Le petit groupe de chevaliers avançait prudemment dans ce qui semblait être un tunnel creusé entre deux montagnes au fin fond des enfers. Ils marchaient depuis à peine quelques minutes et déjà la route leur paraissait sans fin. Une nette impatience de récupérer leurs petites protégées ainsi que leur compagnon d’arme bouillonnait dans leurs veines, leur faisant instinctivement presser le pas.
Sans s’en rendre compte ils se mirent à courir, faisant résonner contre les parois rocheuses le puissant cliquetis de leurs armures dorées.
Leur course leur fit bientôt apercevoir une faible lueur au loin signifiant la fin du tunnel souterrain.
« Attendez ! » leur cria soudain Dohko en réclamant qu’ils s’arrêtent un instant.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? On ne peut pas s’arrêter maintenant, on est presque rendus ! » ronchonna Aldébaran ne comprenant pas pourquoi ils se stoppaient ainsi.
« Je pense qu’il a quelque chose d’important à nous dire. » déclara Shaka se doutant que l’heure était venue pour qu’il révèle à tous ce qui le tracassait.
Le Chevalier de la Balance inspira profondément avant de prendre la parole.
« Mes amis, je me dois de vous faire part d’une crainte qui pourrait nous causer pas mal d’ennuis si elle se révèle exacte. »
Le regard avide de ses compagnons l’incita à poursuivre son récit.
« Vous avez sans aucun doute remarqués les deux gigantesques statues lorsqu’on était sur le fleuve, reprit-il en scrutant leur réaction, l’une d’elles représentait la déesse des enfers et par conséquent la femme d’Hadès: Perséphone. »
« Oh quand même Dohko on a tous lu nos bouquins d’histoires, viens-en aux faits ! » râla Milo trouvant que le chevalier s’éternisait trop.
« J’y viens. Il se trouve que lors de la précédente guerre sainte, Athéna eut à livrer bataille une fois encore contre Hadès. Cependant, elle eut pour idée de nuire à Hadès en emprisonnant sa femme et ainsi l’obliger à abdiquer. » leur conta-t-il en passant certains détails.
« Mais……. Je ne comprends pas, cet épisode ne nous a pas été révélé ! » s’étonna Mü en interrogeant du regard ses homologues en armures qui secouèrent tous négativement la tête.
« Cet évènement a été passé sous silence car ce fut un cuisant échec. Athéna pensait faire capituler Hadès avec cette idée qui était aux abords fantastique. Elle réussit à enfermer Perséphone mais elle n’avait pas prévu qu’Hadès rentre dans une rage folle, anéantissant plus de la moitié des chevaliers qui tentaient alors de défendre le Sanctuaire. Hadès finit par être vaincu mais ce au prix de lourdes pertes, des morts qu’il aurait malheureusement été possible d’éviter si Perséphone n’avait pas été emprisonnée... »
Tous restèrent sans voix face à cette effroyable déclaration. Ils connaissaient les dégâts qu’avaient causés cette guerre sainte, mais jamais ils n’auraient put imaginer que ce soit à cause d’une décision, pourtant pure, de leur déesse.
« Euh……. Je vois pas bien le rapport avec aujourd’hui. » intervint Shura en brisant le silence pesant qui s’était installé entre eux.
« C’est là que sont mes craintes, le fait qu’Hadès ait fait enlever Fitz et Shigure n’a qu’une signification à mes yeux : il va s’en servir pour ramener la déesse à la vie si ce n’est déjà fait ! »
Nouveau silence où une peur sans nom se lisait dans les yeux de chacun face à ce scénario catastrophe. Personne n’osait révéler les doutes les assaillant mais la nervosité qui les habitait parlait d’elle-même.
« Rah bon sang… » lâcha Camus en se mordant le pouce pour tenter de calmer l’anxiété qui s’était soudain emparée de lui.
« Si Perséphone a été ressuscitée on risque de gros ennuis, Hadès pourrait non seulement se débarrasser des filles et d’Aiolia et en profiter pour attaquer de nouveau le Sanctuaire. » calcula Mü en souffrant devant l’étendue des dégâts possibles.
