Le vent continua à hurler pendant qu’ils accomplissaient la pénible besogne. Au bout d’un certain temps, alors qu’un imposant monticule de terre s’amoncelait, la pelle de Corsan butta sur un objet dur avec un bruit métallique. C’était une boîte longiligne qui, malgré les millénaires, paraissait comme neuve. Des gravures complexes se croisaient et s’entrecroisaient, desquelles émanait une énergie sournoise. Aliane effleura le couvercle et, dans un cliquetis de serrure, celui-ci s’entrouvrit légèrement, faisant sursauter la jeune femme et laissant échapper un fin nuage de poussière. Dans la boîte, elle avait attendu deux millénaires, oubliée de tous, silencieuse et patiente. La lumière grise jouait sur elle, la faisant luire d’une lueur bleue surnaturelle. Aliane l’observa, subjuguée. Elle l’avait trouvée cette arme, l’objet de la destruction du mal : l’épée d’Onis ! La lame finement ciselée, la garde en forme de dragon, serti d’une splendide gemme rouge et cette puissance presque vivante : mais qui était Onis pour avoir crée une telle chose ? Craintivement, elle posa sa main sur la poignée et lorsqu’elle toucha le métal froid, un frisson électrique et enivrant parcouru son corps. Elle attrapa l’épée avec détermination et la souleva aisément, comme si les lois de l’apesanteur ne s’appliquaient pas à elle. Corsan s’approcha timidement et tendit le bras vers la lame mais, au dernier moment, un écran protecteur repoussa le contact.
« Tu semble être la seule à pouvoir la toucher Aliane, affirma Metsis après avoir imité Corsan avec le même résultat. »
Ils étaient comme hypnotisés par la puissance de l’épée. C’était une onde légère mais insistante, irréelle mais pourtant bien présente, quelque chose d’effrayant qui était leur salut. Avec cette arme, rien ne lui semblait impossible. Elle pourrait sauver Mitoris, débarrasser Tarn des Seigneurs de Guerre, libérer Ménadel.
Les nuages gris s’étaient amoncelés jusqu’à ce qu’une énorme masse sombre ne laisse plus douter de l’imminence d’une tempête dévastatrice. Soudain, l’air se chargea d’une tension presque palpable. Aliane senti l’épée d’Onis vibrer entre ses mains. Les trois compagnons se lancèrent des regards inquiets tandis que des bruits étranges leurs parvenaient. Le vent se mit à hurler dans les arbres, devenu des géants menaçant, agitant furieusement leurs feuillages. Metsis présagea que quelque chose de terrible arrivait. Aliane se rapprocha de Corsan qui la sera contre lui pour la rassurer. Puis, aussi brusquement que cela était venu, tout se calma. Ils étaient dans l’œil du cyclone. Mais, ce ne fut qu’un court répit car un éclair sillonna le ciel presque noir, accompagné par un grondement assourdissant qui les fit sursauter. Et un rire tout droit sorti des enfers résonna dans l’air lourd, un rire métallique comme le goût du sang. De la forêt, sorti une ombre avec des yeux remplis d’un vide noir.
« Je me doutais bien que, tôt ou tard, tu viendrais ici. Les humains sont si prévisibles. »
Terriar s’avança de quelques pas et Aliane discerna l’aura de haine qui entourait le Seigneur de Guerre comme une nuée noire.
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