table , deux chaises, des peaux de bêtes sur le plancher de bois, un peu de vaisselle, une vielle lampe à pétrole. Rien d’extraordinaire. La cabane est entretenue : il n’y a pas de poussière. Tout ce chemin pour rien. On est pas au bon endroit. De rage, je donne un coup de pied dans le vide. Du moins je croit taper dans le vide, mais je tape dans la tête d’une peau de tigre. Celle ci voltige dans la pièce et moi je me retrouve au sol.
-Qu’est ce que tu fait par terre ?
Mais je n’écoute pas Clariel. Car ce que j’ai vu au sol me redonne une lueur d’espoir : une trappe.
Je me relève et dégaine mon épée de lumière. Clariel en fait de même. J’ouvre la trappe. Une échelle de bois descend sur 3 mètres de profondeur. Clariel saute dans le trou.
Je le suis une minute plus tard. Nous sommes maintenant dans une espèce de petite grotte. Un couloir taillé dans la terre part vers le nord sur une pente descendante. Nous nous y engouffrons. Nous progressons lentement, les sens en alerte. Petit à petit la terre fait place à de la roche. Le couloir finit par déboucher sur une vaste grotte. Dedans une vingtaine d’individus encapuchonnés forment un cercle autour de trois autels de pierre placés en Y. Sur l’un se trouve Théo et sur chacun des deux autres ses sœurs. Une vielle femme qui ne m’est pas inconnue psalmodie autour d’eux. Mais ce qui me marque le plus c’est la forme qui reste en retrait. Cette peau rouge, ces épines dorsales, ces cornes , ces ailes de chauves souris ne peuvent appartenir qu’à Asmodée un des 7 seigneurs démons. Une petite lueur bleue passe du corps de Théo vers celui de sa plus jeune sœur. Celle ci commence à trembler de façon incontrôlable de toutes évidence la cohabitation des 2 âmes et surtout la puissance de celle de Théo est trop dure à supporter pour ce corps fragile. Je commence à faire un pas pour intervenir mais Clariel me retient.
-Tu veut te faire massacrer ? me chuchote t il.
-Pourquoi avoir fait tout ce chemin si c’est pour rester les bras croisés ?
-Nous devons élaborer un plan.
-On a pas le temps pour ça. La cérémonie a commencé.
-C’est simple on va se faufiler dans la pièce discrètement. Se tapir dans un coin, puis à mon signal on attaque de deux endroits différents.
-Je le sens pas ton plan.
-Tu a mieux à proposer peut être ?
-Non
-Alors on y va.
Pliés en deux, nous rentrons le plus discrètement possible, et longeons chacun un mur de la salle. Pendant ce temps, la prêtresse commence à faire passer l’âme de la sœur de Théo dans le corps mort de son frère.
Il faut agir vite mais un événement inattendu contrarie notre projet… et celui de nos ennemies.
« Halte au nom de Dieu, je vous ordonne d’arrêter immédiatement cette cérémonie ! J’ai tout autorité pour anéantir tout les contrevenants voulant s’opposer à la volonté de mon seigneur. J’exige aussi de récupérer le corps du gamin !»
c’est Heldiel accompagné d’une douzaine d’anges exterminateurs.
« Je n’ai pas de temps à perdre avec des moucherons de votre espèce » tonne Asmodée « Toi continue la cérémonie et vous autres débarrassez moi de tout les intrus »
Les hommes encapuchonnés tirent de sous leurs soutanes des kriss et forment une double ligne entre Heldiel et les autels. Asmodée joint ses mains et provoque une distorsion spatiale devant lui. C’est une mini porte vers l’enfer, en surgit une dizaine de démons mineurs. Heldiel et les autres anges dégainent leurs épées de lumière. Clariel et moi faisons de même. C’est seulement à ce moment que tout le monde prend conscience de notre précence.
« Tiens les deux traîtres sont la aussi. »
« C’est toi le traître Heldiel mais j’ai d’autres chats à fouetter que toi ! »
Une lueur passe du corps de la sœur aînée vers le corps mort de théo. L’étape 2 est accompli. Plus qu’à amener l’âme de Théo dans le corps de sa sœur et le rituel sera fini. Je fonce dans le tas pour l’empêcher, imiter par Heldiel.