« Et sans Chevaliers d’Or pour le protéger… » commença Aphrodite en déglutissant péniblement.
« Oui…… Ca sera un désastre. » acheva Dohko en secouant la tête d’un air accablé.
Un silence mortuaire les enveloppa et fit accroître leurs peurs les plus profondes. Jamais pareil scénario ne leur avait auparavant traversé l’esprit. Ils ne s’étaient pas rendu compte que malgré leur désir d’aller libérer leurs amis, la revanche les avait aveuglés au point de tous se jeter à la poursuite de leurs ennemis en dénigrant la sécurité du Sanctuaire. A présent, leur déesse se retrouvait seule pour défendre les douze temples zodiacaux et ce par leur faute !
Un amer sentiment de culpabilité les ravagea soudain, les faisant rougir de honte quant à leur comportement irréfléchi. Mais il était malheureusement trop tard pour faire machine arrière, ils ne pouvaient que continuer d’avancer pour aller secourir leurs amis en priant les dieux pour que rien n’arrive au Sanctuaire et à Athéna en leur absence…
« Raison de plus pour aller les chercher maintenant ! » s’exclama soudain Death Mask qui n’avait pas l’intention de laisser gagner Hadès.
Ses compagnons le regardèrent d’abord avec étonnement de le voir si combatif puis avec une nouvelle détermination : ils devaient aller secourir leurs amis !
Ils acquiescèrent tous, un début de sourire contagieux peint sur leurs visages anxieux et se tournèrent ensemble vers l’inconnu à l’autre bout du tunnel.
« Allons-y ! » décréta Shura plus motivé que jamais.
« Ouais, vers l’infini et au-delà ! » renchérit Milo en prenant une pose théâtrale pour pointer la sortie du doigt.
« ……………………………. » (Déclaration collective des Gold !)
« Euh……….. Bah quoi ?! »
« Pff sérieux Milo tu crains quand tu t’y mets ! » soupira Aldébaran en se dirigeant vers la sortie.
Le reste des chevaliers secoua la tête d’un air dépité en suivant le chevalier du Taureau tandis que Milo tentait de s’excuser en vain.
« Oh allez les gars c’était pour détendre l’atmosphère ! Je voulais pas vous offenser !!........ Oh par Athéna… ! »
Les mots lui manquèrent soudain lorsqu’ils débouchèrent dans un lieu qu’ils ne pensaient pas trouver aux enfers. Une étrange forêt aux arbres tordus s’étendait devant leurs yeux, les laissant sans voix. Ces arbres décharnés aux troncs parfois imposants mais aux branches aussi maigres qu’un affamé, étaient tous dépourvus d’un quelconque feuillage. Les nœuds et crevasses de leurs troncs semblaient former des visages macabres agonisants ou effrayés. Une multitude de racines s’entremêlaient et courraient sur le sol à perte de vue, rendant la progression des chevaliers incertaine.
Cette forêt était certes des plus lugubres et sa présence sous terre surprenante, mais ce n’était pas le facteur principal de leur vision d’horreur. Enroulées sur plusieurs branches, une multitude de cordes grinçaient en se balançant sous le poids d’innombrables corps pendus.
Aphrodite ne put réprimer un haut le cœur face à cette vision abominable de chevaliers desséchés par le temps en train de pourrir lentement au bout d’une corde.
« Miséricorde… » souffla Shaka en ressentant l’horreur de ses camarades.
Ces pauvres chevaliers étaient en grande partie en phase de décomposition avancée, tout du moins assez pour que l’odeur pestilentielle de chair en putréfaction vienne leur agresser les narines.
Le visage d’un des malheureux était ravagé par le temps et étai affublé d’une maladie s’apparentant à la lèpre : sa peau à présent grisâtre et desséchée était toute craquelée, à tel point qu’une parcelle de son front et même de sa joue gauche était partie en lambeaux, laissant apparaître une partie de sa dentition.
