La fin de la journée. Niji supportait de moins en moins les cours, pourtant, elle était encore loin d'avoir terminée avec. Pour alléger sa souffrance, elle fit le chemin du retour avec Kyoichi.
« Ce couple à vraiment un problème... » Pensa-t-elle
- Tu ne restes pas avec Izumi ? Demanda-t-elle pour débuter la conversation.
- Son père est venu la chercher, alors j'ai préféré marcher.
Les secondes défilèrent et un silence s'imposa. Après un long moment d'hésitation, Kyo reprit la conversation.
- Dis moi, Niji, tu sais ce qu'elle a, Izumi ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles
« Et là, les choses se gâtent » continua-t-elle de penser.
- Depuis ce midi, elle n'arrête pas de me demander si je l'aime, si je regardais d'autres filles qu'elle, si j'avais changé, si je resterai avec elle toute ma vie... Je me demande ce qu'elle a, si elle t'a parlée de quelque chose. J'aurais bien aimé comprendre ce que j'ai fait pour la mettre dans cet état.
Niji s'imagina l'interrogatoire forcé d'Izumi à la cantine, cela devait être comique, mais elle plaignit Kyoichi.
- Ne t'en fais pas. Elle était dans une mauvaise période. En ce moment, le taux de célibat chez les filles à doubler en une semaine dans la classe. Elle a eu peur.
- C'est tout ? Tu es sûre ?
- Mais oui, tu connais Izumi, elle se prend la tête pour pas grande chose. Reste comme tu es et sois toujours franc avec elle. Dis toi que c'est ça manière à elle de te montrer à quelle point elle s'accroche à toi. Réconforta-t-elle.
Kyo retrouva le sourire. Il remercia plusieurs fois Niji, puis rentra chez lui. Quant à elle, Niji continua son avancée. C'était la fin de la semaine. Elle ne voulait pas rentrer tout de suite chez elle, sachant qu'elle serait seule pendant un petit moment, connaissant sa mère qui traînait toujours tous les vendredis. Elle décida d'aller chez Sunako-san. D'après l'adresse, elle vivait à l'extérieur de la ville. Elle mit près d'une demi-heure à trouver la résidence. Pourtant, c'était la plus voyante, la plus grande, le plus somptueuse de toutes les villas dans les parages. Devant de grande porte de plus de trois mètres de hauts pour cinq mètres de larges, laissant apercevoir un grand jardin magnifique, Niji restait planter devant, le doigt sur la sonnette. Qu'allait-il se passer si elle appuyait ? Une sirène d'alarme retentirait ? Une meute de chiens l’agresserait ? Elle appuya. Un instant plus tard, les portes s'ouvrirent. Prudente, elle entra et avança tout droit, vers ce qu'elle supposa être l'entrée du palace. Près de l'entré se dressait des escaliers au bout desquelles une jeune femme en tenue de bonne attendait.
- Bienvenue à la résidence Suzuki.
« Résidence Suzuki?? » Répéta-t-elle dans sa tête. Kaname Suzuki était un grand patron d'une chaîne d'hôtels de luxe dans le monde.
- Mademoiselle Suzuki Sunako vous attend avec impatience. Précisa la jeune femme.
Niji acquiesça et entra. L'entrée était incroyable mais surtout grande. Elle se sentit aussitôt toute petite. En face d'elle une poupée vient se jeter à elle.
- Je suis ravie de vous revoir, ma sauveuse. Merci d'avoir accepté mon invitation.
- Je t'en pris, mais tu peux m'appeler Niji. Dit-elle en rougissant.
Sunako la prit par le bras et l'entraîna. Elle lui fit le tour du propriétaire. Il lui fallut plus d'une demie heure pour voir toute la maison. Si elle était toute seule, Niji se serait perdue au moins cinq fois. Quatre chambres et autant de salles de bain, trois salles de séjour, deux salles à manger, trois bureaux, une salle de jeux, une salle de concert, deux bibliothèques avec plus de trois milles livres dans chaque salle et cinq salles traditionnelles japonaises. Un véritable château. Pour finir, Sunako emmena Niji passer un peu plus de temps dans l'une des salles de séjour, où le thé était servit. Niji profita pour mieux connaître son hôte.
- Suzuki-san, tu as quel âge ?
- Oh, mais tu sais, tu peux m'appeler Sunako, ça ne me dérange pas. J'ai onze ans.
