-Professeeeeeeeeeeeeeeeur, quand est ce qu’on s’en va ?
Pour la centième fois au moins, Lloyd parla dans le vent. Il s’attendait même à voir apparaître devant lui une boule d’herbes sèches passer en roulant devant lui comme dans les westerns.
Il était affalé par terre, jouant avec une brindille, profitant de la fraîcheur du couvert de végétation malgré le soleil de plomb. A coté de lui, Noishe avait pris partie de faire une petite sieste réparatrice. Porter deux personnes sur son dos était, somme toute, assez fatiguant. A en juger par la position du disque solaire dans le ciel, il devait bien être midi passé.
-Professeur Saaaaaaaage, s’il vous plait…dit-il sur un ton suppliant. Ça va faire presque 6 heures qu’on est là maintenant, il faudrait peut être songer à partir non ? Colette nous attend avec un remède pour elle …
Une nouvelle boule d’herbes sèches passa en roulant, poussée par le vent que Lloyd venait une fois de plus de se prendre. Il poussa un soupir à fendre l’âme et se dirigea en traînant les pieds vers l’endroit où se trouvait le Professeur. Il enjamba un reste de muraille et s’assit dessus, le menton entre les mains.
-…
Cela faisait à présent deux bonnes heures que Raine était passée en « mode ruine », gloussant d’excitation en tournant autour de ce que Lloyd aurait appelé « un-vieux-machin-tout-pourri-sans-le-moindre-interêt ». Mais pour Raine c’était comme si elle venait de déballer un cadeau particulièrement génial que le père noël lui aurait apporté (c’est une image bien sûr, il n’y a pas de père noël dans ToS). Elle scrutait les moindres recoins du tas de vielles pierres, n’hésitant pas à se mettre à quatre pattes dans la poussière et à gratter la terre avec ses ongles.
Elle faisait tout un tas de commentaires dont seul les mots « extraordinaire » et « inimaginables » arrivèrent aux oreilles de Lloyd, qui ne se donna même pas la peine d’écouter la suite.
-Mais on s’en fout Professeur…, dit-il d’une voix traînante, réprimant difficilement un bâillement, accompagné par celui de Noishe.
Quelle ne fut pas son erreur ! Aussitôt Raine lui sauta littéralement dessus, le traitant d’inculte, lui reprochant son manque d’intérêt pour le monde qui les entourait etc.…
Après une bonne demi-heure de sermon dont il se serait bien passé, il réussi enfin à la faire décoller. Raine partit à contre-cœur. Si elle n’avait pas eu une mission plus urgente elle serait bien restée là, à continuer ses fouilles et à échafauder des théories sur l’origine de ces ruines. Poussant un soupir à fendre l’âme, elle suivit Lloyd sur le chemin en direction de Ozette, Noishe sur leurs talons.
Même si chacun faisait comme si l’incident de la nuit dernière n’avait jamais eu lieu, ils étaient néanmoins tous sur leur garde. Preuve avait été faite que Colette était une proie facile. Sheena s’en voulait particulièrement de ne pas avoir été à la hauteur. Colette avait beau lui assurer que ce n’était pas sa faute et qu’elle avait fait du mieux qu’elle pouvait, elle avait été faible comme par le passé. Comme lorsque à cause de son inexpérience elle avait entraîné la mort de bon nombre de villageois au temple de Volt…sans oublier celle de Corrine. A chaque fois qu’elle y pensait, le sentiment de n’être qu’une moins que rien, s’insinuait à nouveau en elle et, elle sentait une boule au fond de sa gorge.
Depuis que Diane était venue s’installer avec eux à l’auberge sous prétexte d’être plus proche de Zélos et partageait sa chambre, ce sentiment s’était d’autant plus renforcé. Zélos pavanait comme un coq malgré la consigne de rester discret, et bon nombre de ces anciennes admiratrices était revenu prés de lui, la nouvelle de son retour dans la capitale s’étant répandue comme une traînée de poudre. L’auberge s’était vite transformée en harem. La grande majorité des clients n’avaient pu le supporter et avaient rendu la clé de leur chambre pour aller voir ailleurs. Cette perte d’argent n’avait pas l’air de trop contrarier la tenancière qui, comme la majorité des membres du sexe féminin, était en pâmoison devant l’Elu.
