Le réveil sonna. Eichi grogna et se réfugia sous ses couvertures.
Il était encore tôt, les cours ne commenceraient que plus d’une heure plus tard, mais le jeune étudiant avait décidé de prendre de la marge pour pouvoir se réveiller convenablement.
La sonnerie du réveil se remit à sonner quelques instants plus tard. Décidé à dormir pendant encore un bon moment, il l’éteignit et remit la tête sous l’oreiller. Il pouvait enfin se rendormir, le sourire aux lèvres. Un bruit de clés l’intrigua. Il se redressa péniblement, les yeux mis clos, et s’assit au bord de son lit. La porte de sa chambre s’ouvrit.
« EICHI-KUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUN !!!
-gné ? »
Il eu à peine le temps d’ouvrir complètement les yeux qu’il se reçut un énorme coussin sur le visage, le faisant basculer en arrière. Il se cogna la tête au mur juste derrière lui.
« Ohayoooo ! C’est l’heure de se lever !
-… ~quelque peu sonné~
-Chi-kun ?
-RAAAAH MAKOTO !! MAIS T’ES CON !
-Hé ?
-Tu veux me tuer ou quoi ?!
-Nooon, mais sinon tu ne te réveille paaaas ! Et après tu es en retard, comme l’an dernier…
-TU M'ENDORS AVEC TES CONNERIES!!
-Non, la preuve, tu cris. Et quand tu dors, même à moitié, et que t’es pas content, tu marmonne dans ta barbe.
-Mais j’ai pas de…
- <3
-… BAKAAAAAA !! »


Chapitre 8
De rencontres en rencontres
Part1


Vendredi, troisième jour de cours de ce début d’année scolaire.
Une fois encore, Makoto avait réveillé Eichi pour lui éviter tout retard. Ils partirent au lycée en moto, une demi-heure avant le début des cours. Eichi semblait finir sa nuit, la tête posée contre le dos de son ami. Le jeune motard, remarquant qu’il dormait de nouveau, donna subitement un coup de frein bien sec. Eichi se réveilla immédiatement puis, paniqué et énervé contre Makoto, lui donna un coup de casque dans le dos. Ils reprirent ensuite leur route pour le lycée.

« Au fait, c’est quoi encore ce « Chi-kun » ?
-J’ai trouvé ça hier soir avant de me coucher. Tu vas devoir t’y faire, je trouve ça mignon… Tu m’as fait mal ! »

Makoto s’arrêta devant l’espace réservé aux deux roues. Eichi descendit lentement de l’engin et retira son casque. Il soupira, regarda l’entrée du lycée, puis se tourna vers son ami.
« J’vais voir si les deux autres sont déjà là.
-Ok. Surtout ne m’attends pas, j’ai quelques choses à régler.
-Ha ?
-Hai. On se retrouve devant la salle de cours.
-Ok. »

De plus en plus d’élèves arrivaient, les uns après les autres, en groupes de deux ou plus, et l’heure du début des cours approchait. Setsuya et Naoki ne daignaient toujours pas se montrer. Au bout de plusieurs minutes d’attentes, Eichi décida de monter à la salle de cours.
Une jeune demoiselle, les cheveux dans le vent, longs, bruns et brillants, courait vers l’entrée de l’établissement. Deux élèves l’interpelèrent, ses amies l’attendaient un peu plus loin. Elle ralentit en entendant leur appel, regarda en leur direction et les salua.
Après un autre et long soupir, laissant comprendre à quel point cette troisième matinée d’école l’ennuyait, Eichi se retourna. Les deux étudiants entrèrent en collision.
« Ha ! Sumimasen ! s’exclama la jeune lycéenne.
-Iie ! Betsu ni !
-Hai !... Ano…
-… ?
-Tu ne serais pas le troisième année qui dort tout le temps en cours ? Komamura Eichi-kun ?
-Hé ? Tu es en quelle classe ?
-Ano… A-3 !
-Ouais, c’est moi, répondit-il d’un ton embarrassé.
-Toute la classe ne parle que de toi.
-Ah bon ?
-Oui. Certains disent que tu dois être un bon à rien, d’autres ne s’en occupent pas, et certaines trouvent que tu es mignon.
-Ah… sokka… ~léger coup de vent~
-Hai, dit-elle en souriant.»
La sonnerie marquant le début des cours retentit. La jeune femme se retourna vers ses deux amies qui l’attendaient encore. Elle leur fit signe qu’elle arriverait tout de suite. « Euh… ano… à tout à l’heure en cours. » Elle s’éloigna, allant rejoindre ses deux camarades. Elle n’avait parcourut que quelque mètres qu’elle s’arrêta, sourit à Eichi et déclara : « Je m’appelle Itsukagami Tomoyo. Hajimemashite. »
Eichi la regardait s’éloigner petit à petit et se perdre dans la foule.
Le vent continuait de souffler doucement, amenant d’épais et de sombres nuages au dessus de la ville.
Ses cheveux qui perdaient leur apparence matinale semblaient valser en tout sens, un léger sourire se dessina sur son visage. Cette journée sera peut être meilleure qu’il ne pensait.

