Le soleil se leva, comme tous les matins, dardant sur les Plaines un rayon rouge sang tel le présage annonciateur du carnage qui allait se dérouler sous sa lumière éclatante. Pendra parcouru d’un regard triste la foule des mercenaires qui allaient mourir pour elle. Son armure d’indifférence s’était effritée le temps d’un regard. Jamais Trènt ne l’avait vu si vulnérable et c’est à ce moment qu’il sut qu’il l’aimait. Elle avait vécu des instants à un point terrible qu’il n’osait l’imaginer et il aurait voulu passer le restant de ses jours à la protéger. Non pas qu’elle eut besoin de lui pour repousser les ennemis mais plutôt pour la défendre des duretés de ce monde. Il la vit brièvement, trop furtivement, comme une enfant égarée qui avait tout perdu et qui se raccrochait à celui qu’elle aimait vraiment encore. Et celui qu’elle aimait ce n’était pas lui. Mais qu’importait, il la suivrait jusqu’à la mort, comme tous les hommes qui avaient eut confiance en elle un seul instant et pour toujours.
Le rêve de Pendra, sa raison de vivre depuis le trépas de ceux qu’elle aimait était de voir les Plaines Mercenaires unies en un seul pays que son père, dans ses fantasmes, avait baptisé Mitas. Mais si tous devait mourir dans cette bataille, à quoi bon s’être donné autant de mal ? Ils l’avaient vu faire des miracles mais cette fois la supériorité numérique serait telle que l’espoir d’obtenir la victoire était bien ténu, qui plus est avec cinq dragons aux ordres de Kalass. Maghnar lui offrit un regard bienveillant et une pensée de réconfort. Elle savait qu’il veillerait toujours sur elle comme il l’avait fait depuis qu’ils s’étaient retrouvés seuls. A cette pensée, son regard se durcit pour retrouver son éclat envoûtant et sa volonté ne fut jamais plus forte.
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