N'oubliez pas, les répliques entre crochets sont sensées être [en italique] !
Bonne lecture
Résumé : Chapitre 1 à 2
En Adamantÿa, aussi loin que remontent nos souvenirs, la Noblesse contrôle le Peuple. En effet, les Nobles possèdent un pouvoir, souvent propre à chacun. Quelques habitants du Peuple naissent parfois doués d’un pouvoir ; ils sont alors poursuivis par la Noblesse. C’est le cas de nos jeunes héros – Lloyd & Isaac, jumeaux de 19 ans – et de leurs parents. Ils habitent à l’ouest du royaume, et possèdent un secret caché dans un cimetière derrière leur maison. Des Nobles essaient de temps à autre de le découvrir, mais sont souvent interceptés par Lloyd, Isaac et un de leurs parents, grâce au pouvoir du père des jumeaux qui est de sentir l’approche de personnes dotées de pouvoir.
En cette fraîche nuit d’automne, nos héros ont réussi, après un bref combat, à capturer une Doublée, c’est-à-dire une Noble possédant deux pouvoirs. Lloyd, qui peut connaître les pouvoirs des autres en un seul coup d’œil, en avait informé son père et son frère Isaac, qui grâce à sa maîtrise des éléments, a pu congeler la Noble. De retour à leur maison, après un thé bien chaud, nos jeunes héros se dirigent vers une pièce du sous-sol pour que leur mère puisse identifier la Doublée grâce à son pouvoir.
En chemin, Isaac et Lloyd remarquent en lisant un livre intitulé « Adamantÿa, de mémoire d’homme » qu’il manque des pages concernant le Sol ! En effet, lorsque le Sol est touché par des êtres humains, il entraîne leur mort, après d’atroces souffrances.
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Isaac et moi tendions l’oreille, nous demandant pourquoi nos parents se disputaient. Il était rare de les entendre se parler ainsi, néanmoins l’atmosphère tendue qui paraissait régner dans la pièce ne devait pas y être pour rien.
Papa chuchota quelque chose à l’oreille de Maman, qui acquiesça et répliqua :
- Te rends-tu compte du risque que tu leur as fait prendre ? Ils auraient pu se faire toucher par les aiguilles ! Si cela avait été le cas, imagine dans quels draps nous serions !
- Ne t’en fais pas, Sara, je connaissais le danger que cela représentait. Mais ils sont grands maintenant, tu ne dois plus les traiter comme des gamins.
- Peut-être, mais tu aurais tout de même pu combattre avec eux.
- Ils s’en sont formidablement bien tirés ce soir, tu sais. C’est la première fois qu’ils affrontent une Doublée, et ils l’ont mise hors d’état de nuire en deux temps trois mouvements. Cela m’a d’ailleurs étonné…
- Tu sais très bien que ce n’est pas n’importe quelle Doublée ! Je te préviens, la prochaine fois je viens avec vous. J’épaulerai Lloyd.
- Et qui veillera sur le cimetière ? Hors de question qu’on le laisse sans surveillance.
- Dans ce cas, tu le surveilleras et je les accompagnerai.
- Nous en reparlerons au calme ce soir. Vous pouvez rentrer, les garçons.
Grâce à son pouvoir, notre père nous avait sûrement repérés dès le début. Sentir lorsque des personnes possédant un pouvoir s’approchaient nous avait été très utile, quand nous étions sans cesse poursuivis.
- [Je suis sûr qu’ils parlaient d’autres choses avant que nous arrivions], me dit mentalement Isaac. [Essaie de convaincre Maman de tout te raconter, je me charge de Papa. Et n’oublie pas que nous devons lui parler des pages !]
