Pierre sentit son coeur bondir dans sa poitrine. La scène se passa comme au ralenti. Il vit Herius lever son épée sur un Jinah allongé au sol. L'épée du roi se baissait de plus en plus en direction de l'homme désarmé. Puis une lumière dorée aveugla Pierre ainsi que tous les spectateurs impuissants.
-Jinah ! cria Angus.
Sa voix couvrit un bruit de métal. La lumière s'estompa et la scène qui s'offrit à Pierre le laissa sans voix. Lydra, l'épée de Jinah, se tenait devant son propriétaire, flottant dans les airs. Une douce lumière émanait d'elle, à présent, et sans que personne ne la guide, l'épée repoussait celle d'Herius.
Le roi éclata de rire.
-Lydra, ma chère, toujours prompte à te mettre en colère.
Il relâcha la force qu'il avait mis dans son coup, et l'épée magique tomba au sol, près d'un Jinah épuisé.
Un rire se fit entendre, et un homme fit son apparition. Depuis le début, il devait être caché derrière le rideau qui tombait et masquait l'arrière du trône du roi.
-Kevin, murmura Jinah.
-Papa, fit au même moment Marvin.
Le sorcier traversa la scène et s'écria :
-Papa ! N'es-tu pas mort depuis des années ? Que fais-tu ici ?
Herius éclata de rire, joignant son rire à celui de Kevin.
-Marvin, quelle surprise, tu as quitté ta prison, fit le roi. Vois-tu, ton père m'était plus utile mort que vif. En effet, qui aurait suspecté un mort ?
Jinah se releva faiblement, et il sauta sur Kevin en s'écriant :
-Sauve Lydra ! Sauve-la !
Un rire cruel se dessina sur le visage du sorcier royal.
-Jinah, si j'ai emprisonné l'âme de ta soeur dans une épée, ce n'est certainement pas pour l'en faire sortir.
Un éclair sortit de sa main, et il repoussa le blessé qui fut projeté à plusieurs mètres.
-Jinah ! s'écrièrent Misha et Angus.
-Voilà donc les jumeaux, fit Kevin. J'aurais dû vous tuer depuis le début, nous n'en serions pas là.
Pierre, Erwan et Hilda se postèrent devant les enfants pour les protéger. Marvin les suivit, sous le regard noir de son père.
-Une épée n'a jamais fait le poids contre un sorcier, rit Kevin. Et les deux seuls sorciers ici ne peuvent rien contre moi. Le premier était si faible que je n'ai eu aucun mal à l'emprisonner dans une épée, et le deuxième... Marvin, tu ne vas pas te battre contre moi.
-Bien sûr que non, répondit le jeune homme avec un sourire.
Marvin savait qu'il n'était pas de taille à lutter contre son père. Alors il tenta de capter le regard de Pierre, et une fois que leurs regards se croisèrent, il fit discrètement un rond de son pouce et de son index, rond qu'il croisa de son majeur, en espérant que Pierre se souviendrait de ce signe qu'ils utilisaient lorsqu'ils combattaient ensemble.
Le majeur représentait l'épée. Le rond, formé du pouce et de l'index, était la magie qui entourait cette épée.
Pierre dégaina son épée, et Marvin, soulagé, ferma les yeux afin de lancer une incantation à mi-voix.
-Une épée n'a jamais fait le poids contre la magie, fit Pierre en fonçant sur Kevin. Mais qu'en est-il d'une épée ensorcellée ?
L'arme se mit à briller, de la même manière que Lydra, et Kevin recula sous les coups. Son aura faisait bouclier, mais il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps.
-Jure loyauté aux jumeaux ! fit Pierre.
-Jamais ! répondit Kevin en lançant un éclair sur l'amnésique.
Son épée repoussa l'attaque, et transperça l'aura du sorcier. Ce dernier grinça des dents, et posa une main sur sa poitrine, où sa robe et sa chair avaient été coupées.
-Sylvius, fit Kevin en tentant un sourire. Tu ne peux pas me tuer, voyons. Tu as toujours détesté tuer. Il y a dix ans, tu n'as pas pu tuer les jumeaux. Et durant les combats que tu as fait, tu n'as jamais pu tuer ton ennemi. Soit tu lui laissais la vie, soit mon fils devait tuer à ta place.
Pierre leva l'épée au dessus de sa tête et s'écria :
-Ne m'appelle pas Sylvius, je n'ai rien en commun avec ce type, je ne le connais pas ! Je suis Pierre !
Le jeune homme était sur le point d'achever le sorcier lorsque la voix d'Herius se fit entendre.
-La fête est finie. Pour une épée ensorcellée, il faut un sorcier. Sans sorcier, elle n'est plus qu'une épée basique.
Pierre se retourna. Le roi tenait la pointe de son épée posée sur la poitrine de Marvin. |