Les cours s’étaient terminés bien vite. Eichi, Makoto, Naoki et Setsuya, après avoir mangé, se retrouvaient devant l’entrée du lycée. Eichi marchait devant, impatient de rentrer chez lui et de dormir pour rattraper définitivement sa nuit. Il aperçut la jeune lycéenne de sa classe avec qui il avait brièvement parlé avant le début des cours, et lorsque leurs regards se croisèrent, elle lui sourit. Ce sourire fit un certain effet à Eichi qui la regardait s’éloigner sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Soudain, la jeune femme entra en collision avec une autre personne, sans doute plus âgée et bien plus grand. Cette personne était un garçon accompagné de deux autres individus. Il avait les cheveux rasés courts et deux piercings à l’oreille gauche, ses petits yeux plissés sous ses épais sur-cils n’inspiraient que de la méchanceté ainsi que son air désinvolte, il portait un uniforme d’une université de la ville dont les premiers boutons de la chemise étaient défaits et portait quelques bagues argentées, ainsi que des bracelets rouges et noirs. Entre ses doigts de la main droite, il tenait une cigarette entamée depuis peu.
« Ah ! Sumimasen !
-… »
Il l’attrapa par le col de l’uniforme, et à cet instant Eichi revint sur terre. Le membre du trio affichait un regard froid et menaçant, ses deux acolytes avancèrent à ses côtés alors que les deux amies de la demoiselle tentaient d’intervenir. Le rapport de force était trop inégal, et cette situation énerva Eichi au point qu’il décida de s’en mêler. Naoki, Makoto et Setsuya qui le suivait jusque là remarquèrent que leur ami se dirigeait dans la direction, mais il était trop tard pour l’arrêter, puisqu’il s’interposait déjà entre la jeune femme et l’autre individu. Il passa entre les deux complices du premier, retira sa main du col et l’écarta avec audace, puis il passa son bras gauche autour du coup de sa camarade de classe afin de l’éloigner. Ce geste surprit grandement l’adolescente, le trio ainsi que ceux qui regardait se dérouler la scène, guettant l’instant où la situation déraperait pour pouvoir intervenir.
« Qu’est ce que tu fous ? demanda le plus âgé d’un ton froid.
-Ben on devait sortir ensemble elle et moi, donc je la récupère, répondit naturellement Eichi.»
Il fit mine de reprendre son chemin, la jeune femme sous le bras, et baissa légèrement la tête pour murmurer à son oreille : « Joues le jeu. » Elle le regarda, toujours aussi surprise, mais décida de le suivre. A cet instant, l’étudiant agrippa le bras droit d’Eichi, le retourna et lui porta un coup au visage. Eichi lâcha sa camarade et recula sur le coup, posant une main sur son œil gauche. Son adversaire s’approcha de lui, puis une fois à son niveau, lui balança la cigarette dessus.
« Ne fais pas le malin avec moi, gamin. »
Puis il rejoignit les deux autres, concluant qu’il n’avait plus rien à faire ici. Makoto accourut aux côtés de son ami mais s’arrêta bien vite dans son élan, le visage d’Eichi n’était plus le même. Il commença à marcher en direction des trois garçons. La jeune lycéenne essaya de le retenir en lui tenant le bras, mais celui-ci lui fit lâcha prise d’un simple geste. « Hé merde…», pensa Makoto. Son pas s’accélérait petit à petit et son poing se serrait.
« Hé ! T’as oublié quelque chose !
-Quoi encore!? rétorqua le personnage.
-T’as oublié... » Soudain, il prit son élan et se jeta sur son adversaire en se préparant à frapper. «… MON POIG DANS TA GUEULE CONNARD !! »