Me voyant acquiescer, il poussa la porte d’entrée de la petite pièce. Comme beaucoup de salles de la maison, celle-ci disposait d’une bibliothèque qui occupait entièrement un de ses flancs. De belles chaises rembourrées, posées sur un grand tapis écarlate ou bien à même la pierre fraîche, permettaient de lire confortablement. Rien ne venait perturber l’harmonie des murs couleur ocre, exceptée une tapisserie sur celui d’en face, qui camouflait un passage menant, après un long corridor, à un petit champ de coquelicots situé quelques mètres après le mur du jardin. Nous jouions beaucoup à cache-cache quand nous étions petits, et cette issue était grandement utile pour échapper à son poursuivant. Un long bureau était disposé dans un coin, à gauche de l’entrée. Nos parents l’ayant dégagé, Isaac y déposa la Noble de façon assez délicate – ce qui me surprit énormément – et la décongela. Elle semblait inanimée pour l’instant, mais ne tarderait pas à se réveiller. Il fallait que Maman agisse vite.
Une fois à l’intérieur de la pièce, je pris soin de refermer la large porte en bois massif, ce qui évitait au froid d’entrer. Quatre bougies et deux torches nous permettaient de distinguer la Noble de façon suffisante. Dans la faible clarté de la salle, Maman se tourna vers nous et nous dit :
- Les garçons, je ne veux aucune question concernant la discussion entre votre père et moi-même. De toute façon nous n’y répondrions pas. Maintenant je vais toucher la Noble, même si c’est inutile car nous connaissons déjà son identité. Pendant les deux minutes durant lesquelles je vais rester inanimée, si elle se réveille, je veux que vous filiez le plus loin possible par le passage des coquelicots. Après, allez au cimetière sans vous faire suivre. C’est extrêmement important !
- Mais, et Papa… ? répliquai-je.
- Je resterai ici pour retenir la Noble. Ne vous en faites pas les gars, vous savez de quoi est capable votre vieux père ! ajouta-t-il en riant.
- Mikael, ne dis pas que tu es vieux, tu vas me donner des complexes ! répondit Maman, le sourire en coin. Bon, dépêchons-nous. Nous savons de quoi elle est capable, et nous n’avons plus beaucoup de temps devant nous. Ce qui est étonnant, c’est la facilité avec laquelle vous l’avez capturée. Je vais tâcher d’en savoir un peu plus.
Sur ce, elle ôta ses légers gants gris et s’approcha de la Noble. Le regard dans le vague, elle invoqua son pouvoir. La voir à l’action nous laissait toujours perplexes, Isaac et moi. Un tel déchaînement d’énergie était toujours impressionnant ! Le pouvoir d’Isaac était totalement différent, car bien plus subtil. Manier les éléments demandait une maîtrise de soi quasi-parfaite. Quant à mon pouvoir… je n’avais pas grand-chose à faire. Connaître le pouvoir des Nobles était certes très pratique, toutefois je ne me sentais pas vraiment d’une grande utilité…
Cinq ans plus tôt, pour notre quatorzième anniversaire, nos parents nous avaient emmenés tout à fait à l’est d’Adamantÿa. Je me rappellerai toute ma vie de cette excursion. Après deux bonnes semaines de voyage à cheval, nous étions, Isaac et moi, exténués.
- Maman, s’il te plaît, arrêtons-nous. Je ne sens plus mes jambes, avais-je dit.
- Ne t’en fais pas Lloyd. Je suis sûre que dès que nous aurons atteint le sommet de cette colline que tu vois là-bas, vous ne ressentirez plus la fatigue !
J’en doutais, mais ne répliquai pas. Le paysage était particulier ; les quelques arbres cantonnés au bord du chemin étaient resplendissants, leur beau feuillage de début d’été remuant légèrement au gré du vent. Des champs de fleurs et de céréales rendaient le paysage coloré. On apercevait loin derrière nous le dernier petit village que nous avions traversé deux heures plus tôt. Je remarquai alors que plus nous gravissions la colline, plus les arbres devenaient nombreux. Bientôt, nous avions pénétré dans une immense forêt. Le soleil, pourtant si brillant en ce bel après-midi, n’arrivait pas à percer l’épais tapis de branchages au dessus de nos têtes. Quelques instants plus tard, ce fut au tour d’Isaac de se plaindre :
- Papa ! Je n’en peux plus. C’est la première fois que nous voyageons autant ! On ne s’est même pas arrêtés au village pour acheter à manger. On arrive bientôt ?
