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Geneworld.net>Fan-fictions>Eladris>Voyage au-delà des Etres

PAR ELADRIS

« - J’ai rendez-vous, je ne suis pas libre cet après-midi, fit un homme vêtu d’un costume dernier cri.
- Mais mon chéri, si tu considères un simple rendez-vous comme étant plus important que moi, c’est que tu ne m’aimes plus, répondit une jeune femme sanglotant. »
Elle lui donna une gifle et j’éteignis l’écran immédiatement après.
« - Ah, ces films des années 2000, quels navets, les scénaristes n’avaient vraiment aucune imagination, fis-je en me repositionnant sur mon siège. Enfin, surtout lorsqu’ils essaient de parler de l’amour. Et cette façon de le traiter comme un objet vulgaire, de mode, alors que c’est un sentiment si pur, si chaleureux, si…
- …Magnifique quand on le connaît, fit une voix féminine dans mon dos. »
Je fis tourner d’un sec coup de pieds mon fauteuil pour voir de qui pouvait provenir cette remarque que je jugeai plus que judicieuse.
« - Au rapport Capitaine, me dit-elle pourtant sur un ton d’ordre.
- Rien à signaler Commandant, répondis-je en me levant au garde à vous. Les Anclidiens se tiennent tranquille. Le vaisseau poursuit actuellement sa route vers la colonie. Nous devrions y arriver dans les temps prévus par le plan de vol.
- Quand je pense que cela fait maintenant huit ans que nous naviguons dans l’espace à la recherche de cette planète, lança le Commandant en s’approchant d’un hublot. »
Elle regarda les étoiles, puis se tourna vers la vitre centrale du poste de commande principal dont j’avais la charge. Etant, soi-disant, le meilleur pilote de cette mission, l’honneur de diriger l’Epandoria, notre vaisseau colonial de plus de cinq kilomètres de long, m’était revenu. Ce devait sans doute être plus une excuse pour me faire avaler plus facilement la pilule de perdre huit années de ma vie à piloter un joujou dernière technologie. Quand je pense qu’au départ, je ne voulais qu’une place de pilote d’essai sur des chasseurs terriens, et voilà que l’on m’avait embauché pour la sauver, cette fameuse planète qui m’était si chère.
« - Vous semblez pensif Capitaine, me fit le Commandant.
- En effet, répondis-je sur un ton respectueux. Je pensais à notre mission et au rôle que je suis censé y tenir. J’avoue que cela me laisse quelque peu songeur.
- Votre rôle n’est-il pas suffisant Capitaine ? Demanda le Commandant en se levant avec un air interrogateur.
- Mon rôle me convient très bien pour une mission d’une telle ampleur, Madame, répondis-je respectueusement. Je suis pilote du plus imposant vaisseau de la flotte terrienne. Je dirige cet appareil en direction de la planète la plus proche et habitable de notre mère patrie pour la coloniser. Le voyage de dix ans approche à son terme. Nous avons malheureusement rencontré une espèce extra-terrestre inconnue, les Anclidiens, qui ont profité d’une avarie de notre vaisseau pour nous présenter de manière frappante leurs arguments belliqueux de domination. J’avais alors pu prouver que mes talents de pilotes ne se résumaient pas à appuyer sur des boutons comme un gentil petit toutou pour faire avancer ce gros engin. Les chasseurs sont plus maniables. Je préfère être à leurs commandes, et laisser l’adrénaline et l’instinct guider mes choix, pas un amas de papiers transcrivant mes moindres faits et gestes.
- Voilà un splendide résumé de nos objectifs, fit le Commandant.
- Toutefois, pour être honnête, et c’est l’objet de mes songes depuis quelques temps, mon Commandant, la Terre me manque…un peu, continuai-je.
- Et d’où vient ce sentiment de nostalgie qui semble vous atteindre ? Demanda-t-elle sur un ton plus aimable qu’au départ.
- Je trouve que cela manque de mouvement, fis-je en me mettant en position de combat et en donnant des coups dans le vide. Sur Terre, j’étais dans les commandos spéciaux. Il y avait toujours de l’action. La guerre durait mais au moins je faisais quelque chose. Et puis, je me sentais un peu plus… utile.
- Mouais, j’avoue être dubitative. Je vous connais assez pour avancer que ce n’est pas ça qui vous gêne véritablement. Vous n’avez pas cette âme de guerrier, même si vous savez vous défendre. Vous agissez plus avec votre tête qu’avec vos muscles, ce qui est louable, certes, mais au vu de cela, votre argument ne tient pas. Ce n’est pas l’action qui vous manque mais autre chose. Oubliez un peu votre grade de Capitaine ainsi que l’armée. Que vous arrive-t-il vraiment ?
- C’est vrai, je l’avoue madame. Je…je suis en manque de quelque chose d’important pour moi, fis-je en m’asseyant. Il me manque une présence à mes côtés.
- Racontez-moi tout…Jérémy, osa Johanna avec compassion. Nous sommes humains avant d’être des soldats.
- Voilà, commençai-je un peu soulagé de la perspective de pouvoir enfin me confier. Sur Terre, bien avant le départ de cette mission, j’étais seul et célibataire. Un jour, j’ai rencontré quelqu’un, puis une autre personne, qui avaient les mêmes visions que moi sur les sentiments et l’amitié, que tout cela était le plus important. On était ce qu’on pouvait appeler des véritables amis. On se serrait les coudes, on partageait tout, il y avait cette cohésion si rare chez les humains actuellement. Par tout cela, ils étaient très importants à mes yeux, peut-être même plus qu’on ne le devait habituellement. De plus, j’avais un but à l’époque, celui de devenir pilote de chasseurs interstellaires. Mais pas ceux de l’armée régulière, je vous parle des donkiriens dont j’ai eu l’honneur de prendre les commandes durant l’attaque des Anclidiens. C’était mon rêve, devenir une personne dont l’action permettait de sauver des vies.
- Il est vrai que sans vous, la défense de l’Epandoria aurait été vaine, mais il me semble déceler une autre digression, remarqua le Commandant. Laissez un peu plus parler votre cœur. Nous sommes au beau milieu de l’espace et il n’y a personne pour nous surprendre. Ma pause a débuté voilà de cela dix minutes. Soyez francs, et oubliez les grades, n’hésitez pas à parlez avec franchise. Il faut que nous puissions compter les uns sur les autres. La solidarité doit être un maître mot si nous ne voulons pas reproduire les erreurs passées.
- C’est difficile pour moi Commandant, expliquai-je. J’ai toujours intériorisé les sentiments que j’avais envers les personnes qui m’étaient le plus cher, surtout depuis le début de cette mission qui dure. Mais la solitude ne me fait pas peur.
- Essayez Capitaine, fit le Commandant. Qui ne tente rien n’a rien.
