"Cette histoire commence il y a 400 ans au milieu du peuple indien qui était méconnu du monde occidental. Ce peuple vénérait la nature et les créature qui y vivaient.
Des centaines de tribus vivent dans ces vastes espaces. Parmi toutes ces tribus une seule avait pour totem un loup. Les autres tribus les appelaient hommes-loups.
On raconte dans cette tribu que tous les 100 ans, un ou deux enfants naissent sous une nuit de pleine lune. S'il n'y en a qu'un ce sera un garçon, s'il y en a deux il y aura un garçon et une fille.
Lors de la première métamorphose, le destin leurs attribuera une mission. Le loup blanc en sera le totem.
Lorsque les explorateurs venus d'Europe sont arrivés sur le nouveau monde, beaucoup de ces tribus furent massacrées ou réduites à l'esclavage, parmi ces esclaves il y avait des hommes-loups.
C'est ainsi qu'ils arrivèrent en Europe, parmi les survivants devenus esclaves. Arrivés sur le vieux continent et afin d'échapper à une mort certaine, les plus forts réussirent à s'enfuir en jurant de retrouver les survivants de leur clan ou leurs descendants.
Ceux qui étaient encore enchaînés furent dispersés à travers l'Europe mais peu d'entre eux survécurent à l'esclavage. Ceux qui réussirent à survivre ont fini par fuir et une poignée d'entre eux réussit à vivre cachés, les moins forts furent retrouvés par les hommes et abattus sur le champ.
On les croyait disparus, mais ces êtres quasi-immortels ont traversé les siècles, et aujourd'hui ils sont encore parmi les hommes, ils vivent mêlés à eux et leur présence est imperceptible."
C'est ainsi que mon grand-père me racontait l'histoire de notre peuple à moi son petit fils Théo, mais à l'époque mon très jeune âge ne me faisait pas penser à notre peuple. Je ne savais même pas que j'en étais un descendant, je rêvais plutôt d'être explorateur et de découvrir nouveaux continents plutôt que d'esclavage et de génocide. En grandissant mon grand-père me racontait de moins en moins cette histoire, mais à celle-ci lui succéda un rêve...
Depuis l'âge de 16 ans, ce rêve, ou devrais-je dire ce cauchemar, hante mes nuits. C'est toujours la même chose, le même scénario, les lieux ne changent jamais : je suis sur une colline à la lisière d'une forêt, le ciel est obscur il y a quelques nuages, et il fait nuit. Entre les nuages j'aperçois la pleine lune, et là se tenant debout devant moi une jeune fille pas plus âgée que moi, elle me tourne le dos. Elle monte vers le sommet de la colline, je la suis, et arrivés au sommet les nuages s'estompent et la lune se mit à éclairer la terre comme le soleil pendant la journée.
À ce moment-là, j'ai commencé à ressentir une douleur insupportable, j'avais l'impression que mon corps tout entier se mettait à brûler de l'intérieur. Je suis tombé à genoux, et par moment je ne pouvais plus respirer. Un instant mes yeux se sont fermés, et à L'instant où je les ai ouverts, j'ai regardé en direction de la jeune fille, mais cette fois elle me faisait face. Elle se rapproche de moi, et doucement elle se baisse à mes côtés et me dit d'une voix douce et réconfortante : "Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, je suis là". La douleur devint plus forte et plus intense, à ce moment là je me suis réveillé tremblant et en sueur.
Deux ans passèrent, ce rêve est devenu moins présent mais il était devenu plus intense à chaque fois. Je me suis rendu compte qu'il apparaissait à l'approche des nuits de pleine lune. Jusqu'au jour de mes 18 ans, ce cauchemar a rendu mes nuits insupportables.
La nuit de mes 18 ans fut différente car cette fois quelque chose allait devenir bien réel. Mon grand-père organisa une petite fête durant la journée pour marquer le coup avec le peu d'amis que j'avais, mais je voyais bien au fond de ses yeux que ce jour était plus important que ça. J'avais l'intime conviction qu'il attendait quelque chose d'important. Le soir après le diner, je suis allé me coucher fatigué de cette journée.
C'était une nuit de pleine lune, comme celle que j'aurais pu vivre habituellement, mais ce fut la plus terrible de toute ma vie. Comme dans mon cauchemar, la douleur était très intense. Cependant cette fois elle était bien réelle, et elle a continué à s'amplifier. Elle était tellement forte que je me suis évanoui, il était tard, environ minuit.
