Pierre ouvrit les yeux. Le rideau blanc du flash qui l'avait aveuglé se dissipait de plus en plus. Il cligna des yeux, et recouvra totalement la vue.
Mais pas la mémoire.
Il regarda Marvin, qui le regardait comme si sa vie en dépendait, et secoua la tête. Le sorcier soupira.
-Ca le fait, des fois. Certaines personnes recouvrent la mémoire sur le champ, et pour d'autres, ça met un moment.
Pierre lui sourit.
-Ce n'est pas grave. Je préfère que ce soit ainsi. Je me souviendrai lorsque tout cela sera terminé. Utilise mon corps, Marvin.
-Pa... pardon, Monseigneur ?
-Je te dis d'utiliser mon corps. Et cesse de m'appeler Monseigneur, appelle-moi plutôt Pierre. Allez, dépêche-toi !
Marvin hocha la tête. Il ferma les yeux, et se laissa tomber sur Pierre. Le jeune homme eut l'impression de se faire asperger par un seau d'eau lorsque l'esprit se posa sur son corps. Puis il disparut à l'intérieur de ce corps.
-Ca va ? demanda Marvin.
-Hmm... C'est bizarre mais ça va. Avons-nous déjà fait ça avant ?
-Non, je ne me serais jamais permis de vous le demander si ce n'était pas un cas extrême, Monseigneur.
-Ne m'appelle plus ainsi !
Pierre sentit son corps bouger.
-Où va-t-on ? demanda-t-il.
-A ma cellule, ce sera plus pratique pour me libérer...
Le corps aux deux esprits sortit de la chambre.
-Monseigneur, vous devriez rester couché, vous êtes encore faible, fit un soldat qui montait la garde devant la porte.
-La faute à qui ? demanda Marvin par l'intermédiaire de la bouche de Pierre. De plus, faible ou pas, je dois aller au lieu d'aisance.
-Pardon, Monseigneur, fit le garde. Voulez-vous que je vous y escorte.
-Ca va aller...
Marvin marcha aussi vite que le pouvait le corps épuisé de Pierre. Il croisa encore quelques gardes qui ne lui prêtèrent aucune attention sinon pour le saluer, et arriva à la prison. Il ouvrit la porte et salua l'orque qui gardait l'entrée.
-Vous ne devriez pas être là, Monseigneur. Votre blessure...
Marvin ne le laisse pas poursuivre. Il s'empara de l'épée qui pendait sur la hanche de Pierre, et trancha la tête du garde. Il lui prit ses clés, et se dirigea vers sa cellule. Il essaya à toute vitesse les différentes clés.
-Calme-toi, dit Pierre. Laisse-moi faire.
Marvin lui laissa le contrôle du corps. Pierre essaya chacune des six clés, et parvint enfin à ouvrir la cellule. Quel choc il eut de voir, allongé sur une couchette de paille, le corps sans vie de Marvin.
-Voilà à quoi ressemble un corps sans esprit, fit Marvin.
Son esprit quitta le corps de Pierre pour réintégrer le sien.
Il cligna des yeux, puis s'assit sur sa couchette. Alors il fit signe à Pierre de s'assoir. Là, il soigna sa blessure au bras faite par la fléche, et sourit.
-J'aurais pu vous soigner avant, mais quand mon esprit et mon corps ne font qu'un, cela me consomme beaucoup moins de mana. Et je vais en avoir besoin pour vous aider.
-Tu n'as pas à te justifier, répondit Pierre. Allons-y !
Pierre et Marvin longèrent les couloirs du château, Pierre devant, tuant les gardes, orques et humains. L'amnésique regardait es tapisseries qui ornaient les murs, dans l'espoir de se souvenir. Un coucher de soleil par ci, une créature légendaire par là. Toutefois, rien ne lui était familier, à son grand désarroi.
-Ne vous en faites pas, Monseigneur, ça va revenir.
Pierre se retourna sur le sorcier, les yeux noirs.
-Désolé, c'est l'habitude, fit Marvin amusé.
-Vous êtes cerné, plus un geste !!
Reconnaissant la voix de Jinah, Pierre se mit à courir, suivi de Marvin. Des coups d'épées résonnaient dans l'enceinte du château, et des gardes accouraient. Les deux hommes arrivèrent au moment où le roi Hérius était sur le point de traverser Jinah de son épée. |