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Geneworld.net>Fan-fictions>Naikkoh>[OS St Valentin] Dernière danse - ToS

00 - PAR NAIKKOH

# Titre : « Dernière danse » (ou « Quand Zélos rencontre Sheena »… Comment ça mon titre est bidon ?! xD)

# Auteur : Naikkoh
# Couple : à votre avis ? ^^

# Disclaimer : Zélos et Sheena sont ensembles ?... Non ?... C’est bien ce que je pensais alors, les personnages de ToS ne sont pas à moi *snifouille*
Par contre Yohnis appartient à Yuen (fic : « Le Dragon sacré » disponible sur le forum ToS de JeuxVideo.com, ainsi qu’en version remasteurisée sur EluDesDeuxMondes.canalblog.com) e l’Ishkal m’appartient.

# Note : Je n’ai pas abandonné ma fic initiale, rassurez-vous. Seulement j’avais envie de marquer le coup de cette satanée St-Valentin cette année.

# Sujet : à priori St-Valentin, mais bon … peut être adaptable à tout autre situation^^ ( oui, bon, lisez avant de me taper sur les doigts hein xD). Surtout que je suis bien en retard sur le planning prévu… -_-‘ *regarde la date de post... ah ouais avril quand même :gni: )


NB: Comme les forums de JV.com ne prennent pas en compte les effets de style ( comme d'hab' -_-' ) les phrases entre // représentent les pensées des personnages.
-------


Une joyeuse cacophonie résonnait dans l’immense salle de bal du palais de Meltokio. Tout le gratin de la capitale était réuni sous les imposantes colonnes de marbre blanc afin de présenter leurs vœux aux futurs époux. Enfin, leurs vœux…c’était vite dit lorsqu’on avait affaire à une bande d’hypocrites pareils ! S’assurer une belle place au soleil, voilà la vraie raison, peu avouable, il en convient, qui avaient poussé ces aristocrates guindés à sortir de leurs demeures de maîtres et à venir se pavaner à la cour !
Ce n’était qu’un déballage de richesses et de démesure, tout étant bon à prendre afin d’épater la galerie. Et, accessoirement, faire mourir de jalousie son voisin au passage…
Les dames de la noblesse, avec leur visage poudré et maquillé à outrance, rivalisaient d’imagination afin de se démarquer du troupeau et les étoffes chamarrées de leurs robes tourbillonnaient en un bruissement discret sous les notes entêtantes de l’orchestre placé au fond de la salle. Les coiffures étaient hautes, sophistiquées, et mises en valeur à grand renfort de plumes, peignes de nacre, pierres précieuses et perles d’eau. Nul doute que les caméristes avaient dû user de tout leur génie pour rendre de tels chefs d’œuvres possibles. Les hommes non plus n’étaient pas en reste et arboraient fièrement soieries délicates et taffetas richement ornés, tout en faisant rutiler qui une broche, qui une bague, qui un pommeau de canne, serti d’opale ou de diamant. Les conversations légères allaient bon train et les rires de gorge étaient à moitié étouffés par les éventails finement sculptés... le tout sous une bonne dose d’arrogance à demie dissimulée par des regards affables et des sourires serviles.

