Eolia regarda le calendrier. Julian était déjà parti depuis deux jours et il n'était toujours pas là. Elle était partagée entre l'envie d'arrêter le bateau pour l'attendre, et celle d'activer le rythme du bateau pour regagner des régions chaudes : ainsi Mickaël aurait-il plus de chances de guérir. Le coeur déchiré, elle partit sur le pont où elle regarda les étoiles briller. Elle descendit à la salle des machines mettre du charbon dans la chaudière, puis elle monta à la salle de pilotage où elle alluma toutes les lumières de l'Hémisphère. Elle se rendit ensuite à la cuisine, où elle prépara une tisane bien chaude à Mickaël. Le jeune garçon était tantôt tremblant de fièvre, tantôt suant à grosses gouttes. En ce moment précis, il claquait des dents. Eolia l'aida à boire la tisane tout en murmurant à son oreille :
-Accroche-toi, Julian ne va pas tarder.
-Comment le sais-tu ?
-Je ne le sais pas, mais je l'espère de tout mon coeur. Parce que c'est impossible que tu me laisses seule. C'est peut-être égoïste mais j'ai besoin de toi.
Eolia serra Mickaël dans ses bras jusqu'à ce qu'il s'endorme, puis elle alla faire la vaisselle à la cuisine et elle monta sur le pont. Elle regarda la banquise. Tout était blanc, uniforme, rien de bougeait. Rien ? Vraiment ?
Elle vit alors une silhouette, au loin : un ours blanc qui courait dans sa direction. Elle regarda quelques minutes l'ours, puis tourna les talons, lorsqu'il lui sembla entendre son prénom. Elle pensa alors avoir rêvé mais elle entendit à nouveau qu'on l'appelait. Elle scruta la banquise et aperçut deux silhouettes sur le dos de l'ours. Elle fixa l'échelle à la rambarde et elle alla à la salle des commandes, où elle mania l'Hémisphère pour le rapprocher le plus possible de la banquise, puis elle l'arrêta. Elle retourna sur le pont et vit Julian, accompagné d'une jeune femme, qui descendaient du dos de l'ours. Tous deux caressèrent l'encolure de l'ours comme s'il s'était agi d'un gros chien. La compagne de Julian embrassa l'ours, et elle suivit le jeune homme à bord de l'Hémisphère.
-Julian ! s'exclama Eolia en se précipitant à son cou.
Julian embrassa le capitaine de l'Hémisphère et déclara :
-Je te présente Carole, elle est médecin.
-Venez Carole, dit Eolia sans perdre une seconde. Je vous conduis au chevet de Mickaël.
Puis tout en guidant Carole, Eolia expliqua :
-Il est tombé dans l'eau. Il était paralysé entièrement. A présent, seuls ses doigts et ses orteils le sont, mais il est malade. Il respire difficilement, et tantôt il tremble, tantôt il transpire à grosses gouttes.
Arrivant à la chambre de Mickaël, Eolia et Julian laissèrent Carole ausculter le malade et allèrent à la cuisine où Eolia pépara trois tasses de tisane.
-Carole faisait partie de l'équipage de l'Hémisphère, expliqua Julian. Elle était le médecin de bord, et elle souhaiterait partir avec nous.
-Très bien, il en sera ainsi. De toute manière, si elle sauve Micka, je lui en serai reconnaissante toute ma vie.
-Tu l'aimes, n'est-ce pas ?
-Pardon ?
-Micka, tu l'aimes.
-Oui, comme une petite soeur aime son grand frère.
Puis pour changer de sujet, Eolia dit :
-Je te remercie pour ce que tu as fait. Sans toi, Micka n'aurait eu d'autre chance que de mourir.
-A propos, tu as vraiment réussi à le dégeler entièrement ?
-Oui, répondit Eolia, et elle raconta comment elle avait réussi à faire prendre un bain à Mickaël.
Carole entra dans la pièce.
-Alors ? demanda Eolia inquiète.
-Il va survivre. Il devra être bien couvert pendant une semaine et ne boire que du chaud : tisanes, soupes...
-Je vous remercie Carole.
Le jeune médecin regarda le capitaine de l'Hémisphère et dit, amusée :
-Petite Eolia... Julian avait raison, tu ne ressembles plus du tout à la gamine dont nous avons fait connaissance il y a dix ans.
Eolia sourit et dit :
-Heureusement que j'ai grandi, en dix ans ! Car même si ça n'a pas été facile, sans parents, Mickaël m'a été d'une grande aide.
-C'est ton fiancé ? ton petit ami ?
-Non, vous savez, je considérerais plus Micka comme... comme mon frère. D'ailleurs, c'est Matt qui m'avait confiée à lui.
-Tu peux me tutoyer, Eolia, tu sais, dit Carole en riant.
-D'accord ! Mais au fait, comment t'es-tu retrouvée en Antarctique ?
-Tu n'es pas sans savoir qu'une vague géante nous a tous faits passer par dessus bord. J'ignore combien de temps après, je me suis retrouvée sur le bord de la banquise. Maddie et Annie, deux vieilles femmes qui vivent sur la banquise, m'ont reccueillie, et j'ai vécu avec elles et leurs maris quand ils étaient là.
Carole regarda par un hublot et demanda à Eolia :
-Pourrions-nous redémarrer ? Car plus tôt nous nous éloignerons de ce froid, et mieux ce sera pour Mickaël.
Eolia regarda par un hublot et se tapa le front en riant.
-Je suis tellement heureuse de t'avoir à bord pour soigner Mickaël que j'ai complétement oublié de mettre en marche l'Hémisphère !
Elle partit en courant à la salle des commandes, où elle démarra l'Hémisphère et le règla à une vitesse assez rapide, car même s'ils allaient manquer l'indice de cet océan, la santé de Mickaël primait sur le trésor.
A suivre... |