- Je sais Commandant, fis-je. Si vous voulez tout savoir, j’ai accepté cette mission car je serai loin de la Terre. Cela peut paraître étrange de la part d’un soldat attaché à sa planète et donc à ses valeurs, mais j’avoue avoir une raison bien spéciale. Etant célibataire, j’avais bien entendu cherché à ne pas le rester mais je me suis vite rendu compte que les femmes que je côtoyais rassemblait ce que je détestais, avec ce côté superficielle qui m’insupportait. À ce moment, je n’étais pas ce que l’on pouvait appeler un grand séducteur, certes. J’avais donc décidé de faire du sport, beaucoup de sport pour ainsi me forger un corps et un caractère que je repoussais avant, le genre muscle. Si je ne voulais pas finir ma vie seul, je devais suivre les mentalités même si cela allait contre mes principes. Après des mois d’entraînements intensifs, j’avais réussi à atteindre mon but. À ce moment, comme par enchantement, toutes les filles que j’avais eues en vue avant ma période de musculation se rapprochèrent de moi. Etonnant non ? Mais je compris bien vite qu’elles ne m’aimaient que pour mon physique, ce que je repoussais plus que tout, l’amour infondé sur de vrais sentiments. J’étais dégoûté des relations soi-disant amoureuses pour longtemps. Ce moment fut une épreuve très difficile à surpasser, mais mes vrais amis étaient présents et j’ai vite remonté la pente. Je me suis alors engagé dans les commandos où j’ai suivi un entraînement bien plus sévère que celui que je m’étais forcé de suivre. Mais cette fois, mon but était plus honorable, ce qui me donna du cœur à l’ouvrage, je comptais sauver des vies, et pour cela, j’étais fier. Je me sentais utile. Quelques mois plus tard, j’ai voulu entrer dans l’armée de l’air mais je n’ai pas réussi. Il paraissait qu’ils avaient besoin de moi sur le terrain. Finalement, après plusieurs semaines d’attente et voulant de tout cœur fuir la guerre, je me suis embarqué sur l’Epandoria, qui ressemble d’ailleurs à mon plus fidèle ami, même si je n’oublie pas mon chasseur. C’est ma petite histoire.
- Excusez ma question, mais vous êtes là pour une histoire de filles ? Demanda le Commandant.
- Grand dieu non. Vous pensez bien que je ne serais pas parti pour si peu. Comme je vous l’ai dit, j’ai fait ça pour être loin de la Terre. Je savais que je devais diriger un vaisseau transportant des vivres ainsi que des centaines de colons en sommeil cryogénique. Tout ça, je le savais. Mais c’est justement ce que je cherchais.
- J’avoue ne pas vous comprendre, me fit le Commandant. Vous parlez de manière mystérieuse. Je vous sens réservé sur ce sujet, sur la véritable raison de votre présence parmi nous.
- Ce n’est pas difficile à voir, expliquai-je. Mis à part vous, le technicien d’entretien et moi, il n’y a personne de conscient à bord de cet appareil. C’est ça que je recherchais, la solitude.
- La solitude ? S’exclama le Commandant étonnée. Eh bien, on va dire que vous êtes servi. Vous ne devez supporter qu’un technicien qui n’ouvre la bouche que pour demander sa pause et un Commandant de bord, une femme qui plus est, ronchon et qui pose des questions à longueur de journée histoire de rompre la monotonie de ce voyage.
- Ne dites pas ça Commandant, fis-je en prenant une voix plus tendre. A vous entendre, on vous croirait comparée à une porte de prison. Sachez que je ne parle pas à quiconque en toute confiance. Vous m’êtes très sympathique. De plus, nous semblons avoir les mêmes principes. Vous pensez comme moi que l’amour n’est pas un objet ni une « chose ». J’ai le plus grand respect pour vous et votre grade. Et depuis notre départ, même si les conversations n’ont pas fusées, on s’est parfois tenu un peu compagnie.
- Merci Capitaine, conclut le Commandant en rougissant légèrement. Vous me remontez le moral, comme toujours. »
Elle me fit une bise sur la joue puis elle prit la direction de la porte.
« - Co...Commandant ? Appelais-je en me touchant la joue. Pourquoi ce…
- …baiser ? Répondit-elle en souriant. Je ne sais pas. Peut-être que je vous apprécie bien, même plus que ce que j’avais pensé. Vous ne semblez pas comme les autres militaires. Vous avez quelque chose de spécial, de différent. Et aujourd’hui, je m’en suis plus rendu compte que ces derniers mois. »
Elle me fit un clin d’œil puis elle partit dans les couloirs du vaisseau. Plusieurs jours passèrent sans que je ne voie personne. Je passais quasiment toutes mes journées enfermé dans ce poste de pilotage. Ce genre d’isolement m’était familier depuis le départ, j’avais installé mon petit confort, c’était presque plaisant de jeter un œil sur les écrans de contrôle allongé sur sa couche. De toute manière, il ne se passait pas grand-chose. Mes journées se résumaient à contrôler tous les instruments de bord, avant tout les radars longue portée. Normalement, je ne devrais pas être ici, mais plongé dans un profond sommeil, comme tous mes coéquipiers. Toutefois, à cause de cette attaque inattendue de belliqueuses créatures de l’espace, l’ordinateur de bord avait appliqué les consignes d’urgence en réveillant les personnes aptes à s’occuper des divers problèmes en présence. Les moteurs étant touchés, je n’avais pas été le seul à être tiré prématurément de mon sommeil. Et comme il fallait un superviseur, le Commandant Johanna, chef déclaré de cette expédition, était elle aussi parmi nous. Dès l’alerte passée, et notre situation précaire loin derrière, la feuille de route avait changé pour nous trois, nous devions rester éveillés afin de prévoir toute nouvelle attaque ennemie. Cela avait été décidé dans le but de pouvoir réagir plus promptement à une situation que les calculs superficiels qu’un ordinateur, même de dernière génération, ne pouvait véritablement répondre de la meilleure des manières. Voilà pourquoi depuis quatre mois je vivais à bord de ce vaisseau gigantesque, avec pour seule conversation les ordres vocaux que je donnais à l’ordinateur principal.
Le vaisseau continuait son tranquille voyage à travers l’espace. Lorsque l’enivrante contemplation des étoiles à travers la vitre commença à s’émousser quelque peu, et constatant une énième fois que tout fonctionnait correctement, je partis en direction du hangar des vaisseaux de défense. Je n’avais rien d’exceptionnel à faire, donc je me suis mis à réparer mon vaisseau des quelques impacts de tir qu’il avait essuyé. Même en étant un pilote imprévisible, je faisais également quelques erreurs. Et puisqu’il m’était arrivé de passer des journées entières à ne rien faire, je m’étais mis à la mécanique ! Cette première bataille interstellaire aurait pu tourner au vinaigre sans le talent inné de pilotage de Max et de son équipe. C’était un excellent pilote, certes, mais un peu trop orgueilleux à mon goût. Presque pour combattre la solitude de ma situation, je partageais souvent les impressions avec mon chasseur. Il n’était pas très causant, mais savait écouter et acquiescer lorsque je le lui demandai bien ! Et quel grand nombre de conversations nous avons eu sur la proximité qu’il avait entretenue avec le Commandant lors de sa période de réanimation. Mais je pensais comme elle, et mon chasseur devait être d’accord, Max ne s’intéressait à Johanna que pour son physique. Au fil de ces conversations de sourds, je me suis rendu compte petit à petit d’un agréable sentiment de joie lorsque je voyais Johanna. C’était une belle femme, je l’avoue, mais elle semblait posséder cette petite magie que bon nombre de femmes entrées au service de leur pays avaient perdues, cette douceur protectrice, cette force de détermination. Moi qui pensais qu’elle était aussi froide qu’un glaçon, il ne fallait pas juger à la couverture qui nous faisait face. Tel un idiot, j’avais jugé trop vite le livre.
J’étais reparti dans mes longues pensées que je fus vivement secoué par un choc. Il y eut ensuite une décélération brutale, ce qui m’éjecta littéralement au bas de l’escabeau sur lequel je me trouvais. Le juron que je poussai en me frottant le bas du dos fut, malheureusement, étouffé de l’éternelle et singulière alarme, le non moins célèbre que bruyant Alerte Rouge.
« - On manque sérieusement d’imagination pour les signaux d’alerte, fis-je en me relevant rapidement.
- Alerte Rouge, Alerte Rouge, scandèrent en continu les hauts parleurs. »
Je courus en salle des commandes prendre connaissance des causes de cette alarme. Le Commandant y était déjà. Elle essayait de toucher aux boutons sans grands succès.
« - Capitaine, je n’y suis pour rien, dit-elle paniquée. Je venais vous apporter votre déjeuner quand tout s’est allumé.
- On se calme Commandant, fis-je en lui souriant. »
J’appuyai sur un bouton pour stopper les hauts parleurs assourdissants.
