Le soleil brillait en ce mois d’Avril, dans une petite ville du Japon. Les cerisiers étaient en fleur, comme tous les ans à la même époque. Kisa Emi, 14 ans, rentrait tôt de l’école ce jour là. Ce n’est pas qu’elle était pressée de faire ses devoirs, loin de là, mais ce qui la motivait pour arriver plus vite chez elle, c’était que ce jour là, c’était son anniversaire. Ses parents, encore absents, la laissaient toujours libre de faire ce qu’elle voulait, mais là, c’était différent ; Kisa avait prévu de regarder sa série préférée tout en s’empiffrant de bonbons et de gâteaux. Et personne ne serait là pour la réprimander.
La jeune fille arriva chez elle. Elle habitait une petite maison dans un lotissement, non loin du collège. Un petit jardin, orné de nombreuses fleurs, complétait le tableau. Kisa grimaça, puis tourna la clé dans la serrure du portail, qui s’ouvrit dans un grincement. Elle prit le courrier dans sa boîte aux lettres. Des cartes d’anniversaires, sans doute.… Kisa soupira. Elle détestait tout ce qui était prévu à l’avance, comme le « joyeux anniversaire ! » annuel. La jeune fille entra donc chez elle et referma la porte derrière elle. Puis elle monta dans sa chambre déposer son sac d’école et son courrier. Cette chambre, pas très grande, remplie de livres, de partitions, encombrée par un micro et une guitare, c’était la sienne. Elle admira les posters de groupes de rock célèbres accrochés aux murs, aux côtés d’articles de journal parlant de son groupe préféré, un groupe local, les Tigers Dream… Soudain, une enveloppe qu’elle n’avait pas vue tomba par terre. Kisa la ramassa. Elle était cachetée et ornée d’une rose dorée. Une rose ?... Kisa fixa longtemps le symbole avant de se décider à ouvrir. A l’intérieur, une lettre.

Félicitations, Kisa Emi !
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Vous remportez le prix n°5 !
Pour recevoir votre prix, veuillez entourer votre choix ci-dessous :

*Voulez vous la tourner ? *Ou ne pas la tourner ?

(Ce choix est irréversible. Une fois que vous avez entouré votre réponse, déposez cette lettre dans le deuxième tiroir de votre bureau. Un esprit nommé Horie viendra la chercher. Surtout ne regardez pas dans votre tiroir !)

Kisa, éberluée, regarda la lettre un long moment. Un esprit ? De toute façon, elle n’avait jamais joué à ce genre de jeux… Plus elle observait la lettre, plus elle y voyait un énorme canular. Mais qui ne tente rien n’as rien, songea-t-elle avant de prendre son stylo et d’entourer « Voulez-vous la tourner ? », puis de mettre la lettre dans son tiroir.
Juste pour voir…

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De l’autre côté de la rue, une valise traversa une fenêtre dans un bruit de verre brisé… Hana Kasugano, une petite brune aux yeux noirs, voisine de classe de Kisa, et sa meilleure amie par la même occasion, l’observait en silence. Elle tenait encore à la main l’enveloppe ornée d’une rose d’or à la main… Tremblante, Hana s’approcha pour ouvrir la valise. A l’intérieur, elle découvrit une magnifique poupée habillée de jaune… Délicatement, la jeune fille prit la poupée.
« Qu’elle est belle … » Songea-t-elle.
Puis elle aperçut une clé posée dans la valise… Par réflexe, elle la prit et l’examina. Connaissant bien les poupées, Hana chercha un orifice pour insérer la clé. Elle le trouva au dos de la poupée. Sans bruits, la clé tourna. Et soudain, un flot de lumière inonda la pièce.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! S’écria Hana.

Elle recula vivement, terrifiée. Devant la jeune fille, la poupée marchait maladroitement, comme quelqu’un qui ne s’est pas tenu debout depuis longtemps…

-N’ait pas peur. Je me nomme Kanaria, je suis la seconde poupée Rozen Maiden…Et toi, tu dois être ma nouvelle medium…

Hana, de plus en plus effrayée, regardait la dénommée Kanaria avancer vers elle.
« Si je ne savais pas que c’était une poupée, j’aurais pu la prendre pour une petite fille… »
C’était vrai. La façon de marcher, à présent normale de Kanaria, sa façon de regarder Hana, tout laissait croire à une enfant d’une demi-douzaine d’années. Enfin, Hana décolla son regard de la fascinante poupée et parvint à bégayer :

-Je… Je suis Hana Kasugano.