Génis ne tarissait pas en soupirs exaspérés vis-à-vis de Zélos, qui s’en souciait comme de sa première chemise. C’est donc dire si cela l’atteignait ! Cependant, malgré son désinvolture apparente, Zélos n’était pas comme d’habitude, et cela Régal eu tôt fait de le remarquer. Il s’acharnait en remarques désobligeantes sur Sheena, relayé également par ses admiratrices. L’ambiance était donc explosive, les insultes pleuvaient à n’en plus finir. C’était devenu insupportable.
-Zélos est-ce que tu pourrais dire à tes admiratrices d’arrêter de glousser comme des poules ! On se croirait dans une basse-cour ! Colette n’arrive plus à dormir !dit Sheena d’un ton acide, penchée au dessus de la rambarde d’escalier.
-Mais bien sur, pas de quoi s’énerver, fit Zélos avec un petit air supérieur. Si tu veux je vais aller m’assurer moi-même qu’elle trouve le sommeil, ajouta-il le plus innocemment du monde.
-Alors ça sûrement pas ! répliqua aussitôt Sheena. Je te vois venir avec tes sous entendus de pervers Zélos. Tu ne crois tout de même pas que tu vas entraîner l’innocente Colette dans tes jeux lubriques !
Zélos prit un air contrit et outré, sous les gloussements de ses louloutes.
-Sheena ! Comment oses-tu me présenter de la sorte ! Moi qui suis la pureté même de part ma fonction d’élu du Mana de Tésséha’lla ! N’est-ce pas les filles ?
Nouveaux gloussements des admiratrices.
-Tu vois Sheena, dit-il en se levant la tête vers elle et en prenant une pose avantageuse, accoudé à la rambarde en bois, il faut toujours que tu dramatises ! Remballes un peu ta fierté mon ange et viens donc te joindre à nous…
-Humpff, fit Sheena, levant le nez en signe de dédain.
-Mais vous n’y pensez pas sérieusement Maître Zélos !couinèrent ensemble ses fans.
-Elles ont raison Maître Zélos. Elle n’a aucun raffinement comparé à nous, lui susurra Diane à l’oreille en agitant avec vigueur son éventail orné de plumes multicolores. Elle est bien trop coincée si vous voyez ce que je veux dire. Ce n’est qu’une petite paysanne fouineuse vivant dans un village de bouseux…
Ce fut au tour de Zélos d’étouffer un petit ricanement.
-Répètes un peu ça espèce de pouffe de luxe ! Je t’interdit d’insulter Mizuho et ses habitants tu entends !gronda Sheena hors d’elle, ses yeux lançant des éclairs. Saches qu’ils valent cent fois mieux que toi et tes airs de princesse outragée !
-Ca suffit Sheena !dit Zélos en haussant la voix
-Toi le gigolo, la ferme ! Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi tu entends ! répliqua-t-elle.
-Tu dépasses les limites de la bienséance…
-Alors ça c’est la meilleure !ricana Sheena. Parce que maintenant tu donnes des cours de maintien toi ?!Laisse moi rire!
-Tout à fait. Il serait temps de clarifier les choses. Toi et les tiens n’êtes qu’un ramassis de bon à rien, de parias de la société traqués par les autorités. Regardes-toi ! Tu as entraîné des dizaines de tes semblables dans la mort parce que tu n’as pas été capable de conclure un pacte avec Volt ! C’est Meltokio qui vous a chassé de ses murs et pas vous qui vous êtes volontairement exclu Sheena, ne l’oublie pas, dit Zélos d’un ton froid. Alors si j’étais toi je serais moins fière d’appartenir à ce village et je te conseillerais de ne pas trop le crier sur tous les toits si tu ne veux pas finir sur la paille d’un cachot humide…
Sheena pâlit sous le ton cinglant qu’avait employé Zélos et bâtit précipitamment en retraite vers la chambre de Colette. Ils entendirent la porte claquer et Génis, furieux, se précipita au devant de Zélos qui était retourné s’installer au fond de la salle avec ses louloutes.