« - Ce n’est pas votre faute. Il y a un problème au niveau des moteurs, oui, encore ! J’ai l’impression que nous avons été touchés par quelque chose. C’est étrange car notre trajectoire est parfaite et rien n’apparaît sur les radars, que ce soit à courte ou longue portée. »
Je m’assis aux commandes puis je cherchai le cœur de toute cette agitation. Je ne trouvai pas le problème, car ce fut lui qui me passa littéralement devant les yeux. Une sorte de vaisseau étrange venait de passer à toute vitesse devant la vitre du poste de commande.
« - Je le crois pas, m’énervai-je en tapant un code sur ma montre. Ils sont de retour. »
Le code que je venais d’entrer activa les puces nano-technologiques qui composaient mon uniforme, et agirent au plan moléculaire pour le réorganiser en costume de pilote de mon chasseur. J’adorais cette nouvelle technologie, faisant devenir réel ce que tout petit je ne croyais que cela resterait à jamais fiction.
« - Mais qui est de retour ? Demanda le Commandant éberlué par toute cette agitation.
- Vous ne devinez pas ? Fis-je en montrant du doigt les capteurs de l’écran désormais noirs de vaisseaux divers. Les Anclidiens ! Allez réveiller les colonels Max Mandis et Joey Sanders. Je vais avoir besoin de leur aide. Ce n’est pas une attaque de pacotille qu’ils nous prévoient.
- L’ordinateur a été plus rapide que toi cette fois, dit une voix dans mon dos. »
Je me retournai, presque soulagé d’entendre les deux voix familières, pour voir que mes deux compagnons d’arme attendaient en tenue devant la porte de la salle des commandes.
« - Salut les gars. Content de vous revoir.
- Dans ces circonstances, un peu de compagnie te fera du bien, fit Joey en posant sa main sur mon épaule.
- Bon, on parlera du passé plus tard, interrompit Max en s’énervant. Je crois que nous avons du pain sur la planche ainsi qu’un vaisseau à protéger. Et j’ai faim !
- Tu as raison, avouai-je en me reconcentrant. Alors, Ordinateur, si nécessaire, tu réveilleras l’équipe deux du colonel Sanders. Place le processus de réanimation en standby pour gagner du temps.
- L’ordre est enregistré, répondit l’ordinateur. Tout est paré au réveil de l’équipe d’intervention.
- Bon, ensuite, allume les tourelles de défense et ouvre le hangar quatre. On prendra cette sortie. Commandant, je vous serai gré de vous rendre au poste de contrôle des tourelles du troisième niveau. Ce sont celles qui défendent les absorbeurs de vent solaire. Sans cette énergie, le vaisseau sera inutilisable. Allez, fini les parlotes. Les gars, on a du boulôt.
- Voleur de réplique, fit Max en empruntant le couloir à la suite de Johanna.
- On verra ça plus tard, finis-je en prenant à gauche à une intersection.
- On se voit tout à l’heure Commandant, dit Max en faisant un clin d’œil à Johanna peu avant de me suivre.
- T’as aucune chance avec ce genre de femme, fis-je en courant vers nos vaisseaux. Tu n’y connais rien au romantisme.
- Romantisme mon œil, rétorqua Max. Jérémy, n’oublie pas qu’elle est dans l’armée. Ce genre de femmes, ça aime les muscles et les vrais durs.
- Je le crois pas, me résignai-je en me tapant sur le front. T’es vraiment débile pour croire de pareils trucs.
- Bon, les zigotos, interrompit Joey déjà dans son chasseur. Si vous vouliez vous battre pour une femme, il fallait rester sur Terre. On est là parce qu’on est les meilleurs et qu’on sait garder notre sang froid. Alors, vous arrêtez de penser au Commandant et vous posez vos fesses dans votre cockpit tout de suite. »
Personne n’ajouta un mot à cette répartie. Et dès le cockpit verrouillé, les armes prêtes à démolir du pas-beau de l’espace, notre escadre partit tambour battant vers la bataille.
« - Les dégâts ne sont pas importants, fis-je en analysant les schémas du vaisseau. Joe s’en occupe déjà d’après l’ordinateur de bord. Cela nous laisse une bonne marge de manœuvre.
- Jim, apparemment, nous avons trois escadrilles d’Anclidiens qui semblent s’être répartis des points névralgiques du vaisseau, avança Joey. Attends, non, il y en a une qui s’est divisée en deux, on dirait qu’ils ont trouvé une nouvelle cible.
- Dans la logique des choses, ils vont tenter de nous massacrer les points d’énergie, de communication et des boucliers. Max, occupe-toi du flan gauche et Joey, tu protèges l’avant. Moi, je m’occupe de la station de communication sur le flan supérieur de l’Epandoria. Johanna devrait pouvoir couvrir à elle-seule le flan droit de l’appareil. Apparemment, ils ne sont qu’une petite trentaine, on a encore dû tomber sur une de leurs patrouilles de reconnaissance avancée pour qu’ils tentent de transmettre nos nouvelles coordonnées. Rah, mais quel idiot, j’ai complètement zappé de demander à l’ordinateur de brouiller leurs transmissions. Voilà ce que c’est de tout faire à la rapide !
- Aucun souci de ce côté, fit Johanna par interphone interposé. Je m’en suis occupé dès mon arrivée au poste de défense.
- C’est parfait, merci du soutien. Au retour de cette mission, on définira une nouvelle trajectoire pour avoir plus de chances de ne plus en croiser !
- Reçu, fit Joey. La partie commence, j’attaque les premiers chasseurs ennemis en vue.
- Hey, Capitaine, dit Max en me suivant. Je te parie que je détruis plus d’ennemi que toi durant cette bataille.
- Et tu veux perdre combien ? Demandais-je sûr de moi. Une année de salaire ?
- Disons une permission de rester éveillé et un dîner avec le Commandant, avança-t-il. Même si je suis ton supérieur, tu es le seul habilité à m’accorder ce vœu.
- Hors de question, dis-je. Johanna n’a pas à être l’objet d’un enjeu quelconque.
- Bon, c’est comme tu veux froussard, me provoqua Max en souriant. Et hop, un ennemi de moins. Je prends l’avantage.
- Je marche, finis-je aveuglé par l’adrénaline. »
Une vrille cambrée pour me mettre en position de tir, et la combat s’entama pour ma part. Le combat dura une heure environ, rempli de parades techniques, de tirs dans tous les sens, et d’évitements de tirs ennemis. Johanna remplissait parfaitement sa tache, et lorsque le nombre de nos ennemis commençait à fortement diminuer, elle sut protéger notre appareil des kamikazes. Voyant toutes leurs idées saugrenues d’offensives être repoussées, ils durent être dégoûtés car ils rebroussèrent enfin chemin, et je rentrai pépère au hangar où Johanna et Max attendaient déjà.
« - Alors, fis-je en m’approchant de Max. t’en pense quoi du Capitaine, hein ? Quatorze chasseurs descendus contre huit pour toi, ce n’est pas trop mal, n’est-ce pas ?
- C’est bon, t’as gagné le pari, conclut Max feintant l’échec.
- Quel pari ? Demanda le Commandant. On joue les gros durs Capitaine ?
- C’est le Capitaine qui m’a poussé, fit Max en se mettant entre le Commandant et moi. Il voulait parier qu’il détruirait plus d’ennemis que moi. Et la récompense, c’était une permission et un dîner avec vous. »
Je ne me rendis pas compte immédiatement du coup de poignard dans le dos que Max venait de me donner. Le Commandant resta stupéfait un instant, avant de s’approcher de moi, et prit une voix sulfureuse.
« - Alors comme ça, je ne suis qu’un enjeu pour vous, une simple récompense, dit-elle. Eh bien décidemment !