-Bien, repris la poupée.

Puis elle commença à examiner la chambre. Hana, elle, restait en plan par terre, se demandant ce qu’elle avait à voir là dedans.
« Une poupée qui parle, qui marche, et qui, en plus, me parle de demoiselles roses je sais pas quoi… »
Hana se sentait perdue. Elle s’adressa à la poupée :

-Heu… Kana…ria, tu as dit que j’étais ta nouvelle…medium ? Et c’est quoi, un medium ?

Kanaria se retourna. Elle était en train d’examiner les poupées qui étaient sur le lit d’Hana.
-Un medium, Hana-san, c’est une personne dont ont obligatoirement besoin les Rozen Maiden, les poupées comme moi. Ces humains nous servent de réservoir à énergie, en quelque sorte… Et de l’énergie, nous en avons besoin pour nous combattre.

-Vous…Battre ? Mais pourquoi ? demanda Hana, étonnée.

-Nous battre pour gagner le Alice game ! Répondit Kanaria, comme s’il s’agissait d’une évidence.

-Le Alice game ?

Hana n’en revenait toujours pas. Des poupées kawaii qui se battent ? De mieux en mieux !

-Le Alice game est un jeu entre mes six sœurs et moi. Il consiste à prendre les Rosa Mystica des autres. Celle qui gagne a le droit de rencontrer Père.

Kanaria semblait assez triste en parlant de ça. Devant l’incompréhension d’Hana, la poupée expliqua :

-Notre Père. Notre créateur. Celui qui nous a façonné, qui nous a donné une âme et nous a permis de vivre. Quand aux Rosa Mystica, il s’agit de notre cœur. Si on nous la prend, nous redevenons des poupées normales, sans âmes, incapables de bouger et de parler.
Hana resta bouche bée. En clair, ce jeu consiste à rester la dernière poupée en vie. Quelle cruauté… Hana était bouleversée, ayant oublié sa peur de la poupée. Kanaria se retourna face à Hana.

-Maintenant, Hana, toi qui as été choisie par Pizzicato, mon esprit artificiel, souhaites-tu devenir mon medium, afin de m’aider à gagner le Alice game ?

Kanaria tendit la main vers Hana. A son doigt, se trouvait une bague ornée d’une rose dorée.

-Si tu acceptes, dépose tes lèvres sur la bague Rozen et jure d’être toujours auprès de moi, Kanaria, deuxième Rozen Maiden…

Hana inspira silencieusement, puis s’approcha de la poupée, se baissa et embrassa la bague.

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Au même moment, chez Kisa, Shinku, cinquième Rozen Maiden, déclara d’un air satisfait :

-Merci d’avoir juré, Kisa-san.

La jeune fille, secouée par les événements, regarda d’un drôle d’œil la bague qui était apparue à son doigt. Elle était la preuve du lien entre elle et Shinku… La poupée, quand à elle, s’était mise à examiner la chambre. Soudain, une petite boule de lumière rouge, flottant dans les airs, apparut et tourna autour de Shinku.

-Qu’y a-t-il, Horie ? Demanda la poupée.

L’esprit artificiel était agité. Il tournait plus vite autour de Shinku. Celle-ci ouvrit grand les yeux.

-Kisa-san, as-tu un miroir chez toi ?

-Eh bien… Oui, au grenier.

-Peux-tu m’y emmener ?

Kisa accepta, puis, le plus délicatement du monde, prit la poupée dans ses bras, et marcha en direction du grenier.

-Kisa-san, tu vis seule ? demanda Shinku.

-Non, mes parents travaillent à cette heure… Ils rentreront vers sept heures du soir.

Puis elles arrivèrent au grenier. Là, Kisa se dirigea vers un drap blanc qui semblait recouvrir quelque chose. Elle tira dessus. Un immense miroir apparut, assez grand pour faire passer deux personnes en même temps.

-Celui-ci sera parfait, lâcha Shinku en l’admirant.

-Parfait pour quoi ? Demanda Kisa, de plus en plus inquiète.

Sans répondre, Shinku passa sa main sur la glace du miroir. Avec un léger clapotis, la main de la poupée passa à travers.

-Bon, tu viens ? Dit Shinku à sa medium, agacée.

Sans vraiment réfléchir, Kisa suivit Shinku à l’intérieur du miroir…