« Onze ans ?!?! » se répéta-t-elle mentalement. « Impossible. Quand je l'ai vu hier et ce matin, elle en avait quinze. Mais à la voir maintenant avec sa magnifique robe de poupée, on peux même lui donner neuf ». Niji l'avouait elle même. Si Sunako n'était pas venue vers elle, elle ne l'aurait pas reconnue. Toutefois, elle la trouvait très mignonne dans sa tenue de princesse, une longue robe rose avec des fleurs et des nœux un peu partout.
- Et toi, reprit Sunako, tu as quel age.
- Quinze.
- Oooh, comme Aniki. Dit elle avec un sourire.
A part le père de la famille, c'était le seul membre des Suzuki que Niji connaissait. Suivant la remarque de Sunako, elle avait un grand frère de son age. Niji complétait mentalement l'arbre généalogique. Soudainement, Sunako s'absenta. Prise d'en une incompréhension, Niji regarda autour d'elle. Une autre porte que celle que Niji avait prise s'ouvrit. La jeune servante de l'entrée apparut.
- Re-bonjour. Déclara-t-elle avec un grand sourire.
- Bonjour. Répondit Niji en s'inclinant.
La jeune femme se permit de s'asseoir près de Niji.
- Mademoiselle est très enthousiaste.
- Un peu trop. Avoua Niji en baissant les yeux de peur d'être réprimé dans cette demeure.
- Vous savez, malgré les apparences, elle ne l'est pas toujours. C'est même rare. Mademoiselle reste confinée dans ses appartements à jouer avec ses peluches où à rêvasser. Je suis sa seule confidente dans ses lieux. Madame et Monsieur sont souvent en voyage et je suis sa gouvernante qu'elle considère comme sa grande soeur. Sachez que depuis hier, elle n'arrêtait pas de parler de vous avec une grande admiration. Lorsqu'elle m'a décrit votre uniforme, je l'ai informé de quel lycée vous étiez. Vous savez, elle était si heureuse de vous avoir rencontrer et votre gentillesse l'a marqué au plus profond d'elle même.
Niji se douta qu'être une gosse de riche n'était pas simple. Les parents toujours en voyage, elle n'a que l'amour d'une simple gouvernante qui pourrait être sa grande soeur.
- Elle est au collège. Demanda Niji.
- Elle en a le niveau, du moins, c'est ce que disent ses précepteurs.
Bien évidemment la gamine ne pouvait aller dans une école publique.
La gouvernante décrivit la fillette et pria à Niji de ne lui faire aucun mal. Ses sourires étaient rares alors qu'ils étaient ravissants. Sunako prit Niji comme une idole et toute idole ne doit pas décevoir. Niji fut tellement touché par la déclaration de la jeune femme qu'elle lui promit d'être là pour Sunako. Celle ci, prit Niji dans ses bras et la remercia. Puis la relâcha brutalement et s'excusa en s'agenouillant pour son acte indiscipliné.
- Ce qui c'est passé hier, continua la jeune femme, ce n'était qu'un énième enlèvement de Mademoiselle. Alors que nous étions en promenade, Mademoiselle m'a échappé de ma surveillance, comme à son habitude. Sans vous, on peut très bien imaginer le pire. Je vous remercie du fond du coeur.
Tous ces remerciements étaient un peu trop pour elle. L'ambiance se calma jusqu'à ce qu'elles entendent un cri venant de la maison.
- Mademoiselle !! Hurla la jeune femme
Aussitôt Niji s'empressa vers la sortie et courut en direction du cri. Elle s'arrêta devant une salle, suivit de près par la gouvernante.
- Ce sont les toilettes, indiqua cette dernière.
Calmement, Niji toqua à la porte.
- Sunako-chan, c'est Niji avec ta grande soeur. On peut rentrer ?
Niji entendait des sanglots. D'une toute petite voix Sunako accepta. Doucement, Niji ouvrit la porte, la servante à ses talons. Niji inspecta les lieux. La petite était toute seule, tout était en ordre, aucune tentative d'enlèvement en vue. Elle était assise sur la cuvette, repliée sur elle même.
- Mademoiselle, que ce passe-t-il? Demanda la gouvernante avec inquiétude.
- Onee-chan... je saigne... Répondit-elle entre deux reniflements. |