Eolia alla ranger le fauteuil dans sa chambre. Lorsqu'elle revient sur le pont, Mickaël et Julian déchargeaient les poissons de la barque du pêcheur.
-Je vois que nous allons manger du bon poisson ce soir, dit-elle d'une voix réjouie tout en se frottant le ventre du plat de la main.
Julian sourit et répondit avec un clin d'oeil :
-A condition que quelqu'un m'aide à le défaire !
Eolia regarda par dessus la rambarde d'un air peu concerné, mais elle entendit la voix amusée de Mickaël.
-Non, Lia ! Tu ne t'en sortiras pas si facilement. Voilà deux fois que je cède, mais aujourd'hui, c'est toi qui aide Julian.
Eolia soupira et suivit Julian à la cuisine en traînant des pieds.
-Allez, lui dit Julian, ce n'est pas très difficile et de plus, j'ai fait mauvaise pêche aujourd'hui. Il n'y a que dix poissons à défaire : cinq chacun.
La tâche ne se révéla pas si terrible pour Eolia, qui se contentait de soupirer pour la forme. En effet, même si défaire un poisson n'était pas si difficile, elle craignait que Julian et Mickaël ne lui demandent de le faire à chaque fois par la suite.
-Alors, on dirait que tu t'entends beaucoup mieux avec Mickaël, lança Julian.
-Oui, Micka est beaucoup plus agréable depuis quelque temps...
-Penses-tu que cela vienne de lui uniquement ? demanda ironiquement Julian.
-Sincèrement ? Je ne dirais pas que la faute lui revenait entièrement, mais depuis qu'il ne me parle plus comme à une gamine stupide et entêtée, cela va beaucoup mieux.
-Peut-être que tu n'es plus une gamine stupide et entêtée, et c'est pour ça que ça va mieux.
Eolia fixa Julian avec stupeur. Elle ne pouvait pas avoir été une gamine stupide et entêtée, c'était tout simplement impossible...
Non, Mickaël avait commencé à la délaisser et à lui tourner le dos, il était à l'origine de leur douloureuse et longue mésentente.
Enfermée dans un mutisme absolu, elle termina ses poissons et elle se rendit sur le pont. Là, elle regarda le soleil se coucher à l'horizon et ce fut plus fort qu'elle : les larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux, et à inonder ses joues. Cela ne lui réussissait pas de repenser à ces années douloureuses pendant lesquelles elle avait été si injustement séparée de Mickaël, d'abord physiquement, puis entièrement. Mais jamais il ne lui avouerait les raisons de ce changement qui s'était opéré en lui.
Entendant des bruits de pas, Eolia essuya ses yeux du revers de la main et elle regarda le lointain.
-Alors, Lia, encore en train de penser ?
-Hé oui, répondit la jeune fille d'une voix cassée.
-Mais tu pleures ! s'exclama Mickaël.
Eolia se retourna et elle lui fit face, ses yeux noisette plongés dans le regard vert de Mickaël.
-Je ne suis pas une gamine stupide et entêtée, n'est-ce pas ?
Mickaël regarda les beaux yeux d'Eolia et il sourit. Elle voulait se montrer forte, sans faille, mais elle était en réalité pleine de doutes et d'incertitides. Du bout de l'index, il suivit le contour de la joue d'Eolia en répondant avec tendresse :
-Non, tu n'es pas une gamine stupide et entêtée, et tu ne l'as jamais été. Tu es une femme qui veut faire croire qu'elle est forte.
-Je suis forte ! rétorqua Eolia.
-Oui, mais pas indéstructible. Tu as le droit de pleurer, d'avoir des doutes, personne ne t'en voudra. Et moi je serai là pour t'épauler en cas de besoin.
-Un capitaine de bateau ne doit jamais avoir de failles, il ne peut pas avoir besoin d'aide. Je suis compétente !
-Je n'ai pas prétendu le contraire mais des centaines de questions se bousculent dans ta petite tête et moi, si je peux y répondre, je le ferai.
-Une seule question trotte dans ma tête et non, tu n'y répondras pas ! s'exclama Eolia en poussant brusquement Mickaël pour qu'il la laisse passer.
Puis elle partit sous le regard surpris du jeune homme.
A suivre...
Voilà pour le chapitre 12 ! J'espère que ça vous plait toujours autant.
Merci pour vos commentaires toujours très sympas, ça fait super plaisir.
Merci à mon Neko chéri d'être toujours là. Je t'embrasse. |