Lorsqu'Eolia se réveilla, Mickaël était toujours inconscient et glacé. Elle se leva, sauta dans son long manteau noir qu'elle ferma, et se rendit à la cuisine.
-Julian, Micka ne va pas mieux. Peux-tu lui préparer un grog et lui amener s'il te plait ? Force-le à boire mais fais attention à ne pas le brûler.
Avant que le jeune homme n'ait eu le temps de répondre, Eolia courut à la salle de bains, où elle prit une douche chaude. Elle se vêtit d'un peignoir et elle retourna dans la chambre de Mickaël.
-Il ne va pas bien, dit Julian, le grog dans les mains.
-Comme si je ne le savais pas. Tu l'as fait boire ?
-Hé bien non, il est inconscient.
Eolia soupira et prit le grog des mains de Julian. Elle s'agenouilla près de Mickaël, tenta de l'assoir et elle lui pinça le nez tout en versant un peu de liquide dans sa bouche.
-Il avale ! s'exclame-t-elle en voyant la pomme d'adam de Mickaël monter et redescendre le long de sa gorge au fur et à mesure que le liquide passait.
Elle le laissa respirer quelques secondes, puis elle pinça à nouveau son nez pour lui faire finir le verre. Elle donna ensuite à Julian le verre qu'elle tenait et celui qui était posé sur la table de chevet, tandis qu'elle disait :
-Peux-tu nous laisser, maintenant ?
Julian obéit, désemparé. Il se sentait totalement inutile dans cette situation où seule Eolia s'activait. Il lui fallait trouver un médecin, mais il ne devait pas y en avoir beaucoup sur ce désert de glace. Alors il s'arma de son courage et partit dans sa chambre. Il voulait mettre des vêtements chauds mais il n'en avait pas. Il alla à la salle de bains et trouva les vêtements qu'Eolia avait lavés et repassés le matin même. Il enfila deux jeans de Mickaël, deux pulls et sa propre veste, un simple coupe-vent. Il laissa un message à la cuisine indiquant qu'il était parti chercher un médecin, et qu'il ne savait pas s'il reviendrait. Puis il ralentit le rythme de l'Hémisphère et partit à bord de sa barque.
Pendant ce temps, igorant tout les projets de Julian, Eolia s'était débarrassée de son peignoir, le corps encore tout chaud de sa douche, et elle s'était allongée sur le corps de Mickaël, espérant de tout son coeur qu'il ne meurt pas, qu'il survive. Il devait survivre ! Il ne pouvait pas en être autrement. Ca avait été un enfer lorsque Mickaël s'était absenté un an pour l'armée, alors comment ferait-elle s'il disparaissait pour toujours ?!
-Micka ! Ne me laisse pas, s'il te plaît... Tu avais promis de rester pour me protéger.
Mickaël ouvrit ses yeux verts et il murmura :
-Je suis là. Plus mort que vif, mais je suis là.
-Ne dis pas ça, répondit Eolia en frictionnant les épaules de Mickaël avec énergie. Puis elle descendit sur ses bras, et elle croisa le regard moqueur de Mickaël.
-Ce n'est pas bien d'être nue dans un lit avec un homme.
-Même si ce n'est pas bien, je préfère être nue avec toi dans ce lit que te laisser mourir. C'est la seule solution que j'aie trouvée pour transmettre la chaleur de mon corps au tien. Je donnerais tout pour que tu restes en vie.
-Même ta virginité ?
-Si tu savais combien elle m'importe peu par rapport à ta vie !
-Et même l'Hémisphère ?
Eolia regarda gravement Mickaël et dit :
-Mon père est mort, et j'aime ce souvenir de qui qu'est l'Hémisphère. Mais il est mort, et toi, tu es en vie. Je tiens à ce que tu le restes. Et puis... si je n'avais pas eu l'Hémisphère, tu serais en parfaite santé à l'heure qu'il est.
-Ce que tu dis me touche, ma petite Eolia. Mais sache que je n'échangerais ma place pour rien au monde.
-Mais... tu es fou ?!
-Oui, Eolia. Je peux te le dire maintenant que je suis proche de la mort, mais... savoir ton corps nu contre le mien, même si je ne le sens pas à cause de l'engourdissement que me provoque le froid, me fait extrêmement plaisir. Je dirais même que rien ne m'a jamais fait plus plaisir.
A suivre... |