- Tadaima !!
- Niji ?!
Jin se précipita vers l'entrée.
- Tu es déjà rentrée?
- Non, je suis encore à Kyoto. Ironisa-t-elle
- Demo... Depuis quand es-tu là? Je veux dire, ça fait longtemps que tu es arrivée?
- Je vois que mon retour te perturbe. Je peux repartir si ça te convient mieux!
- Non, non. Excuse-moi! Je n'ai pas eu le temps de ranger.
Jin s'éclipsa. Niji rangea ses bagages et souffla un peu. Il lui restait encore une après-midi de congé. Elle roupilla quelques heures. Elle rêva d'un mélange de ses deux derniers jours. Tout était encore un peu confus, et surtout nouveau. La nouvelle situation de sa mère, la venue de son petit frère, le mariage de sa tante. Elle se sentait étrangère, mais après tout, ils étaient sa famille. Néanmoins, sa mère ne changerait pas. Elle restera toujours là même et Niji n'avait aucune envie de l'aider. Cette rencontre était du passé. Toutefois, elle devait avoir quelques réponses. Elle retrouva Jin.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit? Commença Niji
- Te dire quoi?
- Au sujet d'Akira-kun.
- Akira-kun?
Jin s'occupait de la vaisselle. Niji prit un torchon et essuya les couverts propres. Le visage de Jin était caché par ses cheveux, pourtant elle jouait très mal la comédie.
- Tu étais au courant depuis le début, pas vrai?
Jin laissa glisser une assiette entre ses mains. Celle-ci manqua de se casser, mais résista.
- Yamato avait appelé. Une fois. Pour dire qu'elle était enceinte. C'est tout.
Niji ne dit rien, médita ces paroles.
- Si je ne t'en ai jamais parlé, poursuivit Jin, c'est parce que j'ai pensé que ce n'était pas nécessaire. J'ai bien compris pourquoi tu es venue ici, vivre avec moi. Ta mère t'a beaucoup fait souffrir. Elle n'avait aucun droit de revenir dans ta vie, sous prétexte qu'elle allait mettre au monde un bâtard. J'ai fait ça uniquement pour te protéger.
Niji eut la réponse qu'elle attendait, le sujet était clos.
- Autre chose. Qui était ton invité? Continua Niji
- Niji-chan, tu n'as pas encore fini avec tes interrogations?
- Gomen. J'ai cru voir quelqu'un sortir de chez toi.
- Seulement un ami.
Jin s'essuya les mains sur son tablier et sortit de la cuisine.
« Bon retour parmi les tiens » Pensa Niji. Elle espéra que quelque chose de bien allait lui tomber dessus, ou ce serait ces derniers congés...
Son portable vibra, c'était Yuki.
- 'Yo Niji-san! Tu t'es bien remise de tes émotions?
- Daijobû. Tu as faillit me tuer car tu ne sais pas conduire, mais sinon ça va.
- Parfait ! Que dirais-tu d'un petit dîner entre amis? Je te dois bien ça! Ou tu as autre chose de prévus ?
- Iie. C'est sympa de m'inviter.
- Ah ! Mais c'est tout à fait normal ! Alors... la « Fleur de lotus » à vingt heures, c'est bon?
La « Fleur de Lotus » était un riche et somptueux restaurant. Tenue correcte exigée.
- Alors, t'es toujours d'accord? Insista Yuki
- OK. A ce soir.
- Ouaip. Et t'as intérêt à venir sur ton trente et un. Un chauffeur viendra te chercher et si tu veux, je te passe l'adresse d'une excellente boutique de vêtements.
- Tu insinues que je ne porte pas de vêtements assez raffinés? Et puis, je n'ai pas besoin de chauffeur !
- Comme tu veux.
Il raccrocha.
Un diner. Pourquoi pas!
Niji fouilla longuement dans sa garde-robe. Au final elle ne trouva rien. Rien de distingué et d'assez féminin. De quoi déprimer. Elle décida de passer au plan B, fouilla l'armoire de Jin. Elle chercha longuement, et parvint à son but. Une robe délicate et fine. Elle revint dans sa chambre et l'enfila. La robe était d'un bleu marine profond, dénudant ses épaules et mettait en valeur sa poitrine. Elle affinait sa taille et la rendait plus grande. Il fallait juste trouver des chaussures adéquates. Elle s'admira longuement devant son miroir, posant, défilant. Elle n'avait pas l'habitude de se voir ainsi et elle aimait ça. Elle espéra plaire à Yuki ou, au moins, ne pas lui faire honte.
Elle continua à se pavaner dans sa chambre, faire semblant de rencontrer des gens important. Elle prit sa lampe pour une femme milliardaire, son armoire pour un autre homme d'affaire, parla poliment avec raffinement et délicatesse, exagéra ses manière et ria à pleine voix. Une tête passa à travers la porte.
