« En cinq ans, il a eu pas mal de changement. Notamment, le plus marquant. Ma mère, Yamato, et Takahumi, mon ancien professeur de lycée, se sont mariés. Pour ma part, je n'ai pas assisté à ce désastre. J'ai passé la journée avec mon père au cimetière, décédé il y a treize ans. L'attitude de ma mère m'avait plus que choquée. Je n'aurais jamais cru cela d’elle ; elle qui refusait de se remarier.
« En parlant de couple, Izumi et Kyoichi ont rompu pour une histoire assez idiote, basée sur un quiproquo. J’ai tout fait pour les réunir, mais c’était pire. Au finale, j’ai appris à ne pas me mêler des affaires d’autrui. Kyoichi est parti à Tokyo pour lancer sa carrière de footballeur professionnel et, aux dernières nouvelles, s’est trouvé une petite amie, Sachiko. Izumi quand à elle, a repris l’épicerie familiale de son père et reste célibataire. Kyoichi était son homme parfait, dur d’en trouver un autre.
« Ma relation avec les Suzuki n’a plus jamais été la même depuis qu’Ai, la gouvernante, est partie. Le lendemain de son départ, Sunako est venue jusqu’à ma porte, les yeux en larme, m’annoncer la nouvelle que je savais déjà. Elle s’est culpabilisé et maudite pendant un moment, puis s’est effondrée. Il n’a fallu que quelques jours à ses parents, pour trouver un remplaçant. Un certain Sebastian que je n’ai jamais rencontré, mais Sunako m’a assurée qu’il était horrible et qu’elle voulait rester avec moi. L’éducation de Sebastian était telle qu’au bout d’un mois, je n’ai plus revu ni Sunako, ni Yuki, sauf une fois, il y a deux ans. Lors d’une cérémonie, le hasard a voulu que nous nous rencontrions. Je ne sais pas s’ils m’avaient reconnu ou non, mais je n’avais pas réussit à capter leur attention. Sunako n’était pas vêtu d’une robe de princesse, mais d’une robe mettant ses formes en valeur. Elle était beaucoup plus mature ainsi. Je l’avais à peine reconnue. Même sa manière de parler était différente. Sebastian l’avait métamorphosé. Après tout, il leurs fallait une éducation digne de leur rang. Ce qui m’a le plus choqué était le regard de Sunako. Le même que celui de son frère. Nostalgique, triste. Elle se forçait à sourire. Je compris ce que « perdre sa joie de vivre » signifiait. Sunako ne vivait que pour ce qu’elle représentait, la fille d’un homme d’affaire, et non pour ce qu’elle était. J’ai eu de la peine pour elle.
« Quant à moi, je viens de terminer mes études et recherche un travail. N’ayant rien trouvé d’intéressant à Osaka, j’envisage de travailler à l’étranger. Mais juste avant, sachant que le monde du travail n’est pas très attractif, j’ai pris quelques mois sabbatique et réalisé certain rêve, comme faire du cheval, conduire une voiture américaine et aller au Royaume-Uni avec mon oncle, Chris (ou Chiisu pour les japonais), le demi-frère de ma mère - et mon premier amour - venu au Japon, rencontré sa « famille ». Depuis notre rencontre, nous sommes devenue très proche, comme s’il était mon oncle depuis toujours. Après que ma mère ait déménagé chez Takahumi, Chris m’a recueillie chez lui. Cela fait maintenant quatre ans que nous vivons ensemble. Pour mes vingt-trois ans, il m’offrit un voyage en Angleterre, son pays d’origine. Rien qu’à l’idée de retourner au Japon, chez ma tante à Toyohira - près de Sapporo - me déprime un peu. » |