Son armure où quelques ronces pendaient par endroits était en bien mauvais état : certaines parties brisées découvraient des parcelles de peau calcinées ou encroûtées de sang séché, séquelles de violents combats auxquels il avait dû participer.
Un liquide noir et poisseux s’écoulait goutte par goutte de son corps et s’écrasait sous ses pieds en une sinistre flaque visqueuse dont l’odeur nauséabonde était probablement due au sang mélangé aux liquides vitaux que relâchait son corps.
Tous ces corps délabrés rendaient la forêt encore plus sinistre qu’un cimetière.
« On ferait mieux de ne pas s’éterniser ici… » suggéra Camus en poussant gentiment Milo dans le dos pour le faire avancer.
Ce dernier acquiesça lentement de la tête et se mit à marcher à la suite de ses camarades sans vraiment arriver à détacher son regard de ces immondices.
Ils tentèrent de progresser assez rapidement en essayant de se faire remarquer le moins possible. Bien qu’ils sachent que ces visions cauchemardesques n’étaient que le prélude d’horreurs encore plus infâmes, aucun d’entre eux n’avaient envie de s’éterniser ici. Pourtant, à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la forêt, une nouvelle vision macabre s’offrit à eux.
Entre les arbres morts se dessinaient des silhouettes de chevaliers, beaucoup trop de chevaliers à leur goût même. Ils sondèrent les alentours pour savoir à qui ils avaient à faire mais ces mystérieuses armures ne dégageaient pas la moindre once de cosmos. Ils se rendirent alors compte en s’approchant un peu plus que ces chevaliers étaient figés, transformés dans une ultime position défensive avant d’être changés en pierre…
« Bon sang mais qu’est-ce que c’est que ça encore ?! » râla Aldébaran sui n’appréciait pas vraiment toutes ces mauvaises surprises.
« Et dire que je trouvais le temple de Death Mask très moche… » lâcha Milo sous le regard meurtrier du propriétaire de ladite mocheté.
Un sarcasme faillit fuser mais un rire macabre sorti de nulle part résonna autour d’eux leur faisant tourner la tête pour déceler d’où provenait le son. Le rire était féminin et leur tournait autour comme s’il essayait de les rendre fous. Un étrange sifflement perçant surgissait tout près des oreilles d’un chevalier et disparaissait tout aussi rapidement dès que le gardien zodiacal se retournait vivement pour voir ce dont il s’agissait. Leur ennemi se moquait clairement d’eux et s’amusait à jouer avec leurs nerfs et les poussant à commettre une faute.
Les chevaliers ne savaient où donner de la tête et pivotaient sans arrêt en espérant repérer ce bruit agaçant. Une liane tomba près de l’épaule de Mü qui ouvrit deux grands yeux étonnés lorsqu’il entendit le sifflement tout près de son oreille.
« Attention !! » lui cria Shura en envoyant un excalibur lui frôler la tête et lui trancher quelques mèches de cheveux.
Le sifflement furieux se transforma en chuintement agonisant et la liane tomba à terre, tranchée en deux et encore parcourut de légers spasmes.
« Un serpent… ? » s’exclama Camus en voyant le reptile gisant gueule ouverte au sol.
« Merci Shura…. » souffla Mü empreint de reconnaissance pour lui avoir évité de se faire mordre.
« Kyaa noooooon !! Vous n’avez pas honte d’avoir porté la main sur mon enfant ? Je vous ferez regretter ce geste !! » cracha la voix féminine en cessant son rire provocateur.
Les chevaliers levèrent la tête vers une branche où une jeune femme était perchée accroupie en les toisant d’un regard mécontent. Ses yeux perçants couleur or les fusillaient comme si ce simple regard aurait put les tuer. Ses pupilles en forme de virgules étaient pareilles à celles d’un félin prêt à fondre d’un bond sur sa proie. Son armure mauve paraissait plus légère que la leur et ressemblait par endroit étrangement à une peau de serpent. Un cobra royal menaçant trônait d’ailleurs sur ses genoux et s’enroulait autour de chacune de ses ambes.