Zélos soupira.
Plus le temps passait, et plus ces mondanités lui pesaient.
Vraiment.
Que n’aurait-il pas donné pour une soirée tranquille au coin du feu, à écouter Sélès, sa sœur, lire une de ses histoires favorites ou encore un moment agréable passé avec ses amis.
Ses amis…
Que devenaient-ils d’ailleurs ? Cela faisait des années qu’il ne les avait plus vus. Oh, bien sur, ils avaient gardé le contact mais avec le temps et cette période de paix tranquille, les occasions de se rencontrer s’étaient faites de plus en plus espacées, et pour finir s’étaient stoppées. Chacun avait ses occupations et ses responsabilités. Il ne pouvait pas les en blâmer. Pourtant… pourtant, retrouver la fraîcheur de Colette, les niaiseries de Lloyd, les fanfaronnades de Génis, les sermons de Raine, la discrétion de la jeune Préséa, les colères de Sheena et le stoïcisme de Régal auraient été comme une bouffée d’air frais dans ce carcan quotidien qu’était devenu sa vie. Non, au lieu de cela, il devait supporter les courbettes et les fadaises des courtisans à longueur de temps. Longtemps il avait eu la prétention de croire que cette situation lui convenait, qu’il finirait par s’y faire. Ce n’était visiblement pas le cas.
L’ex-Elue de Sylvarant et le jeune épéiste parcouraient encore le monde à la recherche des derniers utilisateurs d’exsphère, les deux demi-elfes s’étaient volatilisés dans la nature, Préséa dirigeait le nouveau village d’Ozette, reconstruit depuis maintenant plusieurs années, et le président de la Société Lézareno croulait sous le travail, tant et si bien qu’il ne mettait plus les pieds dehors. Cela faisait un certain temps qu’il ne l’avait plus aperçu à la cour d’ailleurs. Il n’y avait plus que Sheena pour le tenir informé des dernières nouvelles de leurs compagnons. D’un autre coté, vu sa nouvelle fonction, il ne pouvait guère en être autrement…
En parlant d’elle d’ailleurs, elle était en retard, comme à son habitude, ce qui tira à Zélos un nouveau soupir d’impatience. Aussitôt, une myriade de femmes de tous âges l’entoura. Hors de question qu’un homme doté d’une telle prestance s’ennuie lors d’une si somptueuse fête ! Il fallait dire aussi qu’on n’en attendait pas moins pour un évènement pareil ! La décoration de la salle était d’un luxe tapageur, des saltimbanques, originaires des quatre coins du pays, animaient ces festivités tant attendues, déambulant entre les invités de marque, et les cuisiniers s’affairaient aux fourneaux depuis presque une semaine.
Le regard de Zélos dériva à travers la pièce, passant au-dessus du troupeau de ses admiratrices qui gloussaient autour de lui. Il y avait là de quoi subvenir aux besoins d’un village entier. Et dire que plus de la moitié des mets entreposés sur les tables finiraient dans les tas de fumier de l’arrière-cour des cuisines, à peine entamés pour la plupart. Le jeune homme haussa les épaules et chassa cette sombre pensée. De toute manière il ne pouvait rien y faire. Il était difficile de changer les mentalités, ils en avaient eu la preuve à maintes reprises.
Mais bon sang que fichait donc Sheena !

La jeune femme étouffa un grognement lorsque le page, dans sa livrée rutilante, lui annonça avec un sourire avenant que le seigneur Wilder l’attendait depuis une bonne heure déjà. Lui tendant son manteau, elle leva les yeux au ciel, constatant que le temps n’avait toujours pas arrangé l’impatience de l’ancien Elu du Mana. Quelque peu exaspérée – ce n’était pas de sa faute si une affaire urgente l’avait retenue – elle pénétra sans plus attendre d’un pas énergique dans la salle de réception royale, indifférente aux regards admiratifs et envieux sur son passage. Faire parti des proches de sa « seigneurie » n’était jamais de tout repos, et bien qu’elle fut habituée à ce genre d’attitude, elle sentait qu’aujourd’hui il y avait quelque chose de différent. Sans doute à cause de cet évènement, songea-t-elle, essayant de ne pas trop se formaliser des murmures qu’elle percevait dans son dos. Se composant un masque froid et neutre, elle continua sa route à travers le véritable labyrinthe humain des convives, à la recherche du rouquin.
Elle finit par l’apercevoir, adossé nonchalamment à une colonne de marbre, en train de badiner avec des courtisanes. Cette découverte l’exaspéra au plus haut point.
//Décidemment, il ne changera jamais ! Dès qu’il voit l’ombre d’une dentelle, il faut qu’il sorte le grand jeu ! Et moi qui croyais qu’il avait fini par s’assagir… Sheena, ma vieille, une fois de plus tu as été bien naïve pour lui accorder ton crédit…//
Malgré elle, la jeune femme sentit son cœur se serrer et une pointe d’amertume la submergea un instant à la vue de ce fier coq se pavanant au milieu de sa basse-cour. Se faisant violence, elle réussit toutefois à reprendre le contrôle de ses émotions et toisa l’ex-Elu avec tout le mépris dont elle était capable. Elle ne devait pas ressentir ce genre de chose à son égard, car elle avait appris à ses dépends où cela la mènerait. Elle secoua la tête comme pour expulser ce trouble hors d’elle et expira à fond. Une fois sa paix intérieure retrouvée, elle fixa le jeune homme plus intensément encore, laissant libre cours à sa colère. Il n’avait pas dû s’ennuyer tant que ça en l’attendant. Très bien. Dans ce cas, il pourrait bien l’attendre encore un peu. Elle n’avait pas envie de le priver d’une si charmante compagnie.
Leurs regards s’accrochèrent alors que Sheena allait tourner les talons. Lui, surpris. Elle, de glace. Un instant ils restèrent là, sans bouger, le temps comme suspendu. Puis, elle s’éloigna lentement, lui tournant ostensiblement le dos, sa robe de satin blanc lui battant les chevilles.