- Mais…mais non voyons, je…
- Vous me dégoûtez Capitaine, scanda le Commandant en me donnant une gifle. Moi qui vous croyait aimable et au dessus de tout ça. Vous me décevez beaucoup. Mais je sais ce que je vais faire. Colonel Max, je serais ravi de dîner avec vous…dans la salle de projection holographique. Il y a un certain programme que je rêve de tester.
- Non, pas ça, fis-je estomaqué. Pas le dîner romantique avec le coucher de soleil sur une plage que je vous avais offert. C’était pour notre dî…
- Ecoutez Commandant, fit Max en me pointant du doigt. Il en rajoute. Il avait préparé son pari depuis longtemps. C’était prémédité.
- Capitaine, retournez à votre poste, ordonna le Commandant. Quant à vous Colonel Joey, vous êtes de service jusqu’à l’arrivée de ce vaisseau à destination. Vous tiendrez compagnie au capitaine, même s’il semble être en bonne compagnie avec son égo. Venez Max, allons nous préparer pour ce soir.
- Mais…mais, mais, ce n’est pas vrai, fis-je en tombant à genou avant de frapper le sol du poing. Je suis en train de rêver.
- Ça ressemble plus à un cauchemar si tu veux mon avis, fit Joey. T’inquiète, grand, je ne te lâcherai pas. »
Il me tendit la main et m’aida à me relever. Nous retournâmes en salle des commandes et je lui expliquai le fin mot de toute cette histoire.
« - Il ne fallait pas parier, expliqua Joey. Tu sais très bien que Max n’a aucun sens moral. Par contre il a fait très fort. Retourner la situation à son avantage, il fallait le faire.
- T’es du côté de qui ? Demandai-je en allumant le lecteur de musique. Je le supporte plus ce type. Comment il a fait pour se faire enrôler dans cette mission ?
- Tu le sais très bien, continua Joey. Il fallait de bons pilotes pour protéger l’Epandoria. Il était qualifié pour ce genre de combat.
- Joey, je peux te poser une question ?
- Vas-y, je t’écoute.
- On se connaît depuis combien de temps ? Demandai-je en regardant l’immensité de l’espace à travers la vitre, mon hobby préféré. Deux ans dans la même classe pour les briefings et les entraînements de la mission plus les huit ans passés « ensemble » sur ce vaisseau.
- Je dormais la plupart du temps alors tu sais, fit Joey en rigolant.
- Depuis mon apprentissage pour piloter ce vaisseau, tu es mon seul vrai ami. Je ne serais pas parti sans toi. Tu me rappelles un peu mon ami de la Terre, Romain.
- Je sais Jérémy, je sais. Et sache que j’essaierai d’être toujours là pour toi. »
Une brève secousse se fit ressentir puis le technicien, Joe comme je l’avais appelé, en référence à ce fameux bleu de travail dont il ne se séparait jamais, me contacta.
« - Les moteurs sont à nouveau opérationnels, expliqua Joe.
- Okay, c’est du bon boulot. Je vais réactiver les moteurs et nous reprendrons notre route. Va te reposer, dis-je à Joey. C’est fatiguant de tenir plus de deux heures debout après être sorti de ton cocon. Reprends des forces. Tu sais où sont les douches et les couchettes. Moi, je vais me remettre au travail pour trouver une route plus sûre pour la fin du voyage.
- Merci Capitaine, répondit-il en se levant. Ne t’en fais pas Jérémy. Tôt ou tard, tu trouveras la bonne personne. Quant à Max, ne te fais pas de soucis. Il ne tiendra pas très longtemps face à le Commandant. »
Je ne répondis pas à cette remarque. Dès que je fus seul, j’insérai un de mes anciens CD que j’avais emmené de Terre dans le lecteur. C’était une petite faveur que les scientifiques m’avaient accordée. Je mis une petite compilation de mon cru, de bonnes vieilles chansons bien de chez nous, qui savaient transcender l’esprit. Une petite heure me suffit pour calculer une nouvelle trajectoire qui me semblait plus saine de mauvaises rencontres. Ensuite, laissant la musique m’entrainer, je me perdis à nouveau dans l’immensité des étoiles qui défilaient rapidement sous mes yeux.
Pendant ce temps, dans la salle de projection holographique, le Commandant accompagnée du Colonel s’amusaient. Enfin, il n’y en avait au moins un qui s’amusait bien.
« - Je n’en reviens pas de ce que le Capitaine m’a fait, fit Johanna attristée.
- Voyons, fit Max en sortant les victuailles du panier-repas. Vous vous attendiez à quoi ? Jérémy est trop mou et c’est un grand romantique. Il se fait facilement marcher dessus. Ce n’est pas un type pour vous.
- Vous pensez Colonel ? Demanda Johanna d’un coup dubitative. Mais alors, quel serait mon type de mec selon vous ?
- Un type dans mon genre, répondit Max en se levant sûr de lui. Un type fort, fier, et avant tout qui a confiance en lui. Jérémy est un nain par rapport à moi. Il n’a pas mes muscles. Bon, allez, on attaque le petit dîner romantique qu’on en finisse vite. D’ailleurs, vous préférez dans vos quartiers ou celui des officiers ?
- Mais de quoi parlez-vous colonel ? Demanda Johanna.
- Voyons Commandant, lança Max en se rapprochant d’elle. Nous sommes deux grandes personnes consentantes au beau milieu de l’Univers froid et du sable de cette salle holographique. Ça ne vous dirait que je vous réchauffe ? Je suis bouillant.
- D’accord, on fait ça ici, dit Johanna en souriant et en se couchant sur le sol.
- Par terre, ici ? Demanda Max étonné. D’accord, ça me va. Ça rendra la chose plus…exotique. »
Il s’approcha lentement mais sûrement du Commandant. Alors qu’il n’avait plus son bras dans son champ de vision, Johanna prit un verre d’eau qui était posé à terre et le renversa sur la tête du Colonel.
« - Tenez Caporal, voilà de quoi refroidir vos ardeurs, fit le Commandant en se relevant. »
Elle désactiva l’hologramme puis sortit de la salle en riant.
« - Ce n’est pas comme ça que vous m’aurez Colonel, dit Johanna. En attendant la fin du voyage, regagnez donc votre cocon cryogénique. Vous êtes consigné jusqu’à nouvel ordre.
- Super la douche froide, dit-il en se relevant. Bon, heureusement que y’a pas qu’elle. J’ai remarqué une jolie petite brune près de mon cocon. J’espère qu’elle est libre. »
Max retourna dans son cocon sans broncher, et retourna aux rêves contrôlés par ordinateur. Pour ma part, afin de me changer les idées, la douche se trouvait la meilleure des conseillères. Ensuite, n’arrivant pas à tenir en place, j’ai récupéré quelques outils au fond du hangar, et je me suis logiquement remis à bricoler mon vaisseau histoire de le rendre plus maniable. J’avais l’impression d’avoir perdu goût à tout, ma joie de tripatouiller mon vaisseau, d’habitude si prenante, était éteinte. La goutte d’eau qui fit déborder le vase survint avec cet empaffé d’écrou qui ne voulait pas se décrocher.
C’en était trop, laissant tout aux bons soins de Joe, je retournai à mes quartiers en trainant la patte. En arrivant au couloir des officiers, non loin de là, j’entendis Joey qui ronflait. Il dormait à poings fermés. A peine réveillé d’un sommeil cryogénique, le voilà de nouveau endormi. Il ne pensait qu’à dormir celui-là ! C’était relativement normal, le bon vieux sommeil n’avait aucun égal, et c’eut l’agréable effet de me faire rire. Arrivé dans ma chambre à coucher, je sortis de sous mon matelas une vieille photo datant des années 2005. Nous étions déjà en 2026, et comme elle n’était pas protégée contre le temps, comme ces nouvelles photos tirées sur des papiers régénérant, elle commençait à jaunir. Pourtant, on distinguait très bien les cinq personnes qui étaient dessus. Ces cinq personnes semblaient très heureuses et surtout très liées. Je me levai du lit où je m’étais assis. Je retirai de la même cache une seconde photo bien plus récente que la précédente. Sur celle-ci, il y avait sept personnes, toutes aussi rayonnantes que sur l’autre photo.
