Olivier se gara devant chez lui et il courut jusqu'à son bureau, dans son laboratoire. Il ouvrit un des tiroirs du meuble et il en sortit le journal du Professeur Eliott. Il prit place sur un fauteuil, ses longues jambes croisées et il termina le livre qui ne révéla rien de ce qu'il aurait aimé lire, à savoir que Juliette ne contenait plus, à ce jour, les sérums injectés treize années plus tôt. Toutefois, le dernier test réalisé par le Professeur Eliott datant du 15 avril 2020, décelait toujours des traces de sérums et cette injection avait encore évolué.
Serait-il possible que ce monstre hideux soit en réalité cette charmante Juliette ? A moins que ce ne soit Jeremy Gomez. En effet, Juliette ne s'était encore jamais transformée, selon le journal d'Antoine Eliott. Et d'après les dires de l'intéressée, elle ne s'était jamais transformée en monstre.
Elle ne s'était jamais transformée ? Ou est-ce qu'elle ne se souvenait pas s'être transformée. Car cette transformation rendait peut-être schizophrène, et les deux parties du corps étaient indépendantes sans lien, mise à part l'enveloppe corporelle.
Non, une jeune fille aussi délicieuse que Juliette ne pouvait pas cacher cet horrible monstre.
-Bon Dieu ! hurla Olivier. Si ce Professeur Eliott était encore en vie, je le tuerais moi-même !
-J'espère que vous prendriez soin de l'interroger aupravant, intervint Vincent en riant.
-Ah, Vincent ! Tu ne peux pas imaginer ce qui se trame derrière toute cette affaire !
-Non, bien sûr, mais à voir votre mine, j'en déduis que ce n'est pas du joli. Quel est votre verdict ?
-Hé bien mon verdict... tout du moins, mon verdict provisoire est qu'Eliott a transformé sa fille en monstre et que pour une raison que j'ignore, ce monstre a mis treize ans pour surgir, s'est transformé le jour de ses vingt ans, et a tué son père. Mais avant cela, il faut que je vérifie s'il n'y a pas d'autre monstre et s'il n'y en a qu'un et qu'il est Juliette, pourquoi a-t-il mis autant de temps à se montrer alors que la femme du professeur s'est transformée dès son réveil.
-Vous avez un suspect pour un autre monstre ?
-Oui, j'en ai peur, dit Olivier en se saisissant d'une seringue et de plusieurs tubes qu'il fourra dans sa malette. A tout à l'heure, Vincent !
Olivier sauta dans son véhicule et roula jusqu'à l'auberge. Il se gara sur le parking, prit sa malette et sortit de sa voiture. Il marcha jusqu'à une maison dont un nom était écrit sur la boîte aux lettres : JEREMY GOMEZ. Il sonna et attendit. Quelques secondes plus tard, un jeune homme vint ouvrir. Avec ses cheveux bouclés, noirs, et ses yeux marron réhaussés par un teint mate, il était l'archétype du sex-symbol latino.
-Jeremy Gomez ? demanda Olivier.
Le jeune homme approuva d'un signe de la tête et demanda :
-Et vous, qui êtes-vous ?
-Professeur Olivier Richard, répondit l'intéressé en sortant sa carte. Je suis chercheur en laboratoire.
-Un scientifique, en somme.
-Exact.
-En quoi puis-je vous être utile ? demanda Jeremy avec appréhension. Si c'est ça qui vous amène, j'y vais parfois fort sur la cannette mais je ne touche à aucune drogue.
-Non, je ne viens pas dans ce but. En réalité, je n'ai pas pour dessein de vous nuire mais de vous aider. J'ai cru comprendre que vous aviez été le petit ami de Juliette Eliott.
-Exactement.
-Juliette porte un virus sexuellement transmissible et qui ne peut pas être arrêté par un préservatif.
-La peste !
-Non. La pauvre Juliette est aussi consternée car elle l'ignorait. J'aimerais simplement vérifier que vous n'êtes pas atteint.
-Ce virus est grave ? Quels en sont les symptômes ?
-J'ai le regret de vous informer que je ne peux rien vous dire à ce sujet. Puis-je prélever un peu de votre sang ? J'analyserai ces échantillons dès mon retour au labo et je vous téléphonerai ensuite pour vous dire si vous êtes porteur ou non.
-Très bien, répondit Jeremy en tendant son bras à Olivier.
Le jeune scientifique préleva deux tubes d'échantillons sanguins et dit :
-J'aurais une question à vous poser, M. Gomez.
-Je n'ai eu aucun rapport sexuel depuis Juliette, dit Jeremy en devinant la question qu'Olivier allait lui poser.
Le scientifique soupira de soulagement.
-C'est si grave que ça ? demanda Jeremy angoissé.
-Je... balbutia Olivier gêné. Je vous dirai tout si les tests de votre sang sont positifs.
-Mais s'ils sont positifs, je ne pourrai plus jamais...
Ne vous en faites pas, M. Gomez. Tout d'abord, il n'est pas sûr que votre test soit positif. De plus, s'il l'est, ce qui n'est pas certain, je vous le répète, je vais créer un antidote. Je m'y mettrai dès que j'aurai fini avec votre test.
-En tous cas, je vous remercie, Professeur. Du fond du coeur.
-Il n'y a pas de quoi, répondit Olivier plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. A présent, je dois vous laisser, j'ai du pain sur la planche et plus tôt je m'y prendrai, mieux ce sera !
Sans un mot de plus, Olivier sortit de chez Jeremy Gomez et il rentra au laboratoire, où il testa encore et encore le sang de Jeremy, en l'observant au microscope, en tentant de le faire réagir avec des liquides tests des sérums en vain. Le seul amant de Juliette n'était pas porteur des sérums.
Olivier sauta sur son téléphone et composa le numéro de Jeremy, mais un coup d'oeil à sa montre le dissuada de parler au jeune homme. Il était indécent de téléphoner aux gens après 21h00 et il était 3h00. Olivier raccrocha, rangea son laboratoire, et il alla se coucher.
Tout en tentant de trouver une position confortable sur son oreiller, Olivier repensa à nouveau à la situation. Jeremy n'étant pas infecté, il n'y avait qu'un seul monstre : Juliette. Car bien entendu, Antoine Eliott n'aurait pas omis de le préciser dans son journal intime s'il avait injecté le sérum à d'autres personnes...
A suivre |