- Calmez-vous les enfants, nous sommes effectivement presque arrivés. Après avoir franchi le sommet de la colline, vous apercevrez notre destination.
Cette ascension fut une des plus pénibles de ma vie. Mes jambes me faisaient atrocement souffrir, et mes bras tenaient avec difficulté la bride de mon cheval. Mes paupières étaient lourdes, et je sentais qu’Isaac aussi était épuisé.
C’est alors que j’atteignis le sommet de la colline.
Le paysage était époustouflant. La forêt avait laissé place à une grande clairière, si promptement que je ne m’en étais même pas rendu compte. De majestueuses falaises se découpaient à l’horizon, encadrant une vallée dans laquelle serpentait une belle rivière. De petits bosquets parsemaient le vallon, et des petites taches dans les prés signalaient la présence d’animaux. Presque adossée à la falaise, au creux d’un bras de la rivière, une petite maison de pierre à l’aspect rustique rendait la vue tout à fait pittoresque. Je devinai que c’était là notre destination.
- C’est tout simplement MA-GNI-FI-QUE ! s’écria Isaac, après m’avoir rejoint. Dépêchons-nous, il me tarde d’arriver !
Sans pour autant m’exprimer, je n’en pensais pas moins. Je me sentis de nouveau débordant d’énergie, et lançai mon cheval au grand trot sur le petit chemin de terre qui circulait à travers les champs.
Le plus étrange dans tout ça était que nous ne savions même pas qui nous allions trouver dans cette maison, car nos parents n’avaient rien voulu nous dire. La contrée était tellement superbe que je me souviens n’avoir pas vu le temps passer durant le parcours nous séparant de la maison.
Une fois à l’entrée de ce qui semblait être un petit jardin, nos parents prirent le temps de nous parler :
- Les enfants, nous allons arriver à destination, avait dit mon père. Nous voici devant la demeure de votre oncle Kelt et de sa femme Laomi. Kelt est mon grand frère, et il ne sait pas que j’ai des enfants, car je ne l’ai pas vu depuis un peu moins de quinze ans. Soyez polis comme vous le seriez avec un Noble. C’est clair ?
- Papa, a-t-il un pouvoir comme toi ? demandai-je.
- Bonne question, Lloyd. Je te fais confiance, tu le sauras bien assez tôt, n’est-ce pas ?
- [Tu me le diras dès que tu te réveilleras, hein !] me dit Isaac.
- [Bien sûr, patate !]
En effet, lorsque nous avions quatorze ans, nous n’avions pas une si bonne maîtrise de nos pouvoirs. Je me rappelle que découvrir le pouvoir de quelqu’un me faisait légèrement défaillir, car l’énergie demandée était plutôt importante pour mon âge. Isaac ne maniait alors que l’eau – son élément de prédilection – et le feu.
Ayant attaché nos chevaux, nous pénétrâmes à pied dans le jardin et, après avoir franchi un pont de pierre qui enjambait un petit bras de rivière, nous découvrîmes la maison.
Tassée sur elle-même, elle semblait moins étroite que la nôtre car, ne possédant pas d’étage, elle s’étalait sur une bonne surface. La cheminée de briques s’élevait haut au dessus de la demeure, mais ne fumait pas. Il faisait en effet assez doux, c’est pourquoi nous ne portions pas nos vestes. Les murs épais devaient isoler l’habitation en hiver, et semblaient pouvoir résister à l’assaut des bourrasques d’automne, violentes dans cette partie du royaume.
Le jardin, quant à lui, était merveilleux. D’un potager sur la gauche émanaient des odeurs très attrayantes. Des massifs de fleurs de toutes les couleurs égayaient le décor. Plusieurs petits ponts similaires à celui que nous avions traversé en entrant franchissaient l’eau claire et douce de la petite rivière. Des arbrisseaux procuraient des endroits d’ombre où des bancs permettaient de se reposer.
Contemplant ce lieu fantastique, je ne m’étais même pas rendu compte que mon père serrait déjà dans ses bras un homme de presque cinquante ans. Ses cheveux grisonnant sur les tempes, un peu moins courts que ceux de mon père, il restait malgré son âge assez avancé, plutôt imposant physiquement.
