Mercredi 26 avril
Eolia regarda les vagues à perte de vue. Elle pouvait regarder tout autour d'elle, ce n'était que du bleu qu'elle voyait. Elle se mit à chanter tout en descendant à la salle des machines. Elle était seule en ce moment car Mickaël dormait et Julian était parti à bord de sa barque pour ramener du poisson frais.
Eolia mit du charbon dans la chaudière puis elle alla dans sa chambre où elle prit le vieux fauteuil en osier posé en face de son lit, le fauteuil que son père préférait. Elle alla le poser sur le pont et elle se déshabilla afin de profiter des derniers rayons du soleil. Vêtue d'un slip et d'un soutien-gorge de soie bleue, elle s'assit sur le fauteuil et ferma les yeux, sentant avec délice les rayons du soleil encore chauds caresser sa peau. En effet, dans quelques jours, ils seraient trop près de l'Antarctique. Ils avaient fouillé l'Atlantique de fond en comble mais n'en ramenaient rien d'autre que Julian, qui n'avait jamais entendu parler du trésor de l'Hémisphère.
Le navire avait quitté le vieux port depuis vingt jours et Mickaël avait perdu patience, la veille, chantant à qui voulait l'entendre qu'on s'était moqué d'eux et qu'il n'existait pas plus d'indices, sur ces cinq océans, que de trésor ! Eolia avait tenté de lui expliquer que le trésor de l'Hémisphère était peut-être ce premier voyage que le navire faisait depuis dix ans, mais il n'avait rien voulu savoir. Pour lui, un trésor ne pouvait être autre que de l'or et des pierres précieuses dans un coffre. Eolia l'avait traité de vieux pirate borné et contrairement à ce que la jeune fille avait pensé, Mickaël était parti d'un grand éclat de rire et s'était excusé.
-Encore à faire des strip-teases !
Eolia sursauta et vit Mickaël qui la regardait, accoudé à la rambarde.
-Heureusement, tu n'as pas d'autre public que moi aujourd'hui, ajouta-t-il en riant. Et je te connais par coeur étant donné le nombre de bains nus que nous avons pris ensemble étant enfants.
-Hé ! J'ai changé depuis mes neuf ans !
-Cela fait si longtemps que nous n'avons pas pris de bains nus ensemble... murmura Mickaël comme pour lui-même.
-Oui, après, mon père et tes parents exigeaient que nous portions des maillots de bains pour aller nous baigner, rappela Eolia.
-De toute manière, tu as beaucoup changé depuis, d'après ce que je peux constater, dit Mickaël. Un bain nue avec moi ne te tente plus, aujourd'hui ? Nos parents ne sont pas là pour nous surveiller et nous avons toute l'eau que nous voulons.
-Non merci, répondit ingénument Eolia. Si nos parents nous l'avaient interdit à l'époque, il devait bien y avoir une raison.
Mickaël s'assit près du fauteuil d'Eolia et il la regarda, amusé, avant d'expliquer :
-Passé un certain âge, un garçon et une fille ne doivent pas rester nus l'un devant l'autre. Cela ne peut se faire que s'ils ont des relations privilégiées.
-Quel genre de relations privilégiées ?
-Hé bien... s'ils sont mariés, par exemple. Ou s'ils dorment ensemble.
-Je vois. Alors nos parents avaient raison.
-J'étais dans l'âge où je commençais à ne plus voir les filles comme de simples compagnes de jeu, alors que tu étais trop jeune pour cela. Et ma puberté avait commencé.
-La puberté ?
-Oui, dit Mickaël gêné. Les premiers poils dont nous sommes si fiers, nous, les hommes, et quelques fois des réactions incontrôlables.
-J'ai compris ! s'exclama Eolia. Le Docteur Michel m'avait expliqué, lorsque j'avais quatorze ans et que j'ai eu mes premières...
La jeune fille se mit à rougir. Mickaël sourit et dit :
-Je me souviens ! Tu avais complétement paniqué ce jour-là. J'ai eu beau t'expliquer que c'était naturel par tous les moyens possibles et inimaginables, tu n'as rien voulu écouter et tu m'as forcé à te conduire chez le Docteur Michel.
Les deux amis éclatèrent de rire puis Mickaël tapota le genou d'Eolia tandis qu'il lançait tout en se levant :
-Habille-toi, je vois Julian qui revient de la pêche.
Eolia obéit et alla ranger le fauteuil dans sa chambre. Lorsqu'elle revient sur le pont, Mickaël et Julian déchargeaient les poissons de la barque du pêcheur.
A suivre... |