Le Poudlard Express filait à vive allure comme si le démon s’était emparé de la machine. Hermione regardait le paysage défiler tout en jetant des coups d’œil subreptices en direction du reflet de Ron afin de trouver le moment propice pour lui parler de ce qui s’était passé au Chaudron Baveur. Il était ou faisait semblant d’être absorbé par la lecture du Quidditch Mag qu’il avait eu tout le loisir de parcourir au moins une cinquantaine de fois depuis leur départ du quai 9 ¾. Hermione avait redouté ce moment et avait essayé mille et une façon d’aborder le problème et seuls deux solutions s’offraient à elle. Soit elle reniait l’amour de Ron et le blessait ; ce qui équivaudrait à la rupture de leur amitié, soit elle acceptait sa déclaration et devenait au yeux de tous sa petite-amie, même si au fond d’elle-même elle n’était pas sûre à cent pour cent d’éprouver le grand amour pour lui.

Elle n’avait pas encore pris sa décision lorsqu’elle était monté dans le train et le compartiment des préfets n’était pas le lieu le plus adapté pour parler de ce qui la préoccupait. Elle aurait voulu que ce soit Ron qui fasse le premier pas car après tout, c’était à lui de s’expliquer sur ses sentiments. Elle n’avait jamais rien fait qui poussa Ron à la considérer autrement qu’une simple amie. D’ailleurs, comment pouvait-il tomber amoureux d’elle ? Sérieusement… Ils n’avaient presque rien en commun, si ce n’est leur amitié pour Harry et les quelques dangers qu’ils ont eu à affronter. Ron se montrait parfois si… gamin. Mais c’était aussi son côté un peu fanfaron qui faisait son charme. Le dicton ne dit-il pas : « Les contraires s’attirent comme les pôles d’un aimant » ? Ah, que faire ? Si elle ne sautait pas sur l’occasion de vivre une relation amoureuse, elle finirait peut-être vieille fille comme Mrs Figg à parler avec ses chats et ressasser toujours le passé. Ron était après tout séduisant et il avait l’avantage de l’aimer, lui au moins. Mais si elle sortait avec lui, est-ce que Harry ressentirait de la jalousie ? Probablement pas… Quant à Viktor, il a décidé de construire son avenir avec une autre et elle n’en faisait pas partie.

- Hermione ! ! Nous devons faire un tour dans le train pour voir si tout se passe bien. Tu viens ? Ron venait de la tirer de ses pensées. La jeune fille trouvait qu’il avait une attitude plutôt distante avec elle, ce qu’elle trouvait vexant. Il pourrait montrer un peu plus d’hésitation dans sa voix.
- Oui, j’arrive.

Leur ronde consistait à réprimander tout élève qui s’amusait à lancer des sorts sur ses camarades ou encore à réparer et nettoyer par un sort de Réparo et de Récurvite tous leurs dégâts.
Alors qu’ils inspectaient le couloir du quatrième wagon, un élève de première année sortit d’un des compartiments en trombe et bouscula Hermione. Celle-ci tomba dans les bras de Ron qui vitupéra contre le garçon, tenant toujours la jeune fille contre lui.

- Tu peux me lâcher maintenant, Ron.

Le rouquin tourna alors son visage vers celui d’Hermione, puis tout parut se figer. Les yeux dans les yeux, ils n’arrivaient plus à s’exprimer. Ils leur semblaient revivre la scène du Chaudron Baveur. La jeune fille commençait à avoir les joues rosées et Ron avait l’irrésistible envie de l’embrasser à nouveau. Etait-ce un signe du Destin, existait-il une prophétie annonçant leur prochaine union ? Hermione n’arrivait plus à réfléchir, elle voulait connaître l’amour à tout prix et vivre des moments forts à deux. C’est sous cette pensée qu’elle ferma les yeux, attendant le baiser de celui qui l’aimait. Ce dernier ne se fit pas prier deux fois, mais à peine avait-il effleurer les lèvres de sa bien-aimée, qu’une voix retentit derrière eux.

- Vous ne devriez pas faire ça ici. Vous êtes préfets et vous devez montrer l’exemple.