« - Ah, c’était le bon vieux temps, fis-je en soupirant.
- Capitaine, je peux entrer ? Fit une voix féminine.
- Commandant ? M’étonnai-je en me relevant au garde à vous. Ecoutez Johanna, vous ne devez pas croire Max. je n’ai pas lancé ce stupide pari, c’était son idée…
- Stop, dit-elle calmement. Je sais. Mais tu as quand même accepté. J’avoue que malgré la vérité sue, cela m’a quelque peu choqué.
- J’avais accepté parce que je ne voulais pas qu’il dîne avec vous, fis-je pour me justifier. Oh et puis zut, c’est toujours la même chose. Je ne sais pas me défendre.
- Du calme, fit Johanna en ramassant les deux morceaux de papier que j’avais lâché en la voyant entrer. Qu’est-ce que c’est que ça ? Des photos ?
- Oui Commandant. La première date de 2005 et l’autre de dix jours avant notre départ. Mes amis avaient organisés une fête pour me dire au revoir.
- Lors de notre départ, il était bien spécifié que l’on ne devait emmener que le stricte nécessaire, et très peu d’effets personnels, dit Johanna sereinement. Capitaine, s’il vous plait, racontez-moi l’histoire de ces photos. »
Elle s’assit à mes côtés et je me raclai la gorge pour me préparer à la prose.
« - Sur la plus ancienne se trouve mes quatre meilleurs amis de l’époque. De gauche à droite, on voit Mathieu, Romain, Yannick et Anthony.
- Que des garçons ? Fit le Commandant étonné.
- En fait non, expliquai-je. La personne qui prenait la photo s’appelait Adélaïde et elle était en couple avec Yannick. Elle avait toujours eu horreur d’être prise en photo, alors elle s’était dévouée pour nous prendre. Cette photo a été faite avant que nous partions chacun dans nos facultés respectives. Je voulais un souvenir de mes amis, eux qui m’avaient aidé à devenir ce que j’étais, comme pour figer ce qui était afin que rien de ce qui sera ne puisse le changer. À ce moment, je me moquais bien des filles tant que je les avais eux. Ils étaient tout pour moi, ma vraie famille, jusqu’au jour où tout a basculé…
- Tu n’es pas obligé de continuer si tu veux, fit Johanna en voyant des larmes commencer à couler.
- Non, il faut que ça sorte. Plusieurs années après cette photo, je m’étais reconverti du Droit vers les commandos spéciaux lors de l’éclatement de la Guerre Nucléaire. Cette saleté de guerre entre l’ONU et les membres de la coalition anarchiste, cette union de pays refusant l’union de toute la planète autour d’un même objectif de paix durable. Mon unité patrouillait dans un quartier chaud d’une ville proche de Hong-Kong, que mon équipe était chargée de surveiller en ces temps houleux. C’était une mission de routine, la Chine semblait vouloir réengager les négociations pour se rallier à une cause plus juste. J’étais alors chef d’une équipe de soldats commandos très bien entraînés. J’avais accepté cette mission car je savais qu’un programmateur de ma connaissance y vivait. Il s’agissait de Romain. Il était devenu ce qu’il avait toujours rêvé. Et moi, j’avais aussi fait quelque chose qui me plaisait, malgré l’horreur de la guerre, entrer dans l’armée pour protéger des innocents. Un jour, pendant une de mes permissions, j’ai pu me rendre chez Romain. J’avais pris mes armes car le quartier où il habitait était assez dangereux. Lorsque j’arrivai devant chez lui, la porte était grande ouverte. Sans attendre de réponse à mes appels, je m’avançai à travers les couloirs pour atteindre le salon. Et là, je le vis, juste devant moi, tremblant de peur. Un terroriste le tenait en joue. Quand celui-ci me vit, il se plaça aussitôt derrière Romain pour le tenir comme otage. J’étais entraîné pour contrer ce genre de problème. Je savais qu’il travaillait en collaboration avec les Nations Unies pour certains programmes d’espionnage, mais je ne pensais pas que c’était si important, au point de le mettre en danger. Tentant de garder mon sang-froid, je levai mon arme en direction de mon ami et du terroriste juste derrière et je tirai, comme on me l’avait appris.
- Et que s’est-il passé ensuite ? Demanda Johanna. »
Je fondis en larme mais Johanna passa son bras autour de mon cou et ça eut l’effet d’un électrochoc.
« - Pourquoi t’être arrêté de pleurer aussi vite ? Demanda-t-elle.
- J’ai fait une promesse à un ancien ami, répondis-je en me levant en direction de mon ordinateur personnel que j’allumai.
- Que cherches-tu ? Fit Johanna en se levant à son tour.
- Il va te montrer ce pourquoi il a accepté cette mission, fit Joey en apparaissant à la porte de ma chambre. »
Une page d’un journal apparut alors à l’écran. Johanna s’en approcha et lut les gros titres : « Un jeune concepteur tué dans une prise d’otage. Un Commando n’a rien pu faire pour le sauver. »
« - Tu…tu ne l’as pas sauvé ? Dit-elle en se rasseyant.
- Non, je n’ai pas pu, fis-je en éteignant mon ordi, résigné par tous ces souvenirs. La balle était passée trop près du cœur. Le terroriste avait été tué sur le coup mais mon ami avait été touché à l’une des principales artères. Il allait mourir dans mes bras et il le savait. Il m’a fait jurer de ne pas me souvenir de ça mais je n’oublierais jamais ce que j’ai fait ce jour-là en prenant la décision de tirer. J’ai… J’AI TUE MON MEILLEUR AMI. »
Je détournai la tête afin qu’on ne voit pas mes larmes couler, je ne voulais pas qu’on me voit dans ces moments, faible et me laissant envahir par mes sentiments.
« - Depuis ce jour, continua Joey en posant une main réconfortante sur mon épaule. Jérémy est entré dans l’armée des forces spéciales, rompant ainsi toute relation avec ses amis et proches. Il se tenait pour responsable et craignait de ne pas avoir tout fait pour sauver Romain. Il avait peur que ses amis le tiennent pour responsable de ce qu’il avait fait alors qu’ils le comprenaient mieux que personne. Quand l’ONU décréta une stratégie plus offensive pour mettre fin à ce conflit qui déchirait notre planète, Jérémy sortit de l’armée de terre régulière pour s’inscrire au sein de l’armée de l’Air. C’est là qu’il revit ses anciens amis, son camp d’entraînement étant dans la même ville que celle où ses anciens compagnons s’étaient installés au début de la guerre. Ils se recontactèrent mais de peur que Jérémy ne redisparaisse pour longtemps, ils s’étaient mis d’accord pour ne pas aborder le sujet épineux de Romain. Quant à lui, ce qu’il prenait pour une erreur, il la transcrivait sur les autres, et pensait donc que ses compagnons le tenaient également pour responsable.
- Cela devait être le cas… Enfin, lorsque j’appris qu’un vaisseau colonial allait partir en direction d’une lointaine planète pour l’habiter, fis-je. Je me proposai immédiatement. Je devais oublier cette erreur et le lieu de ce cauchemar.
- Comprends-le Johanna, fit Joey. Quand il est entré dans les commandos, Jérémy a juré à Romain qu’il le protégerait le jour où il serait en danger.
- Et je n’avais jamais manqué à ma parole envers mes amis avant, fis-je. Mais voilà, c’était fait. Et deux ans plus tard, après m’être enrôlé pour la mission coloniale, je fêtais dignement mon départ avec mon nouvel ami, Joey.
