Lorsqu’elle ouvrit les yeux, un rayon de soleil matinal lui chatouillait le visage à travers le tissu de la tente. Elle se sentait reposée mais aussi très faible. La présence de Maghnar à côté de son abri de toile la rassura et, en tournant la tête, elle aperçut, luisant sur un coffre de bois, le Collier Dragon. Un sourire vint éclairer son visage généralement neutre. Elle tenta de se lever et y parvint au prix d’un effort surhumain. Le rabat de l’entrée s’ouvrit en coup de vent accompagnant la venue de Trènt. Il s’arrêta sur le seuil, surpris.
« Pendra, tu es réveillée, enfin, s’exclama-t-il ! Mais qu’est-ce que tu fais debout ? Tu tiens à peine sur tes jambes ! …
- Depuis combien de temps suis-je revenue, coupa-t-elle ?
- Ça va faire une semaine.
- Une semaine, répéta-t-elle pour elle-même. Que s’est-il passé après que j’eus quitté le champ de bataille ?
- Jéràn et moi avons pris le commandement comme tu nous l’avais ordonné et, malgré une baisse de moral, nous avons réussi à écraser nos ennemis. Maghnar nous à bien aidé après son retour. Il semblait avoir envie de se défouler. Et puis, soudain, il a disparu. En revenant au campement, on l’a retrouvé devant ta tente et tu étais étendue sur le sol à moitié morte, un objet bizarre dans la main. On a cru que tu ne t’en sortirais pas mais il faut croire que tu es vraiment immortelle ou, du moins, increvable. »
Maghnar boudait dans son coin. Il lui en voulait d’avoir pris autant de risques. En fait, il avait eu peur pour elle. Il se sentait responsable de Pendra autant que celle-ci était responsable de lui. Mais tout rentra vite dans l’ordre puisque de toute façon, ils n’avaient jamais réussi tous les deux à s’en vouloir vraiment, même avec toute la bonne volonté du monde.
Pendra repris vite son épée en main malgré les protestations de Trènt qui la savait encore en convalescence. Elle mena quelques combats mais elle se fatiguait vite et préféra se consacrer au cas du collier dragon. Bientôt, elle s’amuserait avec le Conseil et il se repentirait d’avoir raté son coup dans le demi-monde. Plus jamais elle ne s’inclinerait devant un dragon.
Une semaine plus tard, elle prit son envol pour la Cité Dragon, le butin niché dans une sacoche. Elle n’y était pas attendue et due se frayer, tant bien que mal, un chemin jusqu’à la salle du Conseil, sous le dôme de pierre. Le chef du Conseil la vit arriver avec une certaine surprise. Elle jeta négligemment la sacoche au milieu du halo lumineux. L’objet s’en échappa pour briller de milles feux à la lueur des torches. Un murmure parcouru les dragons mais le plus vieux ne semblait plus aussi étonné et avait retrouvé la flamme malicieuse dans ses yeux étranges.
« Toi, le gros au cerveau atrophié, apostropha Pendra avec une grossièreté voulue, s’adressant au chef du Conseil, voilà l’artefact comme je l’avais promis.
- Mon nom est Mennor et je te remercie d’avoir accompli cette mission.
- Ne me remercie pas trop vite. Votre tentative pour m’écarter du jeu a échoué et vous allez regretter que je sois encore là.
- Tes menaces sont vaines et puèriles, renchérit Mennor quelque peu agacé. La puissance du Conseil dépasse les frontières et tu ne peux nous atteindre.
- Détrompe-toi vieil imbécile. Un vent de renouveau va souffler sur ce Conseil désuet. Ce vent viendra des Plaines Mercenaires et il portera mon nom. »
Sur ces mots, elle fit théâtralement volte-face, Maghnar sur les talons, un sourire aux lèvres, et quitta l’Ile Dragon sans autre forme de procès. Le chef du Conseil n'avait pas idée de la surprise qui l’attendait.
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