A peu près une heure plus tard, j'ai repris mes esprits. Je n'avais pas bougé de ma chambre, toutefois quelque chose était différent : j'avais beaucoup de mal à bouger, et au bout de quelques minutes, la douleur est revenue, mon corps était en train de changer. Je sentais mes os s'allonger de tout ce qu'ils pouvaient, je voyais mes muscles gonfler, grandir et se fortifier. Mes ongles sont devenus des griffes et mes pieds se sont transformés en grandes pattes de chien. Après avoir vu cela se fut le noir complet, je ne me suis pas souvenu de ce qui se passa.
Je n'ai commencé à retrouver mes esprits que bien plus tard, lorsque le jour commençait à se lever. Mon corps me faisait affreusement mal et ma tête tournait. Je me suis assis sur mon lit et me regarda dans le miroir qui se trouvait face à moi. Il me renvoya un reflet auquel je ne m'attendais pas.
Ce que je voyais n'était plus très humain physiquement parlant, j'étais devenu plus animal... un loup-garou.
Une épaisse fourrure recouvrait tout mon corps, elle était gris clair presque blanche sur mon ventre et mon abdomen, gris foncé sur le reste du corps. D'ailleurs il avait bien grandi, je mesurais facilement 2 mètres au lieu de mon 1m85 habituel, lorsque j'étais encore allongé je voyais mes pieds, ou devrais-je dire mes pattes, qui dépassaient assez largement de mon lit. Ma tête et mon visage s'étaient eux aussi transformés et ressemblaient désormais à une tête de loup. Un petit détail était apparu, une queue de loup était apparu dans le prolongement de ma colonne vertébrale. Mes mains avaient un coussinet à chaque doigt et un au milieu de ma paume de main et mes ongles étaient devenus des griffes .
Malgré tous ces changements et cette puissante transformation de mon corps, je me sentais moi-même, je ne savais pas comment l'expliquer mais je me sentais bien.
J'ai ressenti de nouvelles sensations, à commencer par les odeurs comme celle du pain grillé que mon grand-père prépare. Tous mes sens se sont aiguisés les uns après les autres.
Quelque temps après, j'ai entendu mon grand-père qui montait et qui s'approchait de ma chambre. J'ai essayé de cacher ma nouvelle apparence mais sans succès. Quand mon grand-père est entré, il ne fut pas surpris de me voir ainsi, il semblait même satisfait et il m'a dit : "Enfin, c'est arrivé, ta première métamorphose a eu lieu, tu sais désormais à quel peuple tu appartiens !"
J'ai regardé mon grand-père surpris par ce qu'il venait de me dire et il continua en me regardant fixement :
"Allez, viens prendre ton petit déjeuner Théo, tu dois avoir faim.
Mais grand-père je... je ne vais pas descendre ainsi je... je suis monstrueux !
Il n'y a pas de mais ! Et je t'interdis de dire cela !
Pardon grand-père c'est que c'est tout nouveau...
Je sais et je sais aussi que tu veux des explications et je vais te les donner."
Sur ces paroles, nous avons pris la direction de la cuisine, seulement quand on mesure plus de 2 mètres, les lustres accrochés au plafond deviennent vite des obstacles. Après avoir traversé le couloir, nous sommes arrivés en haut de l'escalier. À chacun de mes pas, les marches crissaient sous mon poids, et arrivé au rez-de-chaussée, je dus me baisser pour franchir la porte de la cuisine. Le petit déjeuner m'attendait, je me suis assis sur l'une des chaises en bois qui était autour de la table. J'ai tranquillement commencé à manger et après un long silence, j'ai demandé à mon grand-père :
" Pourquoi moi ? Qu'est-ce qui me différencie des autres personnes ? "
Il me répondit :
" Tu te souviens de cette histoire que je te racontais ?
Oui, je m'en souviens.
Et bien ce n'était pas qu'une simple histoire, c'est un fait qui s'est réellement passé. Les descendants de ce peuple vivent bel et bien parmi les hommes.
Pourquoi moi alors grand-père ?
Parce que ton père et ta mère étaient tous les deux des loups-garous, et à dire vrai moi aussi j'en suis un.
Alors l'impression que j'avais hier midi pendant le repas de mes 18 ans, je voyais que tu attendais quelque chose, c'était ça, tu attendais ma première métamorphose. Le fait que je sois un descendant des hommes-loups explique peut-être aussi ce cauchemar qui hanta toutes mes nuits jusqu'à la pleine lune du mois dernier !
