La cloche retentit brusquement. Les élèves se levèrent, rangèrent leurs affaires et se précipitèrent dehors. Kisa rentra chez elle en courant, pour demander à ses parents la permission de rester chez Hana quelques jours. Elle était persuadée qu’ils accepteraient, car ils savaient les deux filles inséparables depuis longtemps.
-Emi-san ?
Kisa se retourna. Derrière elle se tenait un jeune garçon aux cheveux bruns mi-longs, assez grand et surtout très mignon.
-Daidoji-san !
Un peu surprise de voir le prince du collège dans un tel endroit, Kisa rougit. Pourtant, jadis Hana et elle furent amies avec Kaito, qui était le cousin de Hana. Mais un jour il partit pour l’étranger et y resta des années. Lorsqu’il en revint, le jeune homme était devenu l’idole qu’il était à présent. Distant et froid depuis, jamais l’amitié que les trois enfants avaient liée n’était revenue. Kisa lui en voulait toujours, mais elle avait su l’oublier…
-Ca fait longtemps, Emi-san !
La jeune fille resta sur ses gardes. Elle avait bien remarqué la bague dorée que Kaito portait autour de son doigt. Elle la regarda avec méfiance.
-Daidoji, qu’est ce qui te prend ?
C’est vrai, quoi ! Songea Kisa. On ne s’est pas adressé la parole depuis des années, et toi tu m’interpelle dans la rue, comme ça !
Soudain, un éclair bleu passa tout près de Kisa. La jeune fille fit un pas en arrière afin d’éviter l’attaque. Mais la créature réattaqua. Cette fois, Kisa ne put l’éviter. Elle allait se faire toucher…
Enfin, elle se serait fait toucher si une tornade de roses n’était pas apparue au dernier moment, repoussant violement l’auteur de l’attaque.
-Sôseiseki ! Cria Shinku en courant.
Kisa venait de comprendre. La chose qui l’avait attaquée était à présent debout devant Kaito et fixait Shinku. La poupée (nommée Sôseiseki, d’après Shinku) était habillée tout de bleu, avec un petit haut-de-forme posé sur sa tête. Ses yeux étaient pairs : L’un rouge, l’autre vert…
-Shinku, allons-nous en d’ici, il commence à y avoir du monde… Supplia Kisa.
La poupée rouge regarda autour d’elle. C’était la vérité : Des badauds commençaient à affluer dans la rue. Kisa prit Shinku dans ses bras et fit demi-tour en courant. Derrière eux, Kaito et Sôseiseki faisaient de même.
De retour chez Hana, Kisa pensait pouvoir souffler un peu ; Grave erreur : Hana, comme Kanaria, étaient introuvables.
-Où on-t-elles bien pu aller ? Se demanda Kisa, en fouillant la chambre des yeux à la recherche d’un indice.
-Kisa-san, viens voir ! S’écria Shinku.
La jeune fille se précipita auprès de la poupée. Celle-ci montrait un grand miroir, en partie caché par un vieux drap.
-Ah non, Shinku ! Pas encore !
Mais la cinquième Rozen Maiden commençait déjà à pénétrer à l’intérieur du miroir…
Un monde désolé. Partout, au milieu des cadavres de poupées désarticulées et des immeubles à moitié détruits. Un avant-goût de fin du monde…
-Je vous attendais !
La voix de Suigintô, à la fois douce et d’une cruauté indescriptible, la rendait unique en son genre. C’était le genre de voix qui vous font frissonner, surtout au milieu de ces décombres…
-C’est toi qui a envoyé Mei-Mei a notre rencontre, Suigintô ? Lança Kanaria, furieuse.
-Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, qu’est ce que ça change ? Dit la poupée avec un sourire détestable.
Hana se tenait derrière Kanaria. Elle s’était laissée entraîner contre son gré dans ce miroir, une fois de plus. Et voilà dans quel pétrin elles se trouvaient !
-Mais si tu m’as appelée, Suigintô, c’est bien pour nous départager, n’est-ce pas ?
La première Rozen Maiden acquiesçât, puis éclata d’un rire de malade. Kanaria en profita pour lancer l’assaut. Hana crut que les deux poupées allaient se télescoper, mais Suigintô para l’attaque de Kanaria avec facilité. Et l’action se répéta, dans l’autre sens, cette fois. Hana, affolée, regardait ce combat, impuissante. C’était clair comme de l’eau de roche que Suigintô avait un avantage très important sur Kanaria, de par sa taille, mais aussi par sa puissance. Alors que Hana serrait les poings, elle aperçut derrière Suigintô, une frêle silhouette. La même que la veille, celle qui s’était tant inquiétée pour la poupée noire. Hana l’observa. Elle semblait mal à l’aise… Mais qui ne le serrait pas face à un combat d’une telle violence ?
Soudain, Kanaria porta un coup plus fort que les autres à Suigintô. Celle-ci, loin d’apprécier, lui rendit son attaque en trois fois plus fort. La deuxième poupée fut envoyée dans les airs. Hana se précipita, mais elle fut repoussée par Suigintô et ses plumes noires. Hana massa sa jambe endolorie, et regarda, sans pouvoir rien faire, Kanaria se fracasser par terre…
Hana se précipita vers Kanaria, les jambes à moitié empêtrées dans un amas de plumes sombres. La poupée ne bougeait plus.
-Kana…ria ???
La voix ne venait pas de Hana, plaquée au sol et les yeux embués par les larmes, mais d’une créature plus petite. Habillée de rose, la petite poupée restait là, debout devant Kanaria. Son regard semblait déterminé, brillant d’une étincelle meurtrière…
-Hina ne va pas laisser passer ça, Suigintô ! Tu ne feras pas de mal à Kanaria-chan !
Aussitôt la petite poupée, apparemment une Rozen Maiden, s’élança à la rencontre de Suigintô à l’aide de fraisiers s’étirant vers la première Rozen Maiden, qui éclata d’un rire mauvais en évitant les attaques impuissantes de la fameuse Hina Ichigo :
-Vous autres êtes tellement stupides…Vos attaques ne m’ont jamais rien fait et ce n’est pas demain que vous remporterez le Alice Game avec ça !
-Arrêtes, Hina ! Hurla Hana, qui ne la connaissait pas du tout, mais qui savait qu’elle était en danger si elle restait si près de Suigintô.
-Aaaaaah ! Cria la poupée que les plumes dévastatrices de la première poupée avait envoyée valser dans les airs.
-Donnes-moi Berrybel, Hina Ichigo, de cette façon je possèderais un esprit artificiel de plus…
La poupée Sadique explosa d’un rire étrangement aigu…
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