Le couple fut alors déconcerté en découvrant l’identité de la personne qui venait de les surprendre. Viktor Krum se tenait face à eux, campé sur ses jambes légèrement arquées. Il donnait l’air un peu contrarié mais très vite, il arbora un grand sourire.

- Bonjour Hermione. Je suis très heureux de te revoir.
- Viktor ! ! Sous le coup, Hermione eut un hoquet de surprise et porta sa main sur ses lèvres comme si elle était fautive. Mais quand es-tu monté dans le train ?
- J’y suis monté en même temps que vous. Mais comme j’ai bu une potion de polynectar, j’ai pu échapper à la vigilance des journalistes et passer incognito comme n’importe quel élève de Poudlard.
- Oh, tu parles maintenant sans accent, tu as fait beaucoup de progrès.
- J’ai logé dans un appartement de l’Allée des embrumes pendant les mois de juillet et d’août. Cela m’a permis de pratiquer l’anglais tout en restant discret et éloigné des importuns. Mais viens dans mon compartiment, nous serons beaucoup mieux pour parler.
- Hareum… Ron venait de tousser pour marquer sa présence. Il n’appréciait pas d’avoir été dérangé à un moment aussi crucial et surtout par celui qu’il désirait voir le moins possible à côté d’Hermione.
- Oh, tu te souviens de Ron ?
- Bien sûr. C’est un de tes amis. Mais j’ai pu voir que vous êtes ensemble maintenant ?
- Non… enfin si, mais je…
- Oui, nous sortons ensemble, intervint Ron. Très déterminé, il prit la main d’Hermione. Je l’aime plus que n’importe quel autre homme sur terre.

Hermione ne savait plus où se mettre. Une tension électrique planait entre les deux jeunes hommes. Leurs yeux lançaient des éclairs de défi. N’en pouvant plus, elle s’écria :

- Ron, tu me fais honte. Comment peux-tu te comporter ainsi avec notre nouveau professeur ? Elle se tourna alors vers Viktor. Je suis désolée, je ne peux accepter ton invitation. Je dois continuer la surveillance du train et je voudrais profiter de la fin du voyage pour être avec Harry et Ginny. On se reverra bientôt.

Sur ses mots, elle partit vers le cinquième wagon en laissant Ron et Viktor derrière elle. Tout se passait vraiment trop vite pour elle ; elle n’espérait pas revoir Viktor avant la cérémonie de répartition. S’il était là, cela signifiait que sa fiancée aussi s’y trouvait et elle n’avait pas envie de faire sa connaissance. Hermione avait essayé de se représenter la fiancée de Viktor. Celle-ci devait être très belle avec de longs cheveux blonds tombant dans son dos comme dans un conte de fée ; ce qui était son opposé. Comment aurait-elle pu faire le poids ? Alors qu’elle se précipitait pour sortir du wagon, elle ne s’aperçut pas qu’une silhouette l’observait depuis un compartiment.

En ouvrant la porte du compartiment où se trouvait Harry, Hermione fut surprise de voir Cho Chang parler avec lui. Ils semblaient entretenir une discussion assez sérieuse.

- Oh, bonjour Cho. Je vais peut-être vous laisser…bégaya Hermione.
- Ce n’est pas la peine Hermione, nous avons à peu près fini, souriait Cho. Harry, nous nous reverrons plus tard, n’est-ce pas ?
- Bien sûr.

Cho quitta le compartiment en irradiant de joie. Hermione s’installa alors sur la banquette en face d’Harry.

