Samedi 30 juin
Eolia passa cinq jours assez monotones. Mickaël ne lui parlait pas. Elle avait demandé à faire les quatre nuits précédentes. Ainsi, elle vivait la nuit, dormait le jour et cela lui évitait bien des explications qu'elle donnerait en temps et en heure : à savoir le soir même, soir du trente juin.
Eolia avait mis la bouteille de vin au frais, mais pas dans le réfrigérateur de la cuisine, où elle attirerait trop l'attention. Elle avait préféré demander discrètement à Carole l'autorisation de mettre la bouteille dans le réfrigérateur de l'infirmerie.
Le jeune fille regarda l'heure à sa montre : vingt-deux heures. Tout l'équipage devait être couché sauf Musha, dont c'était le tour de garde. Eolia regarda son reflet dans le miroir. Vêtue d'un pantalon de coton crème et d'un chemisier de soie noire, elle se trouvait plutôt jolie. Elle prit le cadeau de Mickaël, elle alla à l'infirmerie chercher la bouteille, à la cuisine chercher deux verres, puis elle se rendit à la chambre de Mickaël. Elle écouta à la porte mais n'entendit aucun bruit. Tout se chamboulait dans sa tête. Et si Mickaël n'avait pas envie de la voir ? Et s'il ne la croyait pas ? Et si...
-Qu'est-ce que tu fais là ?
Eolia sursauta. Elle n'avait pas vu Mickaël ouvrir la porte. Avait-il senti sa présence ?
-Je... euh... bredouilla Eolia. C'est que...
Elle se ressaisit et dit simplement en désignant la bouteille et les verres :
-Bon anniversaire !
Le regard précédemment froid de Mickaël devint lumineux. Eolia osa enfin le regarder et rougit en voyant qu'il n'était vêtu que d'un jean.
-Entre, dit-il. C'est gentil d'y avoir pensé.
Eolia rentra. Elle ravala sa fièreté, se disant qu'elle avait fait le plus dur en entrant dans la caverne du fauve, et elle déclara en posant la bouteille et les verres sur la table pour se donner une constance et pour ne pas avoir à affronter le regard moqueur de Mickaël :
-Tu comprends pourquoi je n'ai pas pu tout te dire, le jour où nous étions au Japon ? C'était une surprise.
Elle tendit son cadeau à Mickaël, mais le jeune homme ne fit aucun signe pour le prendre.
-Je ne mérite pas tout ça. A chaque fois je te mets en doute, je ne te fais pas confiance. Je suis un imbécile.
-Ce n'est pas pare que tu es un imbécile que tu ne mérites pas de fêter ton anniversaire, répondit malicieusement Eolia en prenant la main de Mickaël et en la refermant sur la chaîne et le pendentif.
-Je ne t'ai même pas offert de cadeau, moi, pour ton anniversaire.
-Mais tu es parti avec moi à bord de l'Hémisphère et malgré la réaction que j'ai eue en te voyant, rien n'aurait pu me faire plus plaisir.
Eolia serra Mickaël dans ses bras puis elle dit :
-Laisse-moi passer cette chaîne autour de ton cou. Il paraît que son pendentif porte bonheur.
-Mais je n'en ai pas besoin, c'est toi mon porte-bonheur.
Eolia embrassa son ami puis elle ouvrit la bouteille de vin. Longtemps, très longtemps après, ils s'endormirent.
Dimanche 1er juillet
Eolia et Mickaël se levèrent à huit heures et quart. Ils allèrent prendre leur petit déjeuner sur le pont, près de Carole et Julian.
-Tiens, mon frère n'est pas encore levé ?!
-Si, mais il s'est recouché, expliqua Carole. Je crois qu'il a passé une très mauvaise nuit.
-Je vais aller le voir, peut-être est-il malade, dit Eolia en courant.
-Attends, Eolia !
Mais la jeune fille n'entendit pas le cri de Carole et fut bientôt devant la porte de la chambre de son frère.
-Matt ! c'est moi ! s'écria-t-elle. Je peux rentrer ? demanda-t-elle en ouvrant la porte.
-Attends une minute, s'il te plaît.
Mais Eolia était déjà dans la chambre et elle regardait Musha et son frère, allongés l'un à côté de l'autre.
