-Parti ? demanda Mickaël surpris.
-Oui. Il devait se sentir inutile et il est parti avec sa barque pour trouver un médecin. Il ne sait pas s'il reviendra.
-Mon Dieu...
-Il va revenir ! s'exclama Eolia d'une voix faussement joviale. Allez, je vais t'aider à le prendre, ce bain, moi !
-Tu ne serais même pas capable de porter une de mes jambes.
-Ne juge pas la force à la carrure. Je ne prétends pas pouvoir te porter, mais au moins te soutenir. Et puis parfois, un cerveau peut remplacer de gros bras, tu sais !
-Tu rêves, je ne sens même plus mes jambes.
-Alors j'ai une idée ! Je peux être très créative quand je veux.
Elle alla dans sa chambre et revint quelques minutes plus tard avec le vieux fauteuil en osier de son père, deux paires de patins à roulettes et de la ficelle.
-Que vas-tu faire là ? demanda Mickaël surpris.
-Devine ce qu'on peut faire avec un fauteuil et des roues !
-Tu es en train de me fabriquer une chaise roulante ? demanda Mickaël amusé.
Eolia fixa les patins sous les quatre pieds du fauteuil, et approcha sa nouvelle invention du lit.
-Maintenant, je vais te hisser sur le fauteuil.
-Mais... je suis... nu...
-Ne commence pas à jouer les timides ! Je suis ta soeur et ton infirmière !
-Merci de me rappeler que je te laisse indifférente.
Eolia se mordit la lèvre inférieure et proposa :
-Si tu préfères, je vais te chercher une serviette de toilette.
-Non, ça ira.
Eolia tira alors Mickaël le plus près possible du bord du lit, tout en le maintenant sous les couvertures.
-Tu es prêt ? demanda-t-elle.
-J'ai confiance en toi, Eolia. Je sais que tu ne me laisseras pas tomber... dans tous les sens du terme.
Eolia enroula alors ses bras autour du torse de Mickaël et elle hissa le corps blanc, presque bleu, du jeune homme sur le fauteuil. Elle poussa ensuite la chaise roulante jusqu'à la salle de bains. Ce fut une tâche difficile car les patins n'allaient pas toujours dans le sens qu'elle voulait qu'ils aillent.
-Ca va ? demanda-t-elle inquiète comme Mickaël ne disait rien.
-Tu es sûre que tu ne veux pas venir avec moi dans le bain ? Cela me ferait pourtant très plaisir. De plus, tu n'as aucune crainte à avoir : je suis paralysé et donc aussi innocent qu'un enfant de cinq ans.
-Tu es physiquement innocent. Mais l'es-tu mentalement ?
-Mon cerveau n'a pas eu le temps de geler.
Eolia sourit, puis elle tressaillit. Le fauteuil était trop large pour passer par la porte de la salle de bains.
Alors elle regarda à l'intérieur de la pièce et fut soulagée.
-Comment vas-tu faire, là ? demanda Mickaël surpris.
Eolia se dirigea vers la baignoire et fit couler de l'eau chaude. Ensuite, elle prit la corbeille à linge munie d'un couvercle, qui était à peu près aussi haute que la baignoire. Elle approcha la corbeille de Mickaël, sur sa chaise roulante. Elle noua les bras autour de son torse et elle le hissa sur la corbeille.
-Elle ne va pas tenir sous mon poids, dit Mickaël.
-Mais si !
Eolia poussa à l'aide de ses genoux la corbeille sur les quelques mètres qui la séparaient de la baignoire tout en maintenant ses bras autour du torse de Mickaël pour ne pas que le jeune homme tombe.
-Et maintenant ? demanda Mickaël une fois arrivé près de la baignoire.
Eolia resta derrière Mickaël pour ne pas qu'il tombe en arrière. Elle saisit sa jambe droite, la baignoire étant à leur droite, et la posa dans la baignoire. Puis elle répéta l'opération pour la jambe gauche.
-Chouette ! ironisa Mickaël. Un bain de pieds !
Eolia passa à nouveau ses bras autour du torse de Mickaël, mais ce fut cette fois pour le pousser, et de ce fait, qu'il se retrouve assis sur le rebord de la baignoire. Puis toujours en maintenant Mickaël pour ne pas qu'il tombe brusquement, elle l'avança pour ne plus qu'il soit soutenu par le rebord, et elle le fit descendre dans l'eau très lentement.
-Est-ce que tu sens l'eau ? demanda Eolia avec angoisse. Est-ce que tu sens sa chaleur ?
Comme le jeune garçon hochait négativement la tête, Eolia regarda Mickaël et sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'elle murmurait :
-Je t'avais dit que je portais la poisse. Tu n'as pas voulu m'écouter. Et maintenant, à cause de moi, tu vas mourir. Ou alors rester handicapé à vie...
-Ce qui me désole le plus, c'est que si Julian ne revient pas, tu vas rester seule sur ce bateau, ou alors avec un handicapé à charge.
-Tu ne seras jamais une charge pour moi ! s'exclama Eolia. D'ailleurs, tu ne seras pas paralysé. Je ne pas le droit de baisser les bras !
Elle serra les dents.
-Papa m'en voudrait de faire cela, mais j'ai de bonnes raison !
La suite au prochain épisode !!! Hihi ! |