- Je te passe l'adresse de ma tante à Kyoto si en échange tu sors avec ma mère. Déclara Niji
- QUOI ?! Tu veux que je sorte avec ma demi-soeur? S'exclama Chiisu
- Oui, et puis comme elle ne le sait pas, c'est pas grave. Tu joues celui qui ne savait pas, puis, si ma mère ne te plait pas, tu lui avoues que tu es son demi-frère.
- Mais pourquoi tu veux que je fasse ça?
Niji lui raconta toute l'histoire.
- Et donc, reprit Chiisu, comme tu n'aimes pas ton prof, tu ne veux pas de lui.
- Ce n’est pas que je ne l'aime pas, je le déteste ! Niji haussa le ton. Il m'a clairement dit qu'il n'avait rien à faire de moi. Je ne sais pas ce qu'il a fait à ma mère pour qu'elle l'aime autant. C'est qu'un imbécile! Je ne veux pas de lui comme beau-père!
- D'accord, je préfère moi comme beau-père... Il aperçu Niji rougir. Bien, tu as déjà pensé à en parler avec ta mère?
- Je...
Niji baissa la tête. Elle sentit tout son corps gelé d'un coup. Son coeur battait de plus en plus fort et de mauvais souvenirs réapparurent.
- Je ne peux pas... Réussit-elle à dire. Peut être suis-je trop égoïste. D'habitude, ses relations ne durent jamais, peut être que je n’accepte pas que, pour une fois, ça dure. Je devrai avoir confiance en ses sentiments. Si... si elle est persuadée qu'elle l'aime... c'est peut être vrai.
Niji avait les larmes aux yeux. Chiisu passa sa main sur son visage pour lui sécher ces larmes.
- Peut être que ton père te manque. Dit-il d'une voix douce.
Elle renifla plusieurs fois. Quelques larmes coulèrent, mais elle essaya de se retenir.
- Quand mon père est décédé, ma mère est tombée en dépression. Pour s'en remettre, elle sortait avec tout le monde et n'importe qui, mais il a fallu du temps. Son psychologue m'a plusieurs fois répété qu'une rechute est possible. Son état n'est pas stable. A cette époque, elle ne mangeait rien, restait dans son lit à pleurer. Elle ne sortait pas, du moins, je ne la voyais pas. Le psy me disait d'être la plus discrète possible. Elle devait faire son deuil, toute seule. Je lui déposais un plateau devant sa porte avec de la nourriture. Elle le prenait, mais ne mangeait presque rien. Quand j'entendais la porte s'ouvrir, je restais caché quelque part. Elle ne devait pas me voir et si c'était le cas, je ne devais pas parler avec elle, ni la fixais. Pendant plus de cinq mois, je vivais avec une mère zombie. Les peu de fois où j'ai pu voir son visage, il était affreux. Ses yeux rouges, des cernes très noires, une peau pâle. Elle était vraiment malade. Je ne veux pas qu'elle retombe. Si je commence à dire quoique ce soit, au sujet de Takahumi, on risquerait de se disputer et je la perdrai définitivement et cet imbécile aura qu'il a voulu. D'un coté, j'aurais bien aimé croire que Takahumi ressemble à mon père. Mais mon père était mon père car il s'occupait de moi...
Niji était complètement confuse, et s'excusa pour ce baratin inutile.
- Je sortirais avec ta mère. Déclara-t-il dans un sourire
Quelques jours s'écoulaient. Niji tenta une nouvelle fois t'éviter le mariage, mais elle réussit à avoir qu'une paire de claque. Chaque jour, elle se confessait à Chiisu. Pour remédier à son malheur, il lui conseilla des livres, notamment des thrillers pour apprendre à tuer quelqu'un sans laisser de traces. Ce soir-là, Karaoké !! Niji n'était pas très enthousiaste, mais cela lui ferait du bien. A la fin des cours, les trois amis s'en allèrent vers la ville et passèrent leur soirée dans leur karaoké préféré. Pop-corn et boisson non alcoolisé à volonté, ils ne ressortirent pas avant une heure du matin. Devant leur lycée, Kyoichi raccompagna Izumi tandis que Niji rentra chez elle seule. Elle n'était pas fatiguée, pour le peu qu'elle avait chanté. En général Izumi monopolisait le micro, même s'il existait des meilleures chanteuses qu'elle.
Niji tourna au coin d'une rue et se trouva dans la sienne. Devant sa porte, une ombre était posée. Une ombre qui bougeait. Niji s'arrêta. Son coeur battit de plus en plus rapide. Qu'était-ce? Trop grand pour être un animal, trop petit pour être un adulte, Niji retint son souffle. L'ombre bougea de plus belle et Niji se sentit menacer. Elle avait l'impression que l'ombre la regardait, mais elle ne voyait rien. Elle s'approcha prudemment. L'ombre vint à elle. Niji eut l'impression d'être dans un cauchemar. L'ombre allait l'avaler entière et la plongeait dans les ténèbres. L'ombre se contenta de la prendre dans ses bras. Une étreinte familière.
- Suzuki-san? Sunako-chan? Demanda-t-elle
Aucune réponse, seulement des pleurs. |