-Ca va, Matt ? demanda-t-elle. Tu n'es pas malade ?
-Ne t'en fais pas, Capitaine. Musha s'occupe de moi, répondit Matt.
-Tu veux que j'appelle Carole ?
-Non, ça va aller, je suis juste un peu fatigué.
Eolia sortit de la chambre de son frère en disant :
-Alors repose-toi bien.
Elle retourna sur le pont pour prendre son petit déjeuner, mais elle ne fit que picorer.
-Quelque chose ne va pas ? lui demanda Carole.
-Je n'aime pas savoir mon frère malade.
-Tu l'as vu avec Musha, n'est-ce pas ?
-Oh oui ! Heureusement que Musha est là ! Il s'occupe de Matt !
Carole sourit, amusée par la naïveté de la jeune fille, et elle dit :
-Ne t'en fais pas, Eolia, je pense que ton frère ira mieux cette après-midi.
-Si seulement.
Mickaël, qui ne savait pas trop quoi dire, étonné d'apprendre la vérité sur Matthew, serra seulement la main d'Eolia dans la sienne en signe d'encourageemnt. Bien sûr, Eolia n'était plus aussi innocente qu'avant, mais elle ignorait tout de même certaines choses.
Eolia pilotait l'Hémisphère, au début de l'après-midi, lorsque Matthew arriva.
-Oh Matt ! s'écria-t-elle. Je suis heureuse de voir que tu vas mieux que ce matin.
-Veux-tu mettre le pilotage automatique s'il te plaît ? Je dois te parler.
Eolia obéit, surprise et nerveuse. Qu'est-ce que son frère pouvait avoir à lui dire de si important ? Allait-il lui reprocher d'être entrée dans sa chambre sans qu'il ne l'y ait autorisée ? Sinon, qu'avait-elle fait de mal ?
-Vois-tu, petite soeur, il est une chose que tu ignores. Et je me dois de te l'expliquer. Tu es assez intelligente pour comprendre.
La jeune fille hocha la tête et déclara d'une voix solennelle :
-Je t'écoute.
-Musha et moi sommes amis... amis comme Mickaël et toi.
-Mais Micka et moi sommes plus qu'amis, nous sommes...
-Je sais, la coupa Matthew. Musha et moi également.
Eolia se mit à rougir.
-Alors ce matin, je... oh ! Je suis désolée, Matt !
Le jeune homme serra sa soeur dans ses bras et il embrassa son front.
-J'espère que cette nouvelle ne te contrarie pas trop.
-Si tu savaiscomme cela a peu d'importance pour moi, Matt ! Tu es mon frère et seul cela a de la valeur à mes yeux.
-Je t'adore, petite soeur.
-Moi aussi, grand frère.
-Je te l'ai déjà dit mais je le répète : je suis fier d'avoir une petite soeur telle que toi.
Matthew sourit et continua :
-Je n'avais pas vu passer le temps, en Inde, et quelle fur ma surprise de me retrouver face à la jeune femme que tu es devenue, alors que c'est une petite fille aux nattes rousses que je pensais retrouver. Tu es devenue si jolie pendant ces dix années... Je comprends pourquoi Micka t'aime autant, tu sais. Ce ne doit pas être facile pour une femme si jeune d'être capitaine d'un bateau et tu t'en sors à merveille.
-Je m'en sors parce que Micka m'a réellement bien aidée, et puis Julian est arrivé, Carole, toi et Musha. Si j'avais été seule face aux sous-marins, l'autre jour, je ne m'en serais peut-être pas sortie à si bon compte.
-C'est normal. Pourquoi crois-tu qu'un capitaine ait besoin d'un équipage ? Pour ne pas être seul et ne pas s'ennuyer ? Non ! C'est parce qu'un équipage est sacré. Le capitaine est le cerveau de l'équipage. Sans membres, il ne pourrait rien faire.
Forte de cette explication, Eolia embrassa tendrement la joue de son frère, son visage éclairé par un sourire lumineux, et elle retourna piloter.
A suivre...
Enormes énormes énormes bisous à mon Neko d'amour. Je t'aime.
Bises à tous ceux qui me lisent, merci pour vos commentaires, ça fait chaud au coeur de voir que ce que je fais plait à certains. |