William dormait comme un nouveau né dans sa couette en dentelle rose fait main. Il rêvait de sa chère Niji, dans une robe légère aux couleurs pastelles. Ses cheveux au vent, elle resplendissait comme jamais. Elle courait pied nu sur l'herbe, gambadait, sautait. Son sourire illuminait son visage. Elle était un ange.
- Bill !
Il l'entendait l'appeler par son surnom. Il se précipita vers elle. Il était fou d'elle, complètement dingue. Il gravitait autour d'elle. Il ne pouvait plus se passer d'elle. Il lui prit sa main, la baisa et dons un sourire, elle le gifla.
William se réveilla. Le visage de Yuki se penchait sur lui, William cria.
- Merci pour ton accueil. Commenta Yuki.
- Quelle idée d'agresser les gens en plein rêve. Tu m'as fait peur, imbécile. Ronchonna Willam.
- Allez ! Debout ! Otomen aimerait passez l'aspirateur dans cette salle.
- Otomen?! Répéta William
- Ouais, un mec efféminé, si tu préfères. T'étais trop bourré hier pour ne pas avoir remarquer les dentelles, les peluches et du rose, du rose et encore du rose partout.
William resta sceptique. Il s'habilla rapidement, passa un coup de peigne dans ses cheveux et suivit Yuki jusqu'à la sortie.
- Merci beaucoup Kaeda-sama pour l'hébergement de mon ami, reprit Yuki en laissant un billet de 500 yens sur la table, près d'une photo d'une petite famille. Je repasserai un de ces quatre.
L'Otomen ne répondit pas, concentré sur son aspirateur. Le bruit de l'engin couvrait la voix de Yuki. Ils montèrent l'échelle et sortirent de l'abri à jardin. William inspira à pleins poumons. En plein jour, l'endroit était moins glauque qu'il ne paraissait. Yuki l'invita à le suivre. Ils firent pas mal de détour avant de retrouver la voiture. William profita encore du plein air. Il avait l'impression d'avoir passé la soirée en apnée. Une fois éveillé et les esprits en ordre, il inspecta ses poches.
- Ne t'en fais pas, Otomen ne vole pas. Il n'a pas besoin de portable ou autre.
- Tu le connais bien dit donc. En fait. Je peux te demander l'e-mail de Niji?
- Ah ! Petit coquin ! Tu as oublié de lui demander hier? Trop intimidé?
- Même pas, elle s'est enfuie. Je ne sais même pas qu'est ce que j'ai fait pour. Bon, tu me le passes son numéro !
Yuki lui tendit son portable de sa main droite, pendant que l'autre tenait le volant. William se confronta à la réalité, il ne connaissait rien à la langue japonaise et encore moins aux signes. D'un air embarrassé, il lui rendit le portable. Yuki vira violemment à gauche et s'arrêta net.
- Rentre chez toi, va te doucher et te changer. Je te laisse une demie heure sinon tu pars au boulot tout seul et sans le numéro de ta petite douce.
Prit au défi, William sortit de la voiture à une vitesse grand V. treize minutes et cinquante cinq secondes plus tard, William s'installa dans la voiture, ceinture bouclée. Yuki lui tendit sa carte de visite.
- Non merci, mais je connais déjà ton numéro.
- Pas le miens. Baka !
Il s'excusa et prit la carte des deux mains comme la coutume japonaise le voulait. Il retourna la carte et vit l'écriture manuscrite ainsi que l'effort de Yuki pour écrire en romanji.
- Niji... Kaeda, lit William.
Il ferma les yeux et repensa à elle, encore et encore.
- Niji Kaeda Doyle, c'est joli ? Interrogea-t-il en pensant à un éventuel mariage.
Yuki étouffa un rire et s'abstint de commentaires. Il arrêta la voiture et en bon chauffeur, fit le tour de la voiture pour ouvrir la porte à son ami qui rêvasser toujours. Soudain, ce dernier se figea comme prit par une transe. Yuki l'interpella, le secoua plusieurs fois.
- Comment s'appelle l'homme chez qui j'ai squatté?
- Tu veux parler d'Otomen. Bah... il s'appelle Otomen.
- Sérieux, Yuki. Je t'ai entendu l'appeler Kédéazama, ou un truc comme ça.
- Moi! Dire un truc comme ça? Dit donc, tu es sur que tu as dormi?
Pour dormir, il avait magnifiquement bien dormi, même si ça pouvait être mieux, dans les bras de sa Niji chérie.
- Yuki, t'en que tu me prends pour un abruti, je ne te lâcherai pas avec ça.
- Mais c'est toi qui hallucines ! Te connaissant, il doit avoir autre chose qui cloche pour que tu me harcèles.
William réfléchit. Il y avait bien un autre truc qui clochait. La photo. Celle qui était sur la table d'Otomen. Il y avait un homme, une femme et une petite fille, fort probablement la leur. L'homme en question était jeune et avec de l'âge, des cheveux blancs et un peu plus de rides, ressemblerait à Otomen. Et cette petite fille, si charmante lui rappelait...
- Bon, d'accord, je balance tout. Mais ne te plain pas si tu connais trop de choses. Le vrai nom d'Otomen, c'est Kuran Kaeda. Il est censé être mort depuis treize ans.
À Kyoto, Anya habilla le petit Akira avant de l'emmener à l'école maternelle. Un joli tee-shirt jaune avec un short en jean. Elle lui mit ses chaussettes et ses baskets puis l'emmena. Une belle journée jusqu'au moment où son portable se mit à sonner. « Yamato ». Sa journée n'était plus aussi belle.
- Mochi mochi.
- Oyaho! Je ne te dérange pas.
- Non. J'accompagne ton fils à l'école. N'oublie de venir le chercher.
C'est peut être mon neveu, il te réclame beaucoup plus que moi.
- C'est bon. Takahumi-kun part en voyage d'affaire pendant une semaine. Enfin, c'est ce qu'il dit.
- Oui, je vois. Bon, je te ramène le petit chez toi ce soir.
- Arigatô gozaimas !
Pauvre Onee-chan. Elle qui était battue, la voilà trompée. Elle allait de mal en pis. Anya faisait beaucoup de chose pour elle, mais ça devenait compliqué avec la préparation du mariage qui avançait et les disputes avec son fiancé. Il supportait de moins en moins l'omniprésence d'Arika parmi eux. Il n'était pas contre la présence d'un enfant, mais préfèrerait le sien. Sans comprendre pourquoi, Anya ressentait une sorte de discorde entre son fiancé et sa soeur.
Anya déposait Akira à la maternelle et rejoint son fiancé qu'il l'attendait dans un bar, comme chaque matin. Ils ne vivaient pas encore ensemble, tant qu'elle garde son neuve.
- Le mariage est tellement proche que je peux compter les jours sur les doigts de mes mains !
- Pas tout à fait, il te manque encore trois mains.
Elle s'installa en face de lui et commanda du jus de melon. L'atmosphère était morose.
- Tu arrives à t'en sortir avec les préparatifs? Demanda-t-il.
- J'ai donné tous les faire-parts de mon coté. Une vingtaine.
- Toute ta famille sera présente?
- Je ne sais pas. Ma mère sera là, ainsi que ma soeur sans son mari.
- Et ta nièce? Tu m'avais dis que ta soeur avec une fille.
- Ah. Oui, c'est vrai. Mais elle a décliné, elle a trop de travail.
Il avala de travers. Il savait à quel point il comptait pour cette petite. Après tout, elle avait le droit de le détester.
Il se leva d'un bond, déposa un billet, s'excusa et sortit sans un mot supplément. |