- C’est vrai Joey, remarqua Johanna, vous êtes sur la seconde photo. Je reconnais Mathieu, Yannick et Joey ainsi que toi Jérémy mais qui sont les autres ? Il n’y a que des filles après.
- À côté de Yannick, c’est Adélaïde, sa femme, exposai-je. Oui, elle a beaucoup changé ! Ensuite, près de Mathieu c’est une amie très proche, Marion et enfin, entre Joey et moi on voit Marie, ma meilleure amie. J’avais renoué des liens très forts avec eux. Et ils ont promis qu’ils attendraient mon retour dans vingt ans, enfin, dix-sept ans. Parce qu’ils savaient que je ne les reverrai pas de sitôt, Adélaïde et Marion avaient accepté de se faire prendre en photo avec moi. Peu après notre départ, je reçus les derniers encouragements des scientifiques sur Terre ainsi qu’une vidéo supplémentaire et assez inattendue. »
J’appuyai sur un bouton et les lumières s’éteignirent. Il descendit du plafond un écran plat. Une vidéo se mit en route.
« - Allez Jim, hurla Mathieu tout souriant. Bon courage et reviens-nous entier.
- On tient à toi depuis tout ce temps, continua Marion. Tu nous manqueras beaucoup.
- On t’attend, dit Yannick. Je te rappelle qu’Adélaïde est enceinte. Je veux te voir pour les vingt ans de mon fils.
- On t’aime tous beaucoup, finit Adélaïde.
- J’ai pleuré durant des heures quand j’ai vu cette vidéo, fis-je. Ils m’avaient pardonné de ce que j’avais fait à Romain.
- Ils ne t’en ont jamais tenu rigueur, fit Joey. Essaie de te rentrer ça dans le crâne. Ce jour, tu as fait ce que tu as pu. C’était son heure. Et tu lui avais promis de ne plus y penser.
- Eh bien, fit Johanna en me prenant dans ses bras. Tu me caches encore bien des choses Capitaine. »
Sur ces mots, je me laissai un peu aller et nous discutâmes du passé, et de ce que l’on ferait dès notre retour sur Terre.
Il ne se passa absolument rien durant les mois suivants. Telle une petite fleur qui avait peur de s’épanouir, je n’osais pas avouer mes sentiments au Commandant, et de toute manière nous devions rester en alerte au cas où. Lorsque j’ouvris les yeux ce matin-là, la première chose qui me vint bizarrement à l’esprit, c’était le fait que cela faisait plus de neuf ans que nous étions partis. Joey faisait une partie de carte avec Johanna quand je les rejoignis à la cuisine. Je sortis un bol de lait du conteneur de nourriture. Durant ma vie éveillée dans ce vaisseau, je m’étais un peu rationné sur ma dose quotidienne de nutriment donc Joey pouvait rester jusqu’à la fin du voyage avec nous et j’en étais heureux. Certes, il durait plus longtemps que prévu du fait des détours effectués pour éviter les mauvaises rencontres, mais cela a permis à notre petite équipe seule dans l’espace de se rapprocher. Je m’installai à côté de Joey, en face de Johanna. Elle me lança un timide bonjour et je lui répondis par un timide sourire. J’allai ouvrir un paquet de gâteau que je fus projeté en avant. La table stoppa ma chute, assez brutalement, ce qui me coupa le souffle. Etant le pilote, je fus pris de sueurs froides à m’imaginer toutes les horribles possibilités dus à cet arrêt soudain. Sans plus attendre, je me relevai le plus vite possible et avec mes deux coéquipiers, nous partîmes vers la salle de contrôle. Joe était là, regardant fixement devant lui. Je lui passai devant et je m’assis devant la console de contrôle pour faire l’état des lieux.
« - Je ne sais pas d’où peut provenir cet arrêt soudain, fis-je. Tout fonctionne correctement.
- Lève un peu la tête de tes instruments Capitaine, me fit Joe. Nous sommes arrivés à destination.
- Quoi, mais c’est impossible, fis-je en le regardant. D’après le calendrier, nous ne sommes partis que depuis neufs ans et trois mois. Il devrait nous rester au moins neuf mois de voyage, suite au dernier changement de cap effectué il y a deux mois.
- Attends un peu, fit Johanna. C’est tout à fait possible que ce soit Luminia. Je me souviens d’une conversation juste avant de partir, on m’avait averti d’un problème. Les scientifiques avaient émis des doutes sur leurs calculs du temps. Finalement, ils avaient fini par conclure à un voyage de neuf à dix ans. Nous avons bien atteint notre but, pas de doute possible.
- Bon, fis-je en allumant les ordinateurs d’analyse. Asseyez-vous, je m’occupe de poser le coucou et avant tout de faire mes relevés afin de confirmer notre position. »
Après une heure et demi de recherches de constellations ainsi que de relevés provenant de la planète à coloniser, je dus me rendre au fait que c’était bel et bien la planète que nous recherchions.
« - On l’a trouvé, sauta Joe de joie. Enfin, on y est.
- Ma fois c’est vrai, approuvai-je. Bienvenue sur Luminia mes amis. »
Ce nom avait été décidé pour cette planète avant notre départ. Je devais m’en porter garant. Mais avant de descendre sur notre nouvelle patrie, je devais avant tout contrôler que tout allait bien et que l’atterrissage de ce monstre de technologie se déroulerait sans encombre. Mes amis partirent se reposer car ça allait être long. Quatre heures plus tard, Johanna vint m’apporter du café, selon une bonne vieille recette de la Terre.
« - Ouah merci, fis-je après en avoir avalé une bonne gorgée. Ça fait du bien par où ça descend !
- Voilà d’ailleurs une descente que je n’aimerai pas faire à vélo ! Alors cette planète ? Elle est bien ?
- Ecoute, elle est magnifique, expliquai-je en lui montrant des photos provenant d’une sonde envoyée plus tôt. Elle est verdoyante et son atmosphère est suffisamment dense pour que cela empêche les ultraviolets de trop proliférer en-dessous. C’est magnifique de voir une couche d’ozone parfaitement stable et saine. Les météorites, même nombreuses ou grandes, ne pourraient pas passer. Enfin, l’air y est omniprésent et respirable. Il y a une absence d’une quelconque forme de polluants. Ça nous changera de la Terre et la moitié de sa surface inhabitable à cause de la guerre nucléaire. Je réactive les boucliers et je vais me reposer un peu. Demain, on se posera et on pourra réveiller les colons. »
Je sortis de la salle des commandes pour rejoindre mes quartiers. Peu après, ne trouvant pas le sommeil, je partis en direction du hangar où Joe et Joey s’entraidaient pour me faire une petite surprise.
« - Vous faites quoi sur mon vaisseau ? Demandai-je en les voyants sortir de sous mon chasseur recouvert d’une bâche.
- Tadaa, furent-ils en cœur. »
Je n’en croyais pas mes yeux. Ils avaient refait toute la peinture et Joe avait boosté les moteurs et mes armes.
« - C’est un super cadeau, fis-je ému. Merci de tout cœur. C’est vrai que j’y tiens à ce vaisseau. On en a vu de sacrés batailles.
- On savait que ça te ferait plaisir, fit Joey. Pas vrai Joe ? Eh, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
- J’ai mes courbatures d’ancien combattant qui me reviennent, expliqua-t-il pensif. Il ne va pas tarder à y avoir une grande bataille. »
J’allais le traiter de paranoïaque que des secousses se firent brusquement sentir. Je voulus partir en direction de la salle de contrôle, priant de tout cœur que ce ne serait que des météorites mais je fus interrompu par l’alarme qui fut vite remplacé par les cris de Johanna au haut parleur.
« - Jérémy, Joey, les Anclidiens nous on retrouvé, dit-elle. Ils nous attaquent, et cette fois, ils ne font pas semblant.