-Pourquoi as-tu été aussi méchant avec elle ? Je croyais que c’était ton amie !
-Il ne me semble pas me souvenir avoir dit une telle chose, lui répondit-il en réprimant un bâillement d’ennui. Je n’aime pas bien ses manières. Je n’ai fait que la remettre à sa place, c’est tout.
-Tu l’as blessé…
-Allons, allons n’exagérons rien. Elle est juste vexée parce qu’elle n’a pas eu le dernier mot voilà tout. Allez j’ai assez perdu de temps avec toi moustique, dit Zélos en agitant sa main avec impatience comme si il voulait chasser un insecte particulièrement dérangeant.
Génis tourna les talons et reviens s’asseoir aux cotés de Préséa et Régal.
-Il fait le malin parce qu’on est dans sa ville et qu’il n’y a pas Lloyd, ronchonna-t-il. Non mais quel blaireau ! C’est vraiment un pauvre type qui n’a aucune considération pour les autres et qui ne pense qu’a lui !
Préséa posa sa main sur celle de Génis, lui intimant de se calmer. Celui-ci rougit et se mit à bafouiller, tirant un sourire bienveillant à la jeune fille. Régal se tourna vers le petit groupe surexcité dont l’Elu était le centre d’intérêt et haussa un sourcil surpris. Malgré l’agitation dont il était l’objet évident, il gardait les yeux fixés sur le couloir sur lequel donnait les chambres et plus particulièrement, sur la porte derrière laquelle Sheena avait disparu quelques instants plus tôt, le regard emprunt de tristesse, contrastant de manière équivoque avec son attitude nonchalante. Se sentant observé, il tourna la tête et s’empourpra l’espace d’un instant. Puis, se ressaisissant rapidement, braqua son regard sur Régal, le défiant de révéler à quiconque ce qu’il avait surpris.
Une fois la porte refermée sur les gloussements de Zélos et ses louloutes, Sheena s’y adossa et se laissa glisser jusqu'à terre, les jambes coupées. C’était bien la première fois que Zélos était odieux de la sorte en lui ravivant ces souvenirs douloureux. Jusque là il n’avait fait que la taquiner mais cette fois c’était différent. Qu’est ce qui avait changé ? Pourquoi ? Ramenant ses genoux contre elle, elle étouffa des sanglots de rage. « Oh Corrine ! Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m’as-tu abandonnée ? J’ai tant besoin de toi… Corrine !!! »cria t-elle intérieurement en essayant de ravaler ses larmes.
-Mmmh…Sheena ?demanda la voie pâteuse et endormie de Colette.
-Ce n’est rien Colette, rien du tout, lui assura-t-elle en dissimulant les sillons salés laissés par ses larmes. Essaie de te rendormir…
Celle-ci se retourna dans ses draps, essayant de trouver une position plus confortable pour retourner dans les bras de morphée. Son souffle régulier ne tarda pas à se faire entendre, preuve qu’elle s’était rendormie.
Sheena se sentait tellement mal qu’elle en avait la nausée. Imitant Colette, elle se dirigea vers son lit en titubant et se roula en boule sous les draps, espérant en son for intérieur que ceci n’était qu’un mauvais rêve et qu’elle allait se réveiller…
Le Pontife faisait les cents pas dans son bureau L’homme, à l’allure débonnaire portant une moustache bien fournie, menait une « guerre » farouche contre les ennemis de l’état : le groupe des deux élus et les demi-efles. Si il y avait bien une chose qu’il exécrait, c’était les demi-efles en liberté ; alors le fait de savoir ce magicien et cette guérisseuse courir dans la nature le mettait hors de lui. Il était d’une humeur massacrante lorsque son agent pénétra dans la pièce.