Débute alors une grande mêlée où tour à tour je tape sur un démon, et bloque les coups des anges . Je me retrouve à nouveau au combat contre Heldiel.
« Franciel je vais pouvoir me venger de l’autre jour et comme tu m’as conseillé je suis venu avec plus de soutien ! »
« Tu ne m’intéresses pas je veut juste récupérer les enfants »
Je bloque ses attaques sans problème mais il m’empêche d’arriver près de Théo. Je suis donc obliger de le frapper, je vise le genou droit et il s’effondre au sol. Heldiel hors de combat je jette un coup d’œil circulaire. Plusieurs anges et tous les démons gisent raides mort sur le sol. Heldiel s’appuie sur son épée pour se tenir tant bien que mal accroupi. Clariel arriver derrière lui et le décapite sans aucune hésitation.
« Pourquoi l’as tu tué ? Il n’était plus une menace. »
Clariel ne répond pas et se dirige vers Asmodée.
« Je suis entouré d’incapables, je vais devoir me débarrasser moi même des vermines »
« Anges unissons nous contre ce démon » clame Clariel, en se retournant vers moi et les 6 anges survivants.
Asmodée charge et d’un puissant coup de griffe éventre son premier adversaire et coupe en deux le suivant. Des flammes jaillisse de sa gorge, je les évite d’une roulade , me redresse et porte un coup dans le dos. Asmodée hurle de douleur mais d’un revers de la main il m’envoi valser contre le mur. Il fonce sur moi mais j’évite à moitié le coup. J’ai toutefois la cuisse gauche bien lacérée. Je tiens à peine debout. Je risque d’avoir du mal à bloquer la prochaine attaque. Nous devons coordonner nos assauts. Par utilisation de la télépathie, nous communiquons entre anges. La prochaine attaque sera la bonne. Au nouvel assaut d’Asmodée, nous contre attaquons tous en même temps. Mortellement touché, il réussit à entraîner avec lui 2 autres anges avant de pousser son dernier soupir. Mais pas le temps de souffler. Trop tard. Une lueur bleue passe entres les 2 corps des sœurs de Théo : la cérémonie est terminée.
« Ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu mais tant pis ça ne contrarie pas tant que ça le plan initial.» dit Clariel. Et sans hésiter il fend le crane d’un des anges.
«Tu méritais bien d’être banni Clariel, tu n’es qu’un… » Il n’a pas le temps de finir sa phrase que sa tête roule au sol. Je me met en garde prêt a subir une attaque. Mais Clariel ne s’occupe pas de moi et s’approche de l’autel. La vielle se jette sur lui avec son poignard de cérémonie… et finit empalée sur son épée. Il la rengaine. Ensuite il ramasse le couteau et le plante dans le corps de la sœur cadette. Il s’entaille la main pour verser son sang et celui de la petite sur le corps de l’aînée. Une aura bleu émane du corps. Une aura qui se teinte progressivement de rouge.« Finalement c’est pas plus mal elle plutôt jolie.» Il la charge sur son dos. Il veut repartir mais je me dresse entre lui et la sortie.
« Je te laisserai pas partir avec Théo. Pose la par terre. »
- Pousse toi Franciel tu n’es pas en mesure de m’affronter. Tu es trop blessé»
-Que signifie cette trahison ? Pour qui travailles tu ?
-Tu me déçois. Tu crois vraiment que je te le dirais ?
-Peu importe après tout. Ce qui compte c’est que Théo reste avec moi.
Clariel rigole et d’un claquement de doigt et d’une tape du pied, il fait s’ouvrir le sol. Je plonge pour éviter la crevasse. Mais ne peut éviter le genou de Clariel en plein nez. Je m’effondre, le visage en sang. Clariel commence a me rouer de coup de pied.
-En mémoire de notre amitié passée, je te laisse en vie. Ne t’occupes plus de cette histoire et va vivre paisiblement auprès de ta Justine. Adieu Franciel.
Ce fut les derniers mots que j’entendis avant de perdre connaissance... |