Makoto, Setsuya, Naoki et cinq autres jeunes filles patientaient dans un des couloirs du lycée. Makoto se tenait adossé contre le mur à côtés d’une porte close, Naoki, face à la porte, attendait assis au pied d’un mur sous des fenêtres ouvertes, Setsuya qui était à la gauche de Naoki regardait à l’extérieur, et les cinq lycéennes restaient à l’écart.
La lumière du soleil qui disparaissait peu à peu derrière d’épais nuages illuminait ce long couloir silencieux, et ce silence devenait de plus en plus pesant. La porte à côté de laquelle était Makoto s’ouvrit enfin. Eichi était sortit de son entrevue avec le principal de l’établissement. Il referma la porte derrière lui puis resta immobile pendant un instant, la main sur la poignée. Lorsqu’il se tourna vers ses camarades, ils découvrirent deux pansements sur son visage, ainsi qu’une mine naturelle, presque relaxée. Naoki s’avança, intrigué.
« Dis, ça va ?
-Bah voui. Pourquoi ?
-Je sais pas, t’as limite l’air normal en fait.
-Et pour quelqu’un qui s’est fait convoqué chez le principal dès le 3ème jour de cours c’est bizarre, reprit Setsuya.
-Sans oublier que ce quelqu’un a envoyé un gars plus grand que lui à l’hosto… ajouta Makoto.
-Ah… bah euh… non, ça va !
-Bon, ça a donné quoi, cette convocation ? demanda Setsuya.
-Et bien, il m’a dit que mon comportement était impardonnable, que se battre devant l’établissement était irresponsable… et puis j’me suis prit un avertissement.
-Nani ??
-T’emballes pas ! Ce n’est qu’un avertissement oral, vu qu’à la base c’était pour défendre une élève du lycée.
-… sokka. »
Une des cinq filles s’avança vers les quatre garçons. Lorsqu’Eichi la vit, il lui sourit, embarrassé, et passa sa main sur sa nuque.
« Ah ? Ano… pour tout à l’heure je…
-Arigato gozaimasu ! coupa-t-elle en se courbant. »
Eichi la regarda étonné. Quand elle se redressa, ses sur-cils fins étaient froncés, mais le teint de ses joues la trahissait. Elle n’osait pas le remercier, car elle avait un peu peur de lui mais l’admirait en même temps.
« Ah ? Euh ! Y’a pas de quoi, c’était rien !
-Iie ! Tu m’as secourut, je me dois de te remercier !
-…
-Et… euh… voilà… »
Les joues de la jeune lycéenne rougissaient à vue d’œil. Eichi l’observa un instant puis soupira, il demeurait encore embarrassé.
« Tu sais, tu n’as pas à me remercier pour ça ! Et puis euh… excuse mon comportement, j’aurais pu être moins impulsif…
-Le jour où il ne sera pas impulsif, qu’on me dessine la Grande Famille Dango sur le visage… murmura Naoki.
-Bien… étant donné qu’on n’a plus rien à faire ici, on peut y aller. Jâ ne ! »
Les quatre garçons saluèrent les cinq filles d’un geste de la main, chacun à sa manière, puis partirent dans le sens opposé. Avant qu’ils ne disparaissent de la vue des lycéennes, Eichi se retourna.
« Au fait, rappel moi ton nom.
-Hai ! Itsukagami Tomoyo desu.
-Alors, fais attention la prochaine fois, Itsukagami. »
Il lui sourit. Ils quittèrent enfin le lycée qui leur paraissait déjà bien animé.