Elle avait une main posée sur le tronc de l’arbre dans lequel ses ongles acérés y étaient plantés pour éviter qu’elle ne tombe, tandis que son autre main tenait fermement un grand bouclier en forme de demie lune gravé de symboles de style grec.
Son charmant décolleté avait certes attiré leurs regards, notamment celui d’un scorpion, mais ce fut sa chevelure qui attisa le plus leur attention et leur glaça les sangs. Entremêlés dans ses longues mèches bleues lui tombant devant le visage et en cascade dans son dos, se dressaient une multitude de serpents venimeux tous plus menaçants les uns que les autres. Vipères, couleuvres, cobras et autres reptiles à la morsure fatale les fixaient en sifflant d’un air mécontent.
« Vous allez regretter de vous en être pris à mes enfants ! » maugréa-t-elle d’un ton cinglant en raffermissant sa prise sur le tronc, laissant de profondes marques gravées dans l’écorce.
« Bon sang mais t’es qui ?! » lui envoya Aldébaran sur le qui-vive.
« Ahah, je suis Médusa, gardienne de la Peur le Premier Cercle des Enfers. Et comme son nom l’indique, je vais vous infliger vos peurs les plus profondes pour avoir osé souiller les enfers par votre présence ! » leur cria-t-elle en sautant de l’arbre pour les attaquer.
Les chevaliers esquissèrent un bond sur le côté pour l’éviter et Dohko contre attaqua aussitôt.
« Rozan Haku Ryu Ha ! »
Une multitude de dragons couleur d’eau se jeta toute griffe dehors sur son adversaire, mais Médusa était agile et avait l’avantage de connaître le terrain. Elle bondit d’arbre en arbre en évitant avec une facilité déconcertante l’attaque qui venait de lui être envoyée. Un des dragons faillit la toucher et elle dû se protéger à l’aide de son bouclier pour éviter d’être blessée.
Elle s’agrippa à une liane d’une main et voulut leur envoyer une attaque de l’autre mais une rose azure vint se planter violemment dans sa main et lui fit lâcher prise.
« Pirahan Roses !! » cria Aphrodite alors qu’une pluie de fleurs noires s’abattait sur sa cible.
Elle se protégea une nouvelle fois avec son bouclier en émettant un sifflement furieux.
« Allez-y ! Partez devant on s’en occupe ! » envoya Aphrodite à ses compagnons avant de courir rejoindre Dohko qui était déjà reparti au combat.
Le reste des chevaliers acquiesça, cela leur ferait gagner du temps. Ils tournèrent les talons et s’enfoncèrent dans la forêt pendant que leurs amis retardaient leur adversaire. Mais cette dernière n’avait nulle intention de les laisser filer de la sorte et donna un grand coup de bouclier pour désarçonner le chevalier de la Balance pour se lancer à leur poursuite.
« Vous ne vous échapperez pas ! »
« Où vas-tu comme ça, c’est moi ton adversaire ! Pirahan Roses !! »
Médusa s’accroupit alors derrière son bouclier qui laissait dépasser sa chevelure reptilienne. L’un des serpents se reçu une fleur dans la gueule qui lui transperça la gorge, les autres rampants se mirent alors à siffler leur colère avec encore plus de violence comme s’ils cherchaient à se détacher de la tête de la jeune femme pour se jeter sur leur ennemi.
Furieuse, la Gardienne du Premier Cercle bondit vers lui et abaissa son bouclier pour découvrir son visage.
« Meurs chevalier : Gorgona Eyes ! »
Des étincelles de lumière semblèrent jaillir de ses yeux dorés ainsi que de ceux des serpents et paralysèrent le chevalier des Poissons qui ouvrit de grands yeux effarés. Des picotements dans tous ses membres, comme si des dizaines de serpents enfonçaient leurs crochets venimeux dans sa peau, le firent hurler de douleur et le figèrent sur place.
Médusa fondit sur lui alors que ses muscles anesthésiés refusaient de lui obéir pour effectuer une parade défensive : il était à sa merci !
