L’ange de la vie ou de la mort : Chapitre 20 : Dernières réjouissances
Ils profitèrent de cette halte passée pour accélérer la pas. La majeure partie de l’après-midi se passa dans ce rythme cadencé. Les paysages défilaient sans se ressembler. Leur diversité émerveillait les voyageurs en cavale. Ils avaient d’abord passé un lieu où la verdure s’était déployée avec ampleur. Leur chemin était bordé d’ormes aux feuilles dentelées d’une grandeur inimaginable. Nul ne pouvait regarder leur cime sans attraper le vertige. Ils se contentaient donc d’admirer l’envergure des troncs. C’était certain, ces arbres avaient au moins cinq cents ans derrière eux.
Ensuite, les huit cavaliers avaient dû quitter le chemin. Ils passèrent une forêt de peupliers imposante. Celle-ci était beaucoup plus agréable que les sentiers qu’ils avaient parcourus jusqu’ici. Le pas des chevaux semblaient plus doux aux écuyers. Les secousses paraissaient amorties et presque agréables sur ce tapis de verdure. Certes, ils devaient zigzaguer un peu au travers de ce bois mais le voyage leur paraissait plus captivant.
A l’orée du bois, ils descendirent une colline et en montèrent une autre. De là, la vue était magnifique. Sous leurs yeux s'étendait un champ majestueux de fleurs sauvages. Toutes se confondaient en un arc-en-ciel, un mélange somptueux de couleurs. On y trouvait des achillées millefeuille rouges aux côtés de saponaires d’un rose exquis mais également des coquelicots, des marguerites, des bleuets, de mauves, de la verveine, des petites scabieuses, parfois quelques clochettes et encore des tas d’espèces.
Melhydre : Moi je propose qu’on fasse une petite course. Le premier arrivé a gagné !
Tous s’élancèrent sur le versant de la colline. Les rires éclataient et les sourires s’affichaient sur tous les visages. De nombreuses odeurs, toujours différentes, atteignaient leurs narines. Quel plaisir des sens que ce champ sauvage !
Ils arrivèrent tous essoufflés et Melhydre le premier. Il se retourna vers ses compagnons…
Melhydre : J’ai gagné ! Pfiou… Je suis complètement exténué ! En fait on a tous gagné…
Yuu : Ouais, le droit de se reposer !
Cerridwyn : Ah non, désolé les enfants mais on ne s’arrêtera que dans quelques temps. On peut tout simplement ralentir le pas si vous le souhaitez.
Eira : Cerridwyn a raison, nous ne pouvons pas nous permettre une halte supplémentaire.
Alania : Et nous sommes trop à découvert au milieu de ce champ.
Yuu : C’est vrai, notre sécurité avant tout ! Ca serait regrettable de mourir avant même d’avoir commencé le combat.
Sur ces mots, ils avancèrent dans le calme tout en reprenant leur souffle. Alania guettait chaque faits et gestes de ses acolytes. Une fois persuadée que chacun avait regagné en vitalité, elle fit un signe à Cerridwyn. Celui-ci accéléra l’allure. Le voyage semblait moins drôle et les enfantillages n’y avaient plus leur place. Le chemin qu’il restait à parcourir n’était plus très long. Tous avaient repris leur sérieux. Le silence régnait.
La nuit était tombée. Cette fois-ci, ils n’étaient même pas descendus de leurs chevaux pour manger ou pour se reposer. La fatigue commençait à peser sur les participants les moins expérimentés de l’aventure. Cemendur prit la tête de la marche et attrapa la bride du cheval de Yuu. Alania les suivit et se retourna. Elle avait compris l’initiative de Cemendur.
Alania : Sae et Melhydre, serrez-vous le plus possible derrière Yuu et Cemendur. Quant à Alwyn, Cerridwyn et Eira…
Elle n’eut pas le temps de transmettre ses recommandations. Cerridwyn et Alwyn étaient déjà placés de part et d’autre de Sae et Melhydre et Eira fermait le pas.
Alania : Hum… Très bien…
Cemendur tenait toujours la bride de main ferme. Les deux chevaux étaient accolés.
Cemendur : Yuu, grimpe ! Tu as besoin de repos.
Yuu ne dit pas un mot et monta sans se faire prier. Elle s’accrocha à sa taille. Elle posa sa tête délicatement au creux de son dos. Cemendur sortit une couverture et la déposa tant bien que mal sur son amie. Melhydre et Sae accrochèrent leurs brides ensemble. Tous deus sortirent un plaid pour se couvrir de la fraîcheur de la nuit et ils se reposèrent sur l’encolure de leur cheval. Alwyn, Cerridwyn et Eira redoublèrent de vigilance. Ils pouvaient tout juste discerner les formes dans l’obscurité. Ils comptaient essentiellement sur l’acuité auditive de Alania, une fois de plus.
Alania : Je vous accompagnerai plus longtemps que prévu finalement. Je crois que vous aurez encore besoin de mon aide.
Cemendur acquiesça tout en regardant droit devant lui.
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