Les envoyés du Conseil ne mirent pas longtemps à les retrouver. Deux jours plus tard, cinq dragons atterrirent à proximité du camp et s’ils espéraient provoquer une débandade, ils furent bien déçus. Habitués à Maghnar, le Fléau des Loups se contenta d’observer les nouveaux venus avec curiosité. Le dragon qui semblait mener les autres était un doré de grande envergure et lorsqu’il vit Pendra, il prit la parole d’une voix étrangement douce pour sa taille.
« Etes-vous bien Pendra, descendante de Zaïd ? »
Un murmure surpris parcouru la tribu. Zaïd avait été un chef très connu du Fléau des Loups mais, un jour, il avait disparu subitement avec toute sa famille. Ce fut à partir de là que la tribu commença à tomber en disgrâce. Cela se passait, il y avait environ deux cent ans.
« C’est bien moi, répondit-elle, fière. Je sais pourquoi vous êtes là.
- Bien. Veuillez nous suivre »
Pendra s’était attendu à un châtiment immédiat mais vu la tournure des choses elle laissa tomber la main serrée sur la garde de son épée et suivit, curieuse. Elle grimpa sur l’encolure de Maghnar à l’endroit le plus confortable et ils décolèrent. En quelques instants la plaine retrouva son calme habituel, et personne n’aurait pu se douter que quelques secondes plus tôt, six dragons s’étaient trouvés là.
La Cité Dragon se situait au centre de l’Ile Dragon, une île dont on ne savait plus rien depuis longtemps. La cité aux dimensions titanesques était perchée au sommet d’une montagne, à moitié creusée dans le roc et seulement accessible par voie aérienne. Son point culminant était un palais géant surmonté d’un dôme de pierre sous lequel se réunissait le Conseil. Dans une salle éclairée par des torches, des ombres dorées fixaient leurs regards étranges sur Pendra et Maghnar, immobiles au centre d’un halo de lumière. Le maître du Conseil qui était le dragon le plus âgé de Ménadel, tendit son cou et parla :
« Lorsque Zaïd a trouvé l’œuf de dragon noir, nous avons accepté de lui confier le dragonnet ainsi qu’à sa descendance à la seule et unique condition que sa magie ne soit jamais réveillée. Si nous avons émis ce point et si nous avons fait disparaître les noirs c’est parce que leur magie est trop mystérieuse, trop puissante et trop dangereuse pour les hommes. Aujourd’hui, cette magie est de nouveau active et je me rends compte que nous avons eu tord d’accorder notre confiance à Zaïd et sa famille. »
Maghnar gronda sourdement mais la main de Pendra sur son épaule l’arrêta. A la surprise générale, elle se mit à genoux et implora le dragon d’or d’épargner Maghnar moyennant un service. Le vieux dragon répondit avec une pointe d’ironie mauvaise :
« L’indomptable Pendra est à genoux devant nous, mes frères et peut-être pouvons-nous faire un geste. Très bien, le Conseil vous accorde une dernière chance. Vous devrez nous rapporter un artefact que l’on appelle le Collier Dragon et que nous recherchons depuis maintenant deux siècles. Mais, contrairement à nous, vous n’aurez que six mois pour mener à bien cette mission. »
Le chef du Conseil observait Pendra avec une sorte de sourire, sur d’avoir gagné, quoi qu’il advienne. Bouillante de rage mais soulagée par ce délai, la jeune femme se contenta d’acquiescer puis elle quitta la salle du Conseil, la cité et l’île. Si elle en avait douté, maintenant elle était certaine qu’une atmosphère malsaine plainait sur l’ordre établi des dragons. Elle se jura intérieurement de régler ce problème un jour ou l’autre. Mais pour le moment, elle savourait la caresse du vent sur son visage, juchée sur le dos de Maghnar. Le ciel était le seul endroit où elle se sentait vraiment libre de toute contrainte. Si elle avait eu des ailes, elle aurait passé sa vie en l’air.
Une fois de retour au sein de sa tribu, elle envoya des volontaires récolter des informations sur ce Collier Dragon. |