« Hey ne m’oublie pas trop vite ! » lui cria Dohko en lançant la dague dorée figurant parmi les armes de son armure.
Médusa la vit arriver du coin de l’œil et eut juste le temps de se baisser pour éviter de se faire sauvagement empaler. Deux de ses serpents n’eurent pas cette chance et furent tranchés en deux alors que la lame finissait sa course en allant se planter dans l’arbre derrière elle.
La Gardienne hurla de rage et de douleur et parti subitement se réfugier dans la cime des arbres morts.
« Aphrodite ça va ? » demanda Dohko en courant à sa rencontre.
Le chevalier des Poissons était pâle d’avoir vu la mort approcher si près et avait du mal à bouger ses membres enquilosés mais il allait bien. Rassuré, Dohko l’abandonna pour aller récupérer son arme avant que leur ennemi ne revienne à la charge. Le sang visqueux des reptiles maculait la lame dorée mais un léger filet rouge laissait présager qu’il s’agissait de sang humain.
Dohko fronça les sourcils, il était pourtant certain de ne pas l’avoir touché ; alors à qui appartenait ce sang ?
Il retira la lame et vit avec horreur que du sang s’écoulait de la profonde entaille qu’il avait fait dans l’écorce de l’arbre. L’arbre saignait ! Ce n’était pas de la sève qui parcourait son tronc mais bel et bien le même liquide qui circulait dans le corps humain ! Quel maléfice avait put permettre une chose pareille ?
Il recula vivement pensant même avoir entendit l’arbre gémir sous l’effet de la blessure qu’il lui avait infligé. Devenait-il fou ? Ou bien était-ce un mauvais tour de la gardienne des lieux… ?
« Ahahahah, tu sembles surpris chevalier. Serait-ce la première fois que tu vois du sang ? Et moi qui pensais que les guerriers d’Athéna n’étaient pas facilement impressionnables… » soupira-t-elle visiblement déçue devant la réaction qu’il avait eu.
Dohko la fixa avec un mélange de haine et de curiosité vis-à-vis de ce qu’elle pouvait lui apprendre sur cet endroit. Mieux valait savoir si d’autres surprises du genre allaient les attendre un peu plus loin…
« Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Pourquoi y’a du sang dans cet arbre ? » lui demanda-t-il en désignant le tronc entaillé d’où s’échappait le liquide pourpre.
Un rire moqueur lui répondit, ce qui l’agaça quelque peu. Aphrodite s’était entre temps rapproché et avait put lui aussi constater avec stupeur l’étrange phénomène se produisant avec ce qui, aux premiers abords, lui avait parut être un arbre mort.
« Ahahah, vous êtes bien ignorants et stupides chevaliers, reprit-elle en se moquant de nouveau d’eux. Venir ici était déjà idiot mais vous étonner pour si peu l’est encore plus ! Votre……’déesse’…ne vous apprend-elle donc rien ? Oh ! A moins qu’elle n’en ait rien à faire de vous et vous envoie à la mort sans même prendre la peine de vous expliquer ce que vous rencontreriez durant votre périple ! Ahahaha ! » s’exclama-t-elle joyeusement en éclatant une nouvelle fois de rire.
S’en était trop pour les chevaliers qui ne pouvaient tolérer une insulte de plus envers Athéna ! Dohko ne perdait pas patience facilement mais là son stade de tolérance était déjà beaucoup trop entamé. Il prépara une attaque mais à sa grande surprise, Aphrodite l’avait déjà devancé.
« Pirahan Roses !!! » hurla le chevalier des Poissons en envoyant une pluie de fleurs mortelles sur son ennemi.
Mais les roses n’heurtèrent que le vide, Médusa s’était déjà déplacée et rigolait de son échec.