Zélos avait renoncé à chercher Sheena dans cette foule et avait reporté son attention sur ces demoiselles surexcitées lui réclamant à corps et à cris un récit épique de ses exploits, ce qu’il fit de bonne grâce. Il avait toujours aimé être le centre d’intérêt général, cela lui donnait l’illusion qu’il existait en tant qu’être humain et qu’il avait encore le contrôle de sa vie.
Soudain, une impression de malaise lui fit relever la tête. Quelqu’un l’observait. La sensation était étouffante. Et ce quelqu’un n’avait pas que des intentions amicales, au vu de l’aura menaçante que le jeune homme roux percevait.
Lorsque ses yeux se posèrent sur l’opportun, il en oublia presque de respirer. Pourquoi fallait-il qu’il fasse toujours tout de travers ? Pourquoi fallait-il qu’elle le trouve en charmante compagnie chaque fois qu’elle venait le voir ? Parce qu’à n’en pas douter, la jeune ninja était en colère. Extrêmement en colère même. La lueur glacée dans ses yeux en amande et la façon dont elle plissait le front ne trompait pas. S’il lui tombait sous la main, il passerait un sale quart d’heure. Zélos déglutit difficilement et pâlit, cloué sur place par le regard méprisant, inquisiteur et peiné de la jeune femme…
Peiné ?!
Une petite seconde, là, il avait visiblement loupé un épisode… Mais quel imbécile vraiment ! Zélos s’infligea une claque mentale. Décidemment il n’en loupait pas une avec elle. Bredouillant de vagues excuses à son auditoire quelque peu dépité de le voir se sauver si vite, il s’élança vers Sheena. Mais le temps qu’il fende le barrage de corsages et de rubans, la chef de Mizuho avait disparu dans la foule, laissant Zélos désappointé.
Il ne resta pas seul bien longtemps, ses admiratrices vinrent l’entourer à nouveau, se pressant contre lui. D’un geste rageur il les congédia et partit en quête de la ninja, sous les regards noirs de ces dames énamourées.

La partie de cache-cache commença alors, sous fond de menuet, et le jeune homme eut bien du mal à se défaire de toutes ses cavalières potentielles. Il n’échappa pas à certaines danses, contraint et forcé par de vieilles aristocrates entreprenantes qui le poussèrent littéralement sur la piste. Sans cesse son regard balayait la foule colorée dans l’espoir d’apercevoir un bout de sa si jolie robe blanche ou de son chignon d’ébène. Souvent, il captait du coin de l’œil l’objet de sa convoitise, mais à peine tournait-il la tête dans cette direction qu’elle avait disparu, happée par la marée humaine, laissant dans son sillage un léger parfum de jasmin.
Ce petit manège commençait à fortement agacer notre ami à la chevelure flamboyante. Il en avait assez ! Pourquoi prenait-elle toujours la mouche ainsi ? Il n’avait rien fait de répréhensible à la fin. Si sourire relevait maintenant du crime contre l’humanité selon le code de conduite de Sheena, où allait-on ! Après tout, il n’aurait bientôt plus l’occasion d’aller voir à droite et à gauche, alors autant en profiter avant le tomber de rideau…
Zélos grogna de frustration, mais ne s’avoua pas vaincu pour autant. Une charmante blondinette l’alpaga au passage et l’entraîna dans le tourbillon d’une valse. La demoiselle lui lança des œillades enflammées, mais l’esprit du jeune homme était entièrement tourné vers la chef du clan ninja, et il ne lui accorda qu’un intérêt relatif, ses pas s’accordant aux siens par pur automatisme.
Soudain il l’aperçut. L’invocatrice se dirigeait vers les imposantes portes-fenêtres de la salle de réception donnant sur les terrasses extérieures du château. Des trilles salvateurs annoncèrent la fin du morceau et Zélos s’inclina prestement devant sa cavalière avant de tourner les talons.