- Ils sont tant que ça ? Demandai-je en me transformant en pilote suivi de Joey.
- Tu te rappelles la première fois qu’ils nous ont attaqués ? Eh ben, y’en a deux ou trois fois plus.
- Donc ça nous fait au moins trois transporteurs de troupes et environ deux cents chasseurs. Toute leur petite armée à l’air d’avoir fait le déplacement. S’ils appartiennent à un système de planète éloigné, et qu’il s’agit d’une expédition, leur monde d’origine ne sait pas que nous existons. Il faut les détruire afin de maintenir cette ignorance, et que la position de notre nouvelle colonie reste sure et secrète.
- Comment tu peux affirmer tout ça ? Fit Joey en plaçant son casque correctement.
- Lors de la première attaque, j’avais remarqué sur mon radar que seulement le tiers attaquait. Les autres étaient hors de notre champ de vision. De plus, ils nous suivent depuis leur première offensive. Je suppose donc qu’ils n’ont pas prévenu le reste de leur race puisqu’on va dire qu’ils ne sont pas des masses. Bon, on parlera de tout ça plus tard. Ordinateur.
- Oui Jérémy ? Répondit-il.
- Je veux que tu réveilles l’équipe d’intervention une et deux. Prépare leurs chasseurs et arme toutes les tourelles laser. Je veux que tu actives le bouclier déflecteur, et qu’il fonctionne à son maximum. Vu que l’on est arrivé, nous pouvons utiliser toute l’énergie nécessaire à la défense du vaisseau.
- Les soldats sont en train de se réveiller et d’être briefés, leurs chasseurs sont au hangar trois. Ils sont prêts à décoller. Quant au vaisseau, les directives sont en cours d’application.
- Bien, fis-je. Joey, prépare le décollage. »
Je finis à peine ma phrase que j’entendis des bruits dans mon casque. Je compris bien vite que tous ce bruit, c’était les autres pilotes qui se branchaient sur ma fréquence. Ils étaient un peu ronchons mais ils étaient prêts à accomplir leur dure mission.
« - Ici le Capitaine Jim, chef des patrouilles une et deux. Ordonnez aux chasseurs de décoller et formez une barrière protectrice autour du vaisseau par groupe de trois. L’ordre de mission est qu’aucun chasseur ennemi ne doit être à portée de tirs. Je vous transmets les coordonnées des zones de répartition de défense, ainsi que les informations que nous disposons sur nos ennemis.
- Bien reçu Capitaine, me répondit le Caporal de l’unité une.
- C’est pas un peu violent au réveil tout ça ? Fit le second Caporal afin de faire baisser la tension. »
Tout le monde décolla enfin et ils appliquèrent mes instructions à la lettre. Nous étions à trente-deux contre deux cents, mais notre équipe était composée des meilleurs pilotes de la Terre. Nos ennemis furent vite en difficulté face à notre détermination et notre organisation. On les gênait beaucoup dans leur tactique par des offensives très précises, et ils semblaient plus attirés par le fait d’attaquer sans réfléchir, sans doute confortés dans leur sentiment de supériorité. Enfin, quand la voie fut dégagée, Johanna désactiva un temps le bouclier de l’Epandoria, cela lui permit de faire feu avec plusieurs missiles nucléaires qui détruisirent un croiseur ennemi. Ces mêmes missiles qui nous avaient causé tant de tort, ils venaient de prendre par surprise notre adversaire.
La bataille reprit de plus belle. Les deux derniers croiseurs crachèrent tout ce qui leur restait de chasseurs. Quant à nous, très appliqués, nous n’avions pour le moment perdu aucun de nos chasseurs, et j’avouais en être fier. La voie de nouveau libre, je donnai le feu vert à Johanna pour de nouveau lancer une rafale meurtrière, et elle réussit de nouveau à détruire le second vaisseau ennemi. Ma stratégie semblait simple mais terriblement efficace et destructrice pour nos assaillants. Malheureusement, au contraire de ces derniers très résistants, la fatigue se fit vite sentir pour nos hommes tout justes sortis de la cryogénisation. Deux de nos alliés furent sévèrement touchés alors je les rapatriai illico à l’intérieur du vaisseau, les pertes humaines m’étaient inconcevables. Trois autres ne tardèrent pas à les rejoindre. La bataille tournait en notre défaveur. Tentant le tout pour le tout, j’ordonnai à Johanna d’envoyer une dernière salve de missiles, permettant d’anéantir ainsi le dernier vaisseau ennemi au péril de la vie de plusieurs d’entre nous, alors très proches de la trajectoire du tir. Malheureusement, le reste des troupes ennemis ne baissèrent pas les bras et comptaient bien se battre jusqu’au bout. La lutte était acharnée et mon vaisseau était recouvert de brûlures dues aux lasers ennemis qui n’étaient pas passés loin. Ne les ayant jamais vus de face, on ne savait pas tellement à quoi ressemblait cette race, peut-être leur ressemblait-on, ou peut-être étaient-ils des monstres assoiffés de sang avec d’ignobles tentacules qui manipulaient leurs vaisseaux de mort. Cette seconde idée me donnait plus de rage de vaincre que la première, alors je m’y focalisais, presque pour se donner bonne conscience de vouloir défendre notre armada contre une horde d’une nouvelle espèce interplanétaire.
Il ne restait enfin plus qu’une vingtaine d’ennemis, mais nous n’avions plus que trois chasseurs dans notre camp, et cela après des heures de combats intensifs. Tous les autres, plus ou moins touchés, étaient rentrés au vaisseau. Je ne voulais aucun mort dans notre camp. Ces vingt derniers furent rapidement pris de panique avec mon vol groupé en compagnie de Joey. Le troisième de nos chasseurs en détruisit une bonne dizaine avant de rentrer, à cours d’énergie. On se sépara alors pour avoir plus de facilité à détruire les trois derniers chasseurs restant. Je commençai à être sérieusement fatigué. La vie de sédentaire dans un espace réduit, ce n’était pas bon pour l’endurance. Alors que j’éliminais le dernier chasseur en vue, l’un d’eux me prit en chasse. Je n’avais plus assez de puissance pour l’éviter. C’est alors que Joey apparut en face de moi. Il frôla mon aile droite et mon cockpit mais il réussit à détruire le chasseur qui était sur mes talons.
« - T’as gagné le pompon, fis-je. Tu vas recevoir un beau lot.
- Je ne crois pas que je vais pouvoir en profiter. Un des restes du chasseur ennemi a sérieusement endommagé les moteurs de mon appareil. Ma petite pirouette a laissé de sacrés dégâts. Je pars à la dérive.
- Ne t’en fais pas, dis-je avec calme. Je vais t’envoyer un vaisseau de secours.
- Je ne crois pas que t’auras le temps, fit Joey. Je fonce droit sur le bouclier de l’Epandoria.
- QUOI ? Hurlai-je. Attends, bouge pas, je…je vais trouver…
- Ne t’en fais pas, dit-il sereinement. Retourne au vaisseau et accomplis ta mission. Je t’adorais mon ami. Mais jure-moi de demander à Johanna de finir sa vie avec toi.
- Ça, tu peux toujours rêver, fis-je en réaffirmant ma prise sur les commandes de mon appareil. Tu m’as promis de faire l’émissaire alors tu vas tenir ta cacahuète de promesse.
- Qu’as-tu en tête ? T’es devenu fou.