- Qu’est-ce qu’elle te voulait ? Hermione était légèrement intriguée et inquiète.
- Elle voulait simplement me faire des excuses. Elle regrette le gâchis de l’année précédente et voudrait qu’on ressorte ensemble car elle m’aime vraiment de toutes ses forces. Qu’en penses-tu ?
- Ce serait formidable, s’efforça-t-elle de répondre avec enthousiasme.
- Oui, peut-être. Je ne lui ai pas encore répondu affirmativement. Tu sais, en discutant avec elle, je me suis rendu compte qu’elle était très gentille et sincère et qu’en fait l’année dernière, je ne me suis jamais penché sur ce qu’elle ressentait elle. En fait, je crois que je me suis montré très égoïste.
- Ne dis pas ça Harry. Tu avais beaucoup de problèmes à gérer. Et les événements n’étaient pas des plus propices à une relation sereine.
- Je ne sais pas. En y réfléchissant bien, avant que tu ne viennes passer les vacances chez Mrs. Figg, je ne voyais les filles que comme de jolies poupées qui devaient toujours se montrer souriantes et gaies. C’était inconscient mais c’est un fait. Je me rend compte que je n’ai jamais cherché à comprendre ce que ressentait Cho, surtout après la mort de Cédric. Tout ce que je voyais c’était qu’elle pleurait trop à mon goût et qu’elle n’était pas la Cho qui m’avait fait craqué la première fois. Maintenant, avec la mort de mon parrain, je sais ce qu’elle a ressenti.
- Alors, tu penses ressortir avec elle ?
- Je ne veux pas me précipiter. Je vais d’abord voir comment se passeront les choses.
- Tu as sans doute raison. Je vais peut-être faire pareil avec Ron. Il pense déjà qu’on est un couple officiel…

Hermione raconta alors à Harry ce qui s‘était passé devant Viktor.

- hum, je vois. Il tient beaucoup à toi et Viktor représente un adversaire redoutable vu que tu étais assez proche de lui en quatrième année.
- Oui, mais Viktor est maintenant fiancé, je ne vais pas lui courir après…
- Ah, je me souviens d’une certaine fille qui n’arrêtait pas de parler de Viktor pendant la fin de ces vacances, s’amusa Harry. Et puis, il n’est QUE fiancé. Ron a peur qu’il ne retombe amoureux de toi en te côtoyant à nouveau.

Hermione était sidérée d’entendre ça.

- Depuis quand es-tu si perspicace en amour ?
- N’oublie pas que je suis avant tout un garçon et de plus le meilleur ami de Ron.

Les deux amis rirent alors de bon cœur jusqu’à la fin du voyage. Les calèches dirigées par les sombrals les attendaient devant la gare. Qu'il était bon de retourner au château. Les fantômes et les tableaux les saluèrent dès le hall d’entrée dans un brouhaha assourdissant. Ils étaient excités car le château sans les élèves était des plus ennuyeux. La Grande salle était décorée de façon subtile avec des chandelles flottant dans l’air. Le plafond magique rendait le ciel extérieur encore plus merveilleux grâce aux étoiles étincelantes. Ce fut la cohue pour s’installer avant l’arrivée des premières année, puis dès que chacun pu trouver sa place, le silence revint. Hermione remarqua que Viktor siégeait à côté du professeur Rogue, mais elle ne vit pas sa fiancée, ce qui lui semblait étrange. Soudain, la porte de la Grande salle s’ouvrit à nouveau pour laisser passer le Professeur Mac Gonagall et les élèves de onze ans. Parmi ceux-là, avançait toutefois une jeune fille de seize ans. Elle avait la tête légèrement baissée et ses cheveux bruns volumineux lui cachait alors son visage. Chacun était intrigué par cette fille, et tout le monde supposait que c’était la fameuse fiancée du Professeur Krum. Dès que le tabouret fut mis en place, la cérémonie de répartition put commencer. Le professeur Mac Gonagall cita les noms des élèves un par un , mais tous trouvaient le temps long, car tout ce qu’ils souhaitaient c’était connaître le nom de la jeune fille et sa futur maison. Le moment attendu arriva et tous retinrent leur souffle.

- Hebe… Grzerskowiak. Le professeur Mac Gonagall avait un peu hésité sur la prononciation du nom mais s’en était bien tiré.

La jeune fille s’assit enfin devant la salle et tous (les filles en premier) furent frappés par son visage. Malgré un serre-tête en ivoire, ses cheveux ondoyaient sauvagement sur ses épaules. Lorsqu’elle souriait, elle laissait voir deux dents légèrement plus grandes que les autres.

- Hermione, s’exclama Parvati. Je comprend pourquoi Viktor a eu le coup de foudre pour elle ; vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau. Si tu ne t’étais pas coupée les cheveux, on aurait pu vous confondre tout le temps.
- Chut, on va connaître sa maison, interrompit Seamus. Ce serait amusant si elle venait à Griffondor.
- Je… C’est… Le choc fut terrible pour Hermione.

Le verdict fut prononcé par le choixpeau aussi clairement que de l’eau de roche.

- SERDAIGLE ! !