Quel cauchemar ? Peux-tu m'expliquer de quoi tu parles ?
En fait je suis sur une colline en bordure de forêt...
Tu es seul ?
Non. Il y a une jeune fille, mais je ne vois pas son visage et elle prend la direction du sommet, je l'ai suivie.
Et après ?
Arrivé au sommet j'ai senti une douleur identique à celle que j'ai ressentie lors de ma transformation. Je me retrouvais à genoux à cause de la douleur, la jeune fille vint à mes côtés pour me dire de ne pas m'inquiéter et qu'elle veillait sur moi.
Est-ce que cela se passe durant la nuit ?
Oui, c'est même une nuit de pleine lune"
Mon grand-père se perdit dans ses pensées. Puis une question me vint à l'esprit interrompant le silence qui venait de s'installer : "Si mes parents étaient aussi des loups-garous, que leur est-il arrivé ? Pourquoi ne sont-ils pas avec nous aujourd'hui ? Dis-le moi grand-père !" Il me regarda et me dit tristement : "Malheureusement ils sont morts tous les deux, tu avais tout juste deux ans.
Mais c'est impossible les loups-garous sont immortels !
Non malheureusement. Nous ne sommes que quasi immortels, le vieillissement de notre corps commence à ralentir de façon très importante à partir du moment où a lieu la première métamorphose, nos blessures se referment et se cicatrisent plus vite qu'un humain normal, mais ce n'est pas pour cela qu'on peut dire que l'on est immortel.
Mais alors comment ? Comment sont-ils morts ?
Ce n'est qu'une supposition, ce serait l'œuvre d'un chasseur de créature, un humain connaissant notre existence et qui aurait développé une haine immense envers notre peuple. Généralement ils ne laissent pas de corps derrière eux, et ceux de tes parents n'ont jamais étaient retrouvés. A ce moment-là on t'a confié à moi, ta seule famille, je n'en sais malheureusement pas plus...
Je sentais en moi un sentiment de colère mêlé d'une profonde tristesse qui me donnait envie de tout détruire, cependant les douleurs dues à la transformation ont eu raison de ces sentiments. Mais désormais je possédais une partie de la vérité sur la mort de mes parents.
Mon grand-père me fit signe de terminer mon repas et me conseilla vivement de me reposer. Il m'expliqua que la métamorphose s'inverserait d'elle-même d'ici une heure ou deux, et qu'avec de l'entraînement, il me sera possible de la contrôler. Il est ensuite parti dans sa chambre et de mon côté je suis retourné m'allonger.
J'ai fermé les yeux et je me suis mis à penser à ce que ma vie allait devenir maintenant. Tout ce que je souhaitais, c'était de continuer à vivre normalement, toutefois, une partie aussi importante de soi-même ne peut s'oublier aussi facilement. Je me suis malgré tout endormi durant une heure ou deux, et à mon réveil, comme mon grand-père me l'avait dit, la métamorphose s'était inversée, j'avais enfin retrouvé mon apparence humaine.
Ce changement dans ma vie allait avoir des répercussions sur mon avenir, mais je n'en prenais pas encore la mesure. Mon grand-père m'a averti qu'à partir de ce jour il allait m'entraîner pour que la transformation devienne la moins douloureuse et la plus naturelle possible, afin que mon corps s'y habitue mais il ne voulait pas malgré tout que cela perturbe mes études. Eh oui ! J'avais découvert que j'étais un loup-garou mais je restais un minimum humain, et un étudiant qui avait un diplôme à obtenir. J'étais passionné d'histoire, j'ai donc fait un baccalauréat littéraire avec une option "Histoire". Je n'étais pas le meilleur de ma classe mais j'avais la volonté de réussir. Dans le courant du second trimestre, il fallait choisir son orientation pour l'après baccalauréat, mon choix était la faculté d'Histoire. Mais pour y entrer, je devais obtenir mon baccalauréat, cela pouvait s'avérer juste avec 10,5 sur 20 de moyenne en fin de second trimestre. Toutefois avec beaucoup de révisions et de travail, je savais que je pourrais l'obtenir, et avec ma place en faculté.
Comme mon grand-père me l'avait promis, il m'entraîna pour que la métamorphose devienne naturelle, moins douloureuse, moins fatigante, et cela également durant la période des révisions pour l'examen. C'est vrai qu'avec le temps cela devenait de plus en plus facile à maîtriser. Et le début des examens arriva.