- Je n’ai pas pu sauver Romain le jour où j’aurai enfin pu lui venir en aide, lui rendre tout ce qu’il m’avait donné en m’écoutant, et en m’épaulant. Aujourd’hui, je ne passerai pas à côté de cette occasion pour toi. Celle-là, elle est pour ton souvenir, mon ami. »
Je me rapprochai lentement de son vaisseau. Nous n’étions plus qu’à quelques mètres du bouclier. A sa puissance maximale, ce dernier rempart était destructeur, car il désintégrait littéralement tout objet qui le touchait, et agissait comme un vrai miroir pour toute forme d’énergie concentrée. C’était en repensant à toutes ces caractéristiques qu’une dernière, peut-être, idée saugrenue me vint à l’esprit. Ni une, ni deux, sans plus réfléchir, je passai sous l’appareil de Joey, fit pivoter mon chasseur de manière à ce qu’ils se retrouvent ventre contre ventre. J’activai les réacteurs d’appoint situés sous mon appareil, servant classiquement à l’atterrissage vertical sur le pont d’envol. Mais je les activai à l’envers, faisant en sorte qu’a lieu d’une poussée, il y eut une traction, ce qui colla telle une ventouse nos deux chasseurs ensemble. Sentant le bouclier me friser les poils des fesses, je poussai à fond mes réacteurs qui, dégageant de l’énergie, elle fut repoussée vers mes moteurs qui grillèrent sur le coup, mais l’onde de choc nous permit de repartir dans l’autre sens, vers l’espace infini si apaisant.
La reste fut de la rigolade, Joey riait à perdre haleine tant il n’y avait pas cru, et moi je peinais à reprendre mon souffle, car assez étonnamment, durant toute la manœuvre suicidaire que j’avais effectuée, mes poumons avaient oubliés qu’ils avaient l’autorisation de fonctionner ! Un petit vaisseau de récupération nous prit dans ses filets pour nous ramener tranquillement au hangar, où l’air presque frais de l’atmosphère contrôlée nous fit le plus grand bien. C’était à devenir claustrophobe ces cockpits ! Nous fûmes tous deux accueillis en héros, alors que Joey me remerciait du fond du cœur d’avoir osé être assez con pour avoir risqué ma vie pour sauver la sienne !
« - T’es fou, dit-il. Mais merci quand même. Ça m’aurait franchement fait mal d’être mort sans avoir vue cette petite merveille.
- Tu m’étonnes, fis-je tout sourire. Depuis le temps que tu rêves d’un bon bain dans un lac de montagne, il serait temps d’aller voir ces paysages de cartes postales ! »
Les trente pilotes réveillés restèrent sagement dans les dortoirs, solidement attachés à leurs sièges. À la salle de contrôle, j’étais au poste de pilotage. Autour de moi, il y avait Johanna, Joey et Joe, pas très rassuré sur la suite des évènements, notamment sur la surtension qu’engendrerait la friction due à l’entrée d’atmosphère au niveau des moteurs. Lui priant aimablement de se taire et de conserver son calme, car il allait vraiment finir par nous faire douter, je pressai quelques bouton qui me conférèrent les commandes manuelles du vaisseau. J’allumai enfin les moteurs et nous amorçâmes notre descente au point d’atterrissage prévu par la première sonde envoyée des années plus tôt. Avoir les commandes d’un tel vaisseau au bout des doigts, cela avait quelque chose d’enivrant, mais dès l’entrée plus abrupte dans l’atmosphère dense de Luminia, ce fut plus choquant ! Malgré les quelques secousses, tout se passa sans anicroche, et nous atterrîmes près d’une forêt, dans une large clairière.
Le temps de reprendre mon souffle, je paramétrai les différentes consignes à appliquer dès notre arrivée. Après la dépressurisation des sas, le verrouillage du train d’atterrissage, l’équilibrage du vaisseau par rapport à la gravité et à l’assiette, j’ouvris pour la première fois depuis des années les portes de sortie. Notre petite troupe se leva alors pour rejoindre le centre de cryogénie. Les belles au bois dormant allaient pouvoir enfin se dégourdir les jambes. Je brisais une petite glace protégeant deux leviers fixés sur le tableau de commande. Je les activai puis je pris le micro.
« - Mesdames et messieurs les colons, bonjour, fis-je. Je suis le Capitaine Jérémy et j’ai été votre pilote durant tout ce trajet. Je viens de faire atterrir notre charmant vaisseau sur Luminia. »
Des centaines de cris de joie se firent entendre à travers tout l’appareil.
« - Le temps est ensoleillé, la température est de vingt-et-un degrés, continuai-je. Je viens aussi d’envoyer le message de notre arrivée sur Terre. La réponse devrait nous parvenir d’ici une semaine. Je pense que le prochain vaisseau partira peu de temps après. Maintenant, les soutes vont s’ouvrir et nous pourrons commencer à installer notre campement qui deviendra la capitale de cette planète, une planète vivant dans la paix. »
Joey et Joe m’attrapèrent par les bras et m’emmenèrent dans les couloirs du vaisseau. Nous étions applaudis de toute part, puis suivis vers notre destination finale.
« - On va où là ? Demandai-je pas vraiment étonné.
- Au sas de sortie, fit Joey. Tu nous as emmenés jusqu’ici. Tu auras donc l’honneur de poser le premier le pied sur notre nouvelle planète. »
Je posai la main sur le décodeur digital et la porte extérieure s’ouvrit. Un petit vent frais s’engouffra dans le couloir et la lumière commença par m’éblouir, puis je respirai à grands poumons l’air pur, profitant au maximum de cette liberté retrouvée. J’avançai lentement sur la passerelle puis je posai le pied sur le sol de Luminia.
« - Il y a des années, un homme avait accompli ce même petit pas sur un satellite nommé la Lune. Aujourd’hui, je répéterais ses paroles, qui furent à l’époque et encore aujourd’hui les plus censées en un tel moment. C’est un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité. »
Les cris redoublèrent d’intensité dans mon dos. Et puis ce fut la course à l’herbe fraiche, le vaisseau se vida bien plus vite qu’il ne s’était rempli. Les gens batifolaient un peu partout, profitant de ce merveilleux paysage vierge de toute vie polluée. C’était un nouveau départ, et l’on ne reproduirait pas, je l’espérais du fond du cœur, les mêmes erreurs que le passé. Nos nouvelles technologies respectant la nature nous permettrait de vivre dans ce havre de paix sans pour autant qu’il ne souffre de notre nouvelle présence.
Peu après, malgré l’euphorie, les scientifiques retrouvèrent toute leur attitude dogmatique, les premières tentes se dressèrent, et le déchargement du matériel avait commencé. J’étais au sommet d’une petite colline qui surplombait toute la petite vallée où le vaisseau s’était posé. Joey et Johanna vinrent me rejoindre peu après. Joey prit ma main puis celle de Johanna et ils nous les mirent l’une sur l’autre.
« - J’ai tenu ma promesse, dit-il en souriant. Je vous présente le premier couple né sur Luminia. Putain, c’est la classe, maintenant, je peux mourir en paix !
- Tu vas voir si tu vas mourir, fis-je en lui sautant dessus ! Tu vas voir, si tu meurs, je te préviens, je te tue ! »
Johanna riait aux éclats pendant qu’on se débattait comme de vrais enfants. Dès qu’on fut tous deux complètements crevés, je me relevai et j’allai dans les bras de Johanna. Joey se releva à son tour et il nous prit par les épaules. Le soleil se couchant dans notre dos, Johanna et moi échangèrent notre premier baiser, enfin. Sa tête sur mon épaule, je repensai à tous mes amis sur Terre qui allaient bientôt me rejoindre sur cette nouvelle planète, une planète où tout allait pouvoir recommencer, où tout était fait pour recommencer à zéro.
Il y a longtemps, je pensais qu’il n’y avait pas de place pour moi dans cet Univers. Après avoir bien réfléchi, je compris que je m’étais trompé. Je regardai le ciel et je crus apercevoir la photo de mes amis, la toute première. Les larmes me vinrent aux yeux et Johanna me consola tendrement. Le Capitaine Jim avait accompli sa mission, non pas celle d’amener le vaisseau de l’espoir ici, mais de reprendre confiance en lui et en ses amis, mais surtout en son cœur.

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