Suffocant un peu dans cette salle bondée et surchauffée, Sheena était sortie prendre l’air. Elle s’étonna un instant de ne voir personne à part elle déambuler sur la terrasse, avant de se souvenir qu’on était en plein hiver. Se délectant de cette tranquillité offerte, elle s’avança sur les dalles blanches. Le bruit de ses pas claquait sur le marbre et troublait le silence ambiant. Derrière elle, le brouhaha des festivités, étouffé par les lourdes tentures pendues aux immenses fenêtres, lui donnait l’impression qu’elle venait de pénétrer dans un autre monde où tout n’était que silence et sérénité. Accoudée à la balustrade, la jeune femme se perdit alors dans la contemplation de la ville endormie et ferma les yeux.
Sentant une présence familière dans son dos, son visage s’étira en un fin sourire, et sans se retourner, elle lança d’un ton narquois :
« Ça y est, tu en as fini avec tes ronds de jambes ?
- Ma foi, il semblerait que oui, lui répondit une voix railleuse.
- Tu m’en vois ravie », répliqua-t-elle du tac au tac, tournant toujours le dos à son interlocuteur.
Elle entendit un petit reniflement dédaigneux qui lui arracha un nouveau sourire moqueur puis des pas se dirigeant vers elle.
Zélos, car c’était bien lui, s’arrêta à sa hauteur.
« Comment as-tu su que c’était moi ? lui demanda-t-il sans pour autant la regarder.
- Depuis le temps qu’on se connaît toi et moi, c’était plutôt facile, s’enorgueillit la ninja. Un jeu d’enfant même…. Et puis franchement, mis à part toi, je ne vois pas bien qui viendrait me surprendre ici.»
Zélos haussa les épaules et le silence s’établit entre eux, perturbé de temps à autre par les rires qui montaient de la salle de bal. Il prit le temps de détailler avec soin sa compagne du coin de l’œil, tout en veillant à rester aussi discret que possible. Il l’avait toujours trouvé magnifique, mais ce soir elle était resplendissante. Les joues rougies par le froid lui donnaient un petit air mutin adorable et il se surprit à s’attarder plus que de raison sur son profil régulier barré de quelques mèches folles s’échappant ça et là de son chignon. Une fine buée s’échappait de ses lèvres légèrement entr’ouverte au rythme de sa respiration profonde et calme. Sa tenue ne comportait aucune fioriture. D’une blancheur argentée, elle dégageait des épaules graciles et mettait en valeur un port de tête régalien. L’étoffe, satinée et miroitante, reflétant chaque rayon lunaire et magnifiant ainsi son teint diaphane, enserrait un cou délicat, et un décolleté vertigineux s’arrêtant à la chute des reins mettait à nu son dos finement musclé. A l’inverse de la gent féminine présente à cette fête, la jeune femme n’avait nul besoin d’artifices, l’aura d’assurance tranquille qu’elle dégageait suffisait à la sublimer.
Le jeune homme essaya de graver cette vision dans sa mémoire car il savait que des occasions pareilles de la contempler ne se représenteraient peut être jamais.

