Elle partit en courant à la salle des commandes, où elle démarra l'Hémisphère et le règla à une vitesse assez rapide, car même s'ils allaient manquer l'indice de cet océan, la santé de Mickaël primait sur le trésor. Elle éteignit les lumières qu'elle avait mises au maximum pour que Julian repère le navire, qui consommaient beaucoup d'énergie, puis elle alla à la salle des machines. Elle remit du charbon dans la chaudière et elle alla rendre visite à Mickaël.
Il dormait tout en respirant bruyamment. Cependant, il ne transpirait plus ni ne tremblait. Glissant sa main sous les couvertures, elle lui prit la main et murmura :
-Repose-toi bien.
Elle embrassa ensuite son front et ses lèvres, en toute innocence, et elle sortit de la pièce. Elle croisa Carole qui lui sourit.
-Ne t'en fais pas et repose-toi, Eolia. Je veille sur lui. Et si quelque chose ne va pas en ce qui concerne l'Hémisphère, je viendrai te réveiller. Mais maintenant, repose-toi.
-Comment pourrais-je dormir tout en sachant que la vie de la personne que j'aime le plus au monde est en danger ?
-En fermant les yeux et en te disant que son état de santé est en nette amélioration. Repose-toi maintenant.
Eolia cèda, épuisée. Après être restée trois jours sans dormir, elle n'en pouvait plus. Mais elle se reprit et déclara :
-D'accord, je me couche, mais dans la chambre de Mickaël. Je veux être là à chaque fois qu'il se réveillera et qu'il voie que je ne l'abandonne pas.
-Etant donné la manière dont tu t'es occupée de lui pendant l'absence de Julian, il doit se douter que tu ne l'abandonnes pas mais enfin, si tu veux dormir près de lui, libre à toi. Après tout, c'est toi qui commandes ici !
Carole regarda cette jeune fille si mince et si féminine et eut du mal à concevoir qu'avec ses bras de la grosseur d'un poignet et ses cuisses de la taille d'une cheville, elle avait réussi à sortir Mickaël, si imposant, de l'eau. Elle ne mettait pas en doute les paroles de Julian, mais... cela paraissait impossible que tant de courage et d'apparente fragilité, tant de force et de beauté féminine se trouvent dans un même corps. Mais après tout, quoi de surprennant ? Elle était la fille d'Eric. Eric tour à tour ami fidèle et loyal, capitaine rapide et efficace, héros courageux, et père de famille.
Elle regarda Eolia rentrer dans la chambre de Mickaël. La jeune fille dégrafa ses chaussures puis se glissa sous les couvertures, blottie contre le corps du malade. Instinctivement, Mickaël se retourna dans son sommeil et il enlaça Eolia, qui avait déjà sombré dans un profond sommeil.
Carole referma doucement la porte et elle alla sur le pont, où elle regarda ce pays dans lequel elle avait vécu pendant dix ans se faire de plus en plus petit. Une larme coula sur sa joue. Sentant une présence derrière elle, elle se retourna et vit Julian. Il venait visiblement de prendre un bain. Ses cheveux étaient mouillés, il s'était débarrassé de son épaisse barbe et il avait troqué ses jeans et ses pulls contre un pantalon bleu et une chemise violette à manches courtes. Il avança vers elle et il la serra dans ses bras en murmurant :
-Tu pourras revenir, ne t'en fais pas.
-Je sais, mais ce pays est merveilleux : calme, paisible...En même temps, je trouve cela fabuleux d'être de retour sur ce bon vieil Hemisphère où il me semble encore percevoir la présence d'Eric, de Matt, de Ryoko et de Musha. Dans mon coeur, ils ne sont pas morts.
-Dans mon coeur non plus. Mais il faut voir la réalité en face : si Matt, Ryoko et Musha peuvent avoir survécu, tout comme nous, à cette vague, Eric, lui, est mort et enterré. Et Eolia est là, belle et bien vivante pour le remplacer.
Carole regarda Julian et dit en souriant tristement :
-Viens, rentrons, sinon, vu la manière dont tu es habillé et tes cheveux humides, je vais avoir deux malades sur les bras.
Eolia ouvrit les yeux, sentant bouger à côté d'elle, et elle vit son père, souriant.
-Je suis fier de toi, Eolia. Continue de vieiller sur Mickaël aussi bien qu'il a veillé sur toi.
La jeune fille cligna des yeux et demanda :
-Pardon ?
Mais le visage aux yeux verts, brillants, de Mickaël, remplaça peu à peu celui d'Eric, et le jeune malade dit :
-Je te remercie de rester auprès de moi même si Carole peut me soigner.
-C'est normal. Pendant les trois ans où mon père était à mes côtés, tu étais près de moi toi aussi. C'est pareil pour moi : ce n'est pas parce que Carole peut te soigner que je dois te laisser seul.
Mickaël grinça des dents.
-Ainsi tu restes près de moi seulement pour t'acquitter de ta dette ? A moins que ce ne soit par pitié pour les sentiments dont je t'ai fait part dans mon délire fébrile mais que je n'éprouve pas ?
Eolia regarda Mickaël et elle lui sourit gentiment.
-Je suis heureuse que tu n'éprouves pas ces sentiments. Quant à moi, je me suis mal exprimée. Je voulais seulement te dire que... ce n'est pas parce que tu n'as plus besoin de moi pour te soigner que je dois te laisser seul, comme tu ne m'as pas laissée seule même lorsque mon père était de retour et qu'il pouvait très bien s'occuper de moi. C'est cela l'amitié, non ?
La jeune fille caressa les cheveux bruns de Mickaël en voyant qu'il ne l'avait pas écoutée jusqu'au bout : il s'était endormi.
Bon, je vous enverrai bientôt la suite.
Gros gros bisous à mon Neko d'amour. Merci à tous ceux qui laissent des coms, ça fait plaisir, mais bon, je le dis tout le temps... |