« Ahahah, pauvres petits chevaliers perdus dans un monde qui les dépassent ! Vous me faites pitié vous savez, mais pour que vous ne mourriez pas ignorants je vais vous expliquer ce qu’est cette forêt. Cet arbre saigne car il se nourrit du sang des cadavres des chevaliers corrompus pendus à ses branches. Chevaliers que vous allez d’ailleurs rejoindre : Snake Bound !! »
Dohko se mit en garde prêt à riposter dès qu’il verrait l’attaque fondre sur lui, mais curieusement rien ne vint. Rien jusqu’à ce qu’il entende Aphrodite pousser un cri de surprise, il fit volte face et se rendit compte avec stupeur que ce dernier était attaché au tronc entaillé par un entremêlement de lianes et de serpents prêt à le mordre au moindre faux mouvement.
« Tss tss tss, si c’est pas malheureux de voir ça. Un chevalier d’Or qui se fait piéger si facilement……. Vous ne valez pas votre réputation ! » s’amusa-t-elle de leur faiblesse en glissant le long du tronc tel un serpent repérant sa proie.
« Ca suffit !! » cria Dohko en armant son bras pour lui envoyer une attaque.
« Ah ah ah doucement chevalier, tu ne voudrais tout de même pas que ton ami écope de ton attaque tout de même ? » rétorqua-t-elle en prenant le visage d’Aphrodite dans sa main tout en lui entaillant la joue de son ongle crochu.
Dohko arrêta son geste, son ami était en plein dans sa ligne de mire. S’il lançait son attaque ce serait lui qui serait touché en premier… Le regard d’Aphrodite lui intimait pourtant l’ordre de ne pas s’occuper de lui et d’aller au bout de son idée, mais il ne pouvait pas faire ça. Il avait déjà vu trop de ses compagnons se sacrifier à travers les guerres saintes, il ne prendrait pas une vie inutilement !
Aphrodite vit que son hésitation s’était transformée en refus et qu’il n’attaquerait pas tant qu’il n’était pas certain de ne pas le toucher. Il soupira mais rien n’était encore perdu, il n’avait pas dit son dernier mot !
Le chevalier des Poissons intensifia son cosmos sous le regard étonné de Médusa qui croyait à une tentative désespérée pour se libérer. Elle ricana et lui fit remarquer sa stupidité, il ne pouvait rien tenter tant qu’il serait enchaîné à cet arbre. Pourtant sans qu’elle sache pourquoi, elle sentit sa prise sur le visage d’Aphrodite faiblir peu à peu. Une douce odeur sucrée venait chatouiller ses narines et l’agaçait profondément, des pétales roses pâles flottaient lentement devant ses yeux et lui brouillaient la vue. Elle les balaya d’un geste de la main et se rendit alors compte qu’elle voyait floue et que ses mains tremblaient. Les pétales se firent de plus en plus nombreux et des roses entières commençaient à tomber et la déstabilisaient.
« Mais qu’est-ce que… ?! » gémit-elle en battant le vide de sa main.
« Tu as eu tort de sous estimer la puissance et l’intelligence des chevaliers d’Or et cela va te coûter la vie ! Tu vas perdre tes cinq sens et sombrer dans la folie : Royal Demon Rose !!! » s’écria Aphrodite alors que son cosmos faisait éclater les liens qui l’enserraient jusqu’alors.
Un tourbillon de roses s’abattit sur Médusa qui tenta de se protéger avec son bouclier, mais ses mains tremblaient tellement qu’elle ne put contenir très longtemps le flot de fleurs la submergeant. Son écu vola de ses mains et les roses la blessèrent de toute part. Elle alla percuter violemment un arbre avant de s’écraser au sol avec fracas au milieu de ses débris d’armure et de fleurs éparses. Un liquide pourpre s’échappa de ses diverses blessures et ruissela sur la terre noire de la forêt, mouchetant la nacre des pétales se fanant peu à peu par manque de clarté.
Dohko soupira de soulagement, il s’approcha prudemment et s’empara du bouclier qui avait chu hors de portée de sa propriétaire. Il le souleva et l’examina avec intérêt, il n’avait encore jamais vu pareil ouvrage : les moindres détails étaient d’une précision extrême, le métal à la fois léger et résistant pour conférer protection et fluidité de mouvement, les écailles qui l’ornaient possédaient l’étrange faculté de se fondre dans le décor pour se camoufler à volonté et passer ainsi inaperçu. Nul doute que cette arme était redoutable et plus qu’utile ! Mais quel dommage qu’il fut entre les mains d’un ennemi tel que la Gardienne d’un des Cercles des Enfers.