- Quoi ? lança l’invocatrice en tournant la tête vers lui, gênée par ce regard inquisiteur qu’elle sentait peser sur elle.
Elle avait prononcé ce mot d’une voix légèrement teintée de reproches qui le surprit.
- Toujours fâchée ? hasarda le rouquin au bout de quelques instants.
Sheena secoua doucement la tête en signe de négation, le menton reposant entre ses mains gantées et retourna à son occupation première, à savoir l’observation de la ville en contrebas.
« Je suppose qu’il est difficile d’aller à l’encontre de sa nature, finit-elle par lâcher dans un soupir en haussant les épaules, fataliste.
- Et puis-je savoir de quelle nature tu parles ma chère ? »
La jeune femme ne répondit rien et se contenta de désigner brièvement la salle derrière eux où la fête battait son plein.
- Ah, ça ? Depuis le temps qu’on se connaît toi et moi tu devrais bien le savoir, rétorqua alors le jeune homme en s’accoudant dos à la balustrade. Et là je ne fait que te citer.
Le cœur de Sheena manqua un battement. Même si elle connaissait la réponse au fond d’elle, l’entendre de sa bouche était toujours aussi douloureux. Pourtant elle n’en montra rien. Avec le temps, elle aussi avait appris à masquer ses émotions. Mais ses paroles avaient rouvert une porte qu’elle aurait ardemment désiré voir fermée à tout jamais.
Seulement, Zélos avait perçu sa raideur subite et comprit, qu’une fois de plus, il l’avait blessé sans le vouloir. A ce petit jeu de dissimulation, c’était encore lui qui menait au score et il ne s’en laissait pas compter si facilement.
//Décidemment je ne suis qu’un bon à rien… //se désola-t-il.
Le silence s’abattit à nouveau sur eux, telle une chape de plomb.
L’orchestre entama une nouvelle valse et Zélos, prit d’une inspiration subite, se redressa prestement tout en faisant quelque pas vers le centre de la terrasse.
- Allez, viens ! l’interpella-t-il.
Sheena se retourna à demi vers lui et haussa un sourcil, perplexe.
« Venir où ? demanda-t-elle, suspicieuse.
- Viens ! Allez… ! » répéta-t-il en lui tendant la main, un grand sourire aux lèvres.
Il était très fier de sa petite idée et espérait sincèrement que la jeune femme marcherait sans trop se poser de questions.
//Viens Sheena… je t’en prie. Enlève donc cet air méfiant de ton visage. Il ne te va pas du tout. Depuis un certain temps tu me parais si soucieuse et je n’ose pas t’en demander la raison de peur que tu te renfermes encore davantage. J’ai bien peur d’être à l’origine de cette mélancolie permanente que tu dégages, sans pour autant savoir de quoi il en retourne... Est-ce à cause de cet évènement ? Pourtant nous avons fait un trait sur cette nuit là… Alors, que me reproches-tu ?//
- Ne fais pas ta timorée allons ! Je ne vais pas te manger ! se moqua-t-il gentiment en lui faisant signe de le rejoindre.
//Et pourtant ce n’est pas l’envie qui m’en manque, crois-moi. Surtout ce soir, alors que je vais m’engager sur un chemin que je n’aurai jamais cru prendre un jour et que tu parais plus fragile que jamais, drapée dans ta fierté.//
La réaction qu’il espérait ne se fit pas attendre. Piquée au vif, la jeune femme s’avança prestement dans sa direction. Stoppant face à lui, elle posa ses poings sur les hanches et planta ses yeux noisette dans les siens, le menton relevé en signe de défi.
- Et bien, j’attends ! déclara-t-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.
Pour toute réponse Zélos s’inclina devant elle en une grande révérence outrancière. Un éclair de compréhension passa alors dans le regard de la ninja et son rire cristallin s’éleva dans l’air nocturne. Le jeune homme sourit intérieurement de cette demie victoire et prit un air faussement boudeur. Entrant dans son jeu, Sheena salua à son tour son cavalier improvisé et lui tendit la main signe qu’elle acceptait l’invitation.
« En plus ça nous réchauffera, ajouta-t-elle rieuse.
- Evidemment, avec ce que tu as sur le dos…, » fit Zélos levant les yeux au ciel tout en la rapprochant de lui.
Glissant sa main entre les omoplates de la jeune femme, il pût apprécier à quel point elle était gelée. Pourtant il constata avec étonnement que cela n’avait pas l’air de la déranger outre mesure. Décidemment, elle l’étonnerait toujours…
- Parle pour toi Zélos, parle pour toi, dit-elle en lui tapant doucement sur l’épaule. C’est toi qui a la chair de poule, pas moi. Je te rappelle que nous sommes entraînés, nous autres ninjas.
Et il l’emporta à sa suite au son de la musique qui s’échappait des baies vitrées entrebâillées. Sheena riait toujours et Zélos en tira une certaine fierté, satisfait de son petit effet.
C’est vrai qu’ils devaient paraître étranges à danser de la sorte, seuls, dans cette nuit glacée. Mais qu’importe après tout. Il serait bien temps de rendre des comptes plus tard. Pour le moment, seul l’instant présent comptait et la savoir dans ses bras, offerte le temps d’une danse, le ravissait plus qu’il ne voulait bien se l’avouer.

