Le lendemain matin de très bonne heure, Olivier se rendit chez Juliette. Il sonna tout en gardant son imperméable sur la tête pour éviter de se faire mouiller par les trombes d'eau. Il sonna à nouveau et attendit. Il allait renoncer lorsque la porte s'ouvrit. Juliette le regarda avec stupeur et le laissa entrer en s'exclamant :
-Bonjour Professeur ! Vous êtes bien matinal pour un samedi !
Puis elle étouffa un bâillement dans le creux de sa main.
-Bon sang, nous sommes samedi. Je m'en veux de vous avoir réveillée.
-Ne vous en faites pas. Je vais nous préparer un bon café et j'oublierai bientôt que je me suis levée à 7h30 en ce splendide samedi ! Donnez-moi votre imperméable, il doit être glacé.
Olivier obéit de bon coeur et lorsque Juliette vit qu'il était également trempé sous le manteau, elle ne put s'empêcher de culpabiliser.
-Désolée de vous avoir fait attendre sous la pluie.
-Oh, ce n'est rien. Et puis après un bon café, peut-être même daignerais-je vous pardonner.
-Vous êtes trop aimable. Alors dites-moi, Professeur, que me vaut l'honneur de votre visite si... matinale.
-Hé bien j'ai beaucoup avancé depuis hier.
-Ce qui signifie...
-En premier lieu, j'ai terminé la lecture du journal de votre père. A priori, il n'aurait injecté les sérums qu'à vous, mise à part votre défunte mère.
-Je suis donc la seule porteuse des sérums, sauf si je les ai malencontreusement transmis à Jeremy et qu'à son tour...
-Jeremy est négatif. J'ai vérifié avec sa coopération.
-Alors il n'y a qu'un seul monstre, ici, et c'est moi. Cependant, croyez-moi, Professeur, je n'ai aucun souvenir de m'être transfrmée en monstre... En tous les cas, j'en connais un qui doit être heureux de ne pas être porteur.
-Il ne le sait pas encore.
-Pourquoi ne lui avez-vous pas dit ? demanda Juliette surprise. Vous n'êtes pas sûr ?
-Si. Mais j'ai jugé que l'heure à laquelle j'ai terminé n'était pas correcte pour téléphoner.
-Oh, vous savez, Jeremu se couche rarement avant minuit.
-Mais il était 3h00.
-Vous avez travaillé jusqu'à 3h00 ! Et vous vous êtes levé tôt ce matin pour venir me voir. Mon Dieu ! Professeur, vous devriez vous reposer.
-Je n'en ai malheureusement pas le temps. Et puis avec du café, je tiens très bien le coup.
Juliette servit une tasse de café fraîchement passé à Olivier et s'en servit une.
-Noir, n'est-ce pas ? demanda-t-elle.
-Ravi que vous vous en souveniez, répondit Olivier avec un clin d'oeil.
-Je vous propose quelque chose, Professeur.
-Je vous écoute.
-Nous pouvons passer la journée ensemble, jusqu'à ce soir.
Olivier manqua de s'étouffer avec son café. Aussitôt, Juliette se hâta de préciser :
-En tout bien tout honneur, bien entendu. Disons que... dès que vous avez terminé ce que vous avez à faire, nous restons ensemble. Vous m'apprendez ce dont vous n'avez pas eu le temps de me parler sur le monstre et je vous parlerai de mes habitudes.
-Je n'ai plus qu'une chose à faire et je pense que j'aurai terminé pour le déjeuner.
-Qu'est-ce donc ?
-Prélever un peu de votre sang et vérifier que vous êtes toujours porteuse. On ne sait jamais.
-Pensez à appeler Jeremy pour lui annoncer la bonne nouvelle. Il va être ravi.
-Vous feriez une très bonne secrétaire, répondit Olivier avant de terminer sa tasse de café.
Sur ce, il se leva et se dirigea vers le hall.
-Je serai là pour le déjeuner, promis.
-Et si vous terminez avant...
-Je viendrai avant.
-Je préférerais que vous fassiez une petite sieste, cela vous ferait le plus grand bien.
-J'en prends note !
Olivier sortit une seringue de sa malette et demanda :
-Me ferez-vous l'honneur de me donner un peu de votre sang ?
Juliette remonta la manche de son peignoir qu'elle avait enfilé à la hâte par dessus sa chemise de nuit et elle tendit son bras gauche à Olivier avec un sourire.
-Vous pouvez y aller, je n'ai pas peur des prises de sang.
Olivier noua un élastique au bras de Juliette, tata ses veines et enfila la seringue dans le bras de la jeune fille. Après deux tubes remplis, il retira la seringue et colla un pansement sur le trou microscopique duquel une goutte de sang s'échappait.
Puis il se leva et déclara :
-Merci de votre coopération. A tout à l'heure.
Il rangea les tubes dans la mallette, jeta la seringue utilisée, et partit après avoir récupéré son imperméable. |