1855 : Une pluie battante inonde les sombres rues de Londres. Tous étaient rentrés chez eux, par ce temps hivernal. Seul quelques marchands s'étant fait surprendre par la pluie, et quelques imprudents, s'aventurent encore dehors au risque d'attraper certaines maladies.
Une ombre court sur les toits pentus des habitations. Elle suit deux hommes, filant à travers rues sur leurs chevaux scellés en hâtes. Ils fuient, apeurés par l'ombre qui les poursuit et dont ils ne connaissent ni le nom, ni le visage mais sa signification : la mort.
Les chevaux nerveux, murmurent leur peur. Ils galopent, sans relâche, le diable au trousse. Soudain ils s'arrêtent sous l'ordre de leur maître. Malgré cela, leurs sabots continus de martelé le pavé. Les deux hommes descendent de selle et courent jusqu'à la grande place, abandonnant leurs montures beaucoup trop facile à localiser. La pluie s'est infiltrée lentement à l'intérieur de leurs vêtements. Elle bat à leurs tempes. L'un des deux hommes s'écroulent à terre, à bout de force et de courage, il parvient néanmoins à se relever avec l'espoir de pouvoir vivre quelques heures de plus.
Ils s'arrêtent au milieu de la grande place, devant la cathédrale où ils pensent pouvoir trouver refuge et être en sécurité et croient avoir réussi à s'échapper mais gardent tout de même la main sur la crosse de l'arme qu'ils portent à leur ceinture.
L'ombre perchait sur le clocher observe son gibier avec envie. Elle porte à son poigné une épée, forgée avec un mélange d'argent et de diamant la rendant quasi-indestructible. Sur sa lame, sont gravées des runes et, sur son pommeau, sont inscrit des inscriptions mystiques. Déployant sa large cape noire, elle se jette du toit et s'abat sur le plus vieux des deux hommes. Le second, ayant entendu un bruit sourd et étouffé dans son dos se retourne vers son ami et le fixe droit dans les yeux. Celui-ci, le regard vide, observe son abdomen où une lame étincelante l'a transpercé pour se rétracter aussitôt. L'homme s'écroule, raide mort aux pieds de son assassin. Le second fixe alors la lame recouverte de sang, du sang de son ami, de celui qui quelques heures plus tôt avait partager un repas avec lui.
La pluie se fait plus dense et forme autour de la ville un épais brouillard d eau. L'homme s'agenouille au sol, en larmes, à bout de force. On entend rien, rien d'autre que la pluie et l'orage. Pourtant, dans son dos, il entend de bruits de pas. Pris de peur, dans un dernier effort, il se relève, sort son arme et tir vers l'endroit d'où venait les pas. L'arme toujours fixé sur l'endroit où le coup vient de partir, l'homme fond en larmes et hurle à son interlocuteur invisible : « Pitié, ne me tuez pas, nous ne savions pas! ». Mais rien. On entend seulement le bruit assourdissant de la pluie. Pourtant, il semble qu'un murmure lui parvienne aux oreilles : « C est la fin! ». Puis, plus rien, la pluie s'arrête, comme si elle voulait laisser entendre ce cri, ce hurlement perçant, qui transperce la nuit. L'ombre se retire, après avoir fini son travail, derrière les grandes portes noires de la cathédrale.
Cette nuit encore, pour la dixième et dernière fois de ce siècle, du sang a versé. Cette nuit encore, l'ombre essuie sa longue lame d'argent sur sa cape noire de gaie. Attendant avec envie et haine son prochain réveil où tout recommencera. |