- Niji-chan, tout va bien? Ano... que fais-tu habillée avec ma robe?
Niji se retourna rapidement. Complètement affolée, elle rougit instantanément. Elle prit une grande inspiration.
- J'ai un rendez-vous !
- Oooh, enfin tu es une femme, Niji ! Mais tu as oublié quelque chose. Il te reste à étendre le linge et à passer le coup de balai, Cendrillon.
Niji s'inclina et se remit au travail.
L'après-midi passa rapidement et Niji se prépara enfin. Elle se rendit rapidement compte qu'elle n'y connaissait rien en maquillage. Heureusement que Jin était là.
Malgré son refus complet au sujet d'un chauffeur personnel, Niji trouva un taxi garé devant chez elle. Juste avant elle se regarda une dernière fois, elle était ravissante. Ces cheveux lâchés assouplissaient son visage. Elle l'avouait elle-même, elle était belle.
- J'espère que tu t'amuseras ! Ajouta Jin.
Niji lui sourit et partit.
Le taxi l'emmena directement au restaurant. Niji était honorée d'y manger. Peut être qu'elle arriverait à trouver un travail à l'intérieur. Le salaire serait nettement plus intéressant.
Un homme l'accueillit.
- Vous avez une réservation.
- Oui. Au nom de Suzuki Yuki.
- Permettez que je vérifie?
Niji acquiesça et l'homme retourna au comptoir, voir la liste des invités. Niji admira les lieux. Ils étaient chics et luxueux. Un vrai petit palais. Perdu dans ses pensées, elle gêna un homme qui voulait rentrer.
- Gomenasai ! Déclara-t-il. Je ne vous ai pas vu.
Il parlait en anglais. Niji fut surprise, et en le détaillant davantage, elle reconnut William, le collègue de Yuki.
- Good Night Mr. Doyle ! How are you?
Il resta septique et ne reconnu pas la femme qui lui adressait la parole.
- Excusez-moi, nous nous sommes déjà rencontrés?
Niji rougit. Habillée comme elle l'était, il était difficile de reconnaître la serveuse qu'elle était.
- Ano... On s'est rencontré il y a quelques jours dans un autre restaurant. Je suis une amie de Yuki et j'étais...
- Vous êtes la serveuse ! Toutes mes excuses ! Je ne vous reconnaissais pas. Vous êtes ravissante.
La manière dont les mots sortaient de sa bouche faisait battre le coeur de Niji. Elle sentit comme une vague chaleur en elle et le stresse lui monta à la tête. Le réceptionniste revint.
- Mademoiselle, j'ai trouvé la réservation au nom de Suzuki Yuki. Si vous voulez bien me suivre.
Niji le remercia, s'inclina devant William et suivit le réceptionniste. Il lui indiqua la table et Niji prit place. Elle précisa qu'elle voulait attendre un peu avant de commander, puisque Yuki n'était toujours pas arrivé.
Quelques seconds plus tard, William prit place en face d'elle.
- Puis-je?
Niji acquiesça.
- A vrai dire, j'avais moi aussi un dîner de prévu avec Yuki. Ajouta-t-il
- Ah? C'est étrange. Il m'a demandé de venir ce matin. Il a dû vous oublier.
William sourit. Il avait espéré la voir et ce soir-là, elle était en face de lui, resplendissante. Il soupçonna un petit coup monté de la part de Yuki.
- Et si nous commandions? Il n'est pas nécessaire de l'attendre. Il n'avait qu'à être à l'heure !
Niji n'était pas totalement convaincue. C'était un peu malpoli de sa part, mais Yuki exagérait.
Le diner se passa à merveille. Le repas était exquis et Niji profita de chaque bouchée.
- Dites-moi, quel est votre nom? Demanda William
- Kaeda Niji.
- Euh... Niji est votre nom de famille ou votre prénom?
Elle manqua de rire.
- Mon prénom.
Elle lui expliqua la culture japonaise, la manière de se présenter et les différents préfixes que les japonais avaient tendance à rajouter.
- Je comprend mieux, affirma William. Je pensais que votre prénom était Kaedasane.
Elle ne put s'empêcher de rire.
- Cela ne doit pas être évident de vivre ici. Le Japon est différent de l'Europe.
- C'est vrai. J'ai de la chance de vous avoir à mes cotés.
Elle rougit.
- Le repas est excellent. Déclara-t-il.
Elle affirma d'un grand sourire. Elle regarda l'heure. Il était tard et le lendemain, elle devait retourner travailler. Elle s'excusa plusieurs fois et courut vers la sortie, manquant de tomber à multiples reprises. William resta bouche bée, essaya de la rattraper. Il ne fallait pas qu'elle s'échappe ! Tout était si bien, si beau. Il allait encore rêver d'elle. |