Sheena engagea la conversation, mettant le jeune homme au courant des derniers renseignements glanés par son réseau d’information. Zélos fit la moue.
« Ton rapport peut attendre non ? La responsable des services d’espionnage du royaume a aussi le droit à des moments de détentes !
- Mais…, protesta-t-elle.
- C’est un ordre, fit-il dans un gentil sourire. C’est ton supérieur qui te l’ordonne. »
La jeune femme bougonna et s’enfonça dans son mutisme.
« Pourquoi m’as-tu fait venir ici alors? Ne me dis pas que c’était juste un prétexte pour me voir en robe, grogna-t-elle.
- Mmmh, peut être que oui, peut être que non, riposta-t-il d’un ton énigmatique, un petit sourire ironique venant étirer son visage.
- Zélos ! Tu ne changeras donc jamais ! » s’énerva-t-elle, quelque peu vexée par l’attitude si prévisible du rouquin.
Elle avait voulu lui donner une chance, une de plus, mais elle s’avisa qu’elle avait eu tort, une fois encore. Sa déception était telle qu’elle sentit une nouvelle fissure déchirer son cœur déjà meurtri. Elle qui avait eu tant de mal à recoller les morceaux… Une remarque de lui, et la carapace qu’elle avait tenté d’ériger ces deux dernières années s’effritait dangereusement.
Pourquoi avait-elle cette sensation, ô combien dérangeante, qu’il ne faisait que jouer avec elle comme il jouait avec les autres. Qu’elle avait été présomptueuse de croire que cela se passerait différemment avec elle ! Il fallait voir le résultat…
//Je suis trop stupide…//
La jeune femme stoppa net et fit mine de se dégager de ces bras qui l’enserraient un peu trop à son goût. Pas question de lui donner une nouvelle occasion de lui faire du mal. Elle en avait assez bavé la dernière fois !
Mais Zélos ne l’entendit pas de cette oreille. Au contraire, comme s’il avait deviné sa réticence, il la rapprocha davantage de lui, la rendant plus mal à l’aise encore. Sheena sentit son rythme cardiaque s’accélérer à ce contact, pressentant le danger qui découlerait inévitablement de cette situation ambiguë.
//A quoi joues-tu Zélos ?//
« Calme-toi, lui murmura-t-il à l’oreille en resserrant son étreinte.
- Mais je suis calme, rétorqua vertement Sheena.
- Alors ne soit pas si crispée. Je vais finir par penser que tu n’apprécies pas cette danse.
- Justement, elle est finie. Lâche-moi maintenant.
- Pourquoi ? Je ne fais rien de mal, répliqua-t-il tout en nichant son visage dans le creux de son cou.
- S’il te plait…, Zélos…Arrête de faire ça.
- Quoi « ça » ? » demanda-t-il en effleurant de ses lèvres la peau si douce de la jeune femme.
Jeune femme qui frémit de plaisir lorsqu’elle sentit le souffle chaud venir chatouiller sa nuque. C’était si grisant qu’un instant elle bascula hors du temps, cette caresse appelant le souvenir d’autres, plus anciennes. Cependant, l’abandon fut de courte durée, et Sheena, affolée, dût se rendre à l’évidence que, déjà, elle ne maîtrisait plus rien. Reprendre le contrôle de ses sens lui parut un effort surhumain qu’elle réussit néanmoins.
« Tu sais très bien de quoi je veux parler, dit-elle aussi froidement que possible tout en essayant de conserver une attitude détachée.
- Tu n’aimes pas ? Pourtant tu ne disais pas non avant.
- Ce temps là est révolu Zélos, tu le sais aussi bien que moi… Et puis… et puis ce n’est pas correct voilà ! Tu as des engagements à respecter ! Et moi aussi… », rajouta-t-elle plus bas, presque à contrecoeur.
Sourd aux protestations de l’invocatrice, le jeune homme l’enserra alors totalement en une étreinte des plus possessive. La jeune femme hoqueta de surprise. Elle devait résister à ces sensations dérangeantes que Zélos réveillait à mesure de sa douce torture. Elle les avait pourtant soigneusement enfouies au plus profond d’elle-même et les voilà qui refaisaient traîtreusement surface à présent qu’elle sentait le corps de son compagnon se presser ardemment contre le sien.
- Crois-tu que je ne le sache pas ? Crois-tu vraiment que je fasse tout cela de mon plein gré ?
//Non, ne me dit pas ça Zélos, pas maintenant…//
« Qu’attends-tu de moi alors ?
- Une chose que tu n’es plus en mesure de me donner Sheena », chuchota-t-il sensuellement à quelques millimètres de son oreille.
La jeune femme frissonna et ce n’était pas le froid de plus en plus mordant qui en était la cause. Elle se réprimanda intérieurement pour cette attitude mais elle sentait bien qu’elle était à deux doigts de déposer les armes. Décidemment elle était bien faible, constata-t-elle avec amertume. Et la promesse qu’elle s’était faite il y a deux ans de cela, qu’en faisait-elle ? De rage face à sa propre impuissance à maîtriser ses émotions, elle serra convulsivement les poings.
- Tais-toi ! Ne dis pas ça Zélos, tu sais très bien que tu n’en pas le droit ! Aurais-tu donc la mémoire si courte ?
L’ex-Elu du Mana grimaça à cette remarque.
//Oh, non je n’ai pas oublié Sheena. Et si tu savais comme j’ai regretté cette décision chaque seconde depuis ce jour-là. Mais il était trop tard pour réparer mes erreurs. J’ai attendu trop de temps… oui, bien trop de temps…//