-Je suis désolé votre Grandeur…, commença-t-il précipitamment.
-Tu as échoué c’est ça ?dit froidement le chef de l’Eglise de Martel sans se retourner.
-J’ai eu un léger contretemps mon seigneur, mais ne vous inquiétez pas, je ferais ce qui a été convenu.
-Il vaudrait mieux pour toi, Kuchinawa. N’oublie pas notre accord, c’est dans ton intérêt, fit le Pontife en entortillant le bout de sa moustache. Je te donne carte blanche. Fais ce qui est nécessaire mais débarrasse moi de ces élus gênants.
Kuchinawa tiqua sous le ton autoritaire du Pontife mais n’en laissa rien paraître. Il avait trop attendu que celui-ci lui donne le champ libre afin d’assouvir sa vengeance en toute impunité. L’assassin de ses parents allait enfin payer pour son crime. Un rictus sauvage déforma ses traits, invisible derrière le bout de tissu qui masquait son visage aux regards de la foule, et il disparu dans un écran de fumé.
-Les gueux de Mizuho sont décidemment aussi bon à rien que les demi-efles, pensa à haute voix le Pontife, incapables d’accomplir correctement la tâche qu’on leur donne. Il faut reconnaître que celui-ci a été facile à manipuler…mais il faudra s’en séparer le moment venu…
Le soleil couchant était en train de disparaître derrière la colline où se dressait fièrement le village d’Ozette, nimbant le lac et ses alentours d’une teinte d’or. La brise du soir transportait d’agréables odeurs sucrées rappelant à tous que la fin de l’été était proche.
Après une longue et éreintante course sur le dos de Noishe, Raine et Lloyd arrivaient enfin en vue de la maison d’Altessa. Altessa était un nain vivant à Tésséha’lla, l’équivalent de Dirk sur Sylvarant en quelque sorte… Sa maison était nichée en contrebas d’Ozette, creusée à même la paroi de la montagne. Si il y en avait un qui pouvait guérir Colette ou leur en apprendre un peu plus sur son étrange maladie, c’était bien lui. Comme si leur visite était attendue, ils virent Tabatha, l’androïde créée par le nain, s’avancer sur le pas de la porte et leur faire de grands signes en guise de bienvenue.
-BONSOIR. VENEZ, MON MAITRE VOUS ATTENDS…leur dit-elle comme ils s’approchaient de l’habitation.
Lloyd et le Professeur échangèrent un regard perplexe. Comment diable, Altessa pouvait être au courant de leur venue… Se pourrait-il qu’il soit déjà au courant pour l’Angelus Crystalus Officinalis Chronic ? Et dans ce cas pourquoi ne leur en avait-il pas parlé lors de leur précédente rencontre ?
Haussant les épaules devant ces questions sans réponses, Lloyd emboîta le pas à Tabatha. Il serait bien temps pour eux de voir de quoi il en retournait. Pour le moment ils avaient juste besoin de réponses à leur problème. Pour le reste, on verrait après.
___________________
Colette : Dis donc je trouve que je dors beaucoup dans cette fic moi -_-‘
Génis : ouais et nous on apparaît pas trop je trouve.
Naikkoh : C’est vrai…mais bon là c’est Sheena l’héroïne, c’est pour ça…Patience vous autre, vous aurez vous aussi votre heure de gloire
Sheena fait le V de la victoire.
Zélos (regard de pervers) : T’inquiètes Colette, si tu veux je peux venir te tenir compagnie, comme ça tu te sentira moins seule.
Z se prend une baffe sur l’arrière du crâne par S, défenseuse de la vertu des jeunes filles.
S : Même pas dans tes rêves !
N : Ne l’abîme pas trop Shee-Shee, stp ! Après je vais avoir le fan club de Zélos sur le dos.
G : Vas-y , frappe le avec une chaise !
|