Une première chose me choqua : ses vêtements. Il ne portait pas la tenue attribuée aux gens du Peuple ! Son long et ample pantalon noir paraissait faciliter ses mouvements. Le haut blanc qu’il portait était immaculé. À sa main droite, il tenait une sorte de veston noir qu’il avait dû quitter tant il faisait doux dans ce recoin de la vallée.
Ensuite, je remarquai qu’il dégageait une aura fantastique. Même si Papa avait de quoi intimider, son frère Kelt, car c’était lui, donnait l’impression d’être calme et posé en toute circonstance. Une telle aura ne pouvait signifier qu’une seule chose : il possédait bien un pouvoir. Je commençai alors à me concentrer pour essayer de le déterminer.
- Mikael ! Qu’est-ce que je suis heureux de te voir, après ces quinze années d’absence. Dis-moi, quel bon vent t’amène ici ? Mais que vois-je… ? Sara ! s’écria-t-il en la prenant à son tour dans ses bras puissants. Laomi ! Viens voir tout de suite, Sara et Mikael sont venus nous rendre visite. Je me demande en quel honneur !
J’ouvris les yeux. Un regard vers Kelt et tout devint clair. Me sentant défaillir, j’essayai d’appeler mon frère mentalement.
- [Isaac…]
Puis ce fut le noir. Quand je rouvris les yeux, j’étais dans les bras de mon frère. Je n’avais pas dû rester inconscient très longtemps, une dizaine de secondes tout au plus, car je remarquai que Kelt se tournait vers moi.
- Mikael, quelle sacrée surprise ! s’égaya Kelt. Laomi ! Ils ont amené des bambins ! Des jumeaux, qui plus est. Dépêche-toi voyons !
- [Lloyd, quel est son pouvoir ?] me questionna mon frère.
- [C’est un maître d’armes, Isaac. Maintenant j’ai compris, Papa et Maman veulent nous spécialiser dans la maîtrise d’une arme. Je me demande seulement pourquoi…]
- Votre père vous a sûrement parlé de ma femme et moi. Entrez, je vous en prie. À être si longue, je parierais que Laomi est en train de vous concocter du thé maison.
Maman toucha la Noble. Avant de sombrer dans son inconscience momentanée, durant laquelle elle glanait toutes les informations nécessaires dans l’esprit de la personne qu’elle avait touchée, elle jeta un coup d’œil à mon père, confirmant du regard l’identité de la personne allongée sur le bureau.
Papa déposa Maman, alors inanimée, sur une chaise, loin du bureau.
- Les enfants, cette personne que nous avons capturée ce soir est une des Nobles les plus importantes de la cour de Sieur Edgy. Si nous procédons comme d’habitude, cela risque de nous attirer de gros ennuis. C’est pourtant ce que nous allons faire, car il est inconcevable de la laisser retourner au château, et la tuer s’avèrerait difficile. La journée de demain risque d’être mouvementée.
Quand nous capturions une personne de la sorte, Maman l’identifiait grâce à son pouvoir. Ensuite, s’il s’agissait d’un Noble possédant un seul pouvoir, nous l’emmenions chez nos voisins, qui dépêchaient une charrette et transportaient le captif chez notre oncle Kelt, à l’est du royaume. Nous ne savions pas alors ce que le prisonnier devenait. S’il s’agissait d’une personne sans pouvoir, mon père et ma mère l’emmenaient dans le cimetière. Son sort nous était aussi inconnu, même s’il était fort probable qu’il finisse par y mourir. Seulement, ce soir, la Noble était une Doublée, ce qui allait forcément compliquer les choses.
Dans le salon, une douce odeur de thé au jasmin commençait à se répandre. L’oncle Kelt n’attendit pas sa femme pour commencer à nous bombarder de questions.
- Comment vous appelez-vous, les enfants ?
- Je m’appelle Isaac, et voici Lloyd.
- Mikael, tu m’avais caché que Sara était enceinte lorsque nous nous sommes quittés il y a presque quinze ans.
- Je ne le savais pas moi-même, Kelt, intervint Maman.