Le jeune homme lui massait à présent tendrement le dos et elle ne pût empêcher un léger soupir de contentement s’échapper de ses lèvres. Elle avait oublié à quel point il était agréable et enivrant d’être dans ses bras. Sa chaleur lui avait manqué et elle aurait tout donné pour que le temps s’arrête à cet instant.
Est-ce que toutes les filles qu’il avait tenues ainsi avaient ressenti cela ? Probablement. Et étrangement, ce constat la dérangeait. Jalouse, elle ? Par la Déesse, certainement pas ! Une légère rougeur teinta ses joues lorsqu’elle réalisa qu’elle s’était inconsciemment lovée tout contre lui. Comme elle avait honte de s’être ainsi laissée aller ! Ah, elle était belle « Madame la Chef de Mizuho » avec son beau discours sur le respect des engagements !
Pathétique, serait le terme le plus approprié oui !
Bien évidemment, elle essaya de repousser cet entreprenant opportun mais deux bras puissants empêchèrent toute fuite. Prise au piège, la jeune femme commença à sentir la peur l’envahir un instant, puis la colère la submergea lorsque, levant les yeux vers le visage de son compagnon, elle découvrit son petit air victorieux et satisfait.
- Arrête ! s’exclama-t-elle. Pour qui te prends-tu ? Je ne suis pas une de ces pimbêches fardées avec qui tu t’affiches régulièrement ! Lâche-moi immédiatement tu entends ou sinon…
Sheena tremblait de rage contenue. Comment osait-il agir de façon si désinvolte ? Comment osait-il se comporter comme si ces années passées loin de l’autre, ne se voyant que pour des raisons d’ordre strictement professionnel, n’avaient jamais existés ? Faire comme si tout était comme avant… Pensait-il seulement une seule seconde à ce qu’elle ressentait ? Se rendait-il compte de la confusion et du trouble dans lesquels il venait de la précipiter par ces gestes affectueux tout droit sortis d’un passé révolu ? Croyait-il qu’il pouvait revenir comme ça dans sa vie ? D’un claquement de doigt…
Non, évidemment qu’il ne pensait pas à tout ça, égoïste comme il l’était !
- Ou sinon quoi ? Tu vas te mettre à crier ? demanda-t-il d’un ton narquois.
Sheena ouvrit la bouche pour répliquer, mais Zélos ne lui en laissa pas le loisir. Il la réduisit au silence en l’embrassant fougueusement, coupant court à toutes protestations de sa part. L’invocatrice cessa de respirer, bien trop surprise par l’irréalité de cette scène. Zélos l’enlaçait et l’embrassait alors qu’il allait se marier !
« Pourquoi » fut le seul mot qui lui vint à l’esprit.

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