Il retourna le bouclier et constata que cette face était entièrement polie et reflétait tel un miroir tout e qu’il se passait dans son dos. Un tel stratagème permettait de repérer les éventuels ennemis pouvant arriver dans un angle mort.
« Décidément cet écu est des plus surprenant ! » pensa Dohko en regardant dedans Aphrodite qui se trouvait derrière lui.
Il vit alors avec horreur que Médusa s’était relevée et se dirigeait droit sur eux prête à lancer une nouvelle attaque.
« Aphrodite attention !!! »
Le chevalier se retourna juste à temps pour éviter de se prendre un coup et réagit aussitôt en contre-attaquant.
« Bloody Rose !! »
Schlak ! Il lança une rose blanche sur la jeune femme qui la reçut en plein cœur. Elle recula sous le choc et heurta l’arbre juste derrière elle. Le souffle saccadé, elle regarda la fleur immaculée figée dans sa poitrine qui commençait peu à peu à prendre une teinte cramoisie.
« C’est fini, déclara Aphrodite en la regardant perdre ses forces, quand la rose sera entièrement rouge tu mourras vidée de ton sang… »
« Kh……..non………. Ce n’est pas terminé………. Je t’emporterais avec moi……. » articula-t-elle faiblement en levant un bras tremblotant pour lancer son ultime attaque.
« Non, ne fais pas ça… » la conseilla Aphrodite en augmentant son cosmos pour se préparer à se défendre tout en prenant une nouvelle rose.
Mais soudain il se figea, ses yeux s’écarquillèrent de stupeur et d’incompréhension alors qu’un tremblement commençait à lui parcourir le bras. Sa rose s’échappa de ses doigts et dégringola à terre dans une farandole de pétales carmin.
« Qu……. » murmura-t-il d’une voix fatiguée alors que sa vision se brouillait et que la fièvre commençait à le gagner.
« Ahahah……. Je t’ai eu chevalier……… Mon venin causera ta perte…… » triompha Médusa en désignant l’entaille qu’elle lui avait faite sur la joue.
Aphrodite passa une main tremblante sur sa blessure et réalisa alors que la plaie était déjà infectée : ses ongles devaient être enduits du même poison que celui renfermé par les crochets des serpents. Quel sot ! Il avait manqué de vigilance…
Il tomba sur son genou incapable de soutenir une seconde de plus son propre poids sur ses jambes flageolantes.
« APHRODITE !!!! » hurla Dohko en comprenant que le chevalier avait dû être blessé.
Vif comme l’éclair, il lança le bouclier comme un disque qui vola jusqu’à la tête de la gardienne du Cercle Infernal. Les bords acérés de l’écu vinrent lui trancher sa gorge tendre et se plantèrent dans l’écorce de l’arbre, arrachant un gargouillis sanglant à sa propriétaire.
Dohko courut vers son ami et se jeta à genoux à côté de lui. Il le soutint dans ses bras tout en lui criant de tenir bon.
« Ah…….ah…….ah…… C’est fini chevalier……. Plus ton cosmos brûlera….plus mon venin agira….. Tu vas……..mourir…… » articula-t-elle dans un murmure presque inaudible alors qu’elle s’étranglait avec son propre sang.
« Assez sorcière ! Quel est le remède ? » hurla Dohko alors qu’Aphrodite était secoué de frissons fiévreux.
Mais Médusa avait rendu son dernier soupir, un rictus de gloire sur son visage blafard. Sa tête se détacha de son corps et roula sur le bouclier, les serpents sifflants furieusement de douleur.
La chevalier avait trépassé et avait emporté avec elle le moyen de guérir de son poison. S’ils ne trouvaient pas rapidement une solution, Aphrodite allait mourir…