- C’est bien ce que je pensais ! Et depuis le temps, vous avez trouvé un logement fixe, ou bien vous êtes toujours en cavale ?
- Nous avons emménagé dans une vieille bâtisse qui appartenait à une de mes ancêtres, près d’Onega.
- Vous avez fait tout ce chemin depuis Onega pour venir nous voir ? Tu dois avoir quelque chose d’important à me dire, Mikael…
- Nous en parlerons plus tard, tu veux bien ? répondit l’intéressé.
C’est alors que Laomi apporta le thé. Petite et extrêmement fine, on avait l’impression qu’elle risquait de s’envoler au moindre coup de vent. Tout comme Kelt, elle ne portait pas de vêtements gris mais une robe blanche serrée à la taille par une légère ceinture noire. Ses longs cheveux sombres détachés tombaient en cascade dans son dos, et commençaient à être marqués par les âges. Elle était parfaitement en accord avec son mari, et dégageait le même type d’aura que lui.
Je n’eus pas besoin de me concentrer cette fois-ci, et sans m’évanouir, je découvris son pouvoir.
- [Isaac,] dis-je en souriant, [elle aussi est une maîtresse d’armes ! Si nos parents nous laissent choisir avec qui nous allons nous entraîner, je veux être avec elle.]
- [Pas de soucis, de toute façon je voulais m’entraîner avec Kelt ! répliqua mentalement mon frère.]
Au premier coup d’œil que me jeta Laomi, je compris qu’elle me sondait déjà. Un sourire fendit son visage et elle murmura quelques mots à l’attention de son mari. Ses grands yeux bleus s’illuminèrent, et elle nous servit le thé. Sans mot dire, elle alla s’asseoir dans la cuisine.
- Kelt, j’ai un service à te demander, commença mon père. Vois-tu, mes deux garçons doivent savoir se battre pour contrer les menaces à venir, et elles vont être nombreuses, tu peux me croire. Est-ce que Laomi et toi serraient d’accord pour les entraîner personnellement ?
Le regard de Kelt s’alluma et, éclatant de rire, il accepta.
- Dis-moi, est-ce qu’ils maîtrisent leur pouvoir au moins ?
- Ils sont en bonne voie. Bien sûr ce n’est pas parfait, mais c’est suffisant, je t’assure.
Je remarquai qu’il ne nous avait pas demandé quel était notre pouvoir… probablement car il le découvrirait bien assez tôt. Cependant, qu’il sache d’emblée que nous avions un pouvoir ne m’étonna pas le moins du monde. Je ne pense pas que nous puissions être considérés comme étant des Doublés, puisque notre « lien » télépathique devait être dû au fait que nous soyons jumeaux.
Quoi qu’il en soit, Kelt me dit :
- Lloyd, c’est bien ça ? Va rejoindre Laomi dans la cuisine, elle t’attend. Je ne sais pas vraiment comment, mais elle arrive à prévoir ce genre de choses ! L’habitude, probablement… ajouta-t-il en riant.
Je le remerciai et fonçai dans la cuisine rejoindre Laomi.
Je tressaillis, m’interrompant en plein milieu de ma phrase. Je sentis ma lèvre inférieure se mettre à trembler. Le froid me parut plus intense, et je clignai des yeux pour vérifier que j’étais bien réveillé.
- [Il va se passer quelque chose, je le sens !]
Mon père se retourna brusquement, pour voir ce qui m’avait provoqué un tel choc. Il regarda la Noble, allongée sur le bureau.
Ou plutôt, assise sur le bureau.
Se massant la tête à l’endroit où Isaac l’avait assommée avec le rocher, elle nous contemplait, cherchant à reprendre ses esprits.
- Les garçons, fuyez ! Je m’occupe de votre mère.
Isaac regarda Maman qui commençait à se réveiller, puis me jeta un coup d’œil. Il semblait devenir paniqué. Je n’avais pas mon arc, et mon frère avait dû laisser sa lame dans la cuisine. Il devait attendre que je lui dise quoi faire… ! Espérant ne pas le regretter, je lui hurlai mentalement :
- [On court !]
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Voilà !
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