Vendredi 1er juin


Eolia se réveilla et fut surprise de voir que l'Hémisphère ne bougeait plus. Elle se leva et se rendit sur le pont. Le bateau était mené au rythme des vagues, mais il n'avançait plus en direction de l'Inde comme précédemment. Elle alla voir Julian qui buvait une infusion avec Carole.
-Qui est-ce qui a arrêté l'Hémisphère ?
-Ce n'est pas moi, répondit Carole. Je ne saurais même pas comment faire.
Eolia interrogea Julian du regard, mais le jeune homme répondit :
-Non, je n'ai pas bougé d'ici, pourquoi ?
-Il n'avance plus.
-Va demander à Mickaël, conseilla Julian. Si ce n'est aucun de nous trois, ça ne peut être que lui.

Eolia se rendit à la chambre de Mickaël. Elle frappa. Comme il ne répondait pas, elle entre-ouvrit la porte et elle le vit, plus beau que jamais, le drap ne montant pas plus haut que son ventre. Puis il se retourna dans son sommeil, offrant le spectacle de son dos à Eolia.
Deux larges marques violettes traversaient son dos, en haut et en bas de la colonne vertébrale, deux marques qu'aurait fait une rambarde s'abattant sur son dos... ou alors son dos s'abattant contre une rambarde.
Eolia s'avança dans la chambre et elle posa une main légère sur le dos meurtri de son ami. Sans savoir comment, elle devina qu'il était réveillé, aussi elle murmura :
-Pourquoi m'avoir reproché de ne pas t'avoir avoué que j'avais mal à la cheville alors que toi... Mon Dieu, et dire que c'est moi qui ai fait ça...
Mickaël se retourna et prit la main d'Eolia dans la sienne.
-Je ne te l'ai pas dit parce que je suis un homme.
-Satanée fièreté masculine ! s'exclama Eolia. Sous prétexte que tu es un homme, tu dois souffrir en silence alors que moi, il faut qu'on me soigne... Mais dis-donc ! Tu vas te soigner aussi, et plus vite que ça ! De plus, c'est moi qui suis responsable de ces blessures et...
-Ce n'est pas ta faute, Lia. Tu n'étais plus maîtresse de toi-même.
-Il n'empêche qu'on ne lève pas la main sur les personnes qu'on aime.
-Si tu veux que je soie soigné, vas-y, dit Mickaël en se positionnant sur le ventre. Je t'ai demandé de me masser, tu as refusé.
-Parce que tu m'as dit que tu n'avais pas mal !
-Que voulais-tu que je te dise ? demanda Mickaël. Que mon dos me faisait souffrir le martyre ? Que j'avais l'impression que ma colonne vertébrale allait se fractionner en morceaux ? Et ensuite, tu aurais culpabilisé, tu aurais encore pleuré. Mais moi, Lia, je n'aime pas voir tes beaux yeux pleurer.

La jeune fille s'accroupit près du lit et lentement, elle massa le dos de son ami, passant ses mains sur ses larges épaules. Lorsqu'elle effleura pour la troisième fois la chair meurtrie du dos de Mickaël et que des frissons surgirent de la peau du jeune homme, elle murmura :
-Plus jamais je n'invoquerai Eole, pour quoi que ce soit.
-Je te préviens, Lia, si tu te mets encore à pleurer, je te fiche une fessée monumentale.
-Très bien, répondit Eolia en souriant à travers les larmes qui perlaient à ses yeux.
Elle s'assit sur le bord du lit de Mickaël et elle continua à masser son dos. Tout à coup, elle se souvint de la raison de sa visite et demanda :
-Au fait, est-ce toi qui a arrêté l'Hémisphère ?
-Non, je n'ai touché à rien. Je n'ai pas quitté ma chambre depuis que je t'ai emmenée à l'infirmerie.
-L'Hémisphère n'avance plus.
-Inutile d'être un génie pour deviner. Ce qui devait arriver arrive : rupture de stock de charbon.
-Suis-je bête ! Pourquoi n'y ais-je pas pensé plus tôt ?
-Pour mettre un terme aux mauvaises langues qui disent que l'homme n'a que des muscles et pas de cerveau.
Eolia regarda Mickaël et dit :
-Mais ce n'est pas drôle ! Comment allons-nous rejoindre l'Inde ?
-Tu demanderas à Eole qu'il nous pousse.
-Pas question !
Mickaël fit face à Eolia et il chuchota tendrement :
-Petite tête de mule ! Je ne te demande pas de t'adresser à Eole pour qu'il me projette contre le mur, mais pour qu'il fasse avancer l'Hémisphère jusqu'à l'Inde.
Eolia passa distraitement ses mains sur la nuque du jeune homme en disant :
-Si la barre t'avait frappé dix centimètres plus haut, je n'aurais même pas eu le temps de te dire adieu.
-Je suis vivant ! Tu entends ! Et si tu ne réagis pas vite, c'est d'une tempête ou même d'une tornade dont nous aurons besoin pour nous pousser jusqu'en Inde.
-Très bien, murmura Eolia.
-De toute manière, nous n'avons plus le choix, Lia.

La jeune fille leva une main et l'Hémisphère qui tanguait doucement, bercé par les vagues, se mit à avancer tout d'abord lentement, puis de plus en plus vite. La porte de la chambre de Mickaël s'ouvrit tout à coup et Julian et Carole rentrèrent.
-Que se passe-t-il ? demanda la jeune femme. L'Hémisphère avance à une vitesse phénoménale alors qu'il n'avançait plus il y a quelques minutes.
-Nous n'avons plus de charbon, répondit Mickaël. Eolia a invoqué Eole pour qu'il nous aide à atteindre l'Inde.
-Mais à une telle vitesse, nous allons nous écraser contre la terre ! s'exclama Julian.
-Non, ne t'en fais pas, répondit Eolia. Le Dieu des Ventes dait ce qu'il fait. Lorsque nous serons proches de la terre, il ralentira notre rythme.
-Tu es sûre ?
Pour toute réponse, Eolia hocha la tête.




Comme dans les séries américaines bidons :
L'Hémisphère arrivera-t-il jusqu'à l'Inde ? En un seul morceau ?
Mickaël va-t-il guérir du dos ?
Nos amis trouveront-ils du charbon ? Mieux encore, trouveront-ils le